Introduction

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du séminaire "L'avenir de la filière nucléaire française" du mercredi 29 mars 2023.

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du séminaire « L’avenir de la filière nucléaire française » du mercredi 29 mars 2023.

Mesdames,

Messieurs,

Chers amis,

Nous sommes très heureux de vous accueillir ici pour un débat sur une question qui fut troublante pendant un certain nombre d’années, qui devient aujourd’hui plus nette, comme les flots qui en coulant s’éclaircissent. Il s’agit de l’avenir du nucléaire dans notre pays. Il s’agit de l’aborder d’une manière qui soit pratique et non pas théorique. Fort heureusement d’ailleurs, un grand nombre de débats théoriques sont derrière nous et nous pouvons saluer le fait que l’opinion a quand même beaucoup évolué sur ce sujet depuis une dizaine voire une vingtaine d’années. Restait à introduire le « réacteur politique » – sans mauvais jeu de mots – dans la grande question de l’avenir du nucléaire. Ce fut chose faite avec le discours de Belfort, en février 2022, puis la décision de construire 6 EPR2 puis 8 encore à l’étude. Et récemment la ministre Agnès Pannier-Runacher a demandé que soit étudiée la possibilité de créer plus de réacteurs encore.

C’est le point où nous en sommes.

Les conditions pour arriver à cette mise en place sont évidemment ce qui va largement nous retenir ce soir autour du président Proglio et des éminents invités qui nous feront l’honneur de l’interpeller ou d’intervenir. C’est une question de mise en application. Et si on dit parfois que le diable est dans les détails, ici les détails sont colossaux.

Le projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2, qui « photographie » le choix du Président de la République (construction de 6 réacteurs EPR2 et possibilité de 8 autres réacteurs), a été adopté à l’Assemblée nationale en première lecture, avec modifications, le 21 mars dernier par une majorité extrêmement confortable (402 voix pour et 130 contre). C’est un tournant qui laisse devant la nécessité de la réalisation effective d’un choix de planification qu’il faut saluer et que nous saluons ici.

Le virage de l’opinion a sans doute aidé. Sous la pression considérable des mouvements écologistes nous sommes restés depuis dix ou vingt ans dans une sorte de marasme aggravé par une forte ignorance de la part de la presse et de l’opinion, laquelle confond allègrement la part du nucléaire dans l’électricité et la part de l’électricité dans l’ensemble des besoins énergétiques, de sorte que les pourcentages valsent un peu, y compris parfois dans les colonnes de presse. Nous reviendrons là-dessus et sur le pourcentage souhaitable d’énergie nucléaire dans la production d’électricité que Louis Gallois a fixé à 70 % lors de l’un de nos récents colloques, consacré à l’industrie[1].

Aussi bien les questions d’implantation que les questions de délai et bien entendu les questions de financement obligent aujourd’hui à aborder le dur du sujet. Mais il est quand même très important de saluer ce tournant culturel et politique qu’a pris notre pays après de trop longues années de retard, d’atermoiements, de régression.

Je finirai en disant que notre pays n’a pour le moins pas été aidé par l’Union européenne que peut-être il eût pu solliciter davantage, nous le voyons encore ces jours-ci. On ne peut pas dire qu’il ait été aidé par la manière dont l’Union européenne appréhende le nucléaire, pour des raisons idéologiques mais où les intérêts politiques et économiques ont aussi leur part. Nous pâtissons aussi d’une forme de scission. Peut-être pouvons-nous fonder un certain espoir sur le fait que onze pays, en comptant la France, sont des pays pronucléaires, et pas les moindres. Je pense à la Pologne qui n’est pas un petit pays dans l’Union européenne, surtout quand on regarde les ambitions qui sont aujourd’hui les siennes.

Nous nous interrogerons ce soir sur la manière de mettre en œuvre ce nouveau tournant énergétique vers le nucléaire appuyé sur une opinion qui a un peu clarifié son point de vue sur le sujet et sur des médias qui ne peuvent plus non plus dire n’importe quoi. Comment tout cela peut-il se mettre en place ?

Nous avons conçu ce dîner-débat autour d’Henri Proglio, qu’on ne présente pas mais dont je rappellerai qu’il fut PDG d’EDF de 2009 à 2014 et de Véolia Environnement de 2003 à 2009, et qu’il préside Conseil d’administration de Thales depuis 2014. Il est aussi membre du Conseil consultatif international de Rosatom.

Nous avons ici notre président fondateur, Jean-Pierre Chevènement, à qui je donnerai la parole après votre exposé ; Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire, ancien délégué général pour l’armement de 2017 à 2022) ; Yves Bréchet, haut-commissaire à l’énergie atomique de 2012 à 2018, directeur scientifique de Saint-Gobain ; Louis Gallois qu’on ne présente plus tant nous le voyons souvent et avec joie dans nos colloques et rencontres, ex patron de la SNCF et d’Airbus, aujourd’hui co-président de la Fabrique de l’industrie ; Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique également bien connu de nous, auteur de Alstom, scandale d’État (Fayard, 2015) ; Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie que nous avons toujours le plus grand plaisir à voir ici.

Et maintenant, cher Président, je vous donne la parole pour nous dire comment, à la lumière de votre expérience passée, de vos responsabilités actuelles et de l’intérêt que vous gardez pour le sujet, vous voyez l’avenir de la filière nucléaire en France. Petit sujet.

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[1] Le défi du redressement économique de la France, colloque organisé par la Fondation Res Publica le 31 janvier 2023.

Le cahier imprimé du séminaire « L’avenir de la filière nucléaire française » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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