Etude cartographique réalisée pour la Fondation Res Publica par Kevin Limonier, allocataire de recherche et moniteur d’enseignement supérieur, Institut Français de Géopolitique (Université Paris 8) et David Amsellem, doctorant-allocataire de recherche au Centre de Recherche et d’Analyse Géopolitique (CRAG), Université Paris VIII.
Héritier de cette histoire, le Royaume-Uni actuel a su conserver une in fluence notable sur la scène internationale, notamment auprès de la plupart de ses anciennes colonies regroupées au sein du Commonwealth, une organisation intergouvernementale présidée par la reine Élisabeth II. Beaucoup de ces pays ont conservé une partie de la culture britannique, et parfois même sa langue, comme c’est particulièrement le cas dans les pays fondés, à l’origine, par des immigrés irlandais, anglais ou écossais (États-Unis, Canada, Australie) qui forment ce qu’on nomme l’anglosphère – ou le monde anglo-saxon.
Les relations du Royaume-Uni avec le monde anglo-saxon, et notamment les États-Unis, sont souvent perçues comme un obstacle à sa pleine intégration au processus politique qui lie les États d’Europe, l’Union européenne. C’est cela d’ailleurs qui a justifi é le refus français, à deux reprises, de voir le Royaume-Uni intégrer la communauté européenne – jusqu’en 1973.
Les échanges commerciaux avec l’Europe dépassent largement ceux avec les Etats-Unis et, de très loin, ceux réalisés avec les pays du commonwealth.
Dans le domaine financier, un secteur important pour le Royaume-Uni, les pays de l’Union européenne sont là aussi une source de revenus très signi ficative, en particulier des Etats comme les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne.
En cinq ans, le parti UKIP a fait une véritable percée électorale aux élections européennes. Alors qu’il n’arrive en tête nulle part en 2009 (carte 1), il remporte la plupart des régions du sud de l’Angleterre en 2014 (carte 2).
C’est dans des régions détenues par les conservateurs en 2009 que UKIP parvient à s’imposer et à réaliser ses meilleurs scores. Le parti travailliste, quant à lui, conserve en 2014 ses deux régions et en remporte trois nouvelles, là où UKIP fait également d’importants scores (supérieur à 20%). Le détournement d’une partie de l’électorat conservateur au profi t de UKIP semble ainsi pro fiter aux Travaillistes.
Un vote strucutrel ou conjoncturel ?
Les conséquences de la crise économique et l’immigration, qu’on attribue généralement à la montée des partis eurosceptiques ces dernières années, ne sont pas une explication suffi sante pour comprendre le vote en faveur de UKIP.
Ainsi, si une certaine corrélation existe dans certaines régions, ce n’est pas le cas partout. En e ffet, le parti remporte des régions où la présence de
population non britannique est inférieure à 10 % (carte 3). De même, quatre régions du sud de l’Angleterre remporté par UKIP connaissent un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale (carte 4).
Quelles qu’en soient les raisons, le vote en faveur du parti UKIP menace le parti conservateur, comme en témoignent les cartes 1 et 2. Pour cette
raison, le Premier ministre conservateur britannique, David Cameron, envoie plusieurs signaux à cet électorat tenté par le parti eurosceptique. Le
référendum sur la sortie du Royaume-Uni qu’il propose d’organiser en cas de réélection en 2017 s’inscrit dans cette stratégie politique.
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