Intervention de Jean-Yves Camus, Professeur à l’Institut universitaire d’études juives Elie Wiesel, chercheur associé à l’IRIS, au colloque du 16 juin 2008, Où va la société israélienne ?
A l’origine du mouvement de colonisation des territoires, il y a la guerre de 1967. Tout un pan de la société israélienne, principalement – mais pas seulement – dans sa partie sioniste religieuse, a interprété la victoire de 1967 comme un quasi miracle, une preuve qu’au-delà même de la portée messianique de la création de l’Etat lui-même, cet Etat, donc le peuple juif, vivait le début de l’ère de la rédemption. Cette victoire soudaine, assez inattendue compte tenu de l’état des forces en présence, faisait que le pays se réveillait trois fois plus grand qu’il était la veille. La portée symbolique énorme de la réunification de Jérusalem (et la possibilité pour la première fois pour les juifs d’accéder au mur occidental, communément appelé le Mur des lamentations) ont déclenché tout un mouvement visant à installer des Juifs sur l’ensemble du territoire considéré par les sionistes religieux comme devant être sous souveraineté juive.
Quel est ce territoire ?
La Thora ne donne pas une définition extrêmement précise de l’Israël biblique. Des divergences existent sur la carte de cet Israël-là. Mais il y a incontestablement des lieux, mentionnés dans la Thora à plusieurs reprises, qu’on localise aujourd’hui aisément parce qu’ils n’ont pas changé de nom, par exemple Hébron et Kyriat Arba, qui sont aujourd’hui un sujet majeur de dispute. Sur l’ensemble des territoires considérés par le mouvement sioniste religieux comme donnés de manière irrévocable par Dieu pour que le peuple juif y vive, c’est-à-dire en gros Israël dans ses limites internationalement reconnues, plus le Golan ; la Cisjordanie ; la bande de Gaza et le Sinaï, un mouvement d’implantation a commencé à se mettre en route qui n’était pas uniquement un mouvement idéologique.
En effet, il y a deux sortes de colons :
Les colons idéologiques ne sont pas tous mus par la religion mais parfois par une sorte de nationalisme qui n’a rien de religieux.
Une partie de la population qui vit actuellement dans les implantations pourrait plutôt être désignée comme des « colons économiques ». Les « colons économiques » sont ces gens qui vivent majoritairement dans une profondeur de dix à vingt kilomètres au-delà de la ligne verte et qui ont choisi de s’établir dans les territoires pour des raisons qui ne sont pas prioritairement de l’ordre de la conviction mais tout simplement parce qu’il y avait là pour eux un effet d’opportunité intéressant. La terre y est moins rare, donc moins chère. Il y a en Israël, du fait de l’exiguïté du territoire, un problème de rareté foncière et de prix du foncier, donc de renchérissement du prix du logement. De plus, les gouvernements successifs ont accordé à celles et ceux qui s’installaient dans ces territoires toute une série d’avantages, non seulement des avantages à la construction mais aussi des avantages fiscaux, en terme de paiement ou d’exonération de l’impôt sur le revenu, qui faisaient que, pour un certain nombre de gens, il était plus intéressant d’habiter là qu’ailleurs. Ce phénomène a été amplifié par la suite par l’aliyah russe dont une partie, pour les raisons que je viens d’indiquer, assez mécaniquement, était obligée d’aller habiter là.
Plus on s’éloigne de la ligne verte, plus on s’enfonce dans la Judée Samarie (nom donné par les colons à la Cisjordanie), plus on trouve une population qui a fait le choix, pour des raisons purement idéologiques, de s’installer à cet endroit. Ce choix est fonction d’une vision à long terme de l’avenir d’Israël et du peuple juif. Elle peut être résumée par le titre de l’article que le Rabbin Shlomo Aviner a publié au lendemain de l’évacuation de Gaza : « Mètre par mètre, en avant ! ». Au lendemain même de ce qui était vu comme un désastre par la totalité du monde des colonies, un des maîtres spirituels, un des organisateurs de ce courant, disait : ce n’est pas fini, c’est un revers temporaire, il faut recommencer, mètre par mètre, à gagner du terrain en implantant de nouvelles personnes à de nouveaux endroits ».
Mais l’idée centrale de ce mouvement n’est pas d’oublier les Palestiniens et de faire comme si ils n’existaient pas. Dans l’idéologie de Jabotinsky comme dans celle de cette partie du courant national religieux qui vit dans les colonies, on n’oublie pas les Palestiniens, on ne fait pas comme s’ils n’existaient pas, on part simplement du principe que, sur le long terme, on est là pour leur imposer un rapport de forces, pour les contraindre, à force de s’installer, à force de s’étendre, à partir, ou à vivre sous souveraineté juive. Ce monde ne vit pas de façon irénique en pensant qu’il n’y a personne autour (ce qui est d’ailleurs impossible). Il fait un choix idéologique qui consiste à penser que sur cette terre, il ne peut pas y avoir deux souverainetés et qu’il faut donc établir le rapport de forces qui résoudra la question de la souveraineté.
Mais ce monde des colonies idéologiquement orienté est lui-même soumis à des tensions extrêmement fortes. La principale se situe aujourd’hui dans la question du rapport à l’Etat, la question de savoir jusqu’où on peut aller face à l’Etat. Pour comprendre l’importance de cette question, il faut en revenir à la source du sionisme religieux. Le sionisme religieux a toujours considéré de manière positive l’existence de l’Etat. C’est ce qui le distingue du monde qu’on appelle improprement ultra-orthodoxe, qui était et reste hostile – ou pour le moins extrêmement méfiant – non seulement à l’égard de l’idée d’un Etat juif mais à l’égard de l’idée même d’Etat. Le monde sioniste religieux, au contraire, à l’époque ottomane puis à celle du mandat britannique, accepte l’idée d’une souveraineté temporelle juive (donc de l’Etat) sur la terre de ce qui était alors la Palestine. Dans le milieu sioniste religieux qui s’installe dans les implantations après la guerre de 1967, on ne refuse pas l’existence de l’Etat au nom d’une vision religieuse, au contraire on considère que l’Etat, que l’armée sont des choses absolument fondamentales. Les gens ne refusent pas de faire leur service militaire ni d’être officiers dans l’armée, ils valorisent au contraire cette idée et se trouvent aujourd’hui confrontés – on l’a vu au moment de l’évacuation de Gaza – à un dilemme : En cas d’évacuation, jusqu’où peut-on contrevenir aux ordres de l’Etat ? Pendant l’évacuation de Gaza, une immense majorité de colons – plus large encore que ce qu’on attendait – a contre mauvaise fortune fait bon cœur en acceptant de quitter les implantations, se rangeant finalement à l’idée que, puisqu’il y avait un ordre de l’Etat et que cet Etat était légitime, il fallait obéir, quitte à revenir éventuellement plus tard.
Seule une toute petite minorité s’est véritablement engagée dans une confrontation violente avec l’Etat, avec l’armée. Cela constitue un tournant dans ce monde-là : l’émergence d’une frange de population qui considère aujourd’hui que la colonisation, l’implantation est plus légitime que l’Etat, que l’Etat a failli à son devoir premier, son devoir supérieur et que par conséquent, les ordres qui en émanent, sur la question de l’évacuation des colonies, sont des ordres illégaux auxquels il faut contrevenir par tous les moyens, y compris, si besoin est, les plus extrêmes. Ceci ne concerne qu’une frange de ce mouvement mais si demain une évacuation massive des implantations devait avoir lieu, à certains endroits, elle ne se passerait certainement pas d’une manière aussi pacifique et relativement facile qu’à Gaza. C’est une chose qu’il faut considérer quand on examine les scénarios futurs.
Il faut également bien voir que le mouvement des implantations n’a pu progresser, d’abord sous la houlette du Goush Emounim puis du Conseil des implantations de Judée-Samarie, que parce qu’il avançait non pas à la sauvette mais selon une véritable stratégie, dirigé par des hommes qui avaient conçu un véritable plan de marche. Ce plan n’a pu être mis en œuvre que parce que les dirigeants du mouvement ont su, avec beaucoup d’habileté, tirer parti de ce qu’on a évoqué plusieurs fois ce soir, à savoir l’espèce de ventre mou qu’est aujourd’hui l’Etat israélien. Les dirigeants du Conseil des implantations annonçaient aux dirigeants de l’Etat : nous nous sommes établis à tel endroit, nous connaissons les problèmes que ça pose mais cet endroit a une importance stratégique. Dans un premier temps, les dirigeants de l’Etat exprimaient quelque réticence, demandaient à réfléchir et, quelques jours plus tard, ils donnaient le feu vert au prétexte que cet endroit avait une importance stratégique, même quand ce n’était pas vraiment le cas. Ce mouvement de colonisation a véritablement tiré profit de la faiblesse de l’Etat. Si aujourd’hui on devait, du côté israélien, mettre en œuvre un véritable plan de retrait des implantations, on ne trouverait pas la personnalité charismatique jouissant d’une autorité indiscutable non seulement au sein de l’Etat mais au sein de la classe politique israélienne qui puisse imposer des choix stratégiques et obtenir le départ des colons. Cette personnalité n’existe pas. Sharon l’avait fait pour Gaza (quoi qu’on pense du personnage), il se trouve qu’il n’a pas pu continuer. Il y a là un déficit de leadership qui aujourd’hui rend la question de l’évacuation impensable.
On a demandé tout à l’heure comment évolue l’ensemble du monde religieux en Israël. La véritable question de fond que pose le mouvement de la colonisation concerne les terres mentionnées comme juives dans la Thora, qui pour chaque Juif religieux revêtent une importance quotidienne et dont le souvenir se transmet de génération en génération par les textes et par l’étude depuis des millénaires : Ces terres-là, sous prétexte qu’elles ont été un jour juives, doivent-elles rester sous administration juive ici et maintenant, dans le rapport de forces qu’on connaît ?
C’est tout le problème de Hébron, mentionné dans la Thora dès les premiers chapitres comme l’endroit où sont situés les caveaux des patriarches. Tout Juif un tant soit peu croyant souhaite aller prier à Hébron sur le tombeau des patriarches. Mais est-il raisonnable aujourd’hui de faire vivre 500 Juifs au milieu de 130 000 Palestiniens, sous prétexte que cette terre a une importance historique pour le peuple juif ? A un moment donné, le monde sioniste religieux devra choisir et accepter que l’Etat a aujourd’hui des compromis à faire par rapport leur vision du territoire d’Israël. Cette vision des colons n’est pas uniquement théocratique, elle comprend aussi des considérations sécuritaires. Mais partir du principe que tout pouce de terre qui à un moment donné de l’histoire a connu une souveraineté juive doit aujourd’hui être administré par un Etat juif, je pense que cela n’est pas ou plus possible et il faut en tirer les conséquences qui s’imposent.
Jean-Pierre Chevènement
Merci, Monsieur Camus.
On aimerait vous poser des questions sur la nature de cet engagement religieux. Le fait qu’un lieu soit mentionné dans la Thora comme étant sur la terre accordée par Dieu à son peuple légitime-t-il l’extension d’Israël jusqu’à ce point ? Je ne voudrais pas faire une comparaison avec les Celtes. Chacun sait qu’il sont originaires du centre de l’Europe : la Haute Bavière, peut-être la Tchéquie, ils ne sont pas fondés pour autant à revendiquer la Haute Bavière ou la Tchéquie pas plus que les Bulgares les bords de la Volga ou les Turcs ottomans les monts Altaï.
Il y a un problème qui peut paraître simple mais qui ne l’est pas aux yeux de ces sionistes religieux, de ces croyants :
L’Etat légitime peut-il se faire obéir ?
Peut-on compter sur le loyalisme des instruments de la force publique que sont la police et l’armée ?
Quelle sera la réaction de la population d’Israël dans l’hypothèse où un leader charismatique s’imposerait ou, répondant peut-être à une inspiration populaire, voudrait faire prévaloir ce qui n’est après tout que la légalité internationale (dont je rappelle qu’elle existe aussi) ?
Je pose ces questions peut-être un peu brutalement mais je pense pouvoir le faire d’un point de vue purement cartésien.
Jean-Yves Camus
La difficulté du monde sioniste religieux est celle à penser le politique en tant que compromis permanent. C’est un monde où on pense que la vérité, toute la vérité est contenue dans la Thora, et que l’Etat est au service de la mise en œuvre des préceptes de la Thora. C’est-à-dire que c’est un monde dans lequel on ne peut pas envisager de faire le moindre compromis, même dans l’intérêt de l’Etat d’Israël et de ses habitants. Un passage de la Thora dit que la terre d’Israël va « de Gaza à Sidon ». Il faut donc pouvoir habiter de Gaza à Sidon. On est là dans une forme de littéralisme dégagée de la réalité, parce que, outre le fait que la carte de l’Israël biblique est extrêmement variable, ce n’est tout simplement pas possible dans les conditions politiques actuelles, au-delà même du souhaitable et de la légalité internationale qui sont évidemment des choses fondamentales.
A propos de la légalité internationale, la défiance à son égard est très sous-jacente à la mentalité d’une partie de l’opinion israélienne. Elle mène à la conclusion qu’il faut savoir passer outre la légalité internationale. Non seulement les sionistes religieux, mais une partie de l’opinion publique israélienne considèrent que, puisque l’ONU a adopté la résolution sionisme = racisme, puisque les instances internationales passent leur temps à condamner Israël, bref « puisque tout le monde est contre nous » il faut faire fi de tout cela. Le plan idéologique des colons est que, quoi qu’il arrive et quelles que soient les condamnations qui émanent de qui que ce soit, il faut toujours avancer.
Sur le loyalisme de la police et de l’armée, je n’ai pas trop de souci, d’abord parce que lors de l’évacuation de Gaza, le nombre de cas d’insoumission a été infime, y compris chez les soldats issus du milieu sioniste religieux, ensuite parce que la police surveille de particulièrement près les milieux les plus radicaux de la mouvance sioniste religieuse et notamment ceux qui plusieurs fois dans les années 1980-1990 ont eu non seulement une tentation terroriste mais sont passés à l’acte. Je pense que si demain un plan massif de désengagement devait être mis en œuvre, les cas de refus d’obéir ne seraient pas massifs. C’est le seul point peut-être un peu rassurant de ce que je viens de décrire.
Jean-Pierre Chevènement
Permettez-moi d’abuser un peu de votre patience. J’aimerais savoir si cette position « s’affranchir de la légalité internationale » est celle des sionistes religieux dans les implantations ou si, comme j’ai cru le comprendre, c’est une position plus générale partagée par une grande partie de la société israélienne. N’y a-t-il pas dans la société israélienne un désir majoritaire de paix, comme il m’est arrivé de le lire, qui implique un certain consentement à l’évacuation des implantations ? Où se situe le point d’équilibre ?
Jean-Yves Camus
Il y a incontestablement dans l’opinion publique israélienne une majorité assez large de gens favorables à une évacuation dont l’ampleur reste à déterminer. Ils en sont partisans pour deux raisons, la première est le coût économique des colonies, la seconde est ce qui s’est passé dans les années 1980-1990, à savoir l’émergence de réseaux terroristes et le sentiment, à un moment donné, que ça pouvait basculer. Dans les années 1990, des réseaux terroristes ont projeté la destruction du Dôme du Rocher et de la mosquée d’Al-Aqsa, ce qui a donné lieu à l’arrestation de figures de la frange la plus radicale du mouvement sioniste religieux. Une partie importante de l’opinion publique israélienne a alors compris que tout ça pouvait tourner très mal. Effectivement, une majorité de la population veut se « débarrasser » des colonies. Mais la question de la perception du monde extérieur est centrale : une partie de l’opinion publique israélienne considère avec défiance tout ce qui semble, de l’extérieur, vouloir imposer ce qu’elle estime être une coercition sur le peuple juif. L’idée que plus jamais le peuple juif, revenu sur sa terre et doté d’un Etat, ne doit être soumis à la volonté des autres est très loin d’être liée au milieu sioniste religieux : la droite la plus dure en Israël, celle qui se situe à la droite du Likoud, n’est pas uniformément une droite religieuse : Avigdor Liberman n’est pas religieux. Il faut dire aussi que les efforts de la communauté internationale « passeraient » sans doute mieux si Israël n’était pas en permanence pris à parti d’une manière excessive et inéquitable.
Jean-Pierre Chevènement
Merci de votre réponse. Nous nous interrogeons sur la possibilité d’un mouvement endogène propre à la société israélienne qui conduirait à une solution de paix car à partir du moment où il y a deux peuples sur une terre, il ne peut y avoir qu’une souveraineté. Si la logique de l’un est de créer un rapport de forces qui lui soit favorable, la logique de l’autre sera également de créer un rapport de forces qui lui soit favorable. C’est une guerre sans fin – sauf à gagner toujours – mais la question peut venir du peuple israélien lui-même. Certains mouvements la posent, tel « La paix maintenant ». Mais elle progresse aussi chez un certain nombre de dirigeants israéliens (on a parlé quelquefois d’Ariel Sharon qui avait fini par consentir à cette idée que l’Etat palestinien était inévitable).
Pour qu’un Etat existe il faut bien qu’il ait une terre.
Domnique Moïsi
Ce qui a été dit est tout à fait juste mais non seulement ce sentiment, souvent exprimé par des habitants des colonies n’est pas majoritaire dans la société israélienne, mais est même, selon toutes les études publiées au cours des dernières années, fortement minoritaire.
Ariel Sharon était arrivé à la conclusion qu’il fallait opérer un désengagement unilatéral de Gaza. Le phénomène majeur qui provoqua son renversement de position fut le rapport que lui avaient soumis les démographes. La lecture de ces études démographiques – qui montrent l’évolution contrastée dans le temps d’une société israélienne toujours plus réduite et d’une société palestinienne toujours plus nombreuse dans un monde arabe lui-même toujours plus grand – l’avait persuadé que l’Etat juif devait se retirer s’il voulait rester juif et démocratique. Au fond, Ariel Sharon n’avait absolument pas la religion de la terre et la majorité du peuple israélien le suivait dans cette voie. Le drame est que le dernier Sharon, le plus acceptable, celui qui s’ouvrait au monde extérieur, a disparu de la scène politique trop tôt pour pouvoir entraîner la majorité du peuple israélien dans des sacrifices territoriaux qu’ils étaient prêts à faire.
Gilbert Benhayoun
Quelle est aujourd’hui l’opinion de l’Israélien moyen ?
J’entends sans cesse: « Nous avons quitté le Liban sud et des roquettes se sont abattues sur Israël. Nous avons quitté Gaza et nous avons eu des « Kassam ». Si demain nous quittons la Cisjordanie, c’est l’aéroport Ben Gourion qui sera visé ! » A court terme, c’est ce qui les préoccupe. Bien sûr, l’idée qu’il faut créer deux Etats (Israël et la Palestine) est majoritaire en Israël, c’est ce qui ressort de tous les sondages, mais ils veulent un Israël en sécurité ce qui n’est pas le cas actuellement. Donc, le désengagement est considéré aujourd’hui par la population israélienne comme comportant des risques majeurs pour la sécurité de l’Israélien moyen. Ce qui se passe actuellement à Sderot serait impensable dans d’autres pays : subir des bombardements quotidiens sans pouvoir prendre les mesures qui permettraient d’arrêter ça, c’est un problème qui traumatise les Israéliens. Ils ne sont pas arrêtés par le principe du désengagement mais par la réalité concrète du risque qu’ils prennent s’ils acceptent cette politique.
Jean-Pierre Chevènement
Merci pour cette remarque tout à fait pertinente. Tant qu’on n’aura pas surmonté cette peur, tant que matériellement on n’aura pas assuré les conditions de la sécurité, cet argument pèsera dans le sens du refus de l’évacuation de la Cisjordanie et des implantations. Mais ces problèmes de sécurité ne sont pas insolubles.
Je vais maintenant donner la parole à Madame Louër pour nous parler des Arabes israéliens qui représentent le cinquième de la population.
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