Ce travail de recherche a été réalisé avec le soutien de la Fondation Res Publica, via une bourse de recherche. Il est téléchargeable librement au format PDF.
Schématiquement, le concept de monnaie fait appel à un triple aspect : matériel, spatial et temporel. Il s’agit d’un instrument de mesure de la valeur (approche matérielle ou statique), communément accepté par une communauté ou une nation (approche historique ou temporelle) et qui a cours sur le territoire donné de cette communauté ou de cette nation (approche géographique ou spatiale). Le renouveau libéral à l’œuvre depuis les années 70 ainsi que la montée en puissance concomitante de la formalisation mathématique vont amener certains économistes à épurer le concept de monnaie de sa dimension dynamique pour le traiter exclusivement sous l’angle de la rationalité économique au sens strict : la monnaie devient un simple étalon de valeur qui a cours sur un marché donné. Cette nouvelle donne monétaire va donc se traduire par un rééquilibrage au profit d’une approche « scientifique » (au sens des sciences de la nature), plus statique (par définition) et au détriment de l’approche temporelle (qui fait appel aux apports des sciences humaines, notamment l’histoire et la science politique). C’est dans ce contexte qu’est née la notion de zone monétaire optimale (ZMO). Lorsque Robert Mundell a lancé ce concept dans les années 60, le point de départ de son analyse fut de connaître les avantages et les inconvénients des différents systèmes de taux de changes (fixes ou flexibles), à partir d’un modèle « keynésien ». Partant, une définition formelle et spatiale de la monnaie est née. Il s’agissait de répondre à la question suivante : « à quelle(s) condition(s) devient-il optimal d’introduire une monnaie unique dans une zone géographique donnée ? ». La réponse qui fut apportée est à la fois relative et incomplète : d’une part, en effet, elle se formule systématiquement par le truchement du taux de change ; de l’autre, son cadre d’analyse est celui de deux zones géographiques distinctes. Les autres critères de la zone monétaire optimale formulés au cours des décennies 60 et 70 n’apporteront pas de définition positive et absolue, pas plus qu’elles n’éclaireront la légitimité de la monnaie dans un cadre national. De manière générale, cette vision absolue et positive n’a d’ailleurs guère intéressé l’Ecole aujourd’hui dominante dans la mesure où elle implique une grille de lecture et de recherche qui soit tant dynamique que pluridisciplinaire. Prisonnière du hinc et nunc, la théorie libérale s’est montrée, ici comme ailleurs, réticente à s’ouvrir à d’autres disciplines académiques qui pouvaient pourtant l’aider à surmonter ses propres apories. Le but de cette contribution sera donc de tenter un nouvel équilibrage temporel et pluriel de la notion de zone monétaire optimale. Ses deux critères majeurs feront seuls l’objet d’un examen théorique et empirique, à savoir le critère de la mobilité des travailleurs et celui du fédéralisme budgétaire. Il s’agira de s’intéresser à ce qui est en amont des ces deux éléments fondamentaux définissant une ZMO.
Plan détaillé :
I. LA MONNAIE, INSTRUMENT D’ECHANGE, INSTRUMENT DE CONFIANCE
A) Le temps, l’argent, la confiance
B) Confiance, monnaie et souveraineté : des processus parallèles
II) L’IMPOSSIBLE EMERGENCE D’UNE ZMO SANS SOUVERAINETE : THEORIE ET PRATIQUE
A) Retour sur la notion de zone monétaire optimale
1) La mobilité des facteurs
2) L’intégration fiscale
3) L’intégration financière
3) La diversification des produits
B) Optimalité et souveraineté : la nécessité d’une concomitance
C) La confrontation aux faits stylisés : le Cas de l’Union Latine
D) L’exemple de l’Union scandinave.
E) Les leçons théoriques et pratiques de ces expériences
III) Les raisons de l’euro et de ses échecs
A) Ce que promettait l’euro …
B) … ce qui s’est réellement produit
C) L’euro comme aboutissement du putsch économique néo-libéral
IV) Les scénarii envisageables : rester, sortir ou ne rien faire ?
A) Quelles leçons pour l’avenir de l’euro ?
B) Les différents scénarii possibles1) Scénario 1 : le statu quo
2) Scénario 2 : mettre en place une vraie FED européenne
3) Scénario 3 : une sortie progressive de l’euro
Conclusion
Bibliographie
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