Introduction de Pierre Papon

Introduction de Pierre Papon, membre du conseil scientifique de la Fondation Res Publica, directeur général du CNRS, au colloque « Quelle politique industrielle pour relever le défi climatique? » du 16 mai 2011

Après la conférence de Copenhague de décembre 2009, où un accord qu’on ne peut pas qualifier d’international avait été trouvé sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre pour tenter de limiter le réchauffement climatique à 2°C, et avant la conférence de Cancún, qui a confirmé cet accord bancal de Copenhague, nous avions pensé qu’il serait utile de faire un point sur les connaissances scientifiques concernant le réchauffement climatique (Quelles sont les hypothèses ? Comment sont-elles confortées par des mesures ? Quelles incertitudes subsistent ? Quel est le rôle d’un certain nombre de paramètres physiques ?). Nous avions donc suscité, en novembre dernier, une confrontation très intéressante entre Hervé Le Treut, qui participe au groupe de travail du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), et Vincent Courtillot, qui conteste les thèses du GIEC. Après cette première étape, qu’un accord international post-Kyoto intervienne ou pas, nous souhaitions faire le point sur les développements industriels qui ne manqueraient pas de survenir dans les pays développés de l’Ouest, au Japon et en Chine pour mettre au point et développer industriellement des filières qui ne consommeraient pas d’énergies fossiles.

C’est donc l’un des thèmes de cette soirée.

Jean-Pierre Chevènement a rappelé que, depuis une dizaine d’années, on aborde une transition énergétique. La consommation d’énergie progresse de 1,5% à 2% par an (sauf en 2009 où elle avait légèrement baissé dans le monde en raison de la crise économique) mais ce sont surtout les pays émergents qui poussent à la hausse la demande d’énergie. On peut penser que cette transition énergétique est nécessaire par les raisons climatiques que j’ai dites et par l’épuisement des réserves de combustibles fossiles. Au rythme de consommation actuel, dans quarante ou cinquante ans, les ressources de pétrole et de gaz naturel pourraient se raréfier (une échéance repoussée pour le gaz par les méthodes d’extraction de gaz non conventionnelles mises eu point aux États-Unis). Nous avons probablement un siècle et demi de réserves de charbon. Quoi qu’il en soit, on doit penser à la préparation de l’après pétrole.
La troisième donnée est la croissance économique des pays dits émergents. On observera à ce propos qu’un milliard et demi d’habitants de la planète n’ont pas accès à l’électricité.

Il y a, à l’évidence, un enjeu industriel qu’un certain nombre de pays, la Chine, l’Allemagne, les États-Unis, commencent à prendre en main en développant des filières d’énergie non carbonée. On peut estimer que l’énergie solaire n’est peut-être pas encore tout à fait mûre au point de vue économique mais ils investissent dans ce secteur. La Chine est le premier pays exportateur de panneaux solaires et si la France commence à investir depuis trois ou quatre ans dans le solaire, c’est en important massivement des panneaux solaires de Chine, du Japon et d’Allemagne.

La France a-t-elle fait les investissements scientifiques industriels nécessaires pour faire face à ces enjeux dans un contexte de transition énergétique qui s’amorce sur plusieurs décennies ?
Je ne sais pas, M. le Président, si nous pourrons lever votre perplexité.

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Le cahier imprimé du colloque « Quelle politique industrielle pour relever le défi climatique? » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation

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