Introduction

Introduction par Jean-Pierre Chevènement, fondateur et président d'honneur de la Fondation Res Publica, ancien ministre de la Défense, lors du colloque "Quel avenir pour la défense française" du lundi 13 mars 2023.

Introduction par Jean-Pierre Chevènement, fondateur et président d’honneur de la Fondation Res Publica, ancien ministre de la Défense, lors du colloque “Quel avenir pour la défense française ?” du lundi 13 mars 2023.

Marie-Françoise Bechtel

Monsieur le Président fondateur,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

L’échange que j’ouvre ce soir, dans la ligne de la réflexion de la Fondation Res Publica, se veut plutôt un colloque de mise au point sur la route où nous nous trouvons aujourd’hui, route particulièrement ardue même si le chemin que l’Union européenne a cru pouvoir tracer après la chute du mur de Berlin n’a jamais été semé de fleurs.

Les budgets de la défense ont considérablement diminué, en dents de scie, depuis près de trente ans, non sans rencontrer un certain nombre d’aléas. La tendance était à la baisse jusqu’au moment où la guerre d’Ukraine a éveillé les consciences à l’existence d’un monde difficile, plein d’aspérités et dans lequel les incertitudes quant à l’avenir sont absolument considérables.

Je n’en dirai pas davantage.

Je vais passer la parole à Jean-Pierre Chevènement, notre président fondateur qui nous fait l’honneur et le plaisir d’être le premier à s’exprimer dans cette table ronde.

Jean-Pierre Chevènement

Merci Madame la présidente,

Mon général,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Merci d’abord aux intervenants qui m’ont fait l’honneur de répondre à la demande que j’avais formulée.

M. Collet-billon, ancien délégué général pour l’armement que vous connaissez au moins de réputation. Le général Ianni, officier général d’état-major, et M. Élie Tenenbaum, directeur du Centre des Études de Sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri) qui a une vaste expérience et une vaste réflexion sur les questions de défense et qui va cadrer le sujet mieux que je ne saurais le faire moi-même. En effet, je ne suis plus ministre de la Défense depuis plus de trente ans. Mais je suis toujours avec intérêt ce qui se passe dans cette grande maison.

La Fondation Res Publica a toujours exercé une fonction de veille sur les questions de la défense eu égard à leur importance.

En termes de crédits, nous allons parler d’une loi de programmation qui tourne autour de 400 milliards d’euros de ressources budgétaires. La défense étant « nationale » elle touche à peu près tous les sujets : la sécurité, l’indépendance, donc la politique étrangère, l’économie, à travers la base industrielle et technologique de la défense mais aussi à travers les grands équilibres économiques. Le moral des troupes traduit le sens que la France donne à son histoire. Les questions de défense ont quelque chose à voir avec la solidité, la compacité de ce qu’est notre collectivité nationale.

Il n’était donc guère envisageable que nous laissions passer l’occasion de la LPM (Loi de programmation militaire) sans donner la parole à des intervenants très qualifiés car nous pensons qu’il n’est pas bon que ces questions de défense soient à l’écart de la sphère publique. Il faut que l’opinion se les approprie et que l’on sache de quoi il est question.

Je vais commencer par une vision comparatiste. Ensuite je rentrerai dans le vif du sujet et je traiterai les questions de doctrine de défense qui m’intéressent particulièrement eu égard au parcours qui a été le mien.

D’abord une vision comparatiste.

400 milliards sur sept ans ce n’est pas rien. Si on fait le compte de toutes les ressources, c’est 118 milliards de plus que pour la précédente loi de programmation militaire. Et si on veut prendre une comparaison significative, l’Allemagne a décidé d’investir 100 milliards d’euros en supplément sur les questions de défense. Je rappelle que le budget de défense de l’Allemagne (51 milliards) est un peu supérieur au nôtre (43,9 milliards). Je ne parle que de la quantité, ce qu’on en fait c’est autre chose.

Il y a donc un écart entre la France et l’Allemagne et l’Allemagne va rajouter 100 milliards sur cinq ans tandis que nous programmons 100 milliards sur sept ans. Selon quel calendrier ? Selon quelle répartition ? c’est une chose que nous allons voir.

Il me semble que ces 400 milliards donnent l’impression que nous disposons de marges importantes. C’est une illusion dont il faut se garder. En effet beaucoup de programmes très lourds sont déjà engagés. Tout ce qui concerne par exemple la dissuasion, sa mutation, le nouveau SNLE, le nouveau missile M51, le porte-avions nucléaire qui remplacera le Charles de Gaulle, sans parler des frégates ni du programme Scorpion pour l’armée de Terre, d’autres sujets encore. Les cent milliards de plus ont quelque chose d’un peu optique. D’autant plus que l’inflation ronge le pouvoir d’achat. L’inflation a évidemment été prise en compte dans la projection des calculs.

Des carences sont apparues avec évidence, notamment à l’occasion de la guerre en Ukraine. Si ce colloque n’a pas pour objet de traiter la guerre en Ukraine, mais la Loi de programmation militaire mais on n’évitera pas évidemment les allers et retours. Disons que nous avons fait apparaître un certain nombre de faiblesses dans le domaine des drones, dans le domaine des munitions, dans d’autres domaines dont parleront non seulement les intervenants mais également ceux qui voudront s’exprimer dans le débat. Je sais que des parlementaires sont présents, notamment M. Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort, auteur, avec Jean-Marc Todeschini, d’un rapport d’information intitulé Ukraine : un an de guerre. Quels enseignements pour la France ?.

Pour avoir une idée de ce que représente le budget français de la défense et la loi de programmation militaire il faut avoir à l’esprit que les États-Unis mettent plus de 800 milliards de dollars chaque année dans leur défense et que la Chine a accru son effort de défense qui dépasse aujourd’hui les 200 milliards. Aux 51 milliards de budget annuel de l’Allemagne le chancelier Scholz a jeté 100 milliards sur la table creusant l’écart avec la France d’une dizaine de milliards. Cela donne une idée des proportions et cela pose une question importante : Comment allons-nous nous répartir le travail en Europe ? Dans son discours de Prague, le chancelier Scholz a déclaré que l’armée allemande serait la première armée conventionnelle sur le continent européen. Et il revendique pour elle le commandement d’une force de réaction rapide à l’horizon 2025.

Comment est-ce que tout ceci s’articule à notre propre effort ? C’est une question que nous n’éviterons évidemment pas.

Donc voilà pour tracer quelques ordres de grandeur dans une vision comparatiste des efforts de défense des principales puissances.

Maintenant un rappel de nos choix fondamentaux.

Je rappelle que la dissuasion est au cœur de notre défense et de notre doctrine de défense. Calibrée à la stricte suffisance, elle comporte deux composantes : la composante sous-marine et la composante aérienne, sans parler naturellement de la composante aéronavale, le porte-avions Charles de Gaulle et ses Rafales « Marine ». Au total c’est un peu moins de 300 têtes nucléaires nombre que nous jugeons tout à fait suffisant étant donné ce que sont les armes nucléaires.

La dissuasion joue un rôle majeur dans notre politique de défense mais elle n’éclipse pas les autres volets de notre défense, ne serait-ce que parce que les armes nucléaires, qui ne sont pas des armes de non-emploi, ne peuvent être utilisées qu’en dernier recours.

Le Président de la République a déclaré que la France reste une alliée fiable au sein de l’OTAN. Nous avons d’autres accords, d’autres alliances, mais l’alliance principale est l’OTAN dans le cadre de laquelle la France doit occuper un créneau conventionnel significatif. D’abord parce que c’est sa crédibilité qui est en jeu en Europe. Le premier choc est toujours au niveau conventionnel. Il faudra donc réfléchir à ce qu’est ce barreau conventionnel, à la manière de le muscler. J’ai déjà évoqué les drones parce que c’est un domaine dans lequel notre insuffisance est apparue à l’occasion de la guerre d’Ukraine mais d’autres insuffisances existent que je vous laisserai le soin de recenser, par exemple en matière de lutte anti-aérienne ou tout simplement de munitions parce que nos stocks ne sont pas suffisants.

Ce deuxième point étant rappelé de manière cursive peut-être y reviendrai-je.

Je vais aborder maintenant le problème essentiel qui est celui de l’articulation des deux échelons : l’échelon nucléaire et l’échelon conventionnel. L’articulation entre les armes conventionnelles et les armes nucléaires c’est aussi la question de l’Alliance ou des alliances : Lesquelles ? Comment ? à quel moment ? Il ne faudrait pas que la loi de programmation militaire ait pour effet paradoxal de sembler remettre en cause notre doctrine de défense qui a imposé la dissuasion comme un élément tout à fait central. J’ai lu dans le rapport de M. Perrin qu’elle ne devait pas être une nouvelle ligne Maginot. C’est évident en raison des souvenirs que la ligne Maginot emporte avec elle. Si elle n’est pas une ligne Maginot elle est toutefois ce qui fait de la France un « pays différent » – je cite encore le Président de la République – parce qu’il est évident que toute notre défense s’ordonne autrement à partir du moment où nous disposons non seulement de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins mais de quelques dizaines d’avions Rafale (Nous avons des Mirages 2000 mais nous allons vers le tout Rafale) porteurs de l’ASMP améliorée, avec tête nucléaire, d’une portée non négligeable, compte tenu également des possibilités offertes par le ravitaillement en vol.

Dois-je rappeler que nous avons connu une situation un peu analogue à celle que nous connaissons aujourd’hui au temps de la guerre froide qui a pris fin en 1989-1990. À cette époque-là nous disposions déjà d’armes nucléaires beaucoup moins sophistiquées qu’aujourd’hui : le Mirage 4, le premier SNLE (1971) et par ailleurs la 1ère Armée positionnée en face du saillant de Thuringe.

Beaucoup de gens opposent la dissuasion à l’Alliance, il n’en était rien puisque dès 1966 ont été passés des accords Ailleret-Lemnitzer qui prévoyaient les conditions dans lesquelles la 1ère Armée pourrait être engagée. Ces accords Ailleret-Lemnitzer ne pouvaient pas ne pas évoquer également les armes nucléaires de bataille puisque à l’époque nous étions dotés de missiles Pluton à chenilles – donc pas très rapides – à 80 kilomètres de portée qui étaient forcément des armes de bataille, même si on ne voulait pas entendre parler de bataille.


M. Giscard d’Estaing a évoqué cette perspective mais je me souviens que François Mitterrand était résolument hostile à ce que l’on parle d’armes nucléaires de bataille. Aux Pluton ont succédé les Hadès qui ont été très vitre retirés du service en juin 1991 (je n’étais plus ministre de la Défense). Les Hadès avaient une portée de 400 kilomètres et ils étaient sur roues, c’est-à-dire qu’on pouvait leur faire traverser l’Allemagne très rapidement. C’étaient donc des armes capables de dissuader toute concentration de chars. Mais les Hadès n’ont pas servi. C’était une arme qui suscitait particulièrement l’intérêt de mes prédécesseurs, le ministre André Giraud.

Comme je vous l’ai rappelé, François Mitterrand était hostile au concept d’arme nucléaire tactique. Il préférait l’expression « arme préstratégique » qu’il n’a d’ailleurs prononcée qu’une fois ou deux, notamment sous la forme d’ultime avertissement.

Un ultime avertissement est un tir nucléaire qui se manifeste de manière originale. On pensait qu’une impulsion électromagnétique nucléaire pouvait, par exemple, exercer le même effet que dans la cyber-guerre, c’est-à-dire empêcher le fonctionnement du système de communication adverse.

Donc, à l’époque de la guerre froide, il y avait quand même une articulation entre le nucléaire et le conventionnel mais cette articulation était peu évoquée. D’ailleurs j’ai le sentiment que dans l’esprit du Président de la République que j’ai approché le plus près, le nucléaire était une arme essentiellement politique. Ce qu’il avait résumé dans une formule qui faisait mouche : « La dissuasion, c’est moi ». Cela voulait tout dire, en particulier que c’était une arme politique, une arme de gesticulation. Mais en même temps elle pouvait servir. Et le Président devait donner le sentiment qu’il était capable de s’en servir le cas échéant.

Permettez-moi, pour étayer un peu ma démonstration, de rappeler que cette articulation prenait sa place dans le cadre d’une doctrine qui était celle de l’OTAN. La doctrine de l’OTAN, depuis le début des années 1960 était celle de la riposte graduée. Le ministre de la Défense, à l’époque McNamara, n’envisageait pas qu’il puisse y avoir un échange nucléaire sur le territoire des deux très grandes puissances dotées, l’URSS et les États-Unis. Ces armes nucléaires, dont certaines étaient de petite ou moyenne puissance, des bombes atomiques portées par avions bombardiers, ne pouvaient servir que sur le territoire de puissances non-dotées, c’est-à-dire, bien sûr, ni les États-Unis, ni l’URSS, ni la France, ni la Grande-Bretagne. C’étaient des armes qui devaient servir ailleurs. Où ? Je ne sais pas. Mais le fait qu’il y avait des systèmes à double clef montrait clairement qu’aucun pays ne se désintéressait complètement de l’usage qui pouvait être fait de ces armes nucléaires quelquefois dites « tactiques » (mais c’est une appellation que je ne reprends pas à mon compte). Si le tabou nucléaire venait à être
levé – heureusement il ne l’a pas été jusqu’ici – par la Russie ou par l’OTAN, s’agissant de celles-ci et des États-Unis il me paraît peu probable que leur posture ait sensiblement évolué par rapport à celle qui était la leur pendant les années de la guerre froide. C’est-à-dire que l’idée de la riposte graduée est toujours inscrite dans l’esprit des décideurs. D’où l’intérêt pour la France comme pour la grande Bretagne de disposer d’armes nucléaires en propre de façon à pouvoir exercer la dissuasion au bénéfice du territoire national et pour la défense des intérêts vitaux du pays.

Puisque j’ai évoqué cette période de la guerre froide, par comparaison avec la situation que nous connaissons aujourd’hui, je voudrais mentionner un fait évident qui n’est pas rappelé souvent, c’est que la Russie n’est pas l’URSS. Elle est à la fois moins et plus.

Elle est moins par sa masse (145 millions d’habitants) et un PIB qui est à peu près celui de l’Italie. Cela ne veut pas dire grand-chose mais disons que la Russie c’est deux fois moins que l’URSS par la masse. S’agissant des effectifs – peut-être 800 000 hommes – c’est davantage encore l’armée russe. L’armée soviétique était évidemment quelque chose de beaucoup plus important.

La Russie c’est aussi plus que l’URSS. L’URSS possédait une dizaine de milliers de têtes nucléaires mais la Russie en possède encore des milliers. Un millier de têtes dites stratégiques et sans doute 4000 à 5000 têtes dites tactiques – ou de bataille – portées par des missiles hypersoniques.

C’est un peu la différence entre l’URSS et la Russie. C’est à la fois moins et plus.

J’en reviens maintenant à la loi de programmation militaire. Sept ans à partir de cette année. Les choix de dimensionnement ne sont pas encore faits ou s’ils le sont le secret a été bien gardé… Il paraît quand même évident, malgré ce que j’ai dit tout à l’heure, qu’il faudra renforcer l’échelon conventionnel de façon à augmenter la capacité d’intervention pour reculer le moment où l’emploi de l’arme nucléaire deviendrait inévitable. Cela va de soi.

Sur la dissuasion il n’y a pas grand-chose à dire de plus que ce que j’ai rappelé tout à l’heure. Nous sommes calibrés au niveau de la stricte suffisance et je ne pense pas que nous puissions descendre très en-dessous de ce qui existe, bien que d’autres pays comme Israël, le Pakistan, etc. soient à une centaine de têtes nucléaires. L’essentiel est la réévaluation de l’échelon conventionnel que la France devrait être capable de projeter en en assurant le commandement. Le chiffre qui a été avancé par le général Burkhard, chef d’état-major des armées est l’équivalent d’un corps d’armée. Environ 20 000 hommes, ai-je lu ailleurs. Dans quel dispositif ? Comment faut-il adapter notre outil militaire pour disposer de ces 20 000 hommes, de ce corps d’armée que nous devrions être capables de commander et qui devrait être capable d’agréger les contingents de certains de nos alliés qui accepteraient de se placer sous commandement français ? Je crois que c’est le cas en Roumanie où un contingent belge et même un contingent néerlandais s’ajoutent aux forces françaises que nous avons décidé d’y positionner. Je n’ai pas besoin d’ajouter que nous ne sommes frontaliers ni de l’Ukraine ni de la Russie. Nous sommes « en arrière », si je puis dire, d’où la nécessité d’une projection, d’où la nécessité d’une cohérence entre les forces, les stocks, l’évaluation, la logistique, la réactivité, la possibilité d’agir vite pour répondre aux offensives que nous n’aurions pas vues venir.

20 000 hommes, cela peut paraître modeste. C’est considérable quand il s’agit de les projeter parce qu’il faut mettre beaucoup plus « dans la tirelire ». 20 000 hommes c’est un objectif. Et cet objectif ne doit pas nous conduire, pour remédier à nos carences, à remettre en question le rôle de la dissuasion.

Nos carences, nous en parlerons tout à l’heure. Il faudra aussi répondre à la question de la base industrielle technologiques de défense. Notre BITD (base industrielle et technologique de défense) est-elle capable de répondre à l’influx, à la demande qui va lui être adressée ?

Je ne m’étendrai pas sur les capacités qu’il faut développer, y compris dans des domaines nouveaux, ceux du cyber, en matière d’Intelligence artificielle, de calcul quantique et dans bien d’autres domaines (le renseignement ou la défense sol-air, le niveau d’entraînement des forces …).

Quels sont les efforts à mener en priorité ? L’erreur, encore une fois, selon moi, serait de vouloir se borner à reproduire une réponse analogue à celle que nous avons apportée à l’invasion de l’Ukraine. Parce qu’aucune guerre ne ressemble à une autre et il faut toujours éviter de préparer la guerre d’avant – là encore je cite le Président de la République – il faut de préférence préparer la guerre d’après si on en a une idée. C’est donc un appel à l’imagination que je lance. Nous devons être capables de répondre à des scénarios différents. Il n’y a pas que la Russie et l’Europe. Il y a des théâtres comme l’Afrique et le Moyen-Orient où nous devons être présents.

Il faudra avoir un échange sur la question de l’Indo-Pacifique où résident aussi nos intérêts vitaux, compte tenu de l’orientation de notre commerce extérieur. Mais le nombre de nos nationaux dans l’Indo-Pacifique n’atteint pas deux millions. Ce n’est pas le cœur de nos intérêts. Néanmoins c’est là que des choses déplaisantes peuvent se produire. Les risques de guerre sont au moins autant dans l’Indo-Pacifique que sur le territoire de l’Europe. Mais ce n’est qu’un point de vue et j’admettrais tout à fait qu’on le conteste. De toute façon il faut être prêt, comme je le disais, à toutes les hypothèses.

J’ai lancé le débat d’une manière forcément un peu cursive, avant de donner la parole à Élie Tenenbaum qui a été pressenti pour être en quelque sorte le pilote du colloque. Ensuite le général Ianni nous donnera le point de vue des armées. Puis nous donnerons la parole pour finir à M. Collet-Billon pour nous parler de l’interaction entre la question de défense et la question industrielle. Merci.

Marie-Françoise Bechtel

Merci beaucoup Jean-Pierre Chevènement.

Je vais donc donner la parole à Élie Tenenbaum, non sans avoir relevé que vous avez souligné qu’il n’est pas une question de défense nationale qui ne soit ou ne puisse être liée à l’intérêt national.

Quoi de mieux qu’une loi de programmation militaire pour rendre visibles et liés entre eux l’ensemble des sujets touchant à l’intérêt national ? Les lois de programmation militaire sont anciennes dans notre pays. Pour l’histoire, rappelons que la première fut voulue par le général de Gaulle pour instituer une dissuasion nucléaire, dissuasion qui ne fut votée d’ailleurs qu’avec l’aide du 49-3 à l’Assemblée nationale qui y était largement hostile. Ont suivi les 13 lois de programmation militaire, plus quelques livres blancs qui ont rythmé également la réflexion globale dans ces domaines. Aujourd’hui on parle d’une revue de prospective stratégique qui a été remise au Président de la République dans la perspective de la préparation de cette loi de préparation militaire dont vous allez nous dire, Élie Tenenbaum quels sont, selon vos connaissances et vos informations, les grandes orientations et peut-être les points de focalisation.

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Le cahier imprimé du colloque “Quel avenir pour la défense française ?” est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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