Vendre la guerre : Le complexe militaro-intellectuel
Note de lecture de l’ouvrage de Pierre Conesa, Vendre la guerre : Le complexe militaro-intellectuel (L’Aube, 2022), par Erwan le Brasidec.
Dans Vendre la guerre, Pierre Conesa revient sur trente ans de fuite en avant médiatique guidée par un bellicisme de plateaux télé et de postures intellectuelles. Ce qu’il appelle le « complexe militaro-intellectuel », fruit de la « catastroïka », c’est-à-dire de la disparition du bloc soviétique, se trouve être derrière chacune des offensives, plus ou moins victorieuses, toujours coûteuses en vie humaine et rarement concluantes, des puissances occidentales.
La désindustrialisation de la France
Note de lecture de l’ouvrage de Nicolas Dufourcq, La désindustrialisation de la France (Odile Jacob, 2022), par Alexandre Benoit.
Dans cet ouvrage fourni, l’inspecteur des finances et directeur de Bpifrance Nicolas Dufourcq entreprend d’explorer les raisons de la vague de désindustrialisation qui a déferlé sur la France au cours des deux dernières décennies. Convaincu que notre pays peut faire beaucoup mieux, il se livre par ailleurs à un plaidoyer pour un certain nombre de mesures destinées à nous sortir du marasme industriel par le haut.
Climat, énergie, décarbonation : Quel plan de transformation de l’économie française ?
Note de lecture de l’ouvrage du Shift Project (avant-propos de Jean-Marc Jancovici) Climat, crises : Le Plan de transformation de l’économie française (Odile Jacob, 2022), par Erwan Le Brasidec.
Le Shift Project propose un plan de marche ambitieux pour transformer notre économie selon un double objectif de plein-emploi et de décarbonation effective de nos activités. Une réflexion stimulante à l’heure où la planification et le temps long retrouvent, à la faveur notamment de la crise sanitaire et des bouleversements induits par la guerre en Ukraine, leur légitimité.
L’autonomie des établissements scolaires, un remède à la crise de notre système éducatif ?
Note de lecture de l’ouvrage de Monique Canto-Sperber Une école qui peut mieux faire (Albin Michel, 2022), par Souâd Ayada, correspondante de l’Académie des sciences morales et politiques, ancienne présidente du Conseil supérieur des programmes.
Dans Une école qui peut mieux faire, Monique Canto-Sperber propose en plus de deux cents pages d’une argumentation serrée un « plaidoyer pour l’autonomie ». Partant de constats communément partagés – notre école a des résultats médiocres, elle n’assure plus la promotion des individus au sein de la société française et elle reproduit, voire renforce les inégalités – elle démontre que l’autonomie, tout à la fois un principe effectif d’organisation des écoles, des collèges et des lycées, et un défi culturel pour la France, peut être une solution pour renouveler un système éducatif qui peine à dispenser cette formation dont dépendent la mobilité sociale, la croissance, mais aussi la cohésion de la nation et la confiance en l’avenir. Une réflexion stimulante qui invite néanmoins à un certain nombre de critiques tant la complexité de la crise éducative que nous traversons rend suspecte toute solution en apparence séduisante.
Laïcité, un principe
Note de lecture de l’ouvrage d’Eric Anceau, Laïcité, un principe (Passés composés, 2022), par Jules Vidal.
Dans cet ouvrage extrêmement documenté, l’historien Éric Anceau revient aux sources de la notion de laïcité, dont l’omniprésence dans le débat public cache mal la confusion qui l’entoure. La laïcité ne peut se comprendre que comme l’aboutissement d’une dynamique de long terme.
Le nucléaire civil, une industrie d’avenir
Note de lecture de l’ouvrage de Cédric Lewandowski, Le Nucléaire (Que sais-je ?, 2021), par Guillaume Servant.
Dans cet ouvrage synthétique et éclairant, Cédric Lewandowski, directeur exécutif d’EDF et directeur du Parc Nucléaire et Thermique, propose un panorama de la situation du nucléaire civil dans le monde. Du fait de ses atouts nombreux, l’énergie nucléaire est selon lui devenue une source d’énergie incontournable dans la lutte contre le changement climatique. C’est aussi un outil de souveraineté majeur qu’il importe de défendre par des décisions courageuses, en France mais aussi à l’échelle européenne.
La crise du modèle néolibéral et l’avenir du capitalisme
Note de lecture de l’ouvrage de Patrick Artus et Marie-Paule Virard, La dernière chance du capitalisme (Odile Jacob, 2021), par Joachim Sarfati.
Dans cet essai percutant, l’économiste Patrick Artus et sa co-auteur Marie-Paule Virard décrivent les conséquences de quarante années de néolibéralisme sur les économies développées. L’inefficacité de ce modèle ne fait plus doute au regard de l’étiolement de la croissance et de l’apparition d’un chômage de masse pérenne. Les auteurs considèrent que nos gouvernants sont aujourd’hui dans une impasse, contraints de mettre en place des réponses de court-terme pour simuler la continuité de la croissance. Avant la prochaine crise du système financier ?
La recherche française victime d’une contamination militante ?
Note de lecture de l’ouvrage de Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche (Gallimard, Tracts, 2021), par Joachim Le Floch-Imad, directeur de la Fondation Res Publica.
Dans cet essai incisif, la sociologue au CNRS Nathalie Heinich étudie la crise qui frappe l’enseignement supérieur et la recherche française en sciences sociales. Elle déplore la contamination de l’université par un militantisme qui sacrifie la neutralité axiologique et la rigueur épistémique sur l’autel d’idéologies puissantes : décolonialisme, féminisme, intersectionnalisme, etc. Au-delà de la seule université, c’est selon elle notre modèle républicain et, plus largement, notre monde social qui sont mis en péril.