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La recherche française victime d’une contamination militante ?
Note de lecture de l’ouvrage de Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche (Gallimard, Tracts, 2021), par Joachim Le Floch-Imad, directeur de la Fondation Res Publica.
Dans cet essai incisif, la sociologue au CNRS Nathalie Heinich étudie la crise qui frappe l’enseignement supérieur et la recherche française en sciences sociales. Elle déplore la contamination de l’université par un militantisme qui sacrifie la neutralité axiologique et la rigueur épistémique sur l’autel d’idéologies puissantes : décolonialisme, féminisme, intersectionnalisme, etc. Au-delà de la seule université, c’est selon elle notre modèle républicain et, plus largement, notre monde social qui sont mis en péril.
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Le rôle moteur de l’État dans l’innovation
Note de lecture de l’ouvrage de Mariana Mazzucato, L’État entrepreneur, pour en finir avec l’opposition public-privé (2015 ; trad. Fayard, 2020), par Guillaume Mars.
Dans cet essai éclairant, l’économiste Mariana Mazzucato propose de réhabiliter le rôle de l’Etat dans l’économie. Elle tente de dépasser le clivage public-privé, en affirmant l’action éminemment entrepreneuriale des pouvoirs publics, qu’elle illustre notamment à travers l’exemple des Etats-Unis.
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L’assimilation et le modèle républicain français
Note de lecture de l’ouvrage de Raphaël Doan, Le rêve de l’assimilation (Passés composés, 2021), par Joachim Le Floch-Imad, directeur de la Fondation Res Publica.
Dans un ouvrage extrêmement documenté, le magistrat et essayiste Raphaël Doan réhabilite le concept d’assimilation en le mettant en perspective historique. Si l’assimilation n’est pas une spécificité française, il montre que celle-ci est au cœur de notre modèle national.
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La dépendance aux métaux rares et les contradictions de la transition énergétique et numérique
Note de lecture de l’ouvrage de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares (Les liens qui libèrent, 2018), par Joachim Le Floch-Imad, directeur de la Fondation Res Publica.
La contraction des énergies fossiles favorise la naissance d’une dépendance aux métaux rares. L’addiction à ces matières premières, au cœur de la transition énergétique et numérique, risque néanmoins de coûter très cher d’un point de vue environnemental, économique et géopolitique, argumente le journaliste Guillaume Pitron dans un extrait brillamment documenté.
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Assiste-t-on à une renaissance des classes populaires ?
Note de lecture de l’ouvrage de Christophe Guilluy, Le temps des gens ordinaires (Flammarion, 2020), par Joachim Le Floch-Imad, directeur de la Fondation Res Publica.
Reprenant le concept de « gens ordinaires » cher à George Orwell, Christophe Guilluy poursuit sa réflexion sur les fractures de la société française. Il décrit l’émergence et l’autonomisation d’un bloc populaire majoritaire structuré par un désenchantement à l’égard du modèle globalisé et multiculturel.
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La relation franco-allemande et le problème de l’hégémonie en Europe
Note de lecture de l’ouvrage de Georg Blume, Der Frankreich-Blues (Edition Körber, Hambourg, 2017), par Baptiste Petitjean, ancien directeur de la Fondation Res Publica, et Lise Buttin.
Dans Der Frankreich-Blues, Georg Blume dresse le bilan critique des relations franco-allemandes dans la période récente. Il fait tomber un constat lourd : les Allemands ne s’intéressent plus à la France. Les décisions politiques françaises sont déconsidérées à Berlin, où ce sont plutôt la situation de la zone euro et l’évolution du commerce international qui préoccupent. L’auteur lance un appel à la prise de conscience chez ses concitoyens : l’Allemagne et la France doivent surmonter le point bas de leurs relations et, surtout, s’accepter telles qu’elles sont. Telle est la condition de l’équilibre de la construction européenne.
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Réhabiliter la nation, rétablir l’Etat
Note de lecture de l’ouvrage de David Djaïz, « Slow Démocratie – Comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main ? » (Allary Editions, 2019), par Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica.
Détournant la formule de Paul Valéry sur le devenir des civilisations, David Djaïz nous rappelle que « les démocraties sont mortelles ». Soutenue par l’Etat républicain, la nation démocratique, dont l’idée est à revitaliser mais dont les réalités restent bien visibles, semble la forme politique la plus capable de surmonter une triple crise sociale, territoriale et environnementale.
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France – Allemagne, rétablir l’équilibre des forces en Europe
Note de lecture du livre d’Edouard Husson, « Paris-Berlin : la survie de l’Europe » (Gallimard, octobre 2019), par Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica.
Dans un livre remarquable, un des meilleurs lus depuis longtemps sur l’Allemagne sous la plume d’un germaniste français, s’inscrivant dans la grande tradition des Charles Andler, Edmond Vermeil, etc., Edouard Husson construit une grille de compréhension actualisée de l’Allemagne, ainsi qu’une feuille de route, à la fois théorique et pratique, de la nécessaire réactivation du « deutsch-französische partnerschaft » qui passait autrefois pour le moteur de l’Europe.
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Le couple franco-allemand n’existe pas
Note de lecture du livre de Coralie Delaume, « Le couple franco-allemand n’existe pas. Comment l’Europe est devenue allemande et pourquoi ça ne durera pas » (Michalon, 2018), par Marie-Françoise Bechtel, conseiller d’Etat (h), vice-présidente de la Fondation Res Publica. L’auteur nous a habitués à travers de précédents essais à traquer des habitudes persistantes d’occultation du réel. Un certain bréviaire européiste est ainsi le fil directeur de ses critiques [1] servies par des analyses précises et une connaissance sans cesse approfondie des mécanismes d’une Union européenne dont elle reste l’infatigable scrutateur.
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Une approche réaliste des problèmes internationaux
Note de lecture du livre de Hubert Védrine, « Comptes à rebours » (Fayard, 2018), par Marie-Françoise Bechtel, conseiller d’Etat (h), vice-présidente de la Fondation Res Publica. Cet ouvrage [1] développe ce que l’on pourrait appeler une approche réaliste des problèmes internationaux. En rupture ferme quoique non agressive avec une partie des idées dominantes, Hubert Védrine plaide pour un « retour au réel » qui romprait avec la vision largement répandue en Occident d’une « communauté internationale » appelée à résoudre les situations conflictuelles sur la base d’une foi en la propagation inéluctable des droits de l’homme.