Introduction

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors de la table ronde "Quel avenir pour l'Europe ?" du mardi 19 décembre 2023.

Mesdames,

Messieurs,

Chers amis,

Nous sommes très heureux de l’événement qui nous réunit ce soir.

Vous allez pouvoir entendre des interventions en forme de débat entre Hubert Védrine et Henri Guaino, en présence de notre président fondateur, Jean-Pierre Chevènement, dont je suis certaine qu’il nourrira aussi de ses propos le débat, la controverse, le dialogue, la suite d’interventions très libres que nous allons entendre.

Nous sommes convenus qu’Henri Guaino s’exprimera le premier. Haut fonctionnaire, ancien conseiller spécial du Président de la République, ancien député, ancien commissaire général du Plan de 1995 à 1998, son dernier ouvrage s’intitule à la septième fois les murailles tombèrent[1].

Hubert Védrine lui succédera. Porte-parole et secrétaire général de l’Élysée, puis ministre des Affaires étrangères, sous les présidences Mitterrand et Chirac, président de HV Conseil, son dernier ouvrage s’intitule Une Vision du Monde[2].

La Fondation Res Publica porte un intérêt particulièrement vif aux questions européennes dans toutes leurs dimensions. Elle les considère comme centrales pour l’avenir de la France. À l’occasion de nombreux colloques, nous avons ainsi traité des questions de défense ; nous avons analysé la « souveraineté européenne » ; nous avons abordé les questions liées à la monnaie unique ; nous avons beaucoup parlé de la relation franco-allemande. Et, récemment encore, nous avons tenu un très intéressant séminaire sur les abus de l’État de droit au sein de l’Union européenne[3].

Aujourd’hui, le conflit ukrainien bouleverse les données géopolitiques et les certitudes que l’on croyait acquises. Ce conflit, nous le voyons aujourd’hui, avait des causes. Mais il semble que nous ayons un peu raté les signaux. Au point où nous en sommes arrivés, il ne suffit pas de s’interroger sur l’avenir de l’Union européenne en tant que construction juridique, économique et politique, nous devons nous intéresser à l’avenir du continent européen tout entier. C’est une question un peu différente. Nous nous trouvons ici devant une question européenne qui nous appelle peut-être à revenir sur certaines questions-clés, peut-être aussi sur certaines positions que nous avons développées. À commencer d’ailleurs par le rôle des États-nations et la manière dont ils s’imbriquent dans l’Union européenne.

Que sera demain l’Union européenne ? Que peut-elle être ? Pourra-t-elle encore trouver une position d’équilibre, au moins d’autonomie, entre les deux puissances majeures que sont les États-Unis et la Chine ? C’est une question pour l’Union européenne. Que sera le continent européen lui-même ? La vieille querelle qui divisait déjà les frères Karamazov (au moins deux d’entre eux) sur la vocation eurasiatique de la Russie versus sa vocation européenne est-elle par hasard revenue ? L’histoire se répèterait-elle ? Les grandes questions que nous croyions résolues ne le seraient-elles pas ?

Et la France dans tout cela ? Les notions gaulliennes que certains d’entre nous ont ardemment soutenues sont-elles encore pertinentes ?

La question de l’avenir d’une Union européenne élargie va se poser. À cet égard, le tout récent Conseil européen s’est déroulé sur un fond d’hypocrisie tout à fait remarquable. On s’est servi, me semble-t-il, de Viktor Orban en achetant son abstention en échange de quelques milliards d’euros. Ce jeu très surprenant relativise mes propos liminaires : si l’on est prêt à échanger le sujet de l’élargissement contre un plan de quelques milliards d’euros ce n’est pas très bon signe pour le pays que l’on est censé vouloir intégrer. Le pays ou les pays puisque le Conseil européen ne s’est pas borné à l’Ukraine. République de Moldavie, Géorgie, Bosnie-Herzégovine, ensemble des pays balkaniques : nous avons pratiquement la totalité de ce qui manquait à l’Union européenne pour devenir une sorte de grande puissance molle, un « empire ottoman » réunissant de très nombreuses nations pour laisser les deux grandes puissances continuer à monter au firmament géopolitique. Mais peut-être trouverez-vous ce propos un peu polémique.

Que sera demain l’Union européenne et que sera demain le continent européen ?

C’est sur ces deux interrogations que nous allons demander à nos intervenants de bien vouloir s’exprimer. Sans oublier une petite question quand même : et la France dans tout cela ? Je vais demander à Henri Guaino de répondre à ces deux petites questions de natures géopolitique et historique.


[1] Henri Guaino, à la septième fois les murailles tombèrent, Paris, éd. du Rocher, 2023.

[2] Hubert Védrine, Une Vision du Monde, Paris, Bouquins, 2022.

[3] « État de droit et souveraineté nationale », séminaire organisé par la Fondation Res Publica, le 15 mai 2023.

Le cahier imprimé de la table ronde “Quel avenir pour l’Europe ?” est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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