Le peuple : mutations politiques, histoire électorale, représentations idéologiques
Intervention de Gaël Brustier, co-auteur avec Jean-Philippe Huelin de Recherche le peuple désespérément (éd. Bourin, 2009), au séminaire du 30 novembre 2009, Que sont devenues les couches populaires ?
Tant de choses ont déjà été dites par Christophe Guilluy qu’il me sera difficile d’éviter d’être redondant. La richesse du propos de et l’impact de ses recherches ont d’ailleurs largement déterminé la décision que nous prîmes, Jean-Philippe Huelin et moi-même, d’écrire notre petit opus.
Où vivent les classes populaires ?
Comment vivent-elles ?
Que votent-elles ?
Ce sont les questions que doit se poser aujourd’hui quiconque veut trouver une issue pacifique, unitaire et républicaine pour la nation française.
Il apparaît que la géographie sociale a imprimé une vision déformée de la société française et que la construction médiatique de cette réalité sociale est liée à ce que Jacques Lévy appelle la ville-monde (1) et à sa façon de fonctionner (le mode de fonctionnement de la nouvelle classe, aurait dit Christopher Lasch).
Enfin, je crois utile d’analyser ce qui s’est passé en 2007. Aujourd’hui la mutation en profondeur de la géographie politique du pays est insuffisamment prise en compte.
D’un point de vue intellectuel et politique, la période actuelle présente quelques similitudes avec les années pendant lesquelles Jaurès traça quelques solides perspectives républicaines tandis qu’Emile Durkheim jetait les bases de la sociologie française (Lucien Herr y fut pour quelque chose). L’un et l’autre émettaient l’idée que les grandes évolutions humaines, les grandes évolutions sociales étaient à prendre en compte pour bâtir une société nouvelle.
Nous avons voulu réhabiliter la sociologie, notamment la sociologie des milieux populaires, des milieux ruraux, totalement ignorée dans l’espace médiatique, donc politique.
Un contexte international lié à la crise de la social-démocratie
Aux États-Unis, à partir des années 1970, le Parti démocrate, sous l’influence des radicals et des amis de George McGovern, s’est totalement coupé de ses bases populaires. Nous en avons mesuré les conséquences : le basculement d’une partie des intellectuels démocrates dans le camp des néoconservateurs et la droitisation de tout l’électorat populaire américain. Voici quelques années, Thomas Franck, dans « Pourquoi les pauvres votent-ils à droite ? » (2), s’est interrogé sur les mystères de la droitisation du vote populaire au États-Unis, particulièrement au Kansas, son Etat natal, jadis populiste c’est-à-dire « de gauche ». Un ingénieur de Boeing, cité dans ce livre assez remarquable, s’étonne : « Mais pourquoi tous nos ouvriers viennent-ils jusqu’aux portes de nos villas exiger qu’on baisse nos impôts ? », un indice qui montre que la question sociale n’est pas la seule.
Cette situation a été retournée par les analyses d’Howard Dean (3) et d’un certain nombre d’experts démocrates et on a vu comment, avec la magie du verbe – et la crise aidant – Obama a pu, sur un discours rassembleur, unifier des Américains très divers.
On peut citer également les percées de la « Lega Nord » (4) d’Umberto Bossi dans l’électorat populaire, jadis de gauche, de la Plaine du Pô. On peut évoquer, en Autriche, le basculement de tout l’électorat populaire dans le camp du FPÖ (5) et du BZÖ (6) aux dernières élections au détriment du SPÖ (7) (Parti socialiste autrichien).
On peut encore parler d’un pays francophone d’Amérique du Nord où le Parti Québécois, un parti social démocrate très socialisant (la « Cuba du nord », disait-on dans les années 1970), très en pointe sur les questions sociales (dont la chanson québécoise nous donne une idée), a, pendant un temps, ouvert la voie à l’Alliance Démocratique du Québec de Mario Dumont, un parti néolibéral très ambigu sur la question de la souveraineté, qui, en reprenant les questions identitaires, a brièvement devancé le Parti québécois et le Parti libéral.
Le même schéma se reproduit partout : « gauche libertaire » et social-démocratie convertie au libéralisme ouvrent la voie à des droites perçues par les citoyens comme étant plus interventionnistes, plus protectrices que leurs adversaires dits de gauche.
La question qui se pose en France est à la fois assez similaire et originale. Elle revêt une dimension géographique, très bien décrite par Christophe Guilluy et Christophe Noyé dans leur « Atlas des Nouvelles Fractures Sociales » (8). A l’aune de cette vision géographique beaucoup de débats peuvent être réinterprétés.
Il convient de revenir sur certains mythes ou reconstructions.
La SFIO, puis le Parti socialiste, n’ont été que très brièvement dans leur histoire un parti ouvrier, d’abord entre 1905 et 1914 puis, de manière croissante et d’un point de vue militant, entre 1971 et 1983, enfin de 1977 à 1988 d’un point de vue électoral. Après cette date, l’effondrement devient patent.
Le Parti communiste, le parti tribunicien de la classe ouvrière, qui rassemblait un quart des voix en France, devait un tiers de ses suffrages à la paysannerie progressiste répartie de l’ouest de ma Saône-et-Loire natale au sud du Limousin. Le Parti communiste n’a recueilli que 1% des voix ouvrières en 2002 et en 2007.
On constate une désaffiliation massive, en France en tous cas, des ouvriers, des employés, des salariés du privé vis-à-vis du vote de gauche.
L’analyse des résultats de 2002, du référendum de 2005, et de la présidentielle de 2007 dessine une carte de France assez nouvelle. Le discriminant social et spatial est évident pour ce qui est du référendum de 2005. Il importe donc d’engager une analyse politique nouvelle de la sociologie française.
Il s’agit de rompre avec une construction médiatique de la société française. Comme l’a dit Christophe Guilluy, les métropoles (la ville-monde) sont maintenant connectées à l’économie mondialisée et à la globalisation financière. Lisant la France depuis Paris, on peut penser que le peuple a disparu, qu’il est invisible. Ce point de vue a donné naissance à la thématique de la fin de la classe ouvrière et les élites ont fini par penser que la consigne de « ne pas désespérer Billancourt » n’avait plus d’objet.
Nous avons vu, avec Christophe Guilluy, comment s’est constituée une France périphérique et majoritaire où se trouvent les vestiges de la France industrielle (l’industrie a disparu des zones urbaines denses). C’est la France qui s’abstient le plus, qui proteste le plus, c’est celle qui concentre les difficultés sociales. C’est une France sociologiquement majoritaire, elle est aussi médiatiquement quasi-invisible.
La construction médiatique de la réalité sociale française nie la nouvelle géographie sociale du pays.
L’expression « quartiers populaires », omniprésente dans les discours de ceux qui cherchent toujours un peuple à défendre, réduit les quartiers populaires aux banlieues et aux quartiers d’habitat social. Nous sommes victimes d’un effet de persistance rétinienne. De même, il me semble qu’il faut rompre avec la vision imposée et quelque peu onirique du « mouvement social », celle des Enfants de Don Quichotte ou du collectif Jeudi Noir. Je ne nie pas qu’ils soulèvent des problèmes réels. Le mal-logement touche à Paris, par exemple, beaucoup d’étudiants ou d’ « intellos précaires ». Mais s’attaquer au problème du logement ne se réduit pas à occuper l’hôtel particulier de Madame de Sévigné, place des Vosges, même si c’est médiatiquement spectaculaire. On oublie la réalité de la vie de millions de nos concitoyens pour lesquels le logement est un souci constant. On peut avoir un toit sur la tête et souffrir du froid ou voir son modeste budget obéré par des factures de chauffage astronomiques. Cette réalité-là n’émeut pas les caméras et ne tire pas des larmes médiatiques.
Les élus locaux savent qu’il est moins rentable médiatiquement de s’intéresser à la vie quotidienne d’un CCAS (9) dans une petite ville de province que de filmer un rassemblement de tentes canadiennes au bord du canal Saint-Martin.
Issu de la France rurale, celle où, selon la vision imposée par les média, des agriculteurs toujours mécontents manifestent et protestent en roulant les « r », je rappellerai que cette France rurale n’est plus paysanne qu’à 8,6%, elle est ouvrière à plus de 34,7%. Mais c’est aussi une France industrielle qui a muté : la part des établissements du secteur industriel de plus de 200 salariés est passée de 54,4% à 39,7% entre 1975 et 1996. Cette dimension spatiale permet aussi de remettre en perspective la question du déclassement. La récente polémique sur le déclassement fait ainsi l’impasse sur la dimension spatiale de ce phénomène inquiétant. Eric Maurin n’a en effet nullement intégré la dimension spatiale du déclassement dans son analyse. Ses thuriféraires non plus. Comme l’a souligné Camille Peugny (10), entre le milieu des années 80 et le milieu des années 2000, le salaire net annuel moyen des professions intermédiaires diminue de 0,4 % par an, celui des employés de 0,1 % par an, tandis que ceux des cadres (+ 0,2 % par an) et des ouvriers (+ 0,4 %) augmentent légèrement. Au final, sur la période, les professions intermédiaires perdent dix points de salaire relativement aux cadres et professions intellectuelles supérieures. Sur la période 1990-2000 : le nombre de CDD augmente de 60%, l’intérim de 130% et les contrats aidés de 65%…
Si l’on ajoute à ces données, une dimension spatiale, alors, il faut bien constater que la France subit une mutation sociale potentiellement explosive.
La France se découpe en différentes zones :
• Villes centres
• Proches banlieues (avec leurs quartiers d’habitat social)
C’est l’espace urbain dense
• Zones périurbaines
• Zones rurales
C’est la France périphérique.
La ville a profondément changé. Il est assez commun d’évoquer la gentrification des quartiers populaires.
La France des villes-centres a ses exclus mais elle connaît aussi des contradictions sociales en son sein. Le mouvement social des villes-centres est souvent constitué des « intello précaires » qui vivent dans des conditions sociales assez difficiles et ne jouent plus leur rôle en termes d’universalisation du discours. C’est pourquoi on aurait tort de résumer la ville actuelle à une simple opposition entre « bobos » et bourgeois traditionnels. Une réalité chiffrée qui parle plus que toute autre : dans les années 1960, la part des ouvriers et des employés dans la capitale était de 65%. Aujourd’hui elle est de 35%. Mais il est vrai que, dans les métropoles, et singulièrement à Paris, le rapport à la mobilité, le développement d’un entre soi qui favorise une reproduction sociale de plus en plus prégnante, la domination des valeurs d’une économie connectée à la globalisation financière, les mutations des préférences sociales et sociétales d’une partie des néo citadins, participent d’une autonomisation relative des élites.
La ville actuelle adore le consensus.
La ville est valorisante, et les campagnes répétitives contre le racisme, l’homophobie ou toute autre suspicion de comportement discriminatoire à l’égard de « minorités » ont fabriqué et légitimé la seule forme de racisme encore acceptable en France, le racisme social, la « prolophobie ». La figure du beauf orne régulièrement la « une » de Charlie Hebdo. La sortie du film « Dupont-Lajoie » (11) avait déjà mis en lumière ce racisme social français. Jean Carmet et Victor Lanoux y incarnaient la figure du Français moyen : beauf, violeur et veule. L’ouvrier, dans l’imaginaire élitaire, est raciste, homophobe, grossier… Le peuple est haïssable (pas sûr pourtant que l’on soit plus homophobe dans un atelier que dans une salle des marchés). Récemment un article du Monde diplomatique, étudiant les compositions sociologiques dans une série télévisée très en vogue dans les milieux populaires, relevait moins de 10% d’ouvriers parmi les personnages de cette série.
Le formidable succès d’un autre film « Bienvenue chez les Ch’tis » (12) marque peut-être la fin de cette dévalorisation des milieux populaires.
Il est peut-être temps de s’intéresser à cette France majoritaire, périphérique, cette France de 15 000 communes, en moyenne de 820 habitants, cette France des zones périurbaines qui offre 12% des emplois et concentre 22% des salariés, cette France de la mobilité imposée : 90% des périurbains quittent leur commune pour aller travailler (73% en moyenne nationale), parcourant, en Ile-de-France, 29,9 kilomètres en 45 minutes de transport pour aller travailler. Ajoutons à cela la nécessité pour un couple d’avoir deux voitures, donc deux crédits-voitures sans oublier un crédit pour la maison.
Je ne vous parlerai pas de la vallée de l’Arroux en Saône-et-Loire mais je ne suis pas sûr qu’il soit plus facile d’être un jeune rural habitant entre Autun et Digoin qu’un jeune habitant la Cité de la Noue à Montreuil. Il y a de nombreux travailleurs pauvres dans l’espace périurbain ou rural.
Conséquences politiques.
Depuis vingt ans, les comportements électoraux des Français ont profondément changé. Rappelons qu’en 2002, le candidat du PS a obtenu 11% des voix des ouvriers et 13% des voix des employés. Le PCF obtenait 1% des voix ouvrières. La Gauche Française serait-elle devenue une « naine blanche » (pour prendre une comparaison astrophysique), d’autant plus brillante au firmament qu’elle est en voie de rétractation ?
En 2007, la candidate du PS perd parce que la France périurbaine et la France périphérique industrielle ont préféré voter pour le candidat Sarkozy. Là où elle fait moins bien que les votes cumulés Jospin-Taubira-Chevènement, c’est dans la grande couronne parisienne et dans la périphérie lyonnaise (qui remonte jusqu’à l’Ain, Mâcon et descend dans l’Isère).
La France périphérique a choisi la contestation et… Nicolas Sarkozy !
En 2007, la France dite « des présidentiables » est essentiellement celle des métropoles, de l’Ile de France et de l’Ouest en particulier.
La France de la contestation est celle des petits candidats, c’est celle du Nord, de l’Est et du Sud du Bassin Parisien, c’est elle qui donne relativement moins de suffrages aux « grands candidats ». C’est dans cette France en particulier que la Droite opère une percée significative, alors qu’elle régresse au centre de l’aire urbaine francilienne et dans l’Ouest. On peut y ajouter aussi le sud de la Vallée du Rhône, le littoral languedocien, le Var et les Alpes-Maritimes.
Or, la France du Nord et de l’Est est, avec la région PACA et le Languedoc, le terrain de chasse habituel du Front National. Entre la carte des progressions sarkozyennes et la carte de l’implantation du FN, la coïncidence est parfaite ! A une exception : les grandes agglomérations où cette avancée de Nicolas Sarkozy n’est pas constatée.
Soulignons d’ailleurs que l’électorat passé ainsi du FN à l’UMP est plus jeune et de tempérament plus répartiteur que l’électorat UMP traditionnel. Deux éléments donc de la dynamique sarkozyste : l’extrême mobilisation de l’électorat traditionnel de la droite et la percée dans l’électorat populaire frontiste et, accessoirement, dans l’électoral rural-populaire de CPNT (Chasse, pêche, nature et tradition).
En proportion, les ouvriers et les employés frontistes de 2002 restent relativement plus fidèles à Jean-Marie Le Pen que les petits patrons frontistes. Mais en termes démographiques, capter 7 ou 10 points parmi les employés ou ouvriers a un impact décisif dans une présidentielle.
Le mot « privatisation » est plus mal connoté en 2007, dans l’électorat UMP, qu’en 2002. Si le libéralisme économique n’est plus un élément dynamique des comportements électoraux, les questions d’identité nationale par exemple semblent l’être… Conséquence : Le reliquat frontiste est logiquement plus préoccupé encore que la moyenne par l’immigration et la délinquance.
Le vote féminin.
Nicolas Sarkozy a devancé le Parti socialiste grâce, notamment, à l’électorat féminin. On connaît le discriminant de l’âge (les femmes âgées votent très majoritairement) mais il y a également un discriminant social très évident. Chez les ouvrières, Nicolas Sarkozy rassemble 32% des voix (contre 24% à Ségolène Royal). Il fait un peu moins bien chez les employées (30% contre 27%), chez les chômeuses (30% contre 21%). Chez les veuves, il culmine à 40%. Dans l’électorat ouvrier masculin, il fait jeu égal au premier tour et l’emporte au deuxième tour.
Ce vote populaire féminin en faveur du candidat Nicolas Sarkozy révèle l’échec d’un certain féminisme des centres villes (orienté à gauche) qui n’opère pas chez les femmes des milieux populaires, sans doute plus sensibles aux questions de sécurité (les longs trajets en RER l’expliquent aisément).
L’impact du vote écologiste.
J’évoquais tout à l’heure les 60% d’abstentions aux élections européennes. Nous avons vu comment, en juin dernier, les listes « Europe-Ecologie » ont distancé les listes socialistes dans les villes centres. Cela a été le cas à Paris où, rappelons les chiffres, « Europe Ecologie » a enregistré 27,5% contre 14,7% au PS avec un taux de participation supérieur de 10 points à la moyenne nationale (à Lyon c’est 23,7 contre 15,5 et une participation supérieure de seulement trois points à la moyenne nationale), dans un univers où, rappelons le, il n’y a plus que 35% d’employés et d’ouvriers.
Cela ne signifie pas que les Français adhèrent aux modes, qu’elles s’appellent Cohn-Bendit, Bové, Arthus-Bertrand ou Ushuaïa. Il faut en effet relativiser la percée écologiste. Seuls 40,63% des inscrits se sont rendus aux urnes. La France périphérique n’est pas allée voter.
Là où on vote davantage, c’est dans les villes-centres. Or, avec un taux de participation de 50% à Paris, donc de dix points supérieur à la moyenne nationale, les listes « Europe-écologie » arrivent à plus de 27%, moins de 15% pour le Parti socialiste. A Lyon l’écart se réduit, il est encore de près de 9 points, avec beaucoup moins de participation.
Une certitude reste : ce sont les classes populaires qui feront l’élection de 2012.
L’idée républicaine reste toujours un enjeu central et disputé. Les études sociologiques le démontrent. Les principes et valeurs républicaines orientent encore l’opinion d’une large majorité de nos concitoyens. La France, dans sa diversité, reste sensible à l’idée républicaine.
L’idée d’une coalition sociale majoritaire n’est pas fondamentalement neuve. Il n’y a pas si longtemps, on parlait de « front de classe ». François Mitterrand évoquait, si je ne me trompe, la nécessité d’identifier majorité sociale et majorité politique. Il y avait, à l’époque, quelque chose de gramscien dans cette approche. C’est aujourd’hui encore la pierre d’achoppement pour qui veut construire une démarche politique durable.
Il est intéressant de constater que les stratèges et responsables démocrates, de Joe Trippi (13) à Howard Dean en passant par David Plouffe ou Axelrod (14) ont tous intégré la nécessité de penser la coalition sociale à bâtir pour assurer leur victoire.
Il reste donc en France à opérer une révolution copernicienne de l’analyse sociologique et de la stratégie politique. Et cette question est posée à tous.
Je vous remercie.
Jean-Pierre Chevènement
Merci, Gaël, pour avoir ajouté beaucoup de points d’interrogation à ceux qu’avait déjà posés Christophe Guilluy.
Pour répondre à la question posée : « Que sont devenues les couches populaires ? », un essai de définition de ces « couches populaires » serait nécessaire.
Qu’est-ce que « Le peuple » ? J’en connais deux définitions : d’une part le peuple des citoyens, celui de Rousseau, qui est aussi le peuple républicain de Montesquieu, et d’autre part le peuple des travailleurs. L’un s’est d’ailleurs construit contre l’autre mais ne l’a pas entièrement étouffé. Il me semble nécessaire de poser quelques hypothèses heuristiques, destinées à chercher et à trouver la méthode pertinente pour analyser la crise de ces deux peuples successifs.
J’ajoute une question à toutes ces interrogations : N’est-ce pas la crise des opérateurs historiques qui fait la crise du peuple ? Peut-on analyser autrement la crise de ces deux concepts ?
Je me tourne maintenant vers Stéphane Rozès qui, après avoir « touillé sa marmite » remplie de chiffres, pourra certainement nous proposer quelques réponses claires à toutes ces interrogations.
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1/ Dans le Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, éditions Belin, sous la direction de Jacques Lévy et Michel Lussault, mars 2003
2/ “Pourquoi les pauvres votent à droite. Comment les conservateurs ont gagné le cœur des États-Unis ». (« What’s the matter with Kansas ? ») de Thomas Franck. Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton, éd. Agone, “Contre-feux”, 2008.
3/ Howard Dean fut candidat de l’aile gauche du parti démocrate aux primaires démocrates de l’élection présidentielle américaine de 2004.
4/ La Ligue du Nord (en italien, la Lega Nord per l’indipendenza della Padania, abrégée en Lega Nord ; Ligue du Nord pour l’indépendance de la Padanie) est un parti politique fédéraliste et régionaliste, parfois décrit comme populiste.
5/ La Freiheitliche Partei Österreichs, ou FPÖ (Parti libéral d’Autriche), est généralement considérée comme un parti populiste et nationaliste.
6/ Le Bündnis Zukunft Österreich ou BZÖ est né de la scission du FPÖ le 4 avril 2005. Le nom du parti est traduit en « Alliance pour le futur (ou l’avenir) de l’Autriche ».
7/ La Sozialdemokratische Partei Österreichs (SPÖ) (Parti social-démocrate d’Autriche).
8/ Ibid. p.3
9/ Un CCAS, Centre communal d’action sociale, est un établissement public communal intervenant principalement dans l’aide sociale et secondairement dans l’animation des activités sociales.
10/ Dans Le déclassement (Grasset, 2009), Camille Peugny décrit l’expérience vécue par les générations nées dans les années 1960, confrontées à de sévères trajectoires de déclassement alors même que leur niveau d’éducation est sans précédent.
11/ Dupont Lajoie, comédie dramatique d’Yves Boisset (avec Jean Carmet, Victor Lanoux et Isabelle Huppert) sortie en 1974.
12/ Bienvenue chez les Ch’tis, film français réalisé par Dany Boon, sorti le 20 février 2008, deuxième meilleur score du box-office français avec 20 478 523 entrées.
13/ Conseiller NTIC de Howard Dean.
14/ David Plouffe et David Axelrod, respectivement directeur de campagne et stratège/conseiller en chef de Barack Obama.
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