La Turquie face aux défis économiques
Intervention prononcée lors du colloque du 21 février 2006 Turquie-Maghreb : les conditions du décollage économique
1. La situation économique actuelle
Certes, la Turquie est un pays relativement pauvre : elle représenterait, en 2003, dans l’hypothèse d’une UE-28, seulement 2,2% du produit intérieur brut (PIB) de celle-ci aux taux de change courants et 4,4% en parité en pouvoir d’achat (PPA) (1), tandis qu’elle constituerait environ 15% de la population de l’UE (2). Ses performances économiques restent également sensiblement en deçà de celles des dix nouveaux États membres, qui ont eux-mêmes des résultats inférieurs à ceux de l’UE-15 : le PIB par habitant (PPA) de la Turquie, 6256 euros en 2003, n’équivaut qu’à 28,5% de celui de l’UE-25, alors que la performance des dix pays de l’Europe centrale et orientale atteignent à peu près 50% de l’UE-25.
Pourtant, des éléments essentiels ne figurent pas dans ce sombre tableau fréquemment présenté. Il est certes évident que le niveau économique de la Turquie en ce début de processus de pourparlers d’adhésion n’est pas au niveau des pays membres de l’UE qui ont déjà effectué ce parcours. Afin de travailler sur des données plus objectives, il faut donc comparer la situation économique des pays concernés précédant l’ouverture desdits pourparlers . Cette simple précaution méthodologique indique la nette supériorité de la Turquie par rapport à la Bulgarie et à la Roumanie, dont les PIB étaient respectivement de l’ordre de 5120 et 4980 euros par habitant en 1999 (4). En suivant la même logique, on peut même comparer les performances économiques actuelles de la Turquie à la Pologne de 1997, dont le PIB ne représentait que 7410 euros par habitant à l’époque (5).
Pour évaluer correctement les capacités économiques de la Turquie, il est également nécessaire de prendre en compte le fort potentiel de croissance qu’elle possède. Les impressionnantes performances des dernières années lui permettent de se situer parmi les pays qui possèdent les meilleurs taux de croissance dans le monde, le 7e en 2005, et ce, malgré les effets négatifs persistants de la crise économique la plus grave de son histoire récente qui éclata en 2001 (6). D’après les plus récentes données de l’Institut national de statistique turc, le PIB par habitant a connu une croissance de 9,9% entre 2003 et 2004, un chiffre largement supérieur aux objectifs fixés qui étaient de l’ordre de 5% (7).
Quant aux performances en termes de croissance à long terme, les résultats sont aussi remarquables : la croissance du PIB entre 1995 et 2003, de l’ordre de 28%, est nettement supérieure, non seulement vis-à-vis de celle des deux autres pays candidats, la Bulgarie et la Roumanie dont l’adhésion est prévue pour 2007, mais aussi par rapport à la moyenne de l’UE-25, qui est de 18,8% (8).
Au vu de l’évolution positive de son économie, le secrétariat d’État turc au Trésor s’est même permis d’annoncer, le 4 mars 2005, que son pays n’avait plus besoin du milliard de dollars que les États-Unis s’étaient engagés à verser en septembre 2003, afin de soutenir ses réformes économiques et compenser les effets négatifs du déclenchement de la guerre en Irak (9). Le caractère hardi d’une telle déclaration n’échappera pas à ceux qui considèrent que l’économie turque vit essentiellement des aides et des prêts extérieurs et se contente de lorgner avec intérêt la supposée manne bruxelloise.
Néanmoins, l’économie turque est encore loin d’avoir réalisé son fort potentiel, en raison de difficultés structurelles persistantes. Victime d’une succession de périodes de croissance rapide et de crises marquées, la Turquie s’est trouvée, durant plusieurs années, face à une inflation endémique empêchant l’économie de stabiliser les fondamentaux d’une croissance durable. Le taux d’inflation qui avait atteint des chiffres préoccupants, 68% en 2001 par exemple, a fortement reculé au cours des trois dernières années et avec 18,4% en 2003 et environ 9% en 2004, 7,72% en 2005, a connu son niveau le plus bas depuis 30 ans (10). Les conséquences de cette inflation se concrétisaient par exemple dans la proportion des prêts par rapport au PIB de l’ordre de 15% alors qu’il est de 170% au sein de l’UE
Il faut donc admettre que la Turquie est en situation de placer son économie sur la voie d’une croissance économique durable. Les progrès réalisés en termes de stabilisation macro-économique se reflètent, notamment, dans l’assainis-sement et le renforcement du système financier, qui ont constitué la pierre angulaire de l’ambitieux programme de consolidation de l’économie entrepris par le gouvernement turc après la crise de 2001. Encadré par un programme du FMI de grande ampleur, le gouvernement turc est directement intervenu afin d’empêcher l’effondrement complet du système bancaire, dépensant environ 44 milliards de dollars, soit 30% du PNB, pour la restructuration dudit secteur. Depuis, les banques d’État ont été restructurées et recapitalisées, les banques fragiles et/ou insolvables ont été éliminées, fusionnées ou remplacées par le Fonds d’assurance des épargnes et de dépôt. L’établissement d’une Banque centrale indépendante et la création d’un régulateur indépendant du secteur bancaire ont généré un environnement institutionnel rationalisé. Il est socialement et politiquement très contestable de recourir à ce type de mesure, mais force est d’admettre que la Turquie ne se distingue guère, sur ce point, des standards d’une UE qui a érigé le libéralisme économique comme l’un des fondements du cours actuel de sa construction.
L’amélioration des principaux indicateurs de solidité et de risque, qui se traduit par une forte capitalisation, un faible ratio de prêts non performants et une baisse du ratio de dollarisation (de 60% en 2002 à 40% en 2004), témoigne également de l’ampleur des réformes entreprises depuis plusieurs années. Pourtant, en cas de nouveau choc macro-économique le secteur bancaire demeure encore vulnérable, particulièrement à cause de la capacité limitée de l’État turc à le soutenir financièrement.
La difficulté, voire la contradiction, dans ce mouvement de réformes structurelles, réside dans le fait qu’il nécessite sa poursuite de façon à renforcer l’efficience du système bancaire ou celle du processus de privatisation afin de réduire le fardeau financier jusqu’alors assumé uniquement par l’État sans pour autant que l’Etat renonce à ses prérogatives, ses responsabilités et ses capacités régulatrices. En d’autres termes la Turquie sera-t-elle en situation de résister aux formes du libéralisme les plus débridées.
2. Les facteurs favorables
a) Stabilité politique et alternance
Si la Turquie possède, une économie de marché viable, en situation de faire face à la pression concurrentielle conformément aux critères de Copenhague, il lui faut encore surmonter de nombreux obstacles résultant de longues années d’instabilité politique, de processus de régulation incomplets et d’une gestion macro-économique insuffisamment efficace. Toutefois on peut considérer que ces difficultés peuvent être surmontées pour des raisons qui sont d’abord d’ordre politique :
• existence en Turquie des bases d’une République qui si elle n’est pas idéale comporte les atouts d’un pays organisé, d’une administration assez efficace en un mot d’un Etat au sens complet du terme,
• pratique et maîtrise du fonctionnement des institutions démocratiques du pays – élections et alternance – avec tout ce que cela induit, c’est-à-dire la confrontation des différents points de vue, l’existence de groupes de pression,
• une conjoncture actuelle favorable depuis novembre 2002, avec un gouvernement stable qui a généré un mouvement de réformes sans précédent montrant sa capacité à réaliser des objectifs précis.
La Turquie doit donc poursuivre ses efforts afin de consolider durablement ses résultats économiques positifs et sortir du cercle vicieux créé par les déficiences du cadre institutionnel et le manque de confiance lié à la peur du retour de l’instabilité politique. En ce sens l’intégration des forces issues de l’islam politique constitue un enjeu important.
Les données structurelles permettent d’envisager la poursuite de cette croissance à moyen et long termes, et la question de savoir si cet objectif peut être réalisé dépendra largement de la poursuite des réformes et se trouve liée à la stabilité politique du pays. On peut de ce point de vue être raisonnablement optimiste.
b) L’existence d’une base économique et sociale solide.
Le secteur productif, concernant notamment le textile, l’automobile, l’agroalimentaire, les biens d’équipement et les biens électriques, a réussi à se développer largement, en résistant efficacement à l’accroissement de la concurrence. Deux exemples :
• Secteur du textile et de l’habillement, qui est le plus performant du secteur productif, la Turquie se classe à la 5e place mondiale. Elle est le plus important producteur et exportateur de textiles de la périphérie européenne et le deuxième fournisseur de l’UE après la Chine, ses produits textiles représentant près de 40 % des exportations totales vers l’UE en 2003.
• Secteur automobile, dominé par des joint-ventures, la Turquie exporte la moitié de sa production, 862 000 automobiles en 2004, soit le quart de la production française (11).
Cette forte compétitivité se retrouve dans les performances de la productivité de la quasi-totalité du secteur manufacturier, qui a doublé durant les deux dernières décennies. Les performances de dudit secteur sont comparables à celles de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce au moment de leur adhésion à l’UE et de loin supérieures d’environ 50% à celles des nouveaux membres les plus compétitifs comme la Pologne, la Hongrie et la République tchèque (12). Représentant environ 20% du PIB, le secteur manufacturier est devenu, depuis la fin de 2001, le plus fort moteur de la croissance économique, engendré par l’augmentation de la demande intérieure des biens de consommation et des exportations.
L’existence d’un dense réseau de petites et moyennes entreprises (PME) employant une main d’œuvre performante, car qualifiée, explique largement son dynamisme. Selon les estimations les plus récentes, les PME représentent 99,8% de l’ensemble des entreprises et 77% de l’emploi total en Turquie (13). Souvent sous-traitantes des grands groupes, les PME turques sont caractérisées par leur compétitivité, leur haut niveau de rentabilité et leur marché du travail hautement flexible. En outre existe aussi en Turquie une bourgeoisie réellement entrepreneuriale, sensiblement différente des bourgeoisies rentières que l’on trouve fréquemment dans la région.
Outre le secteur manufacturier, les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration constituent les principaux contributeurs de la croissance économique. Le tourisme assurant à lui seul 15% du PIB (14).
Quant au secteur agricole, il constitue le point faible de l’économie turque. Bien que sa part dans l’emploi diminue depuis 1990, il emploie encore près de 35% de la population active alors qu’il ne produit que 14% du PIB. Malgré sa faible productivité, la Turquie est, tout de même, le seul pays méditerranéen autosuffisant et excédentaire dans ses échanges agricoles. En outre, la capacité de l’économie turque à répondre à la concurrence accrue de l’UE est d’autant plus notoire «[…] à relever que les produits agricoles, pour lesquels elle dispose d’avantages comparatifs, sont exclus de l’Accord douanier. » (15)
Au total donc une réelle complémentarité voire une véritable synergie des différents secteurs d’activités économiques.
c) La perspective européenne
En effet, outre l’adhésion en elle même, la perspective même d’une telle adhésion constitue, pour les milieux d’affaires, un signal fort de normalisation et de libéralisation du mode de fonctionnement des relations économiques, de simplification et de clarification des démarches mais indique aussi le potentiel de rattrapage de « l’économie candidate ».
De fait, dès les premières étapes des pourparlers d’adhésion, on observe systématiquement un développement très net des relations économiques entre les pays de l’UE et le pays candidat, l’UE devenant alors rapidement le premier partenaire commercial et le premier investisseur du pays. De ce point de vue, le rapprochement s’avère gagnant/gagnant puisque non seulement il soutient la croissance des Etats de l’UE en ouvrant à ses entreprises de nouveaux marchés et de nouvelles perspectives (16), mais qu’il ouvre aussi dans le même temps de nouveaux débouchés dans l’UE aux entreprises du pays candidat et permet d’attirer les investissements européens.
Ce rapprochement présente néanmoins un risque pour le pays candidat puisqu’il conduit presque automatiquement à creuser son déficit commercial en raison du fait que les exportations augmentent moins rapidement que les importations, mais aussi parce que les importations sont en grande partie constituées de produits à plus forte valeur ajoutée (produits de consommations finales, machines-outils, automobiles…) que les exportations (produits agricoles, matières premières, produits semi-finis…). La vigilance des autorités monétaires et publiques est donc de mise (d’où le problème de la mise en place d’une banque centrale indépendante), mais il ne faut pas négliger le fait qu’un tel déficit peut aussi être un signe encourageant du rattrapage économique du pays, de l’élévation du niveau de vie de sa population et du dynamisme de la demande interne.
Il est au total incontestable que la perspective de l’adhésion joue un rôle moteur pour l’économie turque, non seulement à son propre profit, mais aussi à celui de l’UE, qui pourra bénéficier de l’apport d’un nouvel État membre possédant une vive croissance, un large marché de consommateurs et d’importants gains de productivité.
d) la question de l’union douanière
Il nous semble nécessaire d’aborder un autre aspect, souvent négligé, concernant la relation étroite déjà existante entre la Turquie et l’UE grâce à l’Union douanière (17). La Turquie reste en effet le seul pays à avoir réalisé une union douanière avec l’UE sans en être un membre plein et entier. Le processus initié en 1963 par la conclusion d’un Accord d’association (18) entre les deux parties, a donné ses fruits en 1995, quand l’objectif d’une union douanière a été réalisé. Depuis lors, la Turquie a accompli de notoires progrès et a notamment intégré les règlements communautaires concernés dans le processus d’harmonisation aux critères économiques de Copenhague. Il serait donc trompeur de présenter l’intégration économique turque comme une tâche quasi insurmontable puisque la Turquie et l’UE ont déjà tissé des liens économiques très forts : l’UE est le principal partenaire commercial de la Turquie qui, est devenue pour sa part, suite au dernier élargissement, le 6ème plus gros client et le 7ème plus gros fournisseur de l’UE.
À vrai dire, la Turquie s’est largement alignée sur l’acquis communautaire, au point de perdre son autonomie en matière de politique commerciale, qui est, depuis plus de quarante ans, de plus en plus modelée par la politique commerciale communautaire. Les règles de l’Union douanière imposent à la Turquie de se conformer à la politique commerciale de l’UE vis-à-vis des pays tiers, concernant surtout les accords d’association, les avancées à l’OMC, les accords de textile et le système de préférences généralisées (19). Plus précisément, les avantages tarifaires accordés par l’UE s’appliquent automatiquement aux exportations industrielles des pays tiers concernés vers la Turquie. A contrario, la Turquie, ne disposant d’aucune facilité particulière pour ses exportations vers ces pays tiers, sauf à engager avec eux la négociation d’un accord similaire à celui conclu avec l’UE, est ainsi affectée par toute évolution de la politique commerciale de l’UE, sans pouvoir l’influencer. De plus, l’Union douanière rend difficile l’adoption, pour la Turquie, de positions divergentes concernant les domaines de l’acquis communautaire, tels que la concurrence, l’investissement ou l’environnement, ce qui pose la question du degré d’autonomie dont dispose ce pays par rapport aux positions européennes.
Il est certain que l’Union douanière fut un catalyseur pour l’industrie turque en l’incitant à améliorer la qualité de sa production et à développer sa compétitivité à la fois sur les marchés intérieur et international mais, étant donné les conditions drastiques de l’accord, les performances de la Turquie n’en sont que plus remarquables. De plus, il faut souligner que la Turquie a réalisé son alignement sur les politiques communautaires sans bénéficier d’un soutien financier significatif de la part de l’UE, qui, suite au blocage des aides prévues, découlant des veto de la Grèce, n’a accordé que 2,2 euros d’aides annuelles par habitant à la Turquie alors que les pays d’Europe centrale et orientale bénéficiaient en moyenne d’une somme de 29 euros par habitant (20). Le rapport de la Commission des experts sur les relations entre la Turquie et l’UE explique ainsi la situation : « La réalisation des travaux préparatoires pour l’adhésion de la Turquie, la mise en oeuvre d’un programme national et les mesures structurelles pour assurer les transformations économiques et sociales nécessaires dans le processus d’intégration, engendrent une charge financière pour la Turquie. (…) Or, non seulement l’apport financier de l’UE, en dépit du principe de solidarité qui est à la base de l’association, ne s’est pas développé, mais l’Union douanière a été réalisée à la charge de la Turquie. » (21)
La Turquie n’a touché au total, à compter de l’entrée en vigueur en 1964 de l’Accord d’association, c’est-à-dire depuis plus de quarante années, qu’une modique somme de l’ordre de 3,2 milliards d’euros, soit environ 78 millions d’euros par an, toutes lignes budgétaires confondues, tandis que l’UE cumule, depuis l’entrée en vigueur de l’Union douanière en 1996, un excédent commercial de 10 milliards d’euros par an (22). Ainsi, depuis la mise en place de l’Union douanière, les importations en provenance de l’UE s’accroissent plus largement que les exportations vers l’UE. Il faut toutefois noter que cette évolution s’explique en grande partie par l’entrée, à cette date, des produits de l’UE dans le marché turc sans taxes douanières, tandis que la Turquie bénéficiait de ce droit depuis 1971 à l’exception du secteur de textile.
3. Les défis à relever
a) Le secteur informel
Le secteur productif s’est renforcé depuis la crise de 2001 : le volume d’activité des entreprises a en effet retrouvé, en une seule année, son niveau antérieur ; la croissance des bénéfices a plus que doublé, passant d’environ 4% entre 1997 et 2000 à près de 10% depuis 2002 et l’endettement des entreprises a considérablement diminué. Pourtant les activités non déclarées, représentant probablement la moitié du nombre total d’emplois, restent un défi majeur pour les autorités gouvernementales. Ainsi 2004 a été proclamée par le ministère des Finances année de lutte contre l’économie informelle.
Si la mécanisation de la production agricole et l’exode rural qui en résulte ont jeté les bases du secteur informel dès les années 50, c’est la faible capacité du secteur manufacturier à créer des emplois pour absorber la main-d’œuvre rurale qui a contribué à l’essor dudit secteur au cours de la période 1960-1980. Quant à l’environnement des relations sociales de travail, bien que les entrepreneurs turcs se plaignent, comme sous toutes les latitudes, du coût jugé trop élevé de la protection sociale et du cadre trop rigoureux des réglementations, il n’en demeure pas moins que la destruction des organisations syndicales indépendantes après le coup d’État de 1980 leur a largement permis de recourir au secteur informel, pour accumuler des bénéfices considérables.
Le pourcentage de travailleurs se trouvant dans cette situation peut ainsi atteindre jusqu’à 90% dans le secteur agricole dominé, surtout dans l’est du pays, par des liens familiaux ou féodaux. Ce taux est également élevé, soit environ 60%, dans le secteur de la construction, phénomène amplifié par la très forte demande liée à l’urbanisation. Ce développement considérable du secteur informel conduit également les entrepreneurs à recourir au travail des femmes et des enfants, surtout dans le secteur textile où l’utilisation de ce type de main-d’œuvre est fréquente.
Les autorités envisagent certes de renforcer le dispositif d’application des réformes de l’administration fiscale, mais au vu de l’ampleur et des effets négatifs, surtout sociaux, du secteur informel sur l’économie turque, il semble indispensable de faire davantage afin de réduire l’informalité et la fraude fiscale.
Considérant que les coins fiscaux sur le travail en Turquie sont parmi les plus élevés de la zone OCDE (23), le gouvernement pourrait, tout d’abord, prendre les mesures visant à améliorer les conditions de financement des investissements des entreprises par les banques, notamment par l’allégement des impôts sur les transactions financières, pour rendre plus attractive l’entrée dans le secteur formel et en échange de l’engagement à embaucher en proportion des bénéfices réalisés, ce qui nécessite outre la volonté politique, l’existence d’un gouvernement solide et la création d’un rapport de force.
Cette stratégie serait d’autant plus fructueuse si elle était complétée par une révision des orientations d’ouverture économique adoptées en 1980, en orientant les entreprises turques dans des secteurs à plus grande valeur ajoutée et à plus fort contenu technologique, afin de relancer la création d’emplois et améliorer leur compétitivité, ce qui, en retour, contribuerait à l’essor du secteur formel.
Enfin on peut souhaiter que le processus de pourparlers avec l’UE et surtout la multiplication des contacts avec les syndicats ouest-européens permettent aussi de favoriser le renforcement des organisations syndicales indépendantes, auquel tous les acteurs sociaux ont finalement intérêt pour améliorer le cadre des relations sociales de travail.
b) La corruption
L’accélération de ces réformes paraît intimement liée à l’amélioration de l’environnement institutionnel et réglementaire de la Turquie qui souffre encore d’un retard significatif si on le compare avec les trois pays les plus avancés des PECO déjà cités. Par exemple, selon l’Indice de liberté économique du Fraser Institute de 2003, la Turquie est au 100e rang, derrière la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, qui occupent respectivement les 61ème, 41ème et 22ème rangs (24). L’Indice de compétitivité de croissance du Forum économique mondial et les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale montrent également la Turquie au-dessous du niveau de performance desdits pays.
Ainsi « la qualité de l’environnement institutionnel » doit encore s’améliorer. Sur ce point, la corruption qui touche y compris l’appareil étatique, continue à mettre en cause la capacité, sinon l’engagement, de ce dernier à la création d’institutions efficientes, une condition pourtant indispensable à la croissance économique.
La très médiatisée affaire de corruption au sein du ministère de l’Énergie en janvier 2001 a mis en évidence ce défi sans équivoque possible. Une enquête de terrain de la TESEV (25) réalisée à l’époque, avait relevé la défiance profonde de la population à l’égard de ses administrations : seul un quart des personnes interrogées estimaient que les municipalités, tout comme le pouvoir central, se comportaient de manière impartiale dans la fourniture de services ou l’attribution d’appels d’offres. 18% des particuliers et 46% des chefs d’entreprise admettaient avoir au moins une fois au cours des deux années précédentes payé un fonctionnaire pour obtenir un service et plus de la moitié des ménages avouaient être prêts à recourir, au besoin, à ce type de pratique
Les trois quarts des hommes d’affaires estimaient en outre que les adjudications étaient systématiquement truquées, et les deux tiers d’entre eux étaient convaincus que les dons aux partis politiques pouvaient avoir une influence directe sur la marche de leur entreprise.
Depuis, les gouvernements turcs ont, certes, initié plusieurs réformes, notamment en avril 2001, visant à lutter contre la corruption, garantir la transparence dans l’attribution des ressources publiques et éviter les interventions politiques dans la gestion de l’économie, puis en janvier 2002, en vue de renforcer l’efficacité administrative dans le secteur public, instituant des juridictions spécialisées dans les affaires de corruption. La loi sur l’accès à l’information, adoptée en 2003, a de même constitué un pas important dans l’amélioration de la transparence. Enfin en 2005, deux commissions traitant des affaires de corruption ont été créées au sein du Parlement afin d’enquêter sur le trafic d’essence, les introductions en bourse illégales et l’utilisation frauduleuse de dépôts bancaires.
Mais en dépit de ces développements positifs, l’Indice de perception de la corruption 2004 de Transparency International, classe la Turquie 79e, derrière la Pologne, la République tchèque et la Hongrie qui occupent respectivement les 68ème, 50ème et 42ème rangs. On doit toutefois considérer que les réformes poursuivies dans le contexte des pourparlers d’adhésion à l’UE accélèreront l’amélioration de l’environnement institutionnel. L’expérience des économies des PECO constitue en cela un exemple à méditer, et l’on peut raisonnablement supposer que l’amélioration de l’environnement institutionnel sera continue et que les institutions turques convergeront graduellement vers la nouvelle moyenne d’UE-25 au cours de la prochaine décennie.
Des institutions de meilleure qualité devraient alors contribuer non seulement à stimuler la croissance économique mais également à attirer les investissements directs étrangers (IDE) qui, malgré les perspectives potentiellement prometteuses, demeurent encore à un niveau très bas.
c) La question des IDE
Représentant une économie de 240 milliards de dollars, la Turquie aurait besoin d’attirer un niveau moyen annuel d’IDE de 6 à 9 milliards de dollars pour que lesdits investissements soient significatifs et atteignent un niveau de 2-3% du PNB.
Pourtant, les données de la période 1994-2003 indiquent que les entrées annuelles d’IDE n’atteignent même pas 1% du PNB (contre 5% dans les pays de l’Europe centrale et orientale (26)) malgré le coût et la qualité de sa main d’œuvre et la taille de son marché. Les données sur la période janvier-août 2005 signalent, toutefois, une augmentation de plus de 50% par rapport à la même période de l’année précédente (de 1,6 à 2,47 milliards d’euros) (27). Le phénomène semble prometteur et en rapport direct avec l’ouverture des pourparlers d’adhésion. La convergence vers l’UE, la stabilité macro-économique accrue et le processus de privatisations devraient contribuer à attirer un montant substantiel d’IDE au cours des prochaines années. En retour le flux accru d’IDE permettra à son tour d’améliorer la stabilité macro-économique, en fournissant une source de financement extérieur moins volatile. Cela contribuera à éviter que la croissance économique du pays soit entravée par un manque persistant de financement en devises. Il est également important que les flux d’IDE entrants contribuent à l’amélioration des taux d’investissements et stimulent l’introduction de nouvelles technologies ainsi que les compétences en gestion afférentes, atouts dont la Turquie a un besoin vital.
Ce faible niveau des IDE permet de supposer qu’il existe une forte réserve non exploitée d’investisseurs étrangers. Il est fort probable que ces derniers seront de moins en moins timorés au fur et à mesure de la mise en œuvre de l’acquis communautaire et du cadre institutionnel de l’UE. En outre, les montants financiers alloués, après l’adhésion, par les Fonds structurels et le Fonds de cohésion aux ressources physiques et humaines devraient aussi développer des conditions propices à un investissement privé accru.
Les responsables économiques de l’UE attendent en fait que la vente de nombreuses banques turques, la dérégulation totale des investissements étrangers, le programme de privatisations, la relance des grands projets publics offrent des opportunités particulièrement attractives, notamment dans le ferroviaire, l’environnement, le traitement des déchets et la gestion de l’eau (28). On peut éventuellement regretter et condamner ce type d’attitude, mais il est la marque du cours économique actuel de l’édification d’une Europe libérale. Preuve supplémentaire, même si problématique par certains aspects, que la Turquie est réellement insérée au sein de l’ensemble économique européen et qu’elle en subit les mêmes contradictions.
La Turquie paraît également susceptible d’attirer, dans les prochaines années, d’énormes investissements de la part de l’UE, où la demande en énergie s’est accrue à un rythme de 4 à 5% par an au cours des trois dernières décennies. En dépit de ses réserves limitées en pétrole et en gaz naturel, la Turquie, au vu de sa situation géographique, jouit du statut de grand pays de transit pour ces produits, ce qui lui promet un rôle majeur pour ce qui concerne la sécurité future de l’approvisionnement énergétique de l’UE.
Conclusion
Au total si on se base sur les critères économiques de Copenhague – l’existence d’une économie de marché viable et la capacité à faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’UE –, la Turquie est en situation de réussir l’examen de passage sans problème, avant même son adhésion.
A la lumière des quelques données évoquées, on peut considérer que le potentiel positif de l’économie turque est systématiquement sous-estimé par les responsables politiques européens qui se contente d’évoquer fréquemment le fardeau budgétaire que représenterait l’adhésion turque. Pourtant comme le rappelle avec force la Commission européenne, « Il est important de souligner que le coût de l’adhésion de la Turquie sera l’affaire des négociations et qu’il sera déterminé sur la base de ce que les États membres seront disposés à accepter, comme cela a été le cas pour les élargissements précédents. » (29)
En outre, admettons qu’au vu des développements économiques incertains qui caractérisent l’ensemble des économies mondiales, bien prétentieux sont ceux qui se hasardent à réaliser des pronostics précis à l’échéance d’une quinzaine d’années. Il est enfin intéressant de noter que les restrictions mentales de moult responsables politiques sur ces problématiques ne sont guère partagées par les entrepreneurs et hommes d’affaire européens qui perçoivent au contraire en Turquie un fort potentiel de développement dans les années à venir. « En somme, la Turquie n’est plus une économie fermée, mais un marché unique en partenariat avec l’Europe occidentale, les barrières d’échanges avec l’ensemble des pays de l’UE étant tombées. 60% des voitures vendues en Turquie sont importées d’Europe occidentale, le marché turc est compétitif, et plus de 90 modèles y sont vendus. En contrepartie, la Turquie est devenue – avec plus d’un million de véhicules par an de capacité installée, tous constructeurs confondus – une base industrielle automobile européenne, et le groupe Renault la considère déjà comme pleinement intégrée à l’UE. » (30)
Pour ce qui concerne strictement les aides européennes il est certain que la Turquie, en raison de sa taille et du niveau actuel de son développement économique, pourrait y prétendre de façon consistante. Les réticences européennes vis-à-vis de son adhésion sont surtout animées par le bilan budgétaire du dernier élargissement. En effet, environ 69 millions de personnes vivant dans les dix nouveaux États membres sont devenues bénéficiaires d’une aide communautaire à compter de 2004, tandis que 18 millions de personnes résidant principalement dans l’UE-15 ne sont plus éligibles du fait de l’abaissement du niveau de revenu moyen de l’UE. De la même manière, après l’hypothétique adhésion de la Turquie dont la totalité de la population serait éligible pour les crédits de cohésion, certaines régions de l’UE des 27 ne bénéficieraient plus de cette aide en raison de la baisse du niveau moyen du PIB européen.
Pourtant le dernier élargissement ne s’est pas fait au détriment des intérêts européens, comme semble paradoxalement l’indiquer ce sombre tableau budgétaire. Il est incontestable que les nouveaux adhérents constituent un défi économique pour l’UE en raison de leur niveau de développement moins élevé et qu’ils bénéficient substantiellement des aides de cohésion dans le cadre de la politique régionale de l’UE, dont l’objectif premier est de diminuer les disparités régionales. Pourtant, ces aides ne doivent pas être considérées comme de simples coûts qui viennent grever le budget européen, mais plutôt un investissement pour l’UE, puisque plus leur niveau de développement économique sera élevé, plus grande sera leur contribution aux ressources communautaires.
Du point de vue de la Turquie, tout dépendra donc du développement économique du pays dans les dix prochaines années. La plupart des experts partage l’idée que l’ouverture des pourparlers fortifiera la confiance au sein des marchés économiques, ce qui suscitera en retour des bénéfices immédiats pour la Turquie, tels que l’attraction des IDE, un taux de croissance stable de l’ordre de 5 à 6% et l’élimination des crises récurrentes qui ont perturbé l’économie turque au cours des dernières décennies.
Du point de vue de l’UE, il semble que l’évaluation du coût de l’adhésion de la Turquie ne doive pas s’appuyer uniquement sur de simples projections statistiques, non seulement parce qu’elles varient énormément d’une source à l’autre, mais aussi parce qu’elles négligent le coût de la non-adhésion. Les projections évaluant le coût de l’impact de l’adhésion de la Turquie sur le budget européen atteignent une somme oscillant entre 8 et 14 milliards d’euros par an à l’horizon 2015 (chiffres avancés respectivement par le Bureau central du plan du ministre de l’Économie des Pays-Bas (CPB) et l’Osteuropa Institut de Munich). Quant aux simulations de la Commission européenne à l’horizon 2025, elles prévoient un transfert net au bénéfice de la Turquie de 10,8 milliards d’euros, soit 0,07% du PIB de l’UE-15. S’il faut préciser, la Turquie recevrait, à l’horizon 2025, 8,2 milliards d’euros dans le cadre de la PAC, 5,6 milliards dans le cadre de la politique régionale et 2,6 milliards aux titres des politiques internes, tandis qu’elle versera au budget de l’UE une somme de 5,6 milliards d’euros (31).
Même si ces transferts apparaissent, au premier abord, comme des sommes élevées, ils sont loin d’être antinomiques au budget européen, surtout quand on les compare avec les bénéfices découlant des dynamiques de l’intégration. L’adhésion de la Turquie suscitera entre autre une étroite coopération pour ce qui relève des affaires intérieures et de la justice -corruption, flux migratoires, gestion des frontières, crimes organisés, etc.- entre cette dernière et l’UE, qui, selon le CPB, pourrait générer à l’horizon de 2025, un gain de 7 milliards d’euros pour l’UE et 22,5 milliards pour la Turquie, seulement par la réduction de la corruption (32). Enfin, quand on compare les projections du coût de l’adhésion de la Turquie avec l’excédent commercial enregistré par l’UE depuis la mise en place de l’Union douanière, on constate que ce dernier avoisine et même dépasse selon les années, les aides financières dont bénéficiera la Turquie à l’horizon 2025.
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1) Le PIB mesure la production économique réalisée à l’intérieur des frontières d’un pays par l’ensemble des travailleurs résidant dans le territoire national. Le PIB national est calculé dans la monnaie du pays concerné. Afin de le rendre comparable entre pays, le PIB est converti en euros, au cours officiel moyen de l’année civile considérée. Les taux de change ne reflètent cependant pas toutes les différences de niveau de prix entre pays. Pour niveler ces écarts, on convertit le PIB, à l’aide de facteurs de conversion appelés « parités de pouvoir d’achat » (PPA), en une monnaie commune artificielle, le standard de pouvoir d’achat (SPA), qui garantit la possibilité de comparer le pouvoir d’achat des différentes monnaies nationales.
2) Deniz Akagül et Semih Vaner, L’Europe avec ou sans la Turquie, Éditions d’organisation, Paris, 2005, p. 107.
3) Nous prenons comme base la situation économique précédant l’ouverture des négociations pour chaque pays, soit 2003 pour la Turquie, 1999 pour la Bulgarie et la Roumanie et 1997 pour la Pologne.
4) Rapport de la Commission indépendante sur la Turquie, tableau 4 : comparaison des situations économiques de départ, p. 45.
5) Rapport du Centre for European Reform, Katinka Barysch, The economics of Turkish accession, juin 2005.
6) La crise financière de 2001 est essentiellement basée sur la mauvaise gestion des finances publiques et la fragilité du système bancaire. Cette crise a globalement causé une chute du PIB de 7,5%, une augmentation des taux d’intérêt atteignant plus de 400%, une dévaluation importante de la livre turque ainsi qu’une dette publique dépassant les 90% du PIB. En une nuit, en février 2001, la monnaie a ainsi perdu 40% de sa valeur.
7) Déclaration de l’Institut national de statistique (DIE), AFP, 31 mars 2005.
8) Rapport de la Commission indépendante sur la Turquie, tableau 3 : comparaison des indicateurs économiques, p. 43.
9) AFP, 4 mars 2005.
10) Déclaration de l’Institut national de statistique, op. cit
11) Verez et Chaponnière, op. cit., p. 99.
12) Jérôme Sgard, Deniz Ünal Kesenci et Yves Zlotowski, « La Turquie au tournant », La lettre du CEPII, n° 237, septembre 2004.
13) Les petites et moyennes entreprises en Turquie, OECD, www.oecd.org/dataoecd/3/49/31948491.pdf.
14) Hélène Djoufelkit-Cottenet, La Turquie, panorama et répartition régionale du secteur productif, Agence française de développement, Notes et documents n° 9, novembre 2004, p. 21.
15) Deniz Akagül, op. cit., p. 39.
16) Une étude du CEPII, le Centre d’études et de prospective internationale, explique ainsi que sans les élargissements successifs qu’elle a connus, l’UE n’aurait pas pu maintenir ses parts de marchés au niveau international. « Compétition sur les marchés mondiaux : un bouleversement des positions, dans L’insertion de l’industrie européenne dans la division internationale du travail : situation et perspectives », CEPII/CIREM 2003.
17) L’Accord de l’Union douanière, signé en 1995, dans le prolongement de l’Accord d’association de 1963, est entré en vigueur le 1er janvier 1996. Il prévoit une suppression réciproque et progressive des droits de douane sur les produits industriels et sur la part industrielle des produits agricoles transformés. Les services, comme les produits agricoles et la part agricole des produits agricoles transformés, sont exclus du champ de l’accord.
18) L’Accord d’Ankara, signé le 12 septembre 1963, visait à assurer l’adhésion de la Turquie à la CEE à travers la mise en place, en trois phases, d’une union douanière : une phase préparatoire de cinq ans, qui visait le développement des relations commerciales ; une phase transitoire de douze ans, qui visait la libre circulation des marchandises, des personnes et des services ainsi que le rapprochement des politiques économiques (entrée en vigueur en 1973 avec la signature d’un protocole additionnel) et une phase définitive de dix ans, consacrée à la réalisation d’une union douanière (entrée en vigueur de la décision 1/95 le 1er janvier 1996).
19) Le système de préférences généralisées (SPG) de l’UE propose des réductions de droits de douane ou un accès au marché communautaire en franchise de droits pour les exportations de 178 pays et territoires en développement. D’après les articles 13 et 16 de la décision 1/95 du Conseil d’association, la Turquie doit s’aligner sur le tarif douanier commun et sur le régime de préférences douanières de la Communauté concernant à la fois les régimes autonomes et les accords préférentiels avec les pays tiers.
20) Deniz Akagül, « Lecture politique des relations économiques euro-turques », Pierre Chabal et Arnaud de Raulin (sous dir.), Les Chemins de la Turquie vers l’Europe, Artois Presses Université, Artois, 2002, p. 45.
21) Office national de planification, Le rapport spécial de la Commission des experts sur les relations Turquie-Union européenne, DPT : 2545-OIK : 561, Ankara, 18 décembre 2000, p.224.
22) Cengiz Aktar, 2004, p. 91.
23) Le coin fiscal, qui constitue la part des prélèvements obligatoires (cotisations sociales et impôts sur le revenu) dans le coût total du travail, est de 45% en Turquie.
24) http://www.fraserinstitute.ca/admin/books:chapterfiles:1EFWO4ch1.pdf#
25) Projet de lutte contre la corruption : http://www.tesev.org.tr/projeler/proje_yolsuzluk.php
26) Revue élargissement spécial Turquie-PECO, n°24, juin 2002, p.5, www.dree.org/elargissement/RapportsSite/RES24TurquiePECO.pdf.
27) Les Échos, 9 novembre 2005.
28) Chambre de commerce française en Turquie, « Dossier d’information de la Turquie », mars 2005, http://www.uccife.org/actualite/documents/
publications/turquie/dossier_turquie_2005_2_e_semestre.pdf
29) Questions soulevées par la perspective d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, op.cit., p. 54.
30) Luc-Alexandre Ménard, « Un pôle européen dynamique », La Turquie vers un rendez-vous décisif avec l’Union européenne, op. cit., p.119.
31) Deniz Akagül et Semih Vaner, op.cit., p. 116.
32) Lejour, Mooij et Capel, Assessing the economic implications of Turkish accession to the EU, CPB Document n° 56, mars 2004, p. 11, www.cpb.nl/eng/news/2004_19.html.
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