Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors de la table ronde “Autour des idées de Francis Fukuyama et de Samuel Huntington” du mardi 25 octobre 2022.

Chers amis,

Alain Dejammet, un des piliers de la Fondation Res Publica, ami proche de Jean-Pierre Chevènement, notre Président fondateur, ici présent, nous fait le grand honneur de s’exprimer devant nous ce soir.

Nous recueillerons « le miel » de ses propos. En effet, nul plus que l’ambassadeur Dejammet n’a récolté de sagesse, une sagesse à la fois incisive, aigüe et en même temps très large dans sa vision du monde.

Pour les plus jeunes d’entre nous, je rappellerai rapidement sa carrière. Alain Dejammet a fait l’ENA. Il a été en poste à New Dehli, aux Nations Unies à New York, à Washington et au Caire. Directeur du service d’information et de presse du Quai d’Orsay de 1981 à 1986 il a été directeur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de 1986 à 1989, ambassadeur de France en Égypte jusqu’en 1991, directeur des affaires politiques du Quai d’Orsay de 1991 à 1995 : cela en dit beaucoup sur les tournants qu’il a vécus au cœur du Quai d’Orsay). Il fut ambassadeur auprès du Saint-Siège de 2000 à 2001. Il est ambassadeur de France, il fut aussi le président du conseil scientifique de la Fondation Res Publica qui lui doit beaucoup et dont il reste très proche. Il est aussi correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques et membre du conseil stratégique de l’IFRI dont le président nous fait l’honneur d’assister à ce dîner-débat.

Je ne dirai que peu de chose pour présenter le propos d’Alain Dejammet car ce qui lui est demandé est précisément de tenir un libre propos sur le fondement de ses expériences multiples, armé d’une qualité de parole que vous allez pouvoir apprécier mais aussi d’une expérience dont il a tiré le plus et le meilleur, la quantité et la qualité, si je puis dire.

Dans un ordre du monde pour le moins troublé, il serait intéressant de repartir du séminaire mis en place il y a vingt-quatre ans par Kofi Annam, alors secrétaire des Nations Unies, et dont Alain Dejammet, alors notre représentant à l’ONU, avait été l’un des invités. C’était au moment de la publication de deux œuvres fracassantes, celle de Huntington, Le Choc des civilisations , un ouvrage qui ne fut pas toujours bien compris et La fin de l’histoire et le Dernier Homme de Fukuyama, lequel on s’en souvient, défendait l’idée que le modèle des démocraties libérales allait consacrer la réussite des pays qui étaient amenés à dominer le monde et, de fil en aiguille, se propager, peut-être, à l’ensemble du monde. On ne peut guère d’ailleurs résumer d’une manière aussi grossière une pensée complexe, comme le dira sans doute Alain Dejammet, mais c’est à cette époque-là que le secrétaire des Nations Unies a pris une initiative originale. Il a réuni les représentants au Conseil de sécurité, quinze ambassadeurs, lors d’un séminaire à la campagne en dehors de New York pour leur demander ce qu’ils pensaient du livre de Huntington, Le Choc des civilisations. Cela a donné naissance à un texte remarquable que l’ambassadeur a écrit pour les Cahiers de médiologie [1] et qui a été reproduit sur le site de notre Fondation Res Publica [2].

Alain Dejammet est aussi l’auteur d’un autre texte remarquable, un commentaire de l’ouvrage de Thierry de Montbrial, Histoire de mon temps [3]intitulé Le Brahmane et le Pundit. Dans les deux cas nous retrouvons le même fil directeur, celui d’un responsable qui tire sa sagesse de l’expérience pratique et d’une très haute vision théorique des problèmes qui se posent dans le monde.

Nous vivions alors une époque paisible, à peine troublée par une petite guerre en Europe que personne n’avait prévue, marquée par l’évolution de l’hyperpuissance américaine vers une autre façon d’aborder les problèmes, une montée de la puissance chinoise qu’on ne pouvait ignorer…

Dans ce monde troublé l’ambassadeur Dejammet dessinera pour nous un sentier parcourant les vingt-cinq dernières années.

Cher Alain Dejammet, je vous laisse la parole.

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[1] Revue fondée en 1996 par Régis Debray
[2] Zbigniew Brzeziński, The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997 (NDLR)
« Samuel P. Huntington revisité », Contribution d’Alain Dejammet, lors d’un séminaire de travail des Cahiers de médiologie à la Fondation des Treilles, en août 2018.
[3] Thierry de Montbrial, Histoire de mon temps, Académie Roumaine, Fondation Nationale pour la Science et les Arts, Bucarest, 2018.

Le cahier imprimé de la table ronde “Autour des idées de Francis Fukuyama et de Samuel Huntington” est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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