Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du colloque « La guerre d’Ukraine et l’ordre du monde » du mardi 27 septembre 2022.
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Nous sommes très heureux de vous retrouver en ce colloque de rentrée après une période électorale pendant laquelle la Fondation Res Publica s’est tenue au silence que lui imposent ses statuts.
Rarement un colloque aura autant été plongé au cœur d’une actualité dont chaque jour révèle de nouveaux rebondissements. Nous avons pourtant pensé qu’il était du devoir pour la Fondation Res Publica de le tenir dès cette rentrée, alors que tous les événements ne sont pas absolument perceptibles.
La question que nous allons traiter est très délicate parce que nous vivons dans l’émotion médiatique, dans l’instantanéité, dans une suite d’événements qui, jour après jour, paraissent plus fantastiques les uns que les autres. De référendum en menace d’armes nucléaires, de la déclaration agressive d’un secrétaire d’État américain aux propos d’Européens dont on a parfois du mal à discerner où ils vont, nous vivons dans un monde difficile à décrypter. Nous pensons pourtant que c’est un devoir pour notre fondation que d’essayer de regarder au-delà, vers l’avenir. Dans le moment dangereux que vivent notre pays et notre continent tout entier, il nous appartient d’essayer d’introduire un peu de raison dans les débats. Non pas que nous ayons forcément raison dans ce que nous allons essayer de dire. Mais peut-être sommes-nous nombreux à éprouver que prendre un peu de distance devient aujourd’hui nécessaire pour savoir tout simplement où nous entraîne cette guerre. Une guerre qui, de jour en jour, est le théâtre d’actes inexcusables, mais qui interviennent sur un arrière-plan historique et avec des effets sur l’avenir à un terme que nous ne pouvons pas fixer.
Quand nous avons préparé ce colloque, nous pensions d’abord à la question européenne : l’Ukraine et l’Europe. Mais Jean-Pierre Chevènement nous a immédiatement fait remarquer que la question posée touche en réalité à l’ordre mondial. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi ce fil directeur exprimé par l’intitulé du colloque. En effet de très nombreux problèmes se posent dans les domaines les plus divers : militaire, économique, géopolitique … ou plutôt diplomatique et affectant les relations internationales (Thierry de Montbrial va me taper sur les doigts si j’emploie à mauvais escient le mot « géopolitique »). Tout cela mis ensemble crée une sorte de bruit de fond qui accompagne des événements ponctuels, précis, parfois fracassants. Et on a beaucoup de mal à tenter d’y voir clair pour penser l’avenir dans ce brouillard que le traitement médiatique ne contribue pas à éclaircir…
Pour ce faire, nous avons réuni des intervenants dont chacun apportera quelque chose d’essentiel à la lisibilité de ce qui nous arrive et à l’intelligibilité du futur qui pourrait éventuellement s’en déduire.
Je commence par le passé – ce n’est pas un paradoxe – en me tournant vers l’historien Jean-Robert Raviot, spécialiste de la Russie, docteur en science politique et professeur de civilisation russe contemporaine à l’université Paris-Nanterre, auteur, notamment, de Russie : vers une nouvelle guerre froide (La documentation française, 2016).
Il va essayer d’analyser devant nous comment, sur le temps long, les choses se sont nouées de manière aussi dramatique que celles que nous vivons depuis sept mois. Autrefois, quand nous étions élèves dans le secondaire (c’était l’époque où le secondaire avait des programmes), on parlait des « causes conjoncturelles » et des causes structurelles », des causes « lointaines » et des causes « proches ». C’est un peu dans cette perspective que nous interrogerons pour commencer un historien.
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Le cahier imprimé du colloque « La guerre d’Ukraine et l’ordre du monde » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.
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