Des raisons d’espérer

Intervention de Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture, responsable du commissariat général de l’exposition permanente sur la langue française, pour le projet Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, lors du colloque "L'avenir de la langue française" du mardi 15 novembre 2022.

Intervention de Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture, responsable du commissariat général de l’exposition permanente sur la langue française, pour le projet Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, lors du colloque « L’avenir de la langue française » du mardi 15 novembre 2022.

Cet espoir, je l’ai chevillé au corps grâce aux témoignages de citoyens engagés que je reçois chaque jour. Depuis quatre ans que j’exerce les fonctions de délégué général à la langue française et aux langues de France près du ministre de la Culture, je constate que des associations et, plus généralement, de nombreux acteurs de la société civile se mobilisent pour notre langue. Et je salue certains représentants d’associations ici présents. Je me réjouis également de cette soirée que vous organisez, du fait qu’une fondation comme la vôtre se mobilise – je salue Monsieur le ministre dont on sait l’attachement pour notre langue – pour que cette langue française reste le premier bien commun que nous avons en partage.

Quand même, en réaction aux propos tenus par mon ami Alain Borer, je voudrais ici rappeler quelques dates de notre histoire. Je ne vais pas nous faire remonter le temps jusqu’au Serment de Strasbourg mais vous proposer une première halte à l’année 1539 lorsque fut signée l’ordonnance de Villers-Cotterêts ; autre étape, l’année 1635, avec la fondation de l’Académie française. En franchissant les siècles, cela fait aujourd’hui 50 ans, quand fut créé, en 1972, notre dispositif d’enrichissement de la langue française.
Rapprochons-nous encore de notre XXIe siècle, lorsqu’en 1992, fut inscrit dans notre Constitution, l’article 2 précisant que « la langue de la République est le français », constitutive du pacte républicain. Poursuivons deux ans après, avec l’adoption de la loi du 4 août 1994, dite Loi Toubon, relative à l’emploi de la langue française. Et débouchons enfin sur notre actualité la plus récente : le 20 mars 2018, avec le discours clé du Président de la République Emmanuel Macron, sous la coupole de l’Institut de France, qui nous fait partager sa vision d’une « nouvelle ambition pour la langue française et le plurilinguisme ».

Je ne m’autoriserais pas à affirmer que les propos d’Alain Borer sont inexacts. Mais il est nécessaire de les compléter et d’une certaine façon de les tempérer, en rappelant le rôle essentiel que jouent nos politiques publiques pour la langue. À travers ces quelques dates que j’ai rappelées, on le voit, la conscience politique de la langue s’inscrit dans une continuité historique au plus haut niveau de l’État : il y a cette ligne, ce fil rouge, qui affiche l’importance de la langue. Cette dernière constitue, en France, un objet politique et régalien. En France, la langue a toujours été une affaire de l’État et même, pourrait-on dire, une affaire d’État.   

La Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) a pour mission d’animer la politique publique du Gouvernement en matière linguistique, de veiller à l’emploi du français dans notre société, de contribuer à son enrichissement, de pouvoir dire le monde dans ses réalités les plus contemporaines. « Mal nommer un objet c’est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Albert Camus. Et la Délégation contribue à cette mission : que notre langue puisse toujours être employée avec clarté et précision – le haut fonctionnaire à la langue française au ministère de l’Éducation nationale, Pascal-Raphaël Ambrogi, ici parmi nous, vous le confirmerait autant que moi. La DGLFLF anime ainsi un réseau de hauts fonctionnaires et des groupes de travail de terminologie où sein desquels figurent de nombreux acteurs (plus de 300 bénévoles) de la société civile et représentants des secteurs professionnels concernant des thèmes aussi divers que ceux de l’automobile, de la chimie, de la santé, des méfias ou de la culture. Ce dispositif d’enrichissement de la langue française à travers les travaux qu’il réalise (environ de 350 nouveaux termes sont ainsi publiés chaque année au JORF) prouve que d’importants moyens publics sont mis en œuvre. Grâce à cela, notre langue demeure vivante dans les dimensions les plus scientifiques du monde contemporain. Le problème, j’en ai conscience, c’est de faire en sorte que le politique se saisisse davantage de ces dispositifs. Que ces vocabulaires soient davantage promus et diffusés à Paris et dans les territoires. De nouvelles applications et ressources numériques sont en cours de réalisation pour répondre à ces besoins.

Chers amis,

Permettez-moi, dans les faits, de vous donner au moins deux raisons d’espérer quant à l’avenir de notre langue. Si nous agissons avec énergie, en tâchant d’alimenter ces deux lumières qui éclaircissent notre horizon.

La première lueur d’espoir, c’est l’apport déterminant de la révolution du numérique. Nous assistons, en effet, aujourd’hui à une révolution du numérique dans le domaine des technologies de la langue. Cette révolution, à travers notamment les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle (IA) et du traitement automatique des langues (TAL), représente une opportunité inespérée pour promouvoir la langue française (aussi, en assurer la pérennité) comme la diversité des langues de France. À partir de ce constat, la France doit se doter d’une nouvelle stratégie pour promouvoir la traduction en toutes langues, y compris à partir du français vers l’anglais. Nous y travaillons activement.

Aujourd’hui, l’anglais est la langue de la norme scientifique au plan mondial. Pour cette raison, cessons de nous opposer à ce principe de réalité et quittons ce discours vain de « la complainte du français perdu », pour citer l’expression de Xavier North, mon illustre prédécesseur. Soyons pragmatiques et contournons l’obstacle en nous appuyant sur les progrès de l’innovation et de la traduction automatique. À très court terme, la possibilité d’écrire en français sera enfin rendue aux communautés scientifiques francophones. En leur donnant la garantie d’une traduction en anglais de qualité (comme dans d’autres langues, d’ailleurs). C’est une chance qui nous est donnée. Rappelons-le, ce qui entrave le plus les chercheurs, dans le domaine des sciences exactes, c’est bien de pouvoir être publié en anglais pour une diffusion mondiale optimale et d’en tirer les bénéfices de référencement et classement internationaux. Je rejoins le propos d’Alain Borer (comme ceux du mathématicien Laurent Lafforgue) : les raisonnements mathématiques s’élaborent différemment en fonction des langues. Pensons à la très grande école soviétique. À partir du moment où la Russie a renoncé à sa langue dans le domaine mathématique, il s’est produit un effondrement de la pensée et de la création mathématiques en Russie. À n’en pas douter, chaque langue porte une vision du monde et chaque langue est, à ce titre, absolument indispensable pour contribuer à la diversité des expressions culturelles comme au progrès scientifique mondial. Dans un avenir très proche, la communauté scientifique française pourra enfin renouer avec sa propre langue comme langue de travail. C’est une étape cruciale à franchir ; nos penseurs et nos scientifiques ne renonceront plus à l’emploi du français comme langue première pour leurs travaux scientifiques.

Pour illustrer notre démarche, nous menons avec nos amis québécois tout un travail sur la découvrabilité des scientifiques en français. Travail que la ministre de la Culture Rima Abdul Malak avait évoqué avec le ministre québécois de la langue française, Simon Jolin-Barrette, tandis qu’en juin dernier il avait prononcé une magnifique et bouleversante déclaration d’amour pour notre langue à l’Académie française. Avec nos amis québécois, qui sont à la pointe de ces sujets, d’étroites actions de coopération sont engagées pour soutenir les initiatives innovantes favorisant l’implantation de la pensée en français sur la Toile comme sur l’ensemble des objets connectés.

L’on ne saurait se satisfaire aujourd’hui d’une posture de défense stricte et monolingue du français. L’avenir, c’est l’ouverture à la diversité des autres langues ! C’est pourquoi l’un des objectifs que s’est fixée la DGLFLF est de consolider un axe de coopération avec un certain nombre d’autres acteurs des politiques publiques linguistiques, européens notamment. Nous devons établir de nouveaux axes de solidarité linguistique. Et je songe, en particulier, aux pays de langue romane confrontés aux mêmes difficultés face au monolinguisme envahissant de l’anglais, et avec lesquels nous avons tout intérêt à mettre en œuvre de façon plus concertée nos politiques publiques en matière linguistique.

Autre raison d’espérer : la cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts avec la création d’un nouveau lieu pour réarmer notre politique en faveur du français et lui accorder une plus grande visibilité. La future Cité, projet présidentiel, ouvrira ses portes en juin 2023. Sous la tutelle du ministère de la Culture, le Centre des monuments nationaux est l’opérateur du projet de Cité internationale de la langue française. Outre l’aspect de sauvetage patrimonial (car il s’agissait, ni plus ni moins, de sauver un château royal de la Renaissance qui tombait en ruines), le CMN accomplit un remarquable travail qui pourrait être résumé ainsi : faire de la future Cité une Villa Médicis de la langue française et de la francophonie en France. Cette perspective d’accueillir les artistes, chercheurs, auteurs, et créateurs pluridisciplinaires, venus du monde entier, qui pensent et travaillent en français avec d’autres langues, cela ne fait-il fait rêver ? Nonobstant 75 langues qui composent le paysage linguistique français, si la France est le seul pays francophone monolingue, il suffirait de passer la frontière (Suisse, Belgique) ou de traverser la Méditerranée (Maroc, Tunisie, Liban), ou encore de descendre vers l’Afrique subsaharienne pour constater que tous les autres pays, où l’on parle le français, sont plurilingues. On y emploie le français avec d’autres langues, le wolof, le soninké, l’arabe… Cette cité rendra compte de cette cohabitation en accueillant créateurs, artistes et écrivains dont la vision du monde est irriguée par cette diversité linguistique

Au cœur de la cité, un parcours permanent sera enfin proposé, ayant pour titre « L’Aventure du français ». Il permettra, sur plus 1500 m2, de découvrir la richesse et la diversité de notre langue, premier bien commun constitutif du pacte républicain, mais également langue de diversité en partage avec plus de 300 millions de locuteurs dans le monde. À travers des dispositifs essentiellement interactifs, il s’agira de faire l’expérience de la langue, de son histoire et de ses origines métissées, de son déploiement et de son invention continue. Chacune des parties de l’exposition portera un message simple : le français est une « langue-monde », travaillée par la diversité ; dans sa matérialité de langue, c’est une « invention continue » ; et c’est un sujet éminemment politique : le français a toujours été « l’affaire de l’État ». Je ne suis pas le responsable scientifique du parcours permanent, mais j’ai mis en place, avec Philippe Belaval, la belle équipe qui le conçoit, composée de Xavier North, Barbara Cassin, Zev Gouravieh et Hassan Kouyaté. Le parcours constituera la « bande-annonce » du projet culturel que développera la Cité dans son ensemble. 

Enfin la création, sur le site, d’un centre de référence sur les technologies de la langue de réunira l’ensemble des acteurs concernés par ces sujets. J’ai déjà parlé du traitement automatique des langues (TAL), de l’intelligence artificielle (IA). Les progrès dans ce domaine, déjà considérables, le seront encore davantage dans les années qui viennent. La France doit jouer cette carte et se positionner en première ligne, y compris aux plans francophone et européen.

Je voudrais terminer mon propos, en rappelant les attentes actuelles de nos concitoyens concernant l’emploi de notre langue et son importance pour la cohésion de notre société. Et je vous présenterai quelques chiffres clés, issus d’enquêtes sur la perception de la langue française et l’emploi des langues étrangères dans la société que nous avions fait réaliser par le CREDOC, chiffres que le sénateur Mickaël Vallet a d’ailleurs rappelés avec énergie dans sa remarquable intervention au Sénat il y a quelques semaines.

Le recours à la langue française est jugé crucial dans de nombreux secteurs clés. Ainsi, entre 87 % et 90 % de nos concitoyens jugent l’emploi du français indispensable dans le domaine de la santé (accès aux soins, aux hôpitaux, contacts avec le personnel soignant, etc.), pour la transmission des savoirs et des compétences à l’école, pour garantir la sécurité des salariés et des consommateurs et, de manière générale, renforcer la cohésion de la société. À noter une particulière exemplarité attendue de la part des services publics dans leurs relations avec les usagers. L’emploi du français dans ce cadre est une évidence pour neuf Français sur dix. Sur la place de la langue française dans la société deux Français sur trois jugent utile qu’une loi garantisse l’emploi du français dans certains domaines et notre cadre légal est ainsi conforté. Enfin, l’emploi de termes étrangers ou l’absence de traduction peuvent se révéler un contre-sens économique. Dans le domaine de la consommation par exemple, un Français sur deux se déclare « agacé ou hostile » à l’emploi de termes anglais dans des slogans publicitaires et s’estiment « gênés » dans leur compréhension du message. Deux tiers d’entre eux ont déjà renoncé à l’achat de produits dont les notices ou la composition ne faisaient pas l’objet de traduction. Ces exemples très concrets nous obligent.

Pour entendre cela, j’aurais aimé voir dans cette salle beaucoup d’autres députés, sénateurs et responsables politiques. Et je ne vous cacherai pas que sur des affaires mentionnées par Alain Borer, je suis personnellement « monté au feu » maintes fois pour faire comprendre ceci : lorsque l’on touche à la langue en affaiblissant son emploi, lorsqu’on efface sa présence ou qu’on lui substitue du globish dans l’espace public, on contribue immanquablement à la fracture sociale de notre pays. Les services de l’État doivent ainsi être exemplaires tout comme les politiques, les professionnels de la communication et les médias. Et je crois que c’est une vigilance renforcée de l’ensemble des acteurs de la société qui nous rendra plus audibles encore. Se mobiliser, c’est faire comprendre que la langue française, premier bien commun, est un objet politique essentiel pour la cohésion de notre société et que chacun d’entre nous en a la responsabilité. Nous comptons d’ailleurs éditer en mars 2023, sous la responsabilité de mon collègue Paul Petit, ici présent, dans le cadre de la Semaine de la langue français et de la francophonie, un nouveau rapport sur la langue française, Cette publication annuelle, éditorialisée dans le souci d’être compris de tous, présentera l’ensemble des acteurs et évoquera ces enjeux. Elle sera diffusée non seulement auprès de la représentation nationale mais, à plus grande échelle, à l’attention de l’ensemble des élus.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak, avec qui j’ai un dialogue très régulier, est non seulement consciente de ces enjeux mais aussi déterminée dans le soutien qu’elle nous apporte. Et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France est, sachez-le, plus résolue que jamais. Vous pouvez compter sur elle.

Je vous remercie.

Marie-Françoise Bechtel

Merci beaucoup.

On parle beaucoup de la responsabilité des politiques, elle a été justement mise en cause. Mais il faut reconnaître aussi la responsabilité du soi-disant citoyen lui-même, notamment dans sa dimension de citoyen consommateur. C’est quand même le vecteur commercial, la consommation, qui a dopé l’usage de l’anglais et la translation de l’anglais dans notre langue.

Je prendrai un exemple très frappant dont nous sortons. Halloween. Qui savait dans ce pays ce qu’était Halloween, pourtant une fête païenne immémoriale dans l’univers celtique et britannique ? C’est par le biais du commerce dans son extension la plus triviale qu’Halloween s’est imposée aujourd’hui en France. Aujourd’hui, il n’est pas une école, pas un anniversaire ou un goûter d’enfants en novembre où il ne faille arriver avec des citrouilles. On fait peindre des citrouilles aux enfants… Il y a un vide commercial entre la Toussaint et Noël, la période des soldes est encore loin, on l’a donc comblé avec cette grande foire commerciale d’Halloween dont tous les parents et grands-parents sont les victimes.

Paul de Sinety

Nous avons commencé à engager un dialogue avec des publicitaires et les professionnels de la communication. Ce sont des partenaires clés. Et je pense qu’on commence à prendre conscience de cette nécessité. Je pense à la façon dont on massacre la langue aujourd’hui. Quel beau cadeau on fait aux jeunes qui ont tant de mal aujourd’hui à maîtriser la langue ! De plus certains publicitaires massacrent la langue avec des slogans où figurent toutes sortes de mots improbables.

Marie-Françoise Bechtel

Je parlais moins de la langue que de la pensée, des valeurs qui sont véhiculées.

Vous présentez le numérique comme une planche de salut, notamment pour la communication scientifique. Vous avez très bien expliqué pourquoi. Mais le numérique ne nous rendra jamais ces origines dont vous parliez. Le numérique c’est plat. Cela permet une traduction, c’est mieux que rien, je l’entends, mais cela ne nous rendra pas cette vie de la langue qui puise dans ses origines, notamment latines, dont Alain Borer parlait si bien tout à l’heure.

Une question me venait à l’esprit en vous entendant : Quid des autres langues européennes ? Pourquoi ne voit-on pas dans notre pays de grandes campagnes en anglais, certes, mais aussi en italien, en espagnol, en allemand ? Pourquoi les grandes villes ne souhaitent-elles pas Joyeux Noël en espagnol, par exemple ? ou Bonne année en italien ?

Paul de Sinety

C’était je crois l’idée d’Alain Borer de rédiger la carte d’identité dans toutes les langues d’Europe, en tout cas dans plusieurs langues européennes.

Marie-Françoise Bechtel

L’affichage de la diversité des langues européennes serait quelque chose de beau dans nos villes et éventuellement dans notre communication gouvernementale … plutôt que de recevoir en anglais une lettre du président de la Cour des comptes. Cela dynamiserait non seulement le français mais avec lui la diversité des langues européennes.

Je passe la parole à Mickaël Vallet, sénateur de la Charente-Maritime.

Vous avez été maire de la commune de Marennes-Hiers-Brouage et vous vous êtes illustré à ce titre en refusant qu’un camion « Orange Truck » pénètre sur votre territoire. Vous avez également interpellé le ministre de l’Intérieur au sujet de la carte d’identité dont Alain Borer parlait et vous êtes porteur aussi je pense d’un projet d’enrichissement ou de prolongement de la Loi Toubon.

Voilà peut-être le sujet dont vous allez maintenant nous entretenir.


Le cahier imprimé du séminaire « L’avenir de la langue française » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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