Introduction

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du colloque "L'avenir de la langue française" du mardi 15 novembre 2022.

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du colloque “L’avenir de la langue française” du mardi 15 novembre 2022.

Monsieur le Président fondateur,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

C’est un grand plaisir de vous accueillir, toujours aussi nombreux, pour ce colloque que nous allons ouvrir en présence de notre Président fondateur.

Nous avions tenu en 2016 un colloque intitulé Quel avenir pour la francophonie ? [1]. Il nous est cependant venu à l’esprit que l’avenir de la langue française est un problème récurrent, une des questions sur lesquelles il nous paraît utile de faire le point périodiquement.

De plus, dans le précédent colloque, nous avions privilégié la Francophonie, c’est-à-dire en réalité l’appareil extérieur de ce que l’on désigne sous ce nom doté d’une majuscule. Si nous considérons ici l’existence d’une francophonie,
c’est-à-dire, au sens propre du terme, le fait de parler français, c’est bien à titre principal de l’avenir interne de la langue française que nous allons nous soucier ce soir, sans préjudice d’ailleurs d’une échappée finale sur les questions du rayonnement international du français à travers la Francophonie.

En 2016 nous avions eu des interventions très remarquables, notamment de Michèle Gendreau-Massaloux, membre de notre conseil scientifique, qui fut recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie, et de Jérôme Clément, alors président de la Fondation Alliance française. Nous avions un substrat solide pour aborder le bilan de cette question évolutive et difficile.

Nous devons l’idée du colloque de ce soir à Alain Dejammet qui nous a alertés sur l’avenir interne de la langue française, un sujet en voie de dégradation accélérée.

Ce sont les dimensions diverses de cette dégradation que nous voudrions d’abord regarder de plus près avec l’intervention d’Alain Borer, poète, critique d’art, auteur pour le théâtre, grand voyageur, essayiste et romancier, professeur invité à l’Université de Californie du Sud, Président du Printemps des Poètes.

Nous envisagerons ensuite les réponses possibles à cette dégradation de la pratique avec deux exposés :

D’abord celui de Paul de Sinety, Délégué général à la langue française, qui nous dira où en sont aujourd’hui les mécanismes institutionnels de protection de la langue. Il nous parlera certainement du projet de Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts dont il est le responsable.

Nous entendrons ensuite Mickaël Vallet, sénateur de la Charente-Maritime, qui s’est beaucoup investi d’abord en tant que maire de Marennes-Hiers-Brouage puis comme élu national dans la question de la protection juridique de la langue française. Une protection qu’il conçoit, me semble-t-il, comme dynamique et non frileuse et qui selon lui devrait passer maintenant par un renforcement de la législation.

Après lui et pour finir, Gérard Teulière, historien de l’art, universitaire, ancien directeur de l’Institut français de Valence, que nous avions déjà entendu lors du colloque de 2016, aura la charge de faire le point sur les instruments proprement dits de la Francophonie externe et interne, sur la base d’un remarquable texte qu’il vient de nous faire l’honneur de nous remettre : La francophonie combien de divisions ?  Texte dans lequel il rappelle et évalue les instruments de la francophonie au sens institutionnel du terme, c’est-à-dire l’ensemble de l’appareil de soutien et de promotion, de projection de la langue française dans le monde.

À quelques jours du sommet de Djerba de la Francophonie[2] il eût été paradoxal que nous n’abordions pas cet aspect du sujet, la Francophonie (avec un F majuscule), l’appareil extérieur multilatéral de la francophonie. En prévision de ce sommet de l’OIF, nous ferons d’ailleurs, de la façon propre à notre Fondation, un point aussi dépassionné que possible car je vois que ce sommet déclenche déjà un certain nombre de passions. Nous essaierons de nous tenir à l’écart des débats très idéologiques suscités par cette grande rencontre de l’OIF.

Je me tourne vers Alain Borer dont le livre sur la langue française, De quel amour blessée, réflexions sur la langue française, Gallimard, 2014, vient d’être réédité, et à qui nous devons le tract « Speak white ! » (Gallimard, 2019).

Pour avoir lu un certain nombre de vos écrits j’ai retenu notamment cette idée selon laquelle le français, dites-vous, est la seule langue où l’oral est toujours contrôlé par l’écrit, une idée qui m’a foudroyée par son évidence mais il ne m’était jamais venu à l’esprit que nous pouvions présenter ainsi la langue française. Vous avez écrit aussi de très jolies choses sur la féminisation de la langue française, aujourd’hui en voie d’accélération et de divagation considérables. Si le neutre est équitable – comme le souligne Nathalie Heinich, qui est intervenue dans notre colloque sur la woke culture[3], la « culture de l’éveillé », devrais-je dire – il m’est venu à l’esprit, après vous avoir lu, que le glissement du « e » à la fin du substantif et de l’adjectif est plutôt un hommage rendu à la féminité. C’est ce que vous exprimez très joliment en disant que ce « e » final est une sorte de « brumisation », formule qui m’a frappée par sa beauté. Cher Professeur, essayiste, poète, je vous laisse maintenant la parole.


[1] « Quel avenir pour la francophonie ? », colloque organisé par la Fondation Res Publica le 12 décembre 2016.

[2] La Tunisie accueille les Chefs d’État et de gouvernement francophones à Djerba, les 19 et 20 novembre 2022, à l’occasion du XVIIIe Sommet de la Francophonie. En marge de cet événement, le Village de la Francophonie est le rendez-vous incontournable de la culture francophone, du 13 au 22 novembre 2022.

[3] « La République face à la déconstruction », colloque organisé par la Fondation Res Publica le mardi 8 mars 2022.

Le cahier imprimé du séminaire “L’avenir de la langue française” est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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