Accueil par Jean-Pierre Chevènement

Accueil de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica au colloque du 16 juin 2008, Où va la société israélienne ?

Mesdames, Messieurs, je vous remercie de votre présence à ce colloque que nous consacrons au thème : « Où va la société israélienne ? »

C’est peu dire que nous sommes préoccupés depuis très longtemps par le problème israélo-palestinien dont Dominique Moïsi a dit qu’il était devenu « la matrice des relations internationales ».

Nous sommes convaincus, comme beaucoup d’autres, que ce problème essentiel n’aura de solution que par la coexistence de deux Etats tout en sachant qu’on ne peut pas faire l’impasse sur la modernisation des sociétés du monde arabo-musulman dans la prospective de l’avenir de l’Etat d’Israël. Celui-ci a conquis sa légitimité internationale depuis 1948. La société israélienne est extrêmement vivante. On ne peut qu’être frappé par l’extraordinaire réussite d’Israël en soixante ans : le décuplement de sa population, une économie qui en fait l’un des pays les plus développés au monde, au18e rang pour le revenu par habitant (un peu plus de 31000 dollars). Cette réussite matérielle est incontestable, dans un contexte régional qui demeure cependant difficile.

L’environnement international a beaucoup changé, il a évolué dans le sens du soutien à Israël, tout au moins de l’acceptation, face aux défis que représentent le problème palestinien et la montée de l’islamisme radical, non seulement dans les territoires occupés mais dans l’ensemble du monde arabe et musulman où le problème israélo-palestinien est considéré comme un point de cristallisation d’une tension politique persistante.

Nous n’avons pas souhaité organiser un Nème colloque sur le problème israélo-palestinien (où nous n’aurions pas pu apporter une contribution originale. Choisissant une approche très différente, nous avons tenté d’observer les changements sociaux, d’identifier les facteurs d’évolution – positifs et négatifs – dans les sociétés palestinienne et israélienne. C’est en essayant de dégager les tendances sociologiques fondamentales que la Fondation Res Publica (dont je vous rappelle qu’elle est neutre puisque reconnue d’utilité publique) espère apporter une contribution positive à tous les questionnements que vous connaissez.

Nous écouterons successivement Monsieur Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut français des relations internationales (l’IFRI) dont il est l’un des représentants éminents et reconnus, puis Monsieur Gilbert Benhayoun, professeur à l’Université d’Aix-Marseille 3, président du « groupe d’Aix », qui a beaucoup travaillé sur le problème de l’économie palestinienne, en particulier sur la manière dont elle s’intègre à l’économie israélienne, tant il est difficile de distinguer l’une de l’autre. Ensuite, Monsieur Jean-Yves Camus, professeur à l’institut universitaire d’études juives Elie Wiesel, chercheur associé à l’IRIS, nous parlera du retour du religieux en Israël. Je donnerai alors la parole à Madame Laurence Louër, chargée de recherches à Sciences-Po et au CERI, qui traitera particulièrement du problème des Arabes israéliens. Enfin nous entendrons Jacques Huntzinger, que chacun connaît, qui fut notre ambassadeur en Israël et préside aujourd’hui la Fondation France-Israël. Avant d’ouvrir le débat conclusif entre la salle et les intervenants, je me hasarderai à quelques réflexions.

Je donne tout de suite la parole à Monsieur Dominique Moïsi pour introduire le sujet.

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