La Fondation Res Publica reproduit, avec son aimable autorisation, un article de Philippe Guittet, ancien secrétaire général du SNPDEN-UNSA (2002-2009), dans lequel elle se reconnait pleinement. L'article a été initialement publié dans le numéro de juin 2023 (n°285) de la revue Direction (éditée par le SNPDEN).
La Fondation Res Publica reproduit, avec son aimable autorisation, un article de Philippe Guittet, ancien secrétaire général du SNPDEN-UNSA (2002-2009), dans lequel elle se reconnait pleinement. L’article a été initialement publié dans le numéro de juin 2023 (n°285) de la revue Direction (éditée par le SNPDEN).
Ce texte reprend, en grande partie, une intervention que j’ai faite le 22 mai dernier lors d’un « webinaire », en tant que responsable de la Commission Éducation du Comité Laïcité République.
Pourquoi ré-instituer ? Tout d’abord parce que le terme refonder est bien galvaudé, et surtout, parce qu’il faut retrouver le sens de l’institution abandonné progressivement, celle d’une École qui émancipe par l’instruction, par le savoir, et qui permet d’accéder à la rationalité critique.
Trois thèmes seront abordés.
– Le premier, ce sont les réponses inadaptées et destructrices des gouvernements successifs créant et aggravant la crise de l’École.
– Le deuxième, c’est celui de la laïcité de l’École attaquée depuis la fin des années 80, et celle de la rupture plus récente d’une partie de la jeunesse avec les valeurs de la République.
– Le troisième est une première ébauche de propositions pour cette ré-institution.
I- LA CRISE DE L’ÉCOLE
La dés-institution de l’École a été initiée dans les années 80, en transformant l’École, institution où des professeurs éduquent des élèves, en instrument démocratique constitué d’usagers, élèves et parents. Ce fut en particulier la conséquence de la loi d’orientation de 1989, initiée par Lionel Jospin, avec la notion « d’élève au centre ».
L’autonomie ou plutôt la responsabilité nouvelle, souvent sans moyens particuliers, donnée aux établissements par les lois de décentralisation, a joué dans ce cadre un rôle ambivalent : elle a permis de mieux répondre aux difficultés particulières de certains territoires, mais elle a aussi, d’une certaine manière, accentuée cette dés-institution.
Mais avant cela, la première agression contre l’École publique et laïque fut celle de sa mise en concurrence déloyale avec l’École privée sous contrat, renforcée par sa constitution en réseau pour sa partie la plus importante, celle de l’enseignement privé catholique, alors qu’il était prévu initialement que l’État passe contrat, établissement par établissement.
La loi Guermeur, en instaurant le caractère propre, donne à cette École privée toutes les raisons de ne pas appliquer les mêmes règles que l’École laïque.
Et paradoxalement aussi, la loi Haby du collège unique, belle idée dont l’objet essentiel était « d’élever le niveau de formation des élèves », a surtout servi à étirer les apprentissages élémentaires, avec si l’on s’en réfère aux évaluations PISA, des résultats décevants à la fin du collège.
Nous avons eu affaire à une massification non accompagnée de démocratisation ni d’émancipation.
Par ailleurs, l’éducation dite « positive » a fait des ravages.
De trop nombreux responsables éducatifs évoquent comme seule priorité la bienveillance au lieu de la juste indulgence associée à une véritable ambition pour la réussite de tous.
En conséquence, ce sont, parfois, l’alignement sur le moins disant culturel, ainsi que la victimisation sociale ou ethnique, qui ont prévalu.
Des élèves mais aussi des familles relativisent le savoir enseignant. Certains parents se pensent souvent comme des experts de l’Éducation. Certains élèves tentent de faire valoir l’éducation permissive qu’ils ont souvent reçue dans les familles.
Il est souvent difficile de maintenir la discipline dans la classe.
Dans de trop nombreux cas, les élèves se parlent de plus en plus mal, sans écoute, sans attention aux autres ni respect minimal.
La violence verbale se transforme parfois en violence physique entre les élèves mais aussi contre les enseignants.
Ce climat scolaire non apaisé empêche toute forme d’attention, condition majeure de l’enseignement.
Le professeur n’est plus dorénavant une autorité intellectuelle ou morale respectable.
La multiplicité des réformes, non évaluées, a souvent appauvri les contenus et réduit le temps consacré à certaines matières.
Selon les enquêtes de l’OCDE, le niveau de la France est très moyen, et surtout, la France est un des pays où l’origine sociale explique le plus les différences de résultats. Cela ne correspond pas à la promesse républicaine de correction des inégalités sociales, d’égalité des chances et de promotion par le mérite.
Il y a moins d’un an, le Président de la République a défini son projet « d’École du futur » : « rebâtir le projet pédagogique au niveau d’un établissement scolaire et donner la possibilité que l’enseignant recruté partage ce projet ».
Un recrutement au niveau des établissements scolaires signifierait que le projet de l’établissement aurait nécessairement plus d’importance que les programmes nationaux.
Engager ce processus serait favoriser aussi le recrutement de personnels contractuels, au détriment des enseignants fonctionnaires ; ce serait amplifier encore le processus de précarisation des professeurs et ce serait, à terme, supprimer le recrutement par concours à l’issue de la formation initiale des professeurs.
Une autonomie totale des établissements pourrait faire le jeu de tous les groupes de pression ou d’influence.
Prenant comme modèle l’enseignement privé, ces propositions favoriseraient une concurrence entre établissements et entérineraient des écoles à plusieurs vitesses.
Ce projet est dans la droite ligne des préconisations libérales de l’OCDE.
C’est celui repris par la Droite sénatoriale, et adopté par le Sénat le 11 avril dernier, qui propose par expérimentation, une remise en cause profonde du cadre national de l’École républicaine.
II-LA LAÏCITÉ CONTESTÉE À L’ÉCOLE
Il faut rappeler que l’École occupe une place particulière dans la République.
L’École laïque a été fondée avant même la loi de séparation de 1905.
Il fallait la soustraire à la mainmise de l’Église pour former des citoyens libres et émancipés.
Alors que la laïcité n’était plus un sujet au sein de l’École de la République, au-delà de la querelle École laïque/École privée, la révolution islamique en Iran, les réponses « salafistes », « fréristes » ou « wahhabistes », et surtout la décennie noire en Algérie, ont importé l’islamisme en France.
Nous n’avions plus simplement affaire à une religion, mais à une idéologie politico-religieuse.
Ce fut d’abord l’affaire du voile islamique de Creil en 1989.
La réponse du ministre de l’Éducation de l’époque, Lionel Jospin, moins courageux que Jean Zay qui avait pris, lui, sur cette question des circulaires en 1936-37, fut d’interroger le Conseil d’État.
Celui-ci, privilégiant la liberté de conscience, sans vouloir comprendre la mise à distance nécessaire que doit avoir l’École à l’égard des appartenances et des convictions de chacun, condamna non pas le seul port de signes religieux mais le prosélytisme, bien difficile à repérer pour les chefs d’établissement, les directeurs d’école et les enseignants !
Il a fallu 15 ans de combat, notamment celui du SNPDEN-UNSA, pour obtenir une nouvelle loi, celle du 15 mars 2004, édictée en application du principe de laïcité, qui interdit le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse à l’École.
L’islamisme, nous le savons, s’est aussi manifesté sous sa forme terroriste.
Le 16 octobre 2020 est à jamais marqué dans nos mémoires, c’est l’assassinat de Samuel Paty par le bras armé de cet islamisme. Nous le savons maintenant, même les enseignants peuvent devenir des cibles.
Par ailleurs, de nombreux jeunes ne comprennent plus l’intérêt ni le fonctionnement du modèle républicain. Une partie de la jeunesse fait sécession. Pour certains jeunes, la Loi de Dieu passe avant celle de la République. Une forte minorité a même une vision absolutiste, considérant la religion comme vérité absolue.
A l’évidence, cette importance donnée à la croyance et à la pratique religieuse par une partie des élèves va constituer un véritable séparatisme avec les conceptions rationnelles véhiculées par l’École de la République.
Il y a alors une remise en cause du discours enseignant et du savoir scientifique qui est dispensé.
Des contestations d’enseignement s’expriment dans de nombreuses disciplines.
Une autre partie de la jeunesse surinvestit, par une démarche communautaire et victimaire, les discriminations de genre, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle.
Elle voit dans les lois de la République des entraves systémiques à l’expression d’une identité. Elle est souvent imprégnée par le modèle sociétal anglo-saxon, et surtout par une vraie méconnaissance du modèle républicain, confondant tolérance œcuménique et laïcité.
Ce discours porté et soutenu par une partie sensible de la Gauche est en profonde rupture avec l’histoire laïque de ce courant.
La France est une Nation constituée de citoyens libres et égaux en droit et non pas constituée de communautés dont l’État assurerait la coexistence dans un régime de tolérance.
Face à l’archipélisation de la société, face au communautarisme, face à l’hyper individualisme, il est temps que l’École réagisse pour reconstruire un destin commun au cœur du projet républicain.
III- ÉBAUCHE DE PROPOSITIONS POUR RÉ-INSTITUER L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE
Quelles missions pour l’École de la République ?
L’École de la République doit être conçue comme le lieu où l’on apprend, dès la maternelle, à s’approprier les mots par l’oral, dès le primaire à maîtriser les savoirs élémentaires (lire, écrire, compter, vivre en société), pour progressivement couvrir tous les champs du savoir et du questionnement scientifique.
L’École doit donner les mots pour comprendre tous les langages littéraires, scientifiques, techniques, artistiques, fondement de l’esprit critique.
Donner des mots émancipateurs à chacun, c’est aussi se prémunir contre la violence et tous les fanatismes.
En outre, l’élève ne construira pas seul son propre savoir et, pour s’élever, il aura besoin que son professeur ait avec lui une exigence de guidance et d’autorité.
Ce sont les conditions de l’accès à l’autonomie dans l’apprentissage et de l’émancipation à plus long terme.
L’impact des écrans omniprésents, des « influenceurs », mais aussi des «fakes news», rend plus difficile le rôle de l’École et la construction d’une pensée autonome.
Il faut aussi intégrer au collège des cours d’éducation aux médias, au numérique, sur l’usage et les dangers d’internet, et apprendre à lutter contre les « complotismes ».
Former à l’usage des images pour lutter et faire de la prévention contre toutes formes de harcèlement. Enfin, utiliser les ressources de l’Éducation populaire (Théâtre-Forum, Café Citoyen, débats/clubs/ateliers philosophiques, cours de rhétorique et apprentissage de la contradiction…).
En revanche, l’École ne devrait pas avoir comme priorité d’être un lieu de vie avec pour mission d’accompagner voire d’anticiper les évolutions de la société.
Il est nécessaire de faire le bilan de toutes les réformes.
Évaluer par les compétences au collège, pourquoi pas, si l’on est sûr que l’ensemble des enseignants maîtrise cette problématique, celle des savoirs utilisés à bon escient.
Bien sûr, la diversité des modes d’évaluation doit être abandonnée.
La réforme du baccalauréat doit à l’évidence être revue, en mettant fin au calendrier absurde, en réfléchissant à la part du contrôle continu, et en repensant le sens du Grand oral.
Il faut s’opposer plus fermement qu’on ne le fait à la réforme du lycée professionnel, qui certes facilite l’insertion, mais qui a pour objet essentiel d’aligner l’enseignement professionnel sur l’apprentissage dans un but d’emploi immédiat, dans le cadre régional.
La révision de la carte des formations doit résulter d’un plan à moyen et long terme, et non des besoins immédiats des entreprises.
Le rôle de l’enseignement professionnel est de donner une base culturelle qui permettra une meilleure mobilité professionnelle et un accès plus sûr à la citoyenneté.
Il est évident qu’en terminale professionnelle, entre ceux qui veulent être insérés et ceux qui veulent poursuivre des études, les élèves des milieux défavorisés seront incités à suivre la première voie du fait de la rémunération supérieure qu’ils recevront avec le temps différencié de stages. Cela renforcera donc la discrimination sociale.
La défense des principes de laïcité
L’École libère car elle aide chacun à se distancier des pressions sociales et culturelles souvent subies par l’élève. Pour cela, il est indispensable de s’affranchir de tout affichage identitaire ostensible, créé par ces signes ou tenues dans les établissements scolaires.
Il est clair que la riposte de l’État n’est pas à la mesure des attaques portées. C’est pourquoi il revient au Ministre, par un texte réglementaire, d’affirmer quelles sont les tenues qui, aujourd’hui, marquent l’appartenance religieuse.
L’École est-elle armée pour répondre à ce défi laïque ?
Les enseignants ont-ils encore conscience de leur rôle, sont-ils convaincus, sont-ils outillés pour répondre à ce défi ?
De nombreux jeunes professeurs ignorent souvent le sens de la laïcité.
Certains sont favorables au port de signes religieux, non seulement par les élèves, mais aussi par les fonctionnaires, et s’opposent ainsi frontalement à la loi de 2004.
Il est urgent de mieux former les personnels pour les aider à répondre vite et fermement aux contestations politico-religieuses.
Il y a nécessité d’un cadrage national : c’est au niveau de la formation initiale que doivent être abordés l’histoire et les enjeux de la laïcité dans la République.
Les concours de l’enseignement doivent comprendre une épreuve mieux définie sur les principes de laïcité et les valeurs de la République.
Une formation de rappel doit se faire lors de la première année d’enseignement.
La formation à la laïcité doit également se faire à l’occasion de tous les stages, de toutes les analyses de pratique, et lors de l’embauche des contractuels.
Au-delà des enseignants : former à la laïcité les personnels de tous les métiers participant à la vie des établissements
Il est impératif de diffuser et faire partager par tous les acteurs de la communauté éducative une conception claire du principe de laïcité : la formation débutée en septembre 2021 n’est pas complètement aboutie.
Il est nécessaire de renforcer dans les académies la formation et les moyens des référents laïcité et des équipes chargées d’aider les personnels qui se trouvent en difficulté face à des atteintes auxquelles ils n’étaient pas réellement préparés.
Chacun à tous les niveaux de responsabilité doit être en capacité d’alerter ces référents laïcité et sa hiérarchie, sans crainte d’un jugement négatif.
Enfin, il faudrait que plus d’écoles ou lieux accueillant la jeunesse prennent, sans frilosité mal placée, le nom de Samuel Paty, un élan qui n‘a malheureusement pas eu lieu.
Les programmes nationaux et la liberté pédagogique des enseignants
Rien ne doit remettre en cause le caractère national de l’École publique, ses programmes, ses examens, ses personnels.
C’est la condition de la liberté pédagogique, que le caractère national et obligatoire des programmes vient guider, protéger et éclairer.
Le projet d’établissement, construit sur les projets pédagogiques et élaboré sous l’autorité du chef d’établissement, est un complément utile à ces programmes.
Il faut retrouver l’ambition culturelle des programmes à tous les niveaux d’enseignement.
Faire comme objet d’étude central au collège et au lycée, le siècle des lumières, en littérature et en histoire.
Travailler sur la question du blasphème et de la liberté de conscience.
Le métier de professeur
La République a besoin d’enseignants convaincus de la dimension émancipatrice de leur enseignement. Il faut des professeurs expérimentés, des professionnels assurés, des équipes stables. Ce métier doit être revalorisé sur le plan financier mais aussi symbolique.
Mais pour cela, il faut une volonté politique et un désir de la société pour redonner tout son sens à l’École et à l’émancipation par l’acquisition des savoirs.
Le recrutement et les concours nationaux et la formation des maîtres
Rappelons notre attachement à un recrutement national et à une affectation des enseignants par le Ministère et les services académiques.
Seul le maintien des concours et d’un recrutement national, associé à une formation initiale et continue définie permettra de renforcer la professionnalisation des enseignants qui ne doit plus être aux mains des seuls experts des sciences de l’éducation.
L’urgence est donc de reconstruire la formation des maîtres dont le recrutement connaît une crise sans précédent. Cette formation doit être d’un haut niveau universitaire, en harmonie avec les inspections générales disciplinaires qui rappellent les contraintes et les responsabilités pédagogiques.
Cela n’implique pas un recrutement à Bac+5 qui est une des explications de la fuite de nombreux candidats potentiels.
Pourquoi ne pas recruter à Bac+3 et organiser la formation dans des Écoles normales supérieures à l’échelle régionale pour tous les professeurs ?
Tout professeur, formé dans ces conditions, détiendra les codes nécessaires attendus par l’École de la République pour assurer la réussite de ses élèves.
Tout professeur formé dans ces conditions sera en capacité de maîtriser les savoirs à enseigner, condition de son autorité auprès des élèves, dans tout établissement du territoire de la République.
Les inspections
Le rôle des inspecteurs doit être, de nouveau, auprès des enseignants, celui d’accompagner et éventuellement d’inspecter.
La mixité sociale et scolaire
Cette indispensable mixité sociale et scolaire devait être le grand enjeu de notre nouveau Ministre. Au lieu de cela, la marche pour une meilleure mixité sociale des élèves, par la refonte de la carte scolaire, y compris par des fermetures et des reconstructions d’établissements, se fait à petits pas.
La mixité sociale est pourtant un enjeu contre une ghettoïsation, renforcée par les stratégies d’évitement scolaire (inscriptions dans l’enseignement privé ou stratégies de contournement).
L’indice de position sociale (IPS), calculé par le Ministère, indique que le privé sous contrat recrute les élèves les plus favorisés sans avoir à respecter les règles de carte scolaire de l’enseignement public.
Même pour donner quelques règles plus contraignantes à cet enseignement privé sous contrat, nous constatons les difficultés du Ministre à avancer sur ce dossier.
Nous avons entendu les vociférations de la Droite qui y voit une nouvelle agression contre l’École qu’elle appelle « libre ».
Le privé, pour accueillir plus de boursiers – les meilleurs -, non pour se plier à la carte scolaire, indique qu’il ne le fera qu’avec de nouvelles subventions.
Il nous faut aujourd’hui être capable de ré-instituer l’École de la République.
Ne pas laisser cette École être mise dans une concurrence déloyale face au réseau diocésain de l’École privée, trop largement subventionné par l’État, voire être elle-même démembrée, c’est afficher notre engagement à construire un service public d’éducation engagé et permettant la transmission des principes républicains.
Cette École publique laïque est celle d’un espace impartial, indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique.
Cette École de la République qui émancipe par le savoir, la rationalité critique et, donc forme, de futurs citoyens éclairés, nous devons la défendre.
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