Accueil par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du colloque « La souveraineté alimentaire, un enjeu pour demain » du jeudi 21 octobre 2021.

Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Le sujet qui nous réunit ce soir peut sembler inhabituel pour notre Fondation, encore que nous aimions à couvrir tous les champs stratégiques, notamment pour l’avenir de notre pays. Nous sommes dans ce champ.

Je remercie beaucoup notre ami Lucien Bourgeois, membre du conseil scientifique de la Fondation Res Publica, qui est à l’origine de ce colloque sur la souveraineté alimentaire. Il a su nous convaincre que la question alimentaire, que l’on avait cru réglée dans un passé relativement récent, était une idée neuve. Du moins y a-t-il sans doute une question nouvelle que l’idée de suffisance européenne, qui était à l’origine de la PAC (Politique Agricole Commune), n’a pas à ce jour complètement épuisée. On sent ainsi que les secteurs agricole et agroalimentaire ne peuvent sortir indemnes de la concurrence effrénée imposée depuis trois décennies par les grands choix économiques et commerciaux mondiaux. Il fallait donc bien que le problème finisse par se poser.

On sent bien aussi que la puissance agricole de la France, longtemps la première du continent européen, suscite de plus en plus d’interrogations. En effet, la France est passée en dix ans du deuxième au cinquième rang des exportateurs internationaux. Il faut noter toutefois que son solde commercial reste positif.

On est tenté d’ailleurs d’élargir cette interrogation. Ne nous arrive-t-il pas en matière agricole ce qui nous est arrivé en matière industrielle ? Je pense à un certain nombre de facteurs, à commencer par la concurrence à bas coûts. Aujourd’hui un travailleur français coûte 1,5 fois ce que coûte un travailleur détaché en Allemagne et 1,7 fois ce que coûte un travailleur détaché en Espagne, grand concurrent sur le plan agricole. On pense aussi à la présence majeure de deux acteurs qui tendent à s’imposer dans le jeu mondial, à savoir les États-Unis et la Chine dont les problèmes et l’horizon sont très différents. On pense aussi au rôle joué par l’OMC. Le dernier cycle des accords du GATT, le cycle de l’Uruguay, qui a introduit les sujets agricoles et notamment réduit les subventions agricoles, date de trente ans. Il avait marqué l’entrée de l’agriculture dans la phase néolibérale qui a affecté le cours du monde depuis ces années-là.

Et l’Europe dans tout cela ?

Et la France dans tout cela ?

L’Europe est en phase finale de négociation de la PAC. On entend dire ici ou là qu’il y aurait peut-être une renationalisation de la PAC… je n’ai toujours pas compris ce que cela veut dire ni si c’est exact. Je compte sur les intervenants pour nous en dire davantage. On sait que la PAC est fortement liée au Green Deal (pacte vert) européen [1], ce qui peut susciter des interrogations, sinon des inquiétudes légitimes.

Naturellement, la question se pose de savoir ce que devient notre pays – interrogation récurrente pour la Fondation Res Publica – dans la perspective de la PAC en cours de négociation.

Je parlais des effets de l’économie globalisée et de la libéralisation du commerce affectant l’agriculture comme l’ensemble des pans de l’économie. On peut aussi se demander où en est la question de la suffisance alimentaire dans l’ensemble des pays du monde avec, peut-être, une attention particulière sur l’état de l’Afrique pour laquelle l’auto-suffisance alimentaire n’a jamais cessé d’être un problème.

Nous attendons donc beaucoup de ce colloque, y compris quelques conclusions qui pourraient éclairer et enrichir le débat national. En effet la PAC est un élément de la politique européenne par lequel nous sommes particulièrement liés à l’Europe. C’est même l’élément le plus « fédéral » de notre engagement. Mais, pour autant, la grande puissance agricole qu’est la France doit nécessairement s’interroger sur son avenir dans ce secteur.

Lucien Bourgeois, économiste spécialiste des politiques agricoles et alimentaires, membre de l’académie d’agriculture, va introduire l’ensemble du colloque.

Interviendra après lui Matthieu Brun, responsable des études au Club DEMETER et chercheur associé à Sciences Po Bordeaux, qui esquissera un panorama (Chine, États-Unis, Europe, Afrique) des enjeux agricoles et alimentaires, entre local et global, nous plongeant dans la réalité mondiale. Nous devons en effet nous situer dans ce cadre mondial hors duquel nous ne pouvons pas mesurer les enjeux et les défis.

Nous écouterons ensuite Thierry Pouch, responsable des études de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, qui nous parlera des évolutions de la politique agricole et alimentaire des États-Unis.

Après quoi nous entendrons Jean-Marc Chaumet, spécialiste de l’agriculture chinoise, membre du comité de rédaction de l’ouvrage DEMETER, qui traitera de la politique agricole de la Chine.

Et nous terminerons avec Gérard Choplin, analyste indépendant des politiques agricoles, expert auprès du rapporteur du Comité européen des Régions sur la réforme de la PAC. Il nous parlera de géopolitique, de souveraineté alimentaire et s’interrogera sur l’avenir de l’Europe.

Je donne la parole à Lucien Bourgeois.

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[1] L’European green deal, proposé par la Commission européenne, vise à transformer l’UE en « une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive, garantissant la fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050 et le découplage de la croissance économique de l’utilisation des ressources ».

Le cahier imprimé du colloque « La souveraineté alimentaire, un enjeu pour demain » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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