Tour de table et réponses d’Arnaud Montebourg

Tour de table et réponses d’Arnaud Monteboug, ministre du Redressement productif à Jean-Luc Gréau, Jean-Michel Quatrepoint, Michel Volle, Gabriel Colletis, Laurent Faibis, Jean-luc Gary et Jean-Pierre Chevènement, séminaire « L’esprit du redressement productif », 26 novembre 2012.

Jean-Pierre Chevènement
Merci, Monsieur le ministre, cher Arnaud, pour cet exposé brillant que nous n’oublierons pas.
Le modèle entrepreneurial, la recherche et l’innovation, le patriotisme, le made in France, les entreprises nationalisées … ces thèmes nous rajeunissent de trente ans, renvoyant à l’époque où Georges Marchais faisait campagne sur le « produisons français ». Mais on ne peut négliger une différence de taille : vous intervenez à un moment où le système néolibéral a installé son pouvoir. Une lutte titanesque se déroule pour savoir si on va faire rentrer le diable dans sa boîte et comment on va le faire. C’est très difficile. Ce sujet est traité dans un livre récent de Jean-Luc Gréau : La Grande Récession (1) que je vous recommande.

Vous avez évoqué le rapport Gallois. Vous savez combien j’ai d’amitié et d’estime pour Louis Gallois. Je l’avais nommé directeur général de l’Industrie en 1982. Il m’a survécu en tant que tel puisqu’il a servi sous les gouvernements de Laurent Fabius et d’Edith Cresson avant de revenir à mon cabinet, au ministère de la Défense en 1988, puis de travailler d’abord dans l’industrie aéronautique (SNECMA, Aérospatiale), enfin à la SNCF et à EADS. Louis Gallois ramasse tout ce qu’on peut dire de juste et d’intelligent en matière de propositions concernant la politique industrielle. S’il glisse très vite, vous l’avez mentionné, sur la question de la monnaie, c’est que, dans ce rapport au gouvernement, il part de la thèse que, dans le système de la monnaie unique, il n’y a plus de dévaluation possible. Or, comment sortir du système de la monnaie unique ? Le premier qui tenterait cette sortie risquerait de le faire à son détriment. Mais c’est un système dont la fin est inéluctable parce que la monnaie unique souffre d’un vice congénital, d’un péché originel : elle juxtapose des pays dont la compétitivité est très différente. À cela il n’y a pas de remède. On peut tenter des soins palliatifs qui permettront de durer un an, deux ans, trois ans, peut-être même davantage grâce à l’évolution du rôle de la Banque centrale, encore qu’avec Mario Draghi, nous n’allions pas, à cet égard, aussi loin qu’on l’a prétendu. Nous ne pouvons pas dire combien de temps durera la période des soins palliatifs. Dans un article récent, Jean-Luc Gréau a bien montré que la politique de Mme Merkel – et d’autres – pourrait être une tactique de « poker menteur » : Qui prendra ou ne prendra pas la responsabilité de la fin de l’euro ? Jean-Luc Gréau cite le propos de Joschka Fischer : selon lui, il ne faut pas que l’Allemagne apparaisse une troisième fois comme le pays qui aura conduit l’Europe à la catastrophe (2). Tout est dit. Nous sommes vraisemblablement dans une partie de « poker menteur ». Il faudrait aller plus loin sur la question de savoir ce que veut réellement l’Allemagne et comment elle va arbitrer sur le choix entre la compétitivité au grand large et son ancrage européen. Elle est prisonnière du système d’un euro qu’elle a voulu à un certain moment parce qu’elle y a vu son avantage, parce qu’elle en a défini le règlement, mais qui, aujourd’hui, lui pèse parce que les pays de la périphérie risquent de lui coûter de plus en plus cher. C’est un tonneau des Danaïdes, on dépense beaucoup d’argent simplement pour renflouer les banques, pour empêcher que les banques n’essuient des pertes. Tout cela est parfaitement expliqué par Jean-Luc Gréau.

Avant de donner la parole à nos amis, je voudrais vous poser la question suivante :

Louis Gallois a proposé une manipulation fiscale sur la CSG. Il n’a pas été suivi par François Hollande pour des raisons que je ne veux pas juger, probablement parce qu’il ne fallait pas, dans l’immédiat, porter atteinte au pouvoir d’achat en France. Mais nous sommes en économie ouverte. Il faut raisonner de manière dynamique. Je pense que la TVA, qui a été rejetée, aurait été un outil beaucoup plus utile que la CSG si on voulait éviter de faire peser excessivement sur le travail le financement de la sécurité sociale. Mais le gouvernement a retenu un crédit d’impôt. Mais le crédit d’impôt n’a qu’un temps, il durera un an, ensuite il faudra retrouver une richesse soit par la voie de la fiscalité, soit par un transfert. Le crédit d’impôt s’impute sur l’impôt sur les sociétés – et un peu sur l’IRPP pour les entrepreneurs individuels – mais c’est une mesure immédiate, c’est un ballon d’oxygène pour les entreprises. Vous parliez de 20 milliards d’euros et d’un État qui « casse sa tirelire ». En fait, il ne casse pas vraiment sa tirelire et on n’a pas réglé le problème. Six points de compétitivité sur les entreprises ne compensent pas les quinze points que nous avons perdus sur l’Allemagne depuis 2000, avec toutes les mesures prises depuis l’Agenda 2010 de Gerhardt Schröder.

Se pose le problème du calibrage de ce plan qui a été retenu par le gouvernement suite au rapport Gallois (et qui n’est donc pas le « plan Gallois »). Ce calibrage sera-t-il suffisant ? Ne faut-il pas aller plus loin ? J’ai évoqué la TVA, la CSG, mais si on veut aller dans cette voie, qui à mon avis n’est pas suffisante et ne couvre pas, loin de là, l’intégralité du problème, on ne peut pas se contenter d’agir sur le coût de production.

Le plan est-il suffisamment ciblé sur l’industrie ? Je vois que le crédit d’impôt est calculé par rapport aux entreprises qui payent des salariés jusqu’à 2,5 fois le SMIC. Mais nous savons que les salaires dans l’industrie sont en moyenne plus élevés (c’est pourquoi Louis Gallois avait proposé 3,5 fois le SMIC). On a privilégié l’emploi par rapport à la compétitivité et l’industrie ne recueillera, ai-je lu, qu’environ 20% de ces 20 milliards d’euros, soit 4 milliards d’euros. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

J’aurais aimé parler du pacte social qui sous-tend le plan inspiré par Louis Gallois. C’est à mon avis une de ses parties les plus importantes : on ne peut gagner cette partie – dont vous avez très bien dit qu’elle repose sur un consensus social – qu’en enterrant la hache de guerre. Il faut que patrons, syndicats ouvriers, CGT en tête, privilégient ce que nous appelions il y a trente ans l’alliance des productifs. Où en est-on dans la négociation avec les syndicats ?

J’aurais eu des questions à poser sur les priorités stratégiques dans le domaine du nucléaire et du numérique mais d’autres que moi interviendront sur ce sujet.

Je vais donner la parole à M. Faibis qui pourra ajouter quelques questions à celles que je viens de poser, puis à M. Colletis.

Laurent Faibis
Merci, Jean-Pierre Chevènement.
Vous avez exposé l’ensemble des problèmes macro-économiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui mais la question que je me pose et à laquelle j’essaie de répondre au sein de mon institut (3), est celle de notre vision à long terme. Au-delà de l’industrie d’aujourd’hui, sur le mode défensif, quelle industrie voulons-nous construire à l’horizon 2025 ?

J’ai beaucoup apprécié moi-même le rapport Gallois qui recèle des préconisations tout à fait essentielles et fait le point de toute une série de rapports que nous connaissons bien. Mais il y manque, selon moi, une vision à long terme qui serait un facteur de mobilisation. Nous restons dans la lutte défensive. Nous nous demandons ce qu’il faut défaire pour sortir des mailles du filet dans lequel nous sommes empêtrés. Mais sur quoi allons-nous mobiliser la France ? Vers quel horizon ? Qu’est-ce qui fera, à l’horizon 2025, que nous serons meilleurs que d’autres ? Baissons le coût du travail, certes ! Mais pouvons-nous être assurés qu’il n’y aura pas toujours moins cher que nous ? Vous avez dit très justement, Monsieur le ministre, que l’Espagne, est dans une politique de dévaluation – ou de déflation – salariale. Il y aura toujours moins cher ! Ne sommes-nous pas dans une fuite en avant en nous limitant aux aspects du coût du travail ? Ne faut-il pas chercher un autre horizon ?

Gabriel Colletis
La question que je vais poser converge très largement avec la remarque de Laurent Faibis.

Tout d’abord je salue ce que vous avez dit lorsque, tout à l’heure, vous déclariez que l’industrie aurait dû rester l’épine dorsale de toute la politique économique. Si on avait compris cela il y a trente ans, lorsque vous l’énonciez vous-même, Monsieur Chevènement, on ne serait probablement pas dans la situation que nous déplorons aujourd’hui.

Je voudrais partir du décrochage que vous avez évoqué tout à l’heure. Vous avez dit qu’un certain nombre de mauvaises décisions ont été prises, rappelant le choix français de soutenir les heures supplémentaires alors que l’Allemagne encourageait le chômage partiel. On peut, en effet, considérer qu’il y a là des mécanismes d’ajustement quantitatif absolument inverses mais le problème, en réalité, n’est pas exactement celui-là. Le choix central des Allemands consiste à éviter la dispersion des compétences. Cela me paraît être l’élément central. Quand on développe des mesures de soutien du chômage partiel, on évite que les compétences se dispersent dans la nature car il est ensuite extrêmement difficile de les rassembler.

J’en viens à ma question sur le véritable sens de la bataille de la compétitivité. On peut admettre la baisse du coût du travail, étant entendu qu’on n’en n’attend pas une baisse des prix mais une amélioration des marges dont on espère qu’elle va se traduire en investissements. Mais il est très clair que la véritable bataille de la compétitivité passe par l’innovation et par la reconnaissance des compétences des salariés. C’est une bataille qui va bien au-delà de la Recherche & développement.

Émet-on un bon signal en allant sur le terrain de la réduction du coût du travail ?

Si on considère que la bataille de la compétitivité se joue sur l’innovation, ne faudrait-il pas cesser d’associer travail et coût, pour associer plutôt travail, compétence et innovation et proposer sur le long terme un pacte social réellement nouveau ? Ce pacte verrait des entreprises s’engager dans la bataille de l’innovation (bien plus large que la bataille de la R&D) tout en reconnaissant les compétences individuelles et collectives de leurs salariés.

Jean-Pierre Chevènement
Voilà, Monsieur le ministre, un ensemble de questions qui se complètent.

Arnaud Montebourg
Vous posiez la question du crédit d’impôt et de sa pérennité. Les 20 milliards sont des ressources qui seront affectées au financement de ce crédit d’impôt. Reportable d’une année sur l’autre, il n’est pas utilisable chaque année. Certaines entreprises peuvent décider de ne pas l’utiliser et de l’accumuler, ne serait-ce que pour financer ultérieurement un site économique défavorable.

Nous avons choisi le crédit d’impôt parce que nous n’avions pas le consensus avec les organisations syndicales sur le financement de la protection sociale.

Les syndicats, arguant à juste titre que les cotisations sociales sont assises sur le facteur productif, refusent la fiscalisation des cotisations : une baisse d’impôts pourrait en effet affecter les cotisations sociales dont la gestion est d’ailleurs paritaire et relève du contrat, non de la loi.

La position de mon ministère était de dire : tout ce qui relève des politiques de solidarité (CMU, assurance maladie, politique familiale) ne relève pas de la politique assurantielle qui doit trouver en effet son siège, sa racine, son assiette, dans le travail, le contrat de travail, l’embauche.

On peut sortir 25 à 30 milliards d’euros (ce qu’avait proposé Louis Gallois) mais on ne trouve pas d’accord. Au côté de Louis Gallois, j’avais ouvert la discussion lors de la Grande Conférence Sociale (4). Nous avions obtenu l’accord de la CFTC, de la CGC, de la CFDT mais la CGT et FO refusaient de s’y associer. Mais le débat est ouvert ! Si on arrive à faire bouger les règles de financement de la protection sociale, peut-être le crédit d’impôt finira-t-il en transport vers la réduction des cotisations sociales. Il faudrait pour cela avoir un accord sur une politique familiale et une politique de solidarité décidées par le législateur et financées non seulement par la CSG mais aussi par des prélèvements dans les entreprises.

À propos du choix d’augmenter la TVA, la modicité de l’augmentation (6 milliards d’euros) a permis de la faire passer assez facilement. Mais les diminutions des dépenses publiques constituent le plus gros morceau (10 milliards d’euros). Les opérateurs, les agences se sont multipliés. Il y a de quoi faire ! Jérôme Cahuzac s’en occupe très bien. D’aucuns trouvent même qu’il le fait un peu trop bien : Comme tous les ministres, je suis passé dans son bureau. J’ai sauvé mon budget, je ne me plains donc pas mais ceux qui ne l’ont pas sauvé en ont un souvenir cuisant. Mais sa tâche n’est pas facile. Il y a aussi beaucoup à faire sur la gestion de protection sociale (santé, famille, retraite, chômage). On peut travailler, il faut discuter. Cela demande un ministre obstiné et courageux.

Parlons des collectivités locales ! J’ai présidé le Conseil général de mon département. J’avais hérité d’un département en faillite, au bord de la mise sous tutelle, situation d’autant plus délicate que mon prédécesseur appartenait à ma famille politique. La Saône-et-Loire, un département moyen, représente un budget d’un demi-milliard d’euros (un milliard avec l’OPAC). Il y avait des problèmes de gestion : les dépenses sociales augmentaient de 12 % par an, autant qu’en Guadeloupe ! J’ai exposé au personnel et aux élus la nécessité de revenir à 3 % ou 4 % pour échapper à la faillite… J’ai fait un plan de diminution des dépenses publiques extrêmement rigoureux (10 %, soit 56 millions en un an), cela à six mois des élections ! Je ne pouvais pas faire autrement, sinon je donnais les clefs au préfet. Dans mon groupe la majorité refusait de voter, j’ai donc engagé ma responsabilité, comme président. Les votes non sont passés en abstentions, les abstentions sont passées en positif, j’ai fait passer mon plan et nous avons gagné les élections. On peut comprendre la souffrance des élus qui se voyaient dans l’obligation de refuser des subventions à leurs associations. Un travail d’explication était nécessaire. Les subventions à l’agriculture, dans un des plus grands départements ruraux, un bastion de la FNSEA, ont baissé de 40 %. Les agriculteurs ont compris. Et nous avons gagné deux cantons lors des élections. Cela montre que la population soutient cette politique. Mais il faut avoir des élus qui tiennent bon. Ils ont des projets, des programmes d’investissements justifiés, il y a des besoins dans la population. C’est difficile mais c’est tout ce qu’on a trouvé pour éviter d’infliger des hausses d’impôts à la population.

J’avais fait des propositions, qui n’ont pas été retenues, sur les fiscalités alternatives, l’immobilier, les banques…

Nous allons avoir un débat sur la décentralisation et sur son prix. Je rappelle qu’avec le fonds de compensation pour la TVA (5), 73 milliards d’euros sont distribués chaque année aux collectivités locales. Certes il faut aider les régions pauvres. Il y a des zones très pauvres dans mon département. En regardant des cartes postales du Morvan des années 30 ou 50, on s’aperçoit que rien n’a changé, il n’y a pas une construction nouvelle, tout est figé. Cela témoigne de la situation difficile de certains territoires. Mais trouvez-vous normal de faire des dotations aux Alpes-Maritimes, aux Hauts-de-Seine ? C’est absurde. Il faut en parler, il faut qu’un ministre s’empare de ce sujet. Personne ne veut le faire, nous ne sommes donc pas crédibles. Le Premier ministre en est conscient, lui-même a été un élu émérite. Mais cela demande du travail.
Une taxe écologique hypothétique sera examinée.
Ce problème de financement est réel.

À propos du calibrage, Louis Gallois proposait que le crédit d’impôt soit accordé aux entreprises qui payent des salaires de 1,6 à 3,5 fois le SMIC. Il a été décidé qu’il s’appliquerait aux salaires entre 1 et 2,5 fois le SMIC. Je n’étais pas favorable à descendre en-dessous de 1,6 fois le SMIC parce qu’il existe déjà des exonérations sur les bas salaires et que cela entraînerait une surreprésentation des services. Mon choix eût porté sur les salaires entre 1,6 et 2,5 fois le SMIC (soit 30 % de représentation d’une industrie à 12 % de moyenne nationale). Le choix des salaires jusqu’à 2,6 fois le SMIC est le meilleur parce que c’est là que sont concentrés les salaires élevés de l’industrie. Au-delà, on entre dans la catégorie des ingénieurs, des cadres, ce qui aurait été très difficile à présenter. Si le crédit d’impôt n’est pas assez ajusté, l’industrie va néanmoins en profiter (et les services à l’industrie, une zone grise à la fois industrielle et de services). Donc on peut quand même considérer que le compte y est.

Vous m’interrogiez aussi sur l’alliance des productifs, le pacte social.
La question de la précarité est un point important. On entend dire sur tous les tons qu’il n’y a pas assez de flexibilité sur le marché du travail. Or, aujourd’hui, 80 % des embauches se font en CDD, 60 % des CDD sont des missions d’un mois et 25 % des missions d’intérim sont des missions d’une journée ! Si ce n’est pas la flexibilité du marché du travail, je ne sais pas de quoi on nous parle ! Sur ce sujet, le gouvernement est très allant, Premier ministre en tête, pour imposer des règles et réduire l’insécurité sociale des salariés. La négociation avec les syndicats et le MEDEF est en cours.

Quelle vision à long terme ?
Nous avons une vision mercantiliste, saint-simonienne, productiviste, dans la grande tradition des puissances industrielles. Je défends cette vision. Mon programme, lors des primaires du Parti socialiste, comportait un chapitre intitulé : « Le renouveau productif ». C’est l’alliance des créateurs, des travailleurs et des producteurs, une théorie défendue depuis très longtemps par Jean-Pierre Chevènement qui garde toute son actualité.

Se remettre à produire est pour un pays un magnifique projet. Le projet d’une nation qui se met en mouvement. Bien plus qu’une société de loisirs, une société productive crée de la solidarité et de l’unité. La France est une nation politique, elle ne règle ses problèmes en les confiant au marché, à l’Union européenne ou aux corps intermédiaires, elle les règle par la politique. Quand on décrète une mobilisation nationale sur un projet productif et fédérateur on unifie les Français. Tous les jours, dans les entreprises, je défends le pacte de compétitivité, son esprit, sa lettre, ses mesures. Et j’obtiens l’adhésion du gars de la CGT, du petit patron, de l’ouvrier isolé qui vote Front national, de l’élu UMP, des socialistes ! On y arrive ! Le Made in France, c’est cette unification des Français autour d’un projet.

Tout est à refaire. Nous sommes en ruines. Mes grands-parents étaient bouchers, pendant la guerre, à Autun en Saône-et-Loire. La guerre, une humiliation, avait détruit le moral des gens. On en parlait d’ailleurs peu. Et toute cette famille s’est mise au travail. J’ai le souvenir de mon enfance, dans les années 70, dans cette petite sous-préfecture. C’était une ruche, les gens se parlaient, s’entraidaient. Et quand est arrivé le choc pétrolier et ses conséquences j’ai vu toute cette famille s’appauvrir. Ils n’ont pas pu vendre le commerce parce qu’il n’y avait plus d’acquéreurs. Ils n’avaient pas de retraite parce qu’ils n’avaient pas cotisé (ils avaient la foi dans l’avenir), comme on le voit aujourd’hui dans les pays émergents. On était après la guerre un pays ré-émergent de ses décombres. On perçoit un désir de retrouver cette période de la « reconstruction ». Et la reconstruction de l’industrie française est ma mission ! Pour moi, c’est un projet de mobilisation concrète.

Je vous parlais de Duralex (les verres des cantines de notre enfance). Après de nombreuses années de difficultés, cette entreprise était placée en liquidation judiciaire en 2008 lorsqu’un industriel franco-britannique (Antoine Ioannidès), une famille libanaise et deux cadres de Duralex l’ont reprise. Ils ont remis en marche l’usine, ils ont fait des investissements (sans soutien bancaire), ils ont décroché des marchés (90% à l’exportation). Or plus personne en France ne commande les produits Duralex, ni les cantines, ni les hôpitaux, ni les prisons… (alors que nous nous souvenons tous avoir regardé le chiffre au fond du verre(6) quand nous étions gamins). Je suis allé les voir parce qu’ils font du made in France, parce qu’ils font travailler les gens, parce qu’ils modernisent leur usine, ils font des efforts. Un dirigeant me confiait : « Un contrat en Afghanistan me rapporte 3 millions d’euros par an mais en France… rien, parce que je ne suis pas référencé à l’UGAP (7) ni dans les supermarchés… ». C’est incroyable ! Où est passé le patriotisme ? On ne verrait pas ça en Allemagne ou en Italie ! Je me suis engagé à promouvoir cette marque qui est dans le cœur des Français ! Si j’évoque le cas de Duralex c’est parce que ces gens se sont mis à travailler ensemble, ils croient en leur entreprise dont ils ont su préserver la mémoire industrielle (les moules). S’ils sont capables de reproduire les anciens modèles, ils ont aussi un bureau d’études, un designer qui invente de nouveaux produits, Ils ont refait le packaging. Cela leur a permis d’augmenter considérablement leurs ventes. C’est l’exemple d’une communauté humaine qui se redresse, qui retrouve le moral. C’est une nation qui se redresse. C’est ainsi que je conçois la reconstruction de l’industrie. C’est un projet de société que je crois mobilisateur.

Je dirai à M. Faibis que si une vision de long terme est indispensable, le court terme doit aussi nous mobiliser parce qu’un pays qui ne produit pas est dans la main des pays qui produisent. Il perd sa liberté et sa souveraineté. Rien ne sert de faire des lois dans un pays qui ne peut plus financer son modèle social, ses services publics, ses dépenses militaires. Un tel pays n’est plus rien, même s’il dispose encore (pour combien de temps ?) d’un siège à l’ONU.

La reconstruction de l’industrie est un projet de société, un projet pour la France. C’est un projet patriotique.

M. Colletis évoque le choix fait par les Allemands d’éviter de disperser les compétences et s’interroge : la réduction du coût du travail n’est-elle pas une erreur stratégique ?

Il ne serait pas réaliste de nier qu’il y a un problème de coût de production en France, lié non seulement à la rémunération du travail mais aussi à la protection sociale et à ses défauts de financement. Avons-nous cédé aux sirènes d’une idéologie dominante ? Le dumping sur le coût du travail dans toute l’Europe qui dévalue pose un problème réel que nous tentons de résoudre à notre manière, en respectant les salariés. Il nous faudra en même temps travailler à la modernisation de la gestion de la protection sociale qui ne doit pas se faire au détriment du niveau de protection sociale.

Le pacte de compétitivité comporte 35 mesures dont celles que vous évoquez :
Le financement de l’innovation, la BPI, la reconnaissance des compétences (nous avons proposé de former 500 000 apprentis), le dialogue social : nous faisons entrer les salariés dans les conseils d’administration. Louis Gallois préconise que cette représentation des salariés dans les instances de gestion s’applique aux entreprises à partir de 5000 salariés. Comme Jean-Louis Beffa, je suis plutôt favorable à descendre à 500 salariés, comme le font les Allemands. Le Premier ministre n’a pas fixé de seuil, c’est donc le Parlement qui en disposera.

Tout ce qui est hors coût est là. C’est général et multifactoriel. Mais il faut traiter le problème : à défaut, nous continuerons à nous faire tailler dans la zone euro.

Est-ce un signal ? Oui, mais il ne vise pas le salaire. Il ne faut pas parler du coût du travail mais de la manière dont la protection sociale est financée. Cela conduira à sortir du processus productif une partie du financement de la protection sociale mais c’est justifié par le fait qu’il y a des politiques qui ne sont pas assurantielles, qui relèvent de la loi. Il est normal que l’impôt finance les politiques.

J’espère avoir répondu à vos questions

Jean-Pierre Chevènement
Merci, Monsieur le ministre, de ces réponses roboratives.

Je me pose la question des conditions politiques et économiques de cette reconstruction à laquelle vous appelez.

En 1945 nous sortions de la guerre, de l’occupation. Après une stagnation de longue durée, nous étions dans une situation très particulière. Le plan Marshall, les débuts d’une organisation européenne en Europe occidentale : le rattrapage s’est fait naturellement à travers des technologies importées d’Amérique (c’était le rôle du plan Monnet). Bref, il y avait un contexte géopolitique. Aujourd’hui, nous sommes dans une Europe en crise, avec une monnaie unique qui bat de l’aile… et je pense que nous ne sommes pas sortis de cette auberge.

Sur le plan politique, les choses sont peut-être en voie de se modifier (la crise de l’UMP ne survient pas par hasard), on discerne des forces prêtes à se mobiliser. Si le pacte social qui est derrière le rapport Gallois était rendu possible par ce nouveau contexte extrêmement surprenant, émouvant, si, en même temps, montait de la profondeur du pays la prise de conscience de la nécessité d’un sursaut, le problème serait en partie réglé… mais seulement en partie dans le contexte de la monnaie unique et des plans de rigueur administrés à tous les pays dont la compétitivité est insuffisante. La France est dans une situation particulière : des pays comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie ont fait des plans de déflation plus « vigoureux » (non que je veuille en faire l’éloge, j’en vois les effets pervers). Nous risquons d’être pris entre l’Allemagne et les pays de la périphérie. Quelle est la voie pour la France ?

Je ne veux pas confisquer le débat. Je donne la parole à Jean-Michel Quatrepoint et Jean-Luc Gréau.

Jean-Michel Quatrepoint
Un point d’information : en dix ans le yuan s’est réévalué de 28 % par rapport au dollar tandis que l’euro se réévaluait de 10 % par rapport au yuan.

Vous avez parlé de se remettre à produire. Mais on ne va pas se remettre à produire sur les modes de production d’hier ni même d’aujourd’hui. Si nous voulons réellement retrouver de la compétitivité, nous devons nous mettre à produire sur les modes de production de demain. Michel Volle ou Laurent Faibis pourraient vous parler du concept d’« Iconomie » : une nouvelle révolution, non une révolution industrielle mais la révolution de l’informationnel. Tout change, y compris les modes d’achat. D’un système économique basé sur la main d’œuvre, on passe à un système fondé sur le « cerveau d’œuvre », ce qui implique une gigantesque transformation de l’appareil de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Ce ne sera pas facile.

La société des loisirs n’est pas un projet mobilisateur, disiez-vous. Plus qu’un problème de coût du travail, nous avons un problème de temps de travail global, sur la vie, voire sur l’année, et pas seulement à cause des 35 heures. On pourrait s’interroger sur le modèle sociétal (c’est François Mitterrand qui avait inventé le « ministre du temps libre »). Les 35 heures n’étaient-elles pas l’acceptation que nous basculions dans un partage de la pénurie de travail et que nous nous résolvions à faire des services (moins sales que le travail à l’usine) ? Nous avons un vrai problème à cet égard. J’ajoute que les rythmes scolaires n’ont pas arrangé les choses. Et quand je vois les difficultés rencontrées par Vincent Peillon pour faire passer une réforme dans ce domaine, je crains que nous ne soyons pas sortis d’affaire !

On parle de « nouveau pacte social ». Pour faire un pacte social, il faut des partenaires représentatifs. Or, pourquoi le cacher, il y a un énorme problème de représentativité des syndicats de salariés et du patronat. Les syndicats de salariés représentent essentiellement la fonction publique et les secteurs industriels d’hier, voire d’avant-hier. Avez-vous en face de vous les bons interlocuteurs ?

Jean-Luc Gréau
Je n’ai rien à dire sur ce que vient de dire Jean-Michel Quatrepoint dont j’approuve le point de vue qui est aussi celui de Laurent Faibis et Michel Volle sur la nouvelle organisation économique.

Je voudrais rappeler un point qu’on risque d’omettre. L’argent est ce qui manque le plus dans la situation que nous connaissons : déficit, interdiction de créer de la monnaie pour le secteur public, avec une Banque centrale européenne qui gère son action avec le souci primordial d’éviter la faillite aux secteurs bancaires les plus fragiles de la zone euro.

Je voudrais évoquer deux points :
D’abord un point très obscur dans l’organisation de la zone euro. Dans ce système que tout le monde croit connaître, on découvre chaque jour des dispositifs ignorés, tel Target 2 (8). Il y a un point, jamais évoqué, sur lequel je m’interroge parce que je n’ai pas les informations nécessaires : Les banques nationales qui, théoriquement, ne sont plus des banques d’émission ont quand même un certain pouvoir désigné par ELF (Emergency Loan Facility) . Ces facilités ont été utilisées au moins par la Banque d’Irlande et par la Banque d’Espagne au moment de la grande crise bancaire pour venir au secours des banques en difficulté ou en faillite. Ne pourrait-on pas essayer d’activer ce pouvoir de création monétaire à partir de la Banque de France dans un sens autre que celui de la sauvegarde en urgence des banques ? Puisqu’on peut le faire à partir de Dublin ou de Madrid, pourquoi pas à partir de Paris ? Après tout, si la Banque d’Angleterre accorde 36 milliards de livres-sterling à M. Cameron et à M. Osborne pour gérer leur situation, on pourrait imaginer que la Banque de France accorde 50 ou 60 milliards d’euros à l’ensemble des secteurs public et privé français pour investir. C’est un point essentiel sur lequel il faut travailler.

Le deuxième point concerne le problème de l’argent sous forme d’épargne. Notre épargne est aspirée à l’excès par le système de l’assurance-vie. Le vieillissement démographique en est responsable ainsi que la politique de placement des banques et des sociétés d’assurance. Mon contrat d’assurance vie qui représente plus de la moitié de mon épargne est entièrement investi en Asie, à HongKong, à Taïwan, à Singapour et autres lieux exotiques. L’Asie n’a pas besoin de mon épargne ! Pourquoi cette épargne n’est-elle pas disponible pour la France et le système européen ? C’est un autre point essentiel et je pense qu’on peut faire émerger aussi cette question.
Merci.

Jean-Pierre Chevènement
Je vais donner la parole à Laurent Faibis qui va développer ce qu’a dit Jean-Michel Quatrepoint en parlant de l’Iconomie.

Laurent Faibis
Le redressement productif par l’Iconomie

J’aimerais m’exprimer sous ma double casquette, celle d’économiste, mais aussi celle d’entrepreneur… Cela fait probablement de moi un « oiseau rare », mais pas nécessairement un « pigeon », rassurez-vous. Je ne jouerai pas la partition de la PME plaintive, ni celle du petit patron paralysé par les obstacles sociaux et fiscaux.

Je connais cela. Mais je le surmonte aussi par un besoin impérieux d’entreprendre. Et surtout, je suis convaincu qu’il faut rompre aujourd’hui avec cette façon française de réformer en agitant l’épouvantail du déclin. C’est ma réaction critique face au rapport Gallois comme aux discours sur les chocs de compétitivité. Ce sont des réflexions qui restent focalisées sur les moyens. Ce qui manque, c’est une vision stratégique et mobilisatrice qui mette en perspective l’action publique, pour que la France demeure une puissance productive de premier plan.

Mon propos est nourri des analyses de Xerfi. Depuis 20 ans, nous décryptons les transformations de l’économie réelle. Cette compréhension est bâtie sur une connaissance fine des secteurs dont plusieurs centaines sont analysés chaque année au plan français mais aussi au plan mondial. Je réfléchis aux avantages compétitifs de la France sur la base de ce matériau, mais également par introspection de mon expérience d’entrepreneur.

Il nous faut des PME et des ETI hyper-productives.
Mon propos sera délibérément centré sur les PME et les ETI. Pour une raison principale. Les grands groupes qui opèrent à échelle mondiale ne sont ni le problème ni la solution centrale. Ce sont de grands vaisseaux qui voguent inexorablement vers le grand large et aucune autre chaîne que le dynamisme du territoire ne les retiendra durablement à leur port d’attache d’origine.

Ces grands groupes – enfin, la plupart d’entre eux – se débrouillent très bien tous seuls. Alors parlons des PME et des ETI. Pour faire simple je dirai désormais PME, sans chercher à les opposer aux grands groupes. Leur complémentarité, je dirais même leur symbiose, est nécessaire à la stratégie de la France.

Les PME, elles, inscrivent profondément leurs racines et leur stratégie sur le territoire. Les PME productives investissent ici, elles emploient ici, elles paient des impôts ici. Elles se nourrissent du territoire national et du soutien des pouvoirs publics pour se développer. C’est pour cela que le développement et la croissance rapide des PME est cruciale. Plus de PME de qualité, c’est le facteur clé de la relocalisation de la valeur ajoutée productive et du rééquilibrage de notre commerce extérieur.

Ces PME ont besoin d’affronter et de conquérir un monde complexe. Il faut qu’elles deviennent les championnes de la productivité. Les grands groupes pratiquent l’optimisation mondiale des facteurs de production et de la fiscalité. Les PME n’ont rarement d’autres choix que de pratiquer l’optimisation locale des compétences et des investissements.

Si les PME ont été les grandes victimes de la globalisation, c’est que nous avons commis un contresens historique. Le sens de l’histoire c’est de substituer du capital au travail pour renforcer notre productivité. Or nous avons fait tout le contraire. La mondialisation a accru la substitution du travail peu qualifié au capital, quitte à utiliser des combinaisons productives obsolètes. C’est d’ailleurs ce qu’ont préconisé des cabinets de conseil prestigieux. Lisez donc le livre Globality publié en 2008 par des experts du Boston Consulting Group. C’est édifiant !

La France a aggravé cette erreur en multipliant sur le territoire les incitations fiscales et sociales en faveur du travail faiblement qualifié. Elle a découragé l’investissement dans les technologies les plus modernes ; elle a détourné du système productif et de l’économie réelle une large partie de nos meilleures compétences. En conséquence, les grands groupes ont délocalisé. Quant aux PME indépendantes, elles ont sous-investi.

Nos PME doivent devenir les championnes de la créativité, de la compétence, de la productivité, de la qualité, du service au client. Il faut donner au tissu de PME les moyens de se révolutionner. N’ayant ni le bénéfice des économies d’échelle, ni celui du pouvoir de marché, il est impératif qu’elles soient à la pointe du progrès.

Je suis convaincu qu’il faut d’abord donner à nos PME les moyens de concevoir, d’investir et de révolutionner leur système technique et d’information. Ce « big bang » des systèmes d’information est la clé de tout. Il conditionne la gestion optimale des collaborateurs, des produits, des services, de l’information entre unités, la qualité de la relation avec les fournisseurs, la qualité de relation avec le client en France et dans le Monde.

Cette dimension est essentielle. C’est elle qui permet d’adapter l’offre au plus fin, d’entrer dans une co-conception, voire co-production en partenariat avec le client. Nous avons quitté le monde fordiste de la production de masse, pour entrer dans l’ère de l’innovation continue, de la relation et de la précision.

La conception et la maîtrise des systèmes d’information est un enjeu terriblement complexe pour les PME, comme pour les grandes entreprises d’ailleurs. Mais les dirigeants des PME ont besoin d’être conseillés par des experts indépendants de haut niveau. Ils doivent pouvoir utiliser les meilleures compétences. Des compétences trop souvent vampirisées par les grandes entreprises, les établissements financiers et l’État. L’accès à ces compétences est pour elles problématique. Pas facile de les recruter, pas facile de les rémunérer. Je pense que la puissance publique doit pouvoir les épauler.

J’insiste sur ce point : l’un des principaux leviers du rebond productif, c’est notre capacité à produire et faire grandir à flux continue de nouvelles PME ambitieuses. Des PME dotées de compétences et d’une productivité exceptionnelle.

Il faut passer à la réalité hyper-industrielle, à l’industrie servicielle.
L’idéologie post-industrielle d’une économie sans usine nous a trop longtemps intoxiqués. L’opposition formelle entre industrie et services nous a masqué l’imbrication profonde de l’industrie et des services.

En réalité, nous sommes entrés de plein pied dans une ère hyper-industrielle. L’automatisation, la numérisation, l’informatisation, la robotisation seront le tremplin de notre redressement productif.

Cette hyper-industrialisation dépasse très largement le périmètre de l’industrie manufacturière stricto sensu. Ce qui compte c’est de produire là où l’on peut créer de la valeur, là où l’on peut gagner en productivité, là où l’on peut gagner en innovation et en qualité.

Le nouveau système productif évolue vers une « industrie servicielle » où la frontière entre biens manufacturés et services est effacée. Les technologies de l’information permettent l’assemblage de bouquets de biens et services ajustés avec précision à la demande.

Ainsi, l’avantage est aux entreprises qui savent organiser efficacement ces produits hybrides, complexes et diversifiés. L’avantage est surtout à celles qui pensent la profitabilité dans la durée, comme savent déjà le faire les constructeurs d’avions ou d’ascenseurs. Les entrepreneurs doivent concevoir la création de valeur sur l’ensemble de la durée de vie d’un produit : cela veut dire de sa conception jusqu’aux services qui accompagnent son usage et sa maintenance.

Notre défi, c’est l’impératif hyper-industriel ! Notre défi c’est de bâtir cette hyper-industrie nationale pour rééquilibrer notre commerce extérieur. Faire rebondir notre tissu productif doit d’abord être une stratégie technologique et capitalistique. Une stratégie qui exige une grande disponibilité des expertises et des compétences indispensables à cette mutation.

Oui, on peut faire revenir les usines. Mais il va falloir affronter une réalité sociale : on fera revenir les usines, mais pas les ouvriers. Dans les usines et les bureaux, le travail répétitif à faible salaire est amené à s’effacer. C’est une condition incontournable pour localiser en France la valeur ajoutée et redevenir compétitifs. Les nouveaux emplois seront créés dans des entreprises hyper-modernes, hyper-industrielles, hyper-productives. Et c’est par déversement de cette valeur ajoutée que se créeront des emplois dans l’ensemble de l’économie.

Il faut également cesser de rêver de secteurs porteurs ou de nouvelles filières d’entraînement. Le redressement ne se résume ni aux industries de l’environnement, ni aux énergies nouvelles, ni au numérique, ni aux nanotechnologies, ni à aucun autre secteur high tech. Tout secteur peut devenir hyper-industriel et hyper-compétitif à condition d’investir dans le capital humain et les technologies les plus performantes. Ce sont nos modes d’actions, nos institutions, nos régulations qui doivent être repensées pour tirer parti des changements techniques qui sont là, sous nos yeux.

Il faut passer de l’économie à l’Iconomie.
Il faut prendre toute la mesure de la mutation qui se dessine et dans laquelle les entrepreneurs doivent jouer un rôle moteur. Il faut remettre de la passion dans le système. Il nous faut une vision stratégique. Une vision qui ambitionne de replacer l’économie française au premier rang en jouant le coup d’après et pas celui d’hier. Mais pour cela, il nous faut penser la rupture et la rendre intelligible, en faire un facteur de mobilisation.

Cette mutation n’est pas seulement de nature technologique. C’est une révolution industrielle, sociale et institutionnelle. Il nous fallait un néologisme pour désigner cette nouvelle société que fait émerger l’informatisation et l’Internet. Nous l’avons baptisée « Iconomie ». Cette Iconomie embrasse toutes les dimensions de la société, ses infrastructures comme ses superstructures.

L’Iconomie s’appuie sur deux piliers, l’un technique, l’autre anthropologique : a) un pilier technologique lié à la montée en puissance exponentielle des microprocesseurs, des logiciels et des réseaux ; b) un pilier anthropologique, qui est en interaction avec le pilier technologique : c’est la mise en réseau de toutes les organisations, toutes les personnes et de tous les objets, le passage d’organisations pyramidales à des organisations foisonnantes et interconnectées. Cela va impacter la production de biens, leur maintenance et leur utilisation, la mise en œuvre des services, la consommation.

L’Iconomie catalyse les logiques d’interaction et d’intelligence partagée. L’Iconomie permet, non seulement des bonds de productivité, mais aussi des bonds de créativité en favorisant le regard neuf et la transgression. C’est par l’Iconomie que nous donnerons une nouvelle vigueur au « made in France ».

Pour conclure : il faut sortir de la problématique du rattrapage et de l’imitation de modèles étrangers. L’Iconomie française doit puiser sa vitalité dans l’aventure entrepreneuriale. Passer de l’économie à l’Iconomie, c’est donner à notre pays un objectif stratégique. Épauler les PME et les ETI dans cette mutation, c’est enraciner cette révolution dans le territoire.

Jean-Pierre Chevènement
Merci, Laurent Faibis, de vos propos très stimulants.

Michel Volle
J’ajouterai quelques mots pour dire que, dans le travail que nous menons avec Laurent Faibis, nous avons repéré des entreprises en très forte croissance, employant à l’heure actuelle 1000 à 2000 salariés, qui sont effectivement des exemples de réalisation du schéma que Laurent vient de décrire. C’est-à-dire que l’Iconomie émerge déjà. J’ai d’ailleurs une admiration extraordinaire pour les hommes qui, grâce à leur intuition, à leur intelligence et à leur volonté, arrivent à mettre en œuvre ce modèle dès aujourd’hui. Et ça marche très bien !

Jean-Luc Gary
Monsieur le ministre, vous avez évoqué rapidement la situation préoccupante de l’industrie automobile française. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? L’industrie automobile, excessivement concurrencée, ne reflète-t-elle pas la situation de l’industrie française qui a plutôt positionné sa production sur le milieu de gamme ?

Arnaud Montebourg
Merci pour ces exposés passionnants, ces interventions vraiment très fortes. C’est un débat qui doit être mené. Il faut construire de l’intelligence collective sur le sujet parce que nous avons besoin de nous enrichir mutuellement.

Jean-Michel Quatrepoint et Laurent Faibis évoquent les nouveaux modes de production. Je partage cette analyse, je vois les choses évoluer comme un mouvement cellulaire qui se déploierait, se développerait, c’est la matière vivante de l’économie, phénomène d’ailleurs assez étonnant.

Quelle est à cet égard la stratégie de l’État ? Je crois que c’est d’abord une meilleure allocation des ressources, en finançant les secteurs en mutation et en créativité que vous développez. Investir dans ces secteurs est tout aussi important que de se porter au secours de secteurs déclinants. Mais le débat sur ce qui est déclinant ou non n’est pas clos. Vous-mêmes contestez la société du déclin. D’aucuns, lors de la crise de PSA, déclaraient : l’automobile, c’est fini ! C’est pourquoi le gouvernement a décidé de consacrer de l’argent, non à sauver ce qui ne peut pas l’être, mais plutôt à obliger les constructeurs et les consommateurs d’automobiles à porter leur offre et leur demande sur des véhicules différents qui impliquent d’ailleurs un changement de société et une nouvelle relation à l’automobile. Le véhicule électrique est une autre conception de l’automobile. Les 85% de Français qui font moins de 65 kilomètres par jour n’ont pas besoin d’autre chose que d’un véhicule électrique. Or, avec Renault, nous sommes leaders mondiaux de véhicules électriques. Beaucoup prétendaient que les véhicules électriques n’atteindraient même pas 1 % du marché… or, grâce aux bonus du gouvernement, nous en sommes déjà à 2,2 % en quelques mois. On discerne un frémissement et un changement sociétal dans la vision du moyen de transport. Le véhicule électrique concilie de façon originale silence et nervosité et son esprit de frugalité correspond parfaitement à l’usage que les gens font aujourd’hui de la voiture. Ils gardent leurs véhicules plus longtemps, ils s’en servent moins, ils économisent les réparations, changent moins souvent les pneus… L’activité de l’automobile est en train de muter. Cela amène certains à prédire la fin de l’automobile. D’autres, au contraire, investissent dans la mutation de ce secteur. C’est le cas de l’État dans le Grand emprunt. C’est le cas de certains constructeurs qui appréhendent cette mutation et sont dans le « coup d’après » : l’hydrogène et la pile à combustible permettront-ils de faire 1000 kilomètres (au lieu de 120) avec une voiture électrique ? Le véhicule thermique a-t-il encore un avenir ? Le gouvernement (9) encourage la recherche sur un moteur qui ne consommerait que deux litres aux cent kilomètres. Le rôle de l’État stratège industriel est d’inciter la filière automobile à l’innovation technologique.

Je relativiserai l’opposition entre les secteurs considérés comme perdus et les secteurs dits innovants. Dans l’art militaire il est nécessaire d’appuyer sur les points forts sans délaisser ses points faibles. Dans la guerre de mouvement qu’est devenue la guerre économique mondiale, il faut mener tous les combats. Ma stratégie n’est pas de soutenir certains secteurs en abandonnant les autres à leur sort. On nous dit qu’il faut fermer les hauts-fourneaux de Florange. Mais il y a des gens qui pensent que cette activité est rentable. Sont-ils trop loin de la mer, par où arrive le minerai de fer ? C’est l’argument de M. Mittal. Mais ils sont près du client, du marché, l’industrie automobile allemande, par exemple : il n’y a pas d’usine automobile à Dunkerque ! On aura toujours besoin d’acier. Ces aciers sont de plus en plus spécialisés, de plus en plus « froissables »… Il y a une poésie de l’acier ! Et un art de l’emboutissage… des rouleaux d’acier de moins d’un millimètre l’épaisseur, dur et souple à la fois, passent dans des emboutisseurs dont il ressort des portières, des pièces détachées : c’est magique ! Ce serait fini ? Je ne crois pas.

Je pense que votre analyse est juste mais ça ne me conduit pas à considérer qu’il y a des secteurs condamnés. La vision du ministère du Redressement productif est de mettre, tous azimuts, le plus possible de ressources et d’énergie, sans perdre trop de moyens, à la fois dans les secteurs qui paraissent condamnés (non sans vérifier qu’ils peuvent être sauvés) et dans les secteurs mutants.

Votre analyse de l’Iconomie (la co-conception, la fin du prêt-à-porter et le sur mesure, la co-production) ramène au système coopératif du modèle de société dont je parlais tout à l’heure, et qui progresse. Le consommateur travaille avec le producteur, l’ingénieur avec l’ouvrier. L’ouvrier est ingénieur, le cerveau d’œuvre est la main d’œuvre. Dans les entreprises de très haute technologie qui réalisent des performances exceptionnelles (je pense à ERAMET (10) qui fabrique des métaux spéciaux), chaque ouvrier est un facteur de productivité et travaille à améliorer les processus et les propositions. Tous ingénieurs, ils sont aussi tous commerciaux par la vision qu’ils ont du client. Chaque ouvrier est en même temps commercial et ingénieur technique ; chaque ingénieur, comme dans l’art militaire, apprend le métier de base pour pouvoir commander.

Nous partageons votre vision de l’hyper-productivité et je vous inviterai volontiers au ministère du Redressement productif pour que nous puissions nous enrichir de vos idées.

Le temps de travail pose la question du positionnement du pays dans la mondialisation, même européenne. Si nous ne prenons pas une mesure de rétablissement des marges nous ne pourrons pas investir pour monter en gamme ou nous respécialiser dans de nombreux secteurs.

C’est ce que nous faisons avec le pacte de compétitivité, en associant les mesures coûteuses et les mesures hors-coût :

Les coûts servent l’investissement, l’innovation, la montée en gamme. Faute d’argent, en effet, les entreprises ne peuvent plus investir.

Sur la question du temps de travail j’ai une approche relativiste. Le temps de travail est le fruit de compromis sociaux à un moment donné de l’histoire des nations. J’observe que le temps de travail aux Pays-Bas, en Allemagne est beaucoup plus bas dans certains secteurs très performants. Je n’en fais pas un procès. Je pense par ailleurs que nos excellents taux de productivité horaires compensent le problème des 35 heures, largement dissipé par l’annualisation du temps de travail que nous avons organisée. Sur le plan philosophique, je partage l’idée que la gestion de la pénurie est une forme de résignation. Mais j’ai pu observer dans ma circonscription les effets positifs du programme de Martine Aubry et Lionel Jospin. Les 35 heures ont créé des emplois, qui, dans les activités performantes (les abattoirs, les entreprises de main d’œuvre), sont toujours là. À cette époque, en contrepartie de la modération salariale, on embauchait trente personnes. Aujourd’hui, en contrepartie de la modération salariale, on tente de maintenir l’emploi existant. Quelle régression !

Sur la représentativité, je partage le point de vue de Jean-Michel Quatrepoint. Mais modifier les règles de représentativité (qui l’ont déjà été en 2008) ouvrirait un front avec le patronat dans une période où on a besoin d’unité tout de suite.

L’idée de Jean-Luc Gréau : régler le problème de la dette par la création monétaire au plan national, est excellente ! Ce sujet a aussi été soulevé par Jacques Sapir qui, à la place du Premier ministre grec, aurait, dit-il, utilisé les statuts de la Banque centrale de Grèce pour faire de la monnaie afin de rembourser les créanciers. Le « problème grec » n’aurait pas existé et, compte tenu du poids relatif de ce petit pays, cela n’aurait pas créé d’inflation à l’échelle européenne. Et les Grecs auraient administré une leçon d’économie à la Banque centrale européenne !

Quand mes collaborateurs (atteints d’une « bruxellose » alarmante) s’inquiètent des vingt dossiers contentieux que la Commission européenne et la direction de la concurrence nous ont lancés sur les aides d’État indues, je les rassure : si jamais nous sommes condamnés par la Cour de justice de l’Union européenne nous paierons en imprimant des billets de monopoly !
Je n’ai pas pu m’exprimer à ce jour sur la nationalisation de la dette mais mon conseiller politique, Julien Dourgnon (11) a adressé une note au directeur du Trésor pour lui poser quelques questions sauvagement rédigées : Que font tous nos créanciers dans l’agence France-Trésor ? Comment se fait-il qu’on ne connaisse pas la nature de l’encours ni les propriétaires de la créance (les Bahamas, le Luxembourg…) ?

Cette question est un sujet tout à fait central. Conservons cette idée de pouvoir de création monétaire. Peut-être, le moment venu, ferai-je des propositions pour qu’enfin nous ouvrions le débat. Jean-Paul Fitoussi pense que le problème de la zone euro n’est pas la Grèce mais l’Allemagne. Il veut la zone euro sans l’Allemagne ! Un tel penseur de la société européenne mérite d’être invité à Bercy ! Le moment viendra d’ouvrir la discussion sur la nationalisation de la dette et sur la question de la création monétaire comme outil pour se débarrasser d’un certain nombre de problèmes et mettre de l’argent dans les entreprises. Comme la Banque centrale d’Angleterre a mis 36 milliards à la disposition du gouvernement, je voudrais mettre 35 milliards, l’équivalent du Grand emprunt, à la disposition des entreprises.

L’assurance-vie pose un grave problème dont est chargée la mission Berger-Lefebvre (12). Le problème de l’assurance-vie, c’est que 4 % des encours, sur 1300 milliards d’euros, s’allouent dans les PME françaises. En ajoutant toutes les actions détenues par l’assurance-vie ça ne dépasse pas 12%. C’est une attitude antipatriotique. C’est un véritable scandale national que nous n’ayons pas l’intelligence de drainer notre épargne abondante – qui est un atout dans la mondialisation – vers le secteur productif qui aujourd’hui ne peut pas se financer. C’est notre épargne et ce sont nos entreprises. Épargne et investissement sont les grandes lois de l’équilibre économique. Sur ce sujet la réforme est en marche. S’il y a des pertes, nous « prendrons nos pertes » !

Je vous remercie, Messieurs, de ces contributions tout à fait passionnantes. Je suis très content de notre échange. Je voudrais qu’il se poursuivre et vous invite à m’adresser des contributions, à m’alerter sur des sujets. Le ministère du Redressement productif vit « les yeux ouverts » et accepte la pensée hétérodoxe, y compris les idées les plus décapantes.
Faisons converger nos efforts. Merci à chacun d’entre vous.

Jean-Pierre Chevènement
Merci, Monsieur le ministre, cher Arnaud, de nous avoir consacré tout ce temps. Merci à tous les intervenants.
Il faudrait que cet échange ait des suites parce que la vision dont a parlé Laurent Faibis est tout à fait déterminante. Je me souviens d’un propos tenu par Pierre Dreyfus (13) « Il n’y a pas de secteur condamné, il n’y a que des technologies dépassées ». Laurent Faibis le dit tout à fait autrement mais je pense que c’est l’idée.
Merci à tous. Bon courage, Monsieur le ministre, cher Arnaud.

(1) La Grande Récession (depuis 2005) de Jean-Luc Gréau (Ed. Gallimard, coll. Folio Actuel : novembre 2012)
(2) « Conscients de la gravité historique de la crise, les dirigeants allemands feraient tout ce qui est nécessaire pour empêcher que leur responsabilité soit engagée dans un démantèlement du système et que, comme l’a proféré Joschka Fischer, on puisse dire qu’Angela Merkel aura été la troisième personnalité allemande à détruire l’Europe en l’espace d’un siècle, après Guillaume II et Adolf Hitler. » (extrait de « Bundesrepublik über alles » article de Jean-Luc Gréau publié dans Causeur en novembre 2012.)
(3) M. Faibis est président de Xerfi, institut d’études économiques privé qui apporte aux acteurs de l‘économie des analyses et synthèses opérationnelles sur les évolutions sectorielles, les stratégies des entreprises, leur environnement international.
(4) La Grande Conférence Sociale a réuni au Palais d’Iéna, les 9 et 10 juillet 2012, l’État, les partenaires sociaux et les collectivités territoriales autour de sept tables rondes thématiques. Il s’agissait d’engager, par le dialogue social, les chantiers prioritaires des mois suivants.
(5) Le fonds de compensation pour la TVA (FCTVA) a pour objet la compensation par l’État aux collectivités locales, à leurs groupements et aux établissements publics locaux, de la TVA acquittée sur leurs investissements, sur la base d’un taux forfaitaire.
(6) Des générations d’écoliers se sont amusées à comparer leur « âge » à partir du chiffre au fond de chaque verre. Il s’agit en fait du numéro du moule qui a servi à le fabriquer. Il en existe 50.
(7) UGAP, établissement public industriel et commercial créé en 1985 et placé sous la double tutelle du ministre chargé du Budget, d’une part, et du ministre chargé de l’Education nationale, d’autre part. Elle est aujourd’hui la seule centrale d’achat public « généraliste » française et constitue un acteur spécifique de l’achat public, dont le rôle et les modalités d’intervention sont définis par le Code des marchés publics et l’ordonnance du 6 juin 2005, ces deux textes ayant transposé les dispositions des directives communautaires. Le recours à la centrale d’achat, elle-même soumise au Code des marchés publics pour toutes ses procédures, dispense ses clients de toute mise en concurrence et publicité préalables.
(8) TARGET2 est le système de paiement à règlement brut en temps réel en euro, développé et géré par l’Eurosystème. Il ne traite que les paiements en euros. Il n’y a pas de valeur minimale ou maximale pour les paiements. La majorité des paiements réglés dans la plateforme TARGET2 sont liés à la politique monétaire ou au marché interbancaire, ainsi qu’au déversement des soldes résultant des activités des systèmes de titres en euros et des systèmes de paiement nets en euros. Le règlement de la partie en euros des opérations de change mettant en jeu l’Eurosystème sont également traités dans TARGET2.

Comme TARGET2 est un système de paiement brut en temps réel, le règlement des opérations intervient de manière continue, transaction par transaction, sans compensation. Les règlements sont effectués en monnaie de banque centrale. Ils sont irrévocables et inconditionnels, de sorte que la finalité des paiements est assurée de façon continue tout au long de la journée .Les composantes nationales de TARGET2 étant notifiées dans le cadre de la directive européenne sur le caractère définitif du règlement, les opérations émises par un participant et imputées ne peuvent pas être remises en cause, même en cas de faillite d’un participant, jusqu’à la fin de la journée pendant laquelle la faillite a été prononcée. (source : Banque de France)

(9) A l’occasion de la conférence environnementale (15 septembre 2012), le Premier ministre Jean-Marc Ayrault fixait un « objectif ambitieux » aux constructeurs automobiles : mettre au point des véhicules consommant 2 litres aux 100 km d’ici dix ans. Le but étant, notamment, « de développer et de structurer une filière industrielle (…) de l’efficacité énergétique (…) qui accorde une place très large à l’innovation technologique ».

(10) ERAMET est un groupe minier et métallurgique français en forte croissance qui emploie environ 14 000 personnes dans 20 pays sur les cinq continents et détient des positions mondiales de premier plan dans chacune de ses activités. Les trois branches du Groupe, ERAMET Nickel, ERAMET Manganèse et ERAMET Alliages ont réalisé ensemble en 2010 un chiffre d’affaires de 3 576 M€.
ERAMET Research regroupe une large gamme de compétences et de moyens matériels dans les domaines de l’extraction minière, de la minéralurgie, de la pyrométallurgie, de l’hydrométallurgie et de la mise en œuvre des métaux non ferreux ainsi que des aciers et des alliages spéciaux.
L’implantation sur le même site que la filiale d’ingénierie d’ERAMET forme un pôle scientifique, technique et technologique capable de réaliser des projets industriels depuis leur définition jusqu’à leur mise en route effective.
Des centres de recherche dédiés à des besoins spécifiques se trouvent sur certains sites de production. Un fonctionnement en réseau permet à chacun de s’appuyer sur les compétences existantes dans le Groupe.
(11) M. Julien DOURGNON : Conseiller politique et industries culturelles et numériques.
(12) Une mission sur la réforme de l’épargne financière a été confiée début octobre par le gouvernement aux députés socialistes Karine Berger (Hautes-Alpes) et Dominique Lefebvre (Val-d’Oise). « … en leur demandant de réfléchir à ce que pourrait être une réforme de l’épargne financière, qui concerne précisément les produits d’assurance-vie. » (Jérôme Cahuzac, ministre du Budget)
(13) Pierre Dreyfus, haut fonctionnaire français, PDG du constructeur automobile Renault de 1955 à 1975, et ministre de l’Industrie de 1981 à 1982.

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Le cahier imprimé du séminaire « L’esprit du redressement productif » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation

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