Introduction de Jean-Pierre Chevènement, président de la fondation Res Publica, lors du séminaire « Immigration et intégration – Table ronde autour de Pierre Brochand » du mardi 2 juillet 2019.

Nous avons choisi de traiter dans ce séminaire restreint un sujet difficile sur lequel la plupart de ceux qui s’expriment ne disent pas toute leur pensée. Un sujet très difficile que je vous demande d’aborder avec un esprit de tolérance.

C’est Monsieur l’ambassadeur Brochand, ancien directeur général de la DGSE qui nous avait donné l’idée de cette réflexion. Déjà, en 2013, M. Brochand nous avait gratifiés d’un magnifique débat sur la notion de civilisation, avec Régis Debray, un moment fort dans les débats de la Fondation Res Publica qui a fait avancer la réflexion.

L’expression est libre. Chacun est libre de ses propos. M. Brochand m’a demandé de pouvoir s’exprimer longuement. Les autres intervenants nous livreront plus brièvement la quintessence de leur pensée.

Nous entendrons d’abord M. François Lucas, qui, ayant été directeur de l’Immigration au Ministère de l’Intérieur, connaît très bien le sujet et maîtrise parfaitement les données.

Lui succédera M. Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Viendra ensuite le « plat de résistance ». M. Brochand nous fera part de sa réflexion et du résultat de ses recherches. Naturellement, M. Pierre Brochand s’exprime à titre personnel. Ses propos n’engagent pas la Fondation Res Publica, pas plus d’ailleurs que ceux des autres intervenants. Mais étant donnée la longue expérience de M. Brochand, notamment à la tête de la DGSE, nous avons accepté qu’il puisse exprimer longuement et sans restriction son point de vue. Son intervention nous permettra de continuer le débat sur l’intégration que nous avons déjà abordé, notamment avec M. Marcel Gauchet. L’accueil de nouveaux citoyens peut être une chance pour la France si ceux-ci veulent et cherchent à s’intégrer à la communauté nationale. Cette intégration suppose évidemment que les Français l’acceptent. C’est tout l’enjeu de la conception civique de la Nation.

Enfin je donnerai la parole à M. Pascal Teixeira Da Silva, ambassadeur chargé des Migrations.

La réflexion est ouverte. Nous allons brasser tous ces faits puis nous aurons un débat, que nous ne prétendons pas conclure, avec les invités présents dans la salle, parmi lesquels M. Bencheikh, qui m’a succédé à la tête de la Fondation de l’Islam de France.

L’immigration est évidemment un fait politique majeur, au cœur des débats qui agitent l’Union européenne. Par conséquent on ne peut pas se dissimuler ni ignorer ce fait migratoire derrière lequel il y a ce que j’appelle le « choc démographique » qui peut également être étudié et qualifié avec une assez grande précision. En effet, ces évolutions, ces renversements peuvent se prévoir dans une certaine mesure, même si l’on ne peut pas les prédire avec certitude à un siècle de distance.

Ces réalités aboutissent à des procédures qui sont plus ou moins bien – ou mal – gérées. Il faut savoir dire ce qui est vrai, dire ce qui est, car nous ne pouvons pas avoir de politique digne de notre tradition, de nos valeurs républicaines, si nous n’avons pas d’abord un regard lucide. Ensuite il appartient aux hommes d’État de dire ce qu’il est possible de faire et la manière dont ils se saisissent du problème, étant donné qu’un homme d’État se détermine forcément en prenant en compte plusieurs plans : ce qu’il est possible de faire à court terme, ce que l’on peut programmer à plus long terme et comment les choses peuvent se résoudre dans la longue durée, si tant est qu’elles le puissent.

En France, il y a cinquante ans, dans les années qui suivaient les indépendances, l’intégration allait encore relativement de soi. Aujourd’hui ce n’est plus si évident. Les nombreux exemples de réussites ne peuvent dissimuler les échecs.

C’est ce qui aujourd’hui pose problème à la société française et à la République : comment traiter la question de l’intégration dans un contexte qui n’est plus celui que nous avons connu à l’époque de Romain Gary ? Sa mère, Mina Owczynska, modiste à Vilnius, décidant que son fils deviendrait un grand écrivain français et ambassadeur de France, était venue s’installer à Nice, en 1928, après être passée par la Pologne. Romain Gary a réalisé les rêves de sa mère. C’était à l’époque où la France jouissait d’une brillante renommée. Nous ne sommes plus exactement dans la même époque. 1940 est passé par là. Et il faut tenir compte des changements, des variations, pour savoir ce qu’il faudra faire.

Mais, avant de réfléchir là-dessus, commençons par nous instruire.

Je donne la parole à François Lucas.

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Le cahier imprimé du séminaire « Immigration et intégration – Table ronde autour de Pierre Brochand » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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