Une tribune de Baptiste Petitjean, ancien directeur de la Fondation Res Publica, parue dans Marianne, le 10 juillet 2020.
Cette incohérence ne se retrouve pas lorsque l’on compare les chiffres de l’ITC communiqués par d’autres États avec ceux de Destatis. Par exemple, toujours pour l’année 2019, le déficit commercial de l’Italie vis-à-vis de l’Allemagne n’affiche qu’une différence mineure selon la base de données utilisée, Eurostat ou Destatis. Idem pour celle de l’Espagne ou du Royaume-Uni.
Les facteurs mis en avant côté français pour expliquer ces anomalies statistiques peinent à convaincre. Sont invoquées tout d’abord des méthodes de calcul différentes : FAB/FAB (franco à bord) vs CAF (coût assurance fret)/FAB, la seconde incluant les coûts de transports et d’assurances. Sans doute faire traverser le Rhin à de lourdes machines coûte mais pas de quoi justifier deux dizaines de milliards ! Ensuite viennent les disparités « miroirs ». Comprendre : l’exportateur et l’importateur peuvent ne pas déclarer les mêmes données pour un même flux. Elles peuvent être liées, explique-t-on à Bercy, à « l’effet Rotterdam ». Mais encore ? De très nombreuses marchandises transitent en l’occurrence par le grand port de Hambourg. Certaines d’entre elles viennent de très loin (hors de l’Union Européenne) mais vont être considérées comme une exportation allemande, une fois réexpédiées depuis le port hambourgeois. Ces explications ne sauraient justifier une telle différence de 26 milliards d’euros. Alors qu’elle souhaite un leadership franco-allemand en Europe, la France voit se dégrader sa position économique relative. Inquiétant.
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