Débat final

Débat final lors du colloque « L’euro vingt an après, bilan et perspectives » du lundi 6 mai 2019.

Jacques Fournier

Personne n’a parlé de la situation des pays de l’Union européenne qui ne sont pas dans la zone euro. Le Brexit a peut-être une liaison avec notre sujet.

Comment ces pays ont-ils vécu la coexistence avec la zone euro ?

Quelle comparaison peut-on faire entre leur sort et celui des pays de la zone euro ?

Gérard Lafay

J’ai été surpris que, dans la discussion, personne n’ait évoqué le risque de crise financière mondiale qui ne peut être écarté quand on voit l’explosion des risques spéculatifs et qui affecterait aussi l’euro.

Jean-Pierre Chevènement

Théoriquement, tous les pays qui ont signé le traité de Maastricht devraient avoir adopté l’euro. Mais ce n’est pas le cas, et il y a évidemment des distorsions de concurrence tout à fait frappantes avec les pays de l’Est.

Patrick Artus

En général, et pas seulement dans la zone euro, les petits pays à la marge d’une grande union économique et monétaire (le Canada, la Suède etc.) se portent très bien. En effet ils profitent de l’union économique et monétaire et font, par le taux de change, une politique contracyclique vis-à-vis de cette union. Quand les États-Unis vont mal, les Canadiens déprécient le dollar canadien, ils vont donc moins mal que les États-Unis, et quand les États-Unis vont bien, ils profitent de ce que les États-Unis vont bien. En fait, les petits pays limitrophes d’une grande union monétaire bénéficient d’une situation de passager clandestin assez sympathique. Les Suédois ont donc raison de ne pas rentrer dans la zone euro. Ils profitent de l’existence de l’euro tout en gérant leur taux de change.

Christian Noyer

Nous sommes quand même passés à travers la plus grande crise financière depuis les années 1930 et nous nous sommes assez bien sortis de la crise internationale financière mondiale entre 2008 et 2011.
La première crise a fait prendre conscience à tout le monde qu’il y avait un lien – qu’on avait oublié ou qu’on ne voulait plus voir – entre les États et les banques. Si les États faisaient faillite, et si le bilan des banques comportait une quantité importante de titres d’États, les banques, en difficulté, ne pouvaient être sauvées que par une intervention publique donc des États ! L’attention s’est ainsi portée sur les États qui avaient des finances publiques fragiles et des niveaux de dette trop élevés. C’était, en zone euro, le cas de la Grèce. On a pris conscience que ce risque concernait tous les États qui ont des taux de croissance trop faibles (parce qu’ils ont perdu de la compétitivité faute d’avoir veillé à l’évolution de leurs coûts), des niveaux de dette publique trop élevés ou d’autres types de fragilités. Tous les pays émergents sont peu à peu tombés dans ces difficultés. Nous nous en sommes sortis.

Je ne crois pas au risque d’une nouvelle crise économique et financière du type de celle qu’on a connue en 2008… ou alors la politique économique dans le monde serait vraiment très mal gérée ! D’autre part nous avons quand même réparé énormément de choses depuis cette crise. Si nous sommes passés à travers 2008, je ne vois pas pourquoi l’euro ne passerait pas à travers d’autres crises financières. En revanche nous avons des défauts à corriger qui sont plus importants.

Jean Pisani-Ferry

Je crois qu’il ne faut rien imposer aux pays de l’Union européenne qui ne sont pas membres de la zone euro. En tout cas, il ne faut pas leur imposer de devenir membres. Si on a appris quelque chose dans cette crise, c’est à quel point il est exigeant de participer à la zone euro. Donc je ne pense pas qu’il faille l’imposer à un pays qui considère qu’il n’est pas prêt à le faire, concrètement la Pologne ou la République tchèque. On peut lui imposer de ne pas mener des politiques non coopératives mais pas de participer à la zone euro. D’ailleurs, ceux qui se sont précipités dans la zone euro (les Pays baltes, Chypre…) l’ont fait parce qu’ils avaient le sentiment – sans doute pas complètement infondé – que leur sécurité serait mieux garantie s’ils étaient membres de la zone euro.

Jean-Pierre Chevènement

Je remercie très sincèrement tous nos intervenants, qui ont été très brillants, pour leurs exposés de grande qualité, remarquablement construits. Et je vous donne rendez-vous pour le quarantième anniversaire de l’euro en 2039.

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Le cahier imprimé du colloque « L’euro vingt ans après, bilan et perspectives » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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