Intervention de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica, lors du séminaire « La baisse de la natalité et les perspectives de la démographie française » du mardi 2 avril 2019.

La Fondation Res Publica a souhaité, sous la forme d’un séminaire restreint, centrer sa réflexion sur la baisse inquiétante de la natalité française, passée de 790 290 naissances à 719 000 entre 2012 et 2018 (pour la France métropolitaine).

Je remercie Monsieur Gérard-François Dumont, professeur à la Sorbonne et directeur de la revue Population & Avenir, d’avoir une nouvelle fois répondu à notre invitation. Il a en effet déjà participé à plusieurs de nos colloques [1].

Son ouvrage récent, intitulé Les territoires français : diagnostic et gouvernance (Armand Colin, 2018), traite d’un sujet très à la mode aujourd’hui mais dont le professeur Gérard-François Dumont, avec la vigilance que nous lui connaissons, avait eu la prémonition que c’était un grand sujet.

Nous l’accueillons ce soir afin qu’il nous fasse prendre conscience de ce qu’est le problème de la natalité française.

Parlant à côté d’un expert, il serait prétentieux de ma part de faire une introduction bien que je me sois toujours intéressé aux questions démographiques. J’ai été très marqué par la pensée d’Alfred Sauvy dont j’ai été un élève. Je me souviens l’avoir quelquefois ramené à son domicile après les colloques que nous organisions (déjà) car il ne conduisait pas et ne voulait pas conduire (c’était une de ses originalités). C’est l’héritier de Monsieur Sauvy que je salue en la personne de Gérard-François Dumont.

Les tendances générales de la démographie sur le long terme évoluent d’une manière constante : la natalité, la fécondité ont tendance à baisser. Mais ces tendances peuvent être trompeuses car ces évolutions ne se font jamais à la même vitesse. Certains pays entament avec beaucoup de retard leur transition démographique, c’est souvent le cas des pays du Sahel. Mais par rapport à l’Europe qui connaît un hiver démographique plus ou moins prononcé, de très nombreux pays de ce qu’on appelait jadis le « Tiers-monde » sont encore assez féconds. Pour des raisons d’entraînement, d’effet « boule de neige », la baisse de la fécondité ne se fait pas encore sentir au niveau des chiffres de la population qui continue d’augmenter fortement. En Europe même, la baisse démographique n’affecte pas de la même manière tous les pays. Les pays du Sud de l’Europe notamment connaissent un hiver démographique très prononcé.

Le professeur Gérard-François Dumont a mis ces variations en relation avec les politiques familiales. Dans l’Europe du Nord, les politiques familiales ont eu un certain succès. Toutefois on n’observe pas de liaison stricte. La Grande-Bretagne a un indice de fécondité relativement élevé avec une politique familiale peu active. L’Allemagne a mis en œuvre une politique familiale qui n’avait pas donné de résultats jusqu’à ces deux dernières années où, pour la première fois depuis longtemps, la natalité allemande a dépassé la natalité française (790 000 pour l’Allemagne et 719 000 pour la France métropolitaine). C’est évidemment un écart important car du taux de natalité beaucoup de choses dépendent, y compris la capacité d’intégration. Quand il y a une natalité relativement élevée, les problèmes d’intégration se traitent plus facilement. Par ailleurs la natalité a des conséquences retardées à long terme sur la population active et sur la population non active (les jeunes de moins de vingt-cinq ans, et, à échéance beaucoup plus lointaine, les personnes âgées).

Ces questions démographiques sont peu couvertes par les médias. Il s’agit pourtant d’un domaine très important et il me semble que quiconque s’efforce de discerner les grandes tendances à venir a intérêt à mieux cerner les chocs démographiques qui se profilent à l’horizon et ce qu’il peut en être de la démographie de la France qui a des conséquences extrêmement variées, y compris politiques. Par exemple la représentation au Conseil européen est fonction de la population.

Je cède la parole au professeur Gérard-François Dumont.

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[1] – « Situation de l’Italie, réalités et perspectives »
Colloque organisé par la Fondation Res Publica le 5 décembre 2018, avec M. Loïc Hennekinne, M. Olivier Passet, M. Jean-Michel Naulot, M. Gilles Pécout, M. Marc Lazar, M. Jean-Pierre Chevènement et M. G.F. Dumont.
« Désertification et réanimation des territoires »
Colloque organisé par la Fondation Res Publica le 27 février 2018, avec M. Jean-Pierre Duport, Mme Marie-Françoise Bechtel, M. Claude Rochet, M. Jacques Mézard, M. Jean-Pierre Chevènement et M. G.F. Dumont.
« La démographie en Europe et ses répercussions économiques et sociales »
Colloque organisé par la Fondation Res Publica le 24 octobre 2016, avec M. Hakim El Karaoui, M. Romaric Godin, M. El Mouhoub Mouhoud, M. Jean-Pierre Chevènement et M. G.F. Dumont.
« Quel modèle territorial pour la République ? »
Colloque organisé par la Fondation Res Publica le 28 septembre 2015, avec M. Stéphane Rozès, Mme Marie-Françoise Bechtel, M. Jean-Pierre Chevènement et M. G.F. Dumont.

Le cahier imprimé du séminaire « La baisse de la natalité et les perspectives de la démographie française » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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