Intervention d'Yves Mény, professeur des universités, président émérite de l'Institut universitaire européen de Florence, lors du séminaire "Où va l'Italie ?" du mardi 21 mars 2023.
Intervention d’Yves Mény, professeur des universités, président émérite de l’Institut universitaire européen de Florence, lors du séminaire « Où va l’Italie ? » du mardi 21 mars 2023.
Permettez-moi de souligner d’abord qu’il n’y a pas de grandes différences entre le diagnostic posé par Sabino Cassese et le mien. Nous le disons différemment mais, en réalité, depuis quarante ans nos analyses convergent et, dans beaucoup de domaines, il serait difficile de trouver de grandes différences dans nos appréciations.
La question : Où va l’Italie ? m’a rappelé celle qu’avait posée Joschka Fischer en l’an 2000 : Quo Vadis Europa ?[1]. Et il apportait des solutions institutionnelles pour répondre à cette question. Ce ne serait pas la solution prioritaire pour l’Italie.
Où va l’Italie ? Très franchement, je ne sais pas. C’est un pays d’une telle complexité que les points de repère manquent. Mais si vous me demandiez où va la France, je serais aussi un peu dans l’incertitude. Il y a une incertitude générale de l’époque contemporaine caractérisée par tant de défis majeurs et sans précédent. Et la complexité de l’Italie fait qu’on peut lui appliquer ce que l’on a dit des États-Unis : « vous pouvez dire tout et son contraire sur les États-Unis, vous aurez toujours raison » tant ce pays présente de contrastes et de situations différentes.
C’est aussi le cas de l’Italie. L’Italie est extrêmement diverse. Et les Italiens eux-mêmes, à la différence de Sabino Cassese qui a essayé d’être mesuré en toutes choses, sont souvent partagés entre un pessimisme noir et un optimisme excessif (qui d’ailleurs permet au bateau de voguer.) « E la nave va… ». Un dîner typique italien commence par le récit de tous les malheurs, les désastres et la longue liste de tout ce qui ne va pas en Italie pour se terminer par le constat : « Tout de même, ce pays est fantastique ! ».
Peut-être ne serai-je pas tout à fait impartial dans l’analyse car, tombé dans la potion magique italienne à seize ans, je ne m’en suis jamais remis…
Le développement de l’Italie depuis son unification a été marqué par trois grands thèmes :
La recherche de l’unité, la fabrication de l’unité nationale, jusqu’à la Première guerre mondiale, puis, à partir des années 20 par la mise en place du Stato fascista, du nouvel État fasciste.
Après la Seconde guerre mondiale, à partir des années 1950, l’Italie républicaine s’est donnée corps et âme à la construction de l’Europe. L’Europe comme solution externe à ses problèmes internes. Cela a fonctionné plus ou moins jusqu’aux années 1990.
À partir des années 1990 la vocation européenne de l’Italie se perd. Il n’y a pas d’alternative claire. Aucun grand chantier collectif n’est proposé aux Italiens auquel ils pourraient adhérer et s’identifier. La seule offre politique nouvelle est venue des populistes et elle fut autant caractérisée par le rejet des élites, des institutions et des politiques passées que par un catalogue de propositions irréalistes ou démagogiques. L’Italie se retrouve un peu dans la situation du personnage décrit par Italo Calvino, Il visconte dimezzato (le Vicomte pourfendu) qui, frappé par un obus durant la bataille, est coupé en deux, divisé en une partie bonne et une partie mauvaise, et tout le problème sera de réunir les deux parties du visconte pour retrouver l’unité du personnage.
Bien que l’unité territoriale de l’Italie ne soit pas remise en cause et qu’un orgueil nationaliste s’exprime à nouveau, la péninsule reste géographiquement, socialement, économiquement, culturellement faite de pièces et de morceaux qui ont du mal à faire système, il « sistema paese » comme l’écrivent sociologues, économistes et journalistes italiens.
Plus on connaît l’Italie, plus le mystère s’épaissit. J’ai essayé d’organiser ma réflexion autour de la conception, de la vision qu’ont les Italiens ont du temps et de l’espace.
Le rapport avec le temps est marqué, surtout au Sud, par le scepticisme. « Il faut que tout change pour que rien ne change »[2], la formule un peu éculée de Lampedusa exprime une certaine vérité. Les auteurs siciliens, anciens ou modernes, sont tous marqués par un scepticisme fondamental. Les choses passent. Les hommes passent. Les civilisations passent … donc il faut prendre ses distances vis-à-vis des événements. Cela se traduit aussi dans l’action administrative, bureaucratique. Le temps n’a pas beaucoup d’importance, ce qui fait que les chantiers italiens durent souvent des décennies … sauf quand il y a crise ! En 1979, quand je suis arrivé à Florence pour la première fois, on parlait de l’allongement de la piste de l’aérodrome de Florence pour permettre aux plus gros porteurs d’atterrir. On en parle encore, nous sommes en 2023. Mais quand le pont de Gênes s’est effondré il a été reconstruit en moins de deux ans, brillamment. Dans la crise, les Italiens sont géniaux. Dans l’ordinaire ils peuvent se disperser, perdre du temps. Et la bureaucratie est là pour rappeler que, au fond, le temps n’a pas d’importance.
Dans ce temps vécu par les Italiens la révolution est absente. Alors que la France est profondément marquée par la Révolution de 1789, en positif et en négatif. Tout comme elle est profondément marquée par une tradition politique de protestation contre le pouvoir quel qu’il soit, monarchique ou républicain. La forme privilégiée de la participation en France n’est pas le vote mais la protestation.
En Italie, au contraire, ce qui me frappe, en l’absence d’un État fort, c’est la force de la société civile. Un exemple témoigne de cet étonnement d’un Français en Italie : la plupart des ambulances en fonctionnement dans les villes et les villages sont financées et achetées par des dons privés. Certes l’État contribue au financement de ce service mais l’essentiel provient de la solidarité. Dans la société civile italienne, le phénomène associatif est beaucoup plus fort qu’en France. En effet, bien que nous nous enorgueillissions d’avoir des milliers d’associations, la plupart du temps, ces associations se résument à un président, un secrétaire, un trésorier et quatre ou cinq membres. Les associations françaises sont d’une faiblesse extrême. Les syndicats sont faibles, les partis politiques sont faibles. Alors qu’en Italie toutes ces forces sociales, malgré leur déclin présent, feraient pâlir d’envie la plupart de nos forces sociales françaises.
Autre incidence de cette absence de révolution, c’est ce qu’on a appelé en Italie, à partir de l’unité italienne, le transformisme, c’est-à-dire la capacité du système à absorber les oppositions, les antagonismes, à les faire siens, à les intégrer et à les digérer. Par exemple l’Italie a été quand même très marquée par la division entre la démocratie chrétienne et le parti communiste et, plus récemment par l’émergence des partis populistes. Mais, petit à petit, tout cela a été digéré. Le parti communiste d’abord, les partis populistes ensuite et aujourd’hui le parti de Meloni, Fratelli d’Italia ont, après une phase d’exclusion été inclus dans les classes dirigeantes en mettant progressivement sur la touche les anciennes formations et en faisant émerger de nouvelles formations. Une lente intégration, toute en douceur et sans grands traumatismes. Le paradoxe apparent de l’Italie c’est qu’on a parlé d’une « Seconde République » mais en réalité sans changer la lettre de la Constitution républicaine !
Le temps est aussi vécu comme philosophie personnelle. S’il y a un pays où l’adage Carpe diem a du sens, c’est en Italie. Les Italiens aiment la vie, aiment célébrer l’existence, se réjouir, chanter. Alors que les Français sont décrits comme « des Italiens de mauvaise humeur ». C’est vrai que l’Italie a un aspect joyeux, dynamique, bon vivant qui contribue aussi à cette forme de sociabilité. En revanche, peu d’Italiens subissent l’angoisse du futur. En dépit d’excellents analyses et rapports sociologiques ou économiques, l’Italie n’est pas le pays de la prévision, de la prospective ou de la planification. En témoigne la quasi-indifférence collective au déclin démographique pourtant dramatique et ce en dépit des flux migratoires qui en masquent l’ampleur.
L’espace.
Sabino Cassese a mentionné la division horizontale entre le Nord et le Sud. Il a eu raison de souligner que même si les différences s’atténuent, elles restent profondes. Ce qui m’a le plus frappé en voyageant en Europe ces dernières années, c’est d’observer le contraste entre la réussite de la mise à niveau des régions portugaises, espagnoles ou est-allemandes au niveau des infrastructures et le fait que le Sud de l’Italie reste encore, malheureusement, une région souvent sous-développée du point de vue des infrastructures, que ce soient la route, le train, les hôpitaux, les écoles. On constate une insuffisance notoire qui n’est pas la résultante d’un manque de moyens mais de l’inefficacité bureaucratique qui, générale en Italie, est particulièrement dramatique dans le sud de l’Italie. L’Italie ne réussit pas à dépenser les fonds qui sont mis à sa disposition, notamment par l’Union européenne, ou finit par les dépenser trop tard et trop mal. C’était vrai hier, c’est encore le cas avec le PNRR financé par l’Union européenne pour un montant considérable (190 milliards).
Une autre division de l’Italie, géographique, verticale, est constituée par les Apennins qui séparent l’Italie en deux. À tel point que les étudiants du Sud, des Pouilles, vont plutôt dans les universités de Bologne tandis que les jeunes Calabrais vont étudier à Naples ou à Rome. Les Apennins restent une barrière difficilement franchissable.
Une autre barrière réveille tous les cinq ans une espèce de serpent de mer : c’est l’isolement relatif de la Sicile. Le fameux projet de pont dans le détroit[3] est régulièrement agité quand on veut détourner l’attention de la population italienne d’autres problèmes.
Une division socio-économique oppose un Nord plus riche que n’importe quelle région française à un Sud plus pauvre que n’importe quelle région métropolitaine française et qui se rapprocherait plus des régions ultramarines.
La division politique s’exprime de manière très ressentie dans une division locale ou régionale liée à la riche tradition politique du Campanilismo et des petits États italiens. Cela présente aussi des aspects très positifs. Par exemple, les clusters, les districts économiques, souvent spécialisés, qui se constituent au niveau local sont extrêmement actifs et fonctionnent sur le principe de la sociabilité et de la solidarité interprofessionnelle. Par exemple, dans tel district, spécialisé dans les salles de bains, certains font des robinets, d’autres des baignoires, etc. L’État n’entre pour rien dans ces mécanismes spontanés qui émanent de la société. Rien à voir avec la France où on aurait imaginé mille dispositifs pour faire pousser quelques usines.
L’Italie est donc caractérisée par une certaine ambivalence. Beaucoup de localisme, c’est vrai, et, en même temps, de xénophilie, c’est-à-dire une admiration un peu béate pour ce qui se fait de mieux à l’étranger. On envie telle chose à la France, telle autre chose à la Grande-Bretagne, à l’Allemagne … comme si l’Italie était toujours moins bonne que les autres. C’est un sentiment un peu excessif.
Je terminerai en évoquant les rapports des Italiens avec l’État et la société. Pour moi, le problème numéro un de l’Italie, ce qui empêche cet oiseau merveilleux de voler aussi haut qu’il le devrait, c’est la bureaucratie. Je ne sais pas comment résoudre ce problème … si ce n’est en supprimant la bureaucratie. Mais cela créerait d’autres problèmes, dirait Sabino Cassese, le meilleur spécialiste de la bureaucratie italienne.
Les relations entre les Italiens et la société sont marquées par un énorme problème démographique. L’Italie vieillit, l’Italie perd des habitants. La population italienne, qui perd 150 000 à 200 000 habitants par an en dépit d’une forte immigration, est passée sous les 60 millions d’habitants.
Ce déficit démographique s’accompagne d’une forte émigration de jeunes Italiens formés, éduqués.
Cette émigration n’a pas que des effets négatifs. J’en donnerai un exemple auquel nous ne pensons pas et qui pourtant est sous nos yeux : on peut parler d’une véritable multinationale de l’alimentaire italienne dans le monde. Des milliers et des milliers de négoces ne vendent que des produits italiens, pour notre grand plaisir. Les produits italiens sont très populaires. C’est une sorte de multinationale invisible. Tous ces gens n’ont qu’une, deux ou trois boutiques mais ils ne vendent que des produits italiens, ce qui fait que la mozzarella et la burrata sont les fromages les plus populaires au monde, que ce soit aux États-Unis, en France ou ailleurs. Il n’y a donc pas besoin de promotion à travers les ambassades, la promotion se fait toute seule, par tous ces agents.
Mais on peut s’inquiéter de voir de nombreux diplômés italiens brillantissimes partir pour les États-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, où ils travaillent dans les organismes de recherche parce qu’ils ne trouvent pas de postes en Italie où ils ne peuvent espérer un poste stable que vers 40 ou 45 ans avec des salaires assez faibles et une incertitude permanente quant à leur avenir professionnel. C’est vraiment une question dramatique à laquelle l’Italie n’a pas encore trouvé de réponse. Le gouvernement Meloni dit s’en préoccuper mais les mesures tardent à être définies et plus encore à se concrétiser.
Parmi les points forts, l’économie. Avant le covid, la France, avait un déficit commercial annuel de 50 milliards d’euros tandis que l’Italie enregistrait un surplus commercial de 50 milliards d’euros. Aujourd’hui (fin 2022) la France enregistre 175 milliards de déficit commercial à cause de l’énergie. Mais le déficit commercial de l’Italie, qui a encore moins d’énergie que nous, est de 35 milliards. Il y a donc des « miracles ». On pensait par exemple que l’export de la région Friuli-Venezia Giulia (Frioul-Vénétie Julienne) allait s’effondrer du fait que cette région commerce principalement avec l’Est, notamment la Russie. Or malgré les sanctions à l’encontre de la Russie, les exportations de cette région ont crû de 30 % car les Italiens vendent beaucoup plus dans la région du Caucase. Les marchandises font vraisemblablement un contournement mais ce sont des Turcs et les États du Caucase qui sont aujourd’hui les clients principaux de cette région extrêmement exportatrice.
Il y a aussi la capacité à délocaliser. L’Italie a perdu toute la production d’arts ménagers, presque tout le textile et presque toute l’industrie de la chaussure mais ce sont les Italiens qui contrôlent encore cette production qui se fait en Pologne, en Turquie, en Roumanie, dans les Balkans, etc. parce que les bureaux d’études et les firmes sont restés en Italie.
En revanche, sur le plan économique, une des grandes difficultés réside dans la capacité à dépasser le fondateur dans les entreprises familiales traditionnelles. Les familles ne sont pas éternelles et il n’est pas du tout garanti que les enfants soient aussi bons entrepreneurs que le père fondateur. Il y a donc un énorme problème de transmission du patrimoine des entreprises, ce qui suscite un peu d’agacement en Italie parce que les multinationales, qu’elles soient françaises, allemandes, américaines, etc. vont fait leur shopping au moment de la mort ou avant la mort du fondateur. C’est là le vrai problème du passage d’une structure familiale extrêmement efficace mais qui a quand même des limites à une société plus grande et contrôlée par des capitaux étrangers.
Dernier point, la question des valeurs. L’Italie est caractérisée par une très forte solidarité locale mais aussi intergénérationnelle assez étrangère aux habitudes françaises. Il n’est pas rare que toutes les générations cohabitent sous le même toit et il est difficile de quitter le nid familial. Cette solidarité intergénérationnelle très forte a des conséquences économiques importantes. Par exemple le besoin d’établissements pour les personnes âgées est moins important puisque ce sont les familles qui s’en occupent. Et comme de plus en plus de femmes travaillent, une invention italienne, la « badante », c’est-à-dire la personne qui s’occupe de la maison, a été incidemment un instrument extraordinaire d’intégration des immigrés. Les Italiens sont presque tous contre l’immigration mais ils emploient tous une « badante », avec des systèmes d’une ingéniosité extraordinaire. Par exemple, avant la guerre en Ukraine, des bus faisaient chaque semaine la navette entre les principales villes italiennes et Kiev. En effet les Ukrainiennes peuvent venir six mois en Italie avec un permis de travail, donc on alterne : deux sœurs, deux cousines, etc. qui viennent assister une personne âgée par exemple. Malgré tout l’intégration de ces immigrés n’est pas si mauvaise parce qu’une grande partie d’entre eux – de moins en moins, il est vrai – ont été intégrés dans les familles, ce qui signifie une intégration par le logement, l’apprentissage de la langue, l’acquisition des codes culturels etc…
L’identité. Outre leur identité locale les Italiens avaient une identité rêvée qui était l’identité européenne. Depuis vingt ou trente ans, une identité nationale très forte émerge et elle s’est exprimée d’abord à travers le sport. C’est le sport qui a recréé ou ré-autorisé des formes d’identité nationale jusque-là un peu honteuse depuis la fin du fascisme.
Je suis donc très confiant dans le futur de l’Italie parce que c’est un pays très flexible qui n’attend pas grand-chose de l’État, qui doit résoudre ses problèmes par lui-même … mais en même temps il manque une perspective pour le futur. Je serais heureux si Sabino Cassese pouvait me dire comment se dessine le futur de l’Italie en Europe, dans le bassin méditerranéen … C’est peut-être ce qui m’inquiète le plus parce que la jeunesse, devenue volage, volatile, est en train d’aller voir ailleurs.
L’Italie est aussi un pays catholique, doté de deux États, le Vatican et la République italienne, ce qui est peut-être aussi une source de désarroi : le Vatican pèse de moins en moins, la conférence italienne des évêques est de moins en moins écoutée, et comme le dit un de mes amis qui ne pratique pas de religion, je suis un « pratiquant non catholique ». Ce pourrait être une définition des Italiens, qui vont encore à l’église. Mais il ne faut pas penser que l’Italie soit moins déchristianisée que ne l’est la France. En guise de conclusion, je citerai un ouvrage collectif passionnant publié récemment par l’École française de Rome. L’ouvrage se donne pour objectif d’étudier l’Italie des origines jusqu’à la fin de l’épopée napoléonienne, en 1815 et le titre traduit cette ambition : Le temps des Italies, XIIe-XIXe siècle[4], suggérant qu’il existe désormais une seule Italie. Ce qui est vrai du point de vue du droit interne et international. Mais je suis convaincu que le titre va comme un gant à l’Italie contemporaine, celle des Italies qui rendent la compréhension de ce magnifique pays si délicate et difficile.
Marie-Françoise Bechtel
Merci beaucoup.
J’ai été frappée par les convergences et les divergences entre les deux interventions. Peut-être à la fin pourrez-vous dialoguer entre vous, sans préjudice des questions de la salle, car il y a manifestement des points qui vous réunissent et des points qui vous séparent.
Je vous suis reconnaissante d’avoir mis l’accent sur une question qui nous préoccupe ici. Pourquoi l’Italie nous a-t-elle dépassés en matière de poids de l’industrie dans le PIB ? Je découvre ce tissu de PMI en Italie, sorte de Mittelstand italien que nous imaginions caractéristique de l’Allemagne. Mais Louis Gallois nous a expliqué récemment [5] que des initiatives locales sont en train de fleurir en France et que l’on assiste au réveil dynamique de certains territoires dans lequel la politique de l’État national n’a pas grand-chose à voir. Peut-être avons-nous appris de l’Italie sur ce point. Je vais passer la parole à Monsieur l’ambassadeur Christian Masset qui va nous dire comment il voit l’avenir de l’Italie et les relations franco-italiennes, avec une question émergente : le traité du Quirinal aurait-il été le même après la guerre d’Ukraine ?
—–
[1] « Quo Vadis Europa ? » : Joschka Fischer et la finalité de l’intégration européenne (discours du 12 mai 2000).
Discours de M. Joschka Fischer, alors ministre allemand des affaires étrangères, sur la finalité de l’intégration européenne.
[2] Phrase prononcée dans le roman de Lampedusa, Le Guépard, par Tancrède, neveu du prince de Salina.
[3] En 2022, après l’annonce de sa nomination en tant que ministre des infrastructures, Matteo Salvini, a fait part de sa volonté de relancer la construction d’un pont entre la Calabre et la Sicile, dans le détroit de Messine. Une idée très souvent évoquée, depuis l’époque romaine, mais qui n’a jamais vu le jour. Déjà, dans les années 2000 Silvio Berlusconi avait porté l’idée de ce pont routier et ferroviaire de 5 km de long qui devait relier Torre Faro (Sicile) à Villa San Giovani (sur le continent). Censé voir le jour en 2012, le projet avait été abandonné.
[4] Jean Boutier, Sandro Landi et Jean-Claude Waquet, Le temps des Italies, XIIe-XIXe siècle, École Française de Rome, Paris, Passés Composés, 2023.
[5] Louis Gallois était l’un des orateurs du colloque « Le défi du redressement économique de la France » organisé par la Fondation Res Publica le 31 janvier 2023.
Le cahier imprimé du séminaire « Où va l’Italie ? » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.
S'inscire à notre lettre d'informations
Recevez nos invitations aux colloques et nos publications.