« Chine, États-Unis, Europe, Afrique : enjeux agricoles et alimentaires entre local et global »

Intervention de Matthieu Brun, responsable des études au Club DEMETER et chercheur associé à Sciences Po Bordeaux, lors du colloque « La souveraineté alimentaire, un enjeu pour demain » du jeudi 21 octobre 2021.

Merci Lucien Bourgeois,

Merci, Madame la présidente, de votre invitation à venir partager avec vous quelques réflexions.

Mon intervention s’appuiera en grande partie sur les activités de recherche et d’analyse au Club DEMETER, un club d’entreprises du secteur agricole et agroalimentaire dont l’une des activités constitue la publication annuelle de cet ouvrage, Le DEMETER [1] dont Jean Marc Chaumet, Lucien Bourgeois et Thierry Pouch sont des membres actifs du comité de rédaction.

Je ne répondrai pas à toutes les questions que Lucien Bourgeois a posées mais j’essaierai de tracer une forme de cartographie des mondes agricoles et des mondes alimentaires en tentant une projection à l’horizon 2025, 2030 et, pourquoi pas, 2050.

Je commencerai par quelques éléments, quelques points de rupture, de blocage.

Lucien Bourgeois a souligné avec justesse la question du grand retour de la souveraineté alimentaire sur la scène française mais aussi sur la scène européenne et internationale et dans le grand public. Les grands débats sur la « souveraineté alimentaire » (terme parfois galvaudé) se sont multipliés. Ce thème revient avec la peur de manquer. Cette peur de manquer que nous avons tous connue plus ou moins il y a un peu plus d’un an et demi. Moi-même j’ai acheté un peu plus de paquets de pâtes en mars 2020 (ils sont toujours dans mon placard). Mais quand la Chine ou de grands États consommateurs augmentent leurs achats de précaution ou quand ils stockent ce n’est pas sans conséquences sur les marchés.

On sait à quel point, sur les plans économique et politique, mais aussi sur le plan de la stabilité même d’un pays en termes de contrat ou de pacte social, la question alimentaire est une valeur clé et un élément absolument essentiel. « Produire et se nourrir, le défi quotidien d’un monde déboussolé », tel est le sous-titre de l’édition 2021 du DEMETER que je codirige avec Sébastien Abis. Au sortir des épisodes de confinement, alors que le monde cherchait une nouvelle boussole, nous avons analysé dans l’introduction les attentes des consommateurs, à travers trois mots-clefs : Sécurité, Santé et Soutenabilité, d’ailleurs repris dans une publication sur la consommation [2] du Haut-commissariat au Plan due au Haut-commissaire François Bayrou.

Sécurité

La sécurité alimentaire est la première des sécurités humaines. Peut-être avait-on oublié à quel point c’est vital pour chacun d’entre nous. C’est aussi fragile. La précarité, notamment des étudiants, en France mais aussi à l’international, a rappelé le fait que se nourrir trois fois par jour pouvait être particulièrement difficile. La France compte encore aujourd’hui 8 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire et près d’un milliard d’humains souffrent chaque jour de la faim, sans compter les personnes en situation de surpoids ou d’obésité.

Santé

Le croisement entre l’alimentation et la santé a fait aussi son retour. Mener une vie saine et longue en très bonne santé passe avant tout par une bonne alimentation et le plus tôt possible (lors des fameux « 1000 premiers jours » dont on parle).

Soutenabilité

Les consommateurs ont aussi des attentes en matière de responsabilité environnementale de l’alimentation. C’est un appel très fort lancé à tous les secteurs économiques, y compris à l’agriculture et à l’agroalimentaire. L’objectif de neutralité carbone, de décarbonation de nos modes de vie, est contenu dans les stratégies françaises, avec le plan « France-relance », mais aussi dans la stratégie européenne « de la ferme à la fourchette » (« Farm to Fork ») et figure parmi les objectifs de développement durable au niveau international.

En miroir de cela quel monde se dessine face à ce tryptique Sécurité/Santé/Soutenabilité ?

On voit plutôt un monde en 3 « D » autour de Décroissance/Démondialisation/Désunion. Le lien est fort avec la question de l’autosuffisance alimentaire souvent pensée comme un repli sur soi, un repli sur nos assiettes. La souveraineté alimentaire, comme l’a rappelé Lucien Bourgeois, ce n’est pas être autosuffisant, ce n’est pas produire tout pour soi, ce n’est pas se replier sur soi. 10 % de ce qui est produit sur la planète circule. C’est finalement assez peu mais c’est aussi beaucoup parce que tout le monde ne peut pas produire de tout et tout le temps.

On sent poindre ce repli sur soi, cette incapacité à se projeter au-delà de notre assiette. Une illustration : dans le cadre de nos activités nous menons beaucoup de travaux avec des étudiants (des écoles d’ingénieurs, de Sciences Po, des écoles de commerce et de journalisme…) que nous invitons à réfléchir à l’alimentation en 2050. Avant le Covid tous se projetaient très loin dans le temps, dans l’espace, dans le sens de la philosophie même de l’alimentation, en appelant à un comité à la sécurité alimentaire mondial, à des règles mondiales, à une réforme de l’OMC, en pensant vraiment l’alimentation au-delà de nos frontières. Il y a quelques semaines nous avons fait le même exercice, avec des étudiants très différents, et nous avons vu la manière dont on se replie sur soi, sur son assiette. Chacun pense avant tout à ce qu’il va manger, pas du tout à ce que les uns et les autres peuvent manger de l’autre côté de la Méditerranée ou à l’autre bout du monde.

Ce blocage, cette impossibilité de se projeter est un véritable enjeu, en particulier pour la jeunesse, car la planète agricole et agroalimentaire est très interdépendante. L’interdépendance n’est pas un problème, à condition qu’il y ait coopération entre les peuples et les Nations. Je suis non seulement très heureux mais j’ai besoin de pouvoir manger des produits qui viennent d’ailleurs que d’Île-de-France. Cela peut valoir aussi à l’échelle de la planète.

Après avoir rappelé en introduction quelques grandes idées autour de cet enjeu de souveraineté alimentaire et ces freins dans la projection dans l’espace et dans le temps, je voudrais attirer votre attention sur cinq points qui me semble assez importants :

Les Afriques

Je suis chercheur associé dans un laboratoire sur les Afriques à Sciences Po Bordeaux. Parlant d’un continent extrêmement multiple (54 pays), je serai contraint de faire quelques raccourcis. Je vous prie de m’en excuser.

Jean-Marc Chaumet développera pourquoi l’Asie était le continent du XXème siècle. L’Afrique est peut-être le continent de demain. Mais les Afriques sont certainement le continent du XXIème siècle.

Aujourd’hui, une personne sous-nutrie sur trois dans le monde se trouve en Afrique. Et les premières personnes concernées par cette insécurité alimentaire, par la difficulté d’accéder à l’alimentation, à la fois en quantité et en qualité, de disposer même du revenu pour pouvoir acheter cette alimentation, sont les agriculteurs. Les médias ont évoqué récemment l’exemple de Madagascar qui arrive au début de la période de soudure avec le kéré, ce catastrophique phénomène de disette qui sévit ponctuellement dans la partie sud du pays.

Les Afriques sont exposées à 3 « C » qui limitent leur capacité de se nourrir et de produire : Climat/Covid/Conflits (dans « Conflits » je mets aussi toutes les insécurités). Tels sont les trois enjeux qui aujourd’hui se posent au continent africain. Derrière cette idée d’insuffisance alimentaire et de perte de l’autosuffisance alimentaire se dessine aussi un enjeu très fort de justice sociale, de sécurité alimentaire, notamment en raison du lien avec les ressources naturelles que sont l’eau ou le foncier. À l’horizon 2050, l’Afrique comptera 1 milliard de ruraux. Nous avons l’impression que le monde ne fait que s’urbaniser. Pourtant, en Afrique subsaharienne 350 millions de personnes supplémentaires vont vivre dans les espaces ruraux. La population générale du continent va doubler à l’horizon 2050 pour atteindre 2,5 milliards de personnes, et plus d’un humain sur quatre sera africain, en incluant la diaspora. Cela signifie que l’Afrique sera un continent incontournable, que les mondes ruraux seront incontournables. Le monde sera un peu plus africain et surtout beaucoup plus jeune dans les dix ou vingt prochaines années et, en Afrique, c’est 20 millions d’emplois qu’il faudra créer pour absorber cette jeunesse. Le rôle des espaces ruraux, des espaces agricoles, de la création de valeur dans les territoires ruraux est donc très important. On ne peut imaginer que tous les jeunes iront se masser dans les « monstropoles », ces immenses villes que sont Lagos, Le Caire ou d’autres. Il faudra créer des emplois dans les zones rurales. Je pense notamment à ce que fait le Maroc avec son plan « Maroc vert » dans sa version 2.0, une politique agricole dont l’ambition est notamment de créer une classe moyenne rurale.

Entre afroptimisme et afropessimisme il faut être pragmatique. C’est le continent de défis majeurs, avec des ressources naturelles à protéger, avec un risque important de compétition sur ces mêmes ressources. C’est un monde qui demain sera plus chaud, plus peuplé, plus jeune mais où les ressources seront moins nombreuses, notamment en raison du changement climatique. Le défi de l’agriculture est bien celui du climat et de la sécurité alimentaire.

Il y a un peu plus d’un an, lorsque le Programme alimentaire mondial (PAM) avait reçu le prix Nobel de la paix, son ancienne directrice générale avait rappelé de manière assez audacieuse ce qui guette les populations qui ont faim.

Elles se déplacent

Un éleveur qui ne peut pas nourrir son bétail et sa famille va un peu plus loin pour chercher des pâturages ou va en ville chercher un emploi. Parfois il franchit les frontières. Beaucoup agitent cet enjeu de la migration des pays africains d’Afrique subsaharienne qui se déverserait en France et en Europe. Aujourd’hui on observe plutôt de fortes migrations à l’intérieur du continent mais demain, effectivement, avec le changement climatique, on peut s’interroger sur cette envie d’aller toujours plus au Nord, là où il fera peut-être quelques degrés de moins.

Elles se révoltent

Lucien Bourgeois a parlé de la crise alimentaire mondiale de 2008 qui fut, au moins en partie, à l’origine des « printemps arabes », ces révolutions où l’on réclamait de la liberté, de la dignité mais aussi du pain.

Elles meurent

On meurt de faim encore aujourd’hui, il faut le rappeler.

En miroir le monde vieillit

En plus de l’Afrique et de l’Asie, un continent va continuer à croître, c’est celui des seniors. On en parle assez peu. Il y a 20 ans les seniors constituaient moins de 10 % de la population (500 millions), ils étaient deux fois plus nombreux en 2020 et seront 1,4 milliard en 2030, soit 16 % de la population mondiale. En 2050 il y aura plus de seniors chinois que d’Européens tous âges confondus.

Cela signifie de nouveaux enjeux de marché, de nouvelles attentes sociétales, de nouvelles philosophies de vie Mais cela renvoie aussi à la question du renouvellement des générations, en agriculture, au sein même de la France et à l’international.

Anticipant sur l’exposé de Jean-Marc Chaumet, qui nous parlera de la Chine, je voudrais insister sur le concept de sino-mondialisation.

Le lien est fort avec l’Afrique : entre 2000 et 2020, 50 pays africains sur 54 ont emprunté à la Chine sous diverses formes pour financer la construction d’infrastructures, de logistique, de ports, etc. C’est en particulier sur les nouvelles routes de la soie que se trouvent ces Afriques. La Chine est le premier partenaire commercial, le premier bâtisseur du continent et le premier bailleur bilatéral de nombreux pays africains.

Je parle de sino-mondialisation parce qu’aujourd’hui la Chine façonne l’avenir, aussi en termes d’alimentation et d’agriculture. Pékin prend les commandes d’un nombre croissant de secteurs, avec un capitalisme hybride et un État stratège, une surveillance numérique aussi assez importante de la population. La Chine n’est pas redevenue « l’empire du milieu », elle devient centrale et réinvente ses propres modernités, s’imposant de plus en plus comme la superpuissance d’un monde peut-être post-américain. Cette sino-mondialisation est en marche et s’incarne dans les nouvelles routes de la soie, nouvelle stratégie internationale de la Chine par laquelle la sécurité alimentaire de la Chine s’internationalise.

La question est de savoir quels rapports, nous Français, nous Union européenne, devons entretenir avec la Chine et quelle place nous laissons à la coopération avec une Afrique largement convoitée par la Chine. C’est une nouvelle bataille pour demain qui interroge la politique européenne en matière de coopération avec l’Afrique. Et je pense que les questions agricoles, alimentaires et environnementales sont très importantes dans une Afrique extrêmement dépendante des marchés internationaux pour sa sécurité alimentaire.

De nouvelles zones de bataille, de concurrence entre les puissances

Lucien Bourgeois a mentionné l’Australie. Aujourd’hui se dessine aussi l’importance de la zone indopacifique, nouvelle zone stratégique de bataille et d’influence. On a rappelé la crise des sous-marins et la crise de l’orge entre la Chine et l’Australie. L’Indopacifique est un concept fusionnant les océans indien et pacifique, une zone qui rassemble deux tiers de la croissance économique mondiale de la dernière décennie et dans laquelle les VIP (Vietnam, Indonésie, Philippines), ces « non-puissances », ces États qui émergent, ont des besoins alimentaires très importants.

L’Australie est au milieu. Elle a aussi besoin de soutiens et d’accords, elle ne peut pas se couper des marchés asiatiques mais en même temps elle entretient des relations diplomatiques et militaires avec les États-Unis et la Grande-Bretagne.

On a donc une zone de mondialisation nouvelle, avec une Chine très présente sur son arrière-cour, donc des tensions d’importance. Les relations se tendent notamment entre la Chine et l’Australie (même si elle s’est engagée en novembre 2020 dans le RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership [3]).

La France, au cœur de cette zone avec les territoires ultra marins, a une présence stratégique importante.

Je voudrais insister pour finir sur trois éléments thématiques qui me semblent essentiels pour la souveraineté alimentaire de demain.

La question normative

Nos vies sont guidées par les normes, essentielles à la vie en collectivité pour toutes les formes d’organisation politiques et sociales. Ce que l’on achète, ce que l’on mange, ce avec quoi on se déplace, on communique, tout est guidé par les normes mais derrière ces normes, il y a aussi du pouvoir et des enjeux alimentaires, des systèmes de compétition et de concurrence.

Les normes (normes règlementaires, des normes volontaires, prescriptions techniques et qualitatives) sont un creuset d’intelligence économique, une arme stratégique (on a parlé de « l’effet Bruxelles », capable d’imposer des normes), un tremplin pour l’innovation, mais aussi un outil de prévention des crises. La normalisation a vocation à prospérer dans le secteur agroalimentaire, en proie à des mouvements stratégiques d’envergure, situé en première ligne face aux effets du changement climatique et, qui plus est, confronté à des crises régulières.

Ce matin, au sein du club DEMETER, nous recevions le directeur de l’association des producteurs de pommes et poires en France. Interrogé sur le principal risque menaçant la production de fruits et légumes, il répondait que ce n’est pas l’eau ni le risque climatique, mais le risque règlementaire, le risque normatif, la règle. On peut difficilement imaginer produire demain avec les règles et les normes actuelles. Les temporalités de l’agriculture ne sont pas compatibles avec les décisions politiques actuelles.

La Chine impose aussi cette normalisation. Son essor économique et l’arrivée de Xi Jinping à la présidence en 2013 ont fait évoluer sa posture. Longtemps tributaire pour son insertion dans les échanges internationaux des normes et standards édictés par les fabriques occidentales, Pékin œuvre désormais pour changer les règles et multiplie les efforts pour pousser son avantage dans les enceintes normatives internationales.

Si je mène la réflexion un peu plus loin en termes de normalisation, je dirai que la première puissance dont on devrait parler, ce sont les consommateurs, c’est l’opinion. De plus en plus de gens font leurs courses en utilisant des applications comme Nutri-score, avec ces normes qui échappent parfois à la compréhension des gens faute de transparence. Se dirige-t-on vers des systèmes de consommation alimentaire dirigée, où notations et applications numériques favoriseraient des interdits d’achat, donc de production agricole en amont ? Comment cultiver l’esprit critique des consommateurs demain sans que le numérique ou les notations conditionnent tous leurs achats ?

La « foire au carbone »

L’objectif européen de neutralité carbone en 2050, les enjeux de justice climatique (Urgenda Foundation aux Pays Bas, la « Marche pour le climat »), font qu’aujourd’hui la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre est admise par tout le monde. Si je parle d’une « foire au carbone », c’est parce que tout le monde se met en ordre de bataille, tout le monde réfléchit à la manière dont on peut stocker du carbone, faire de la compensation carbone.

Les mondes agricole et alimentaire sont essentiels dans cette phase. L’agriculture est triplement impliquée : responsable d’émissions de gaz à effet de serre, principale victime du changement climatique et des conséquences de ces émissions de gaz à effet de serre, elle fait aussi partie de la solution en termes de stockage du carbone.

De nombreuses questions se posent :

Que signifie une agriculture décarbonée ? Les politiques qui vont être mises en œuvre (moins d’intrants) auront-elles des conséquences sur les niveaux de production ?

Rémunèrera-t-on demain des agriculteurs pour leur capacité à stocker du carbone ? Quel business model pour les agriculteurs ?
Peut-on imaginer demain une taxe carbone sur les produits agricoles et alimentaires au sein de l’Union européenne ?

Les pertes et gaspillages

Toutes ces transitions, cette décarbonation, ne peuvent aller sans de véritables changements dans la durabilité des systèmes alimentaires, dans nos régimes alimentaires, donc dans les pertes et gaspillages. Je voudrais insister sur cet élément qui me semble absolument essentiel. Le 16 octobre 2021, journée internationale des systèmes alimentaires durables, on a beaucoup parlé des enjeux des pertes et gaspillages alimentaire et des nouvelles attentes des consommateurs. Quand on réfléchit à l’alimentation, il faut aller « de la ferme à la fourchette » (Farm to fork), ou de la table à la fourche car dans nos assiettes il y a toujours des agriculteurs. Toute l’alimentation que l’on jette, ce sont des productions qui ont été à l’origine d’émission de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, un tiers de la production alimentaire est perdue ou gaspillée. En France cela représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre, 3 fois plus que le trafic aérien national.

Ce gaspillage est-il lié à la réduction de la valeur monétaire de l’alimentation ? Est-il lié au changement de pratiques, de modes de consommation ? Un consommateur français jette en moyenne 30 kg de produits agricoles alimentaires par an, dont 7 kg n’ont même pas été ouverts ni déballés. Cela signifie qu’il y a un vrai enjeu en termes de système alimentaire.

Donc penser l’autosuffisance alimentaire comme enjeu de demain exige de dérouler la réflexion, au-delà des politiques agricoles et des politiques de puissance, jusqu’au consommateur. C’est aussi la raison pour laquelle je vous invite à consulter le nouveau rapport du Haut-commissariat au Plan sur les consommateurs à travers la planète. Aller jusqu’au consommateur, jusqu’à nos pratiques individuelles de consommation puisque, je le répète, la plus grande puissance de demain est le consommateur.

Je vous remercie.

Marie-Françoise Bechtel

Vous avez donné des chiffres et des faits extrêmement intéressants. Vos propos sur le gaspillage me font penser que le problème est un peu analogue à celui des économies d’énergie. On se dit qu’on est vraiment dans un système parallèle avec l’agriculture. Ce que vous avez dit, d’ailleurs, sur la taxe carbone aux frontières nous ramène aussi à la question industrielle.

Nous allons maintenant écouter Thierry Pouch qui va nous parler des États-Unis.

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[1] Produire et se nourrir : le défi quotidien d’un monde déboussolé, sous la direction de Sébastien Abis, Matthieu Brun, IRIS éditions, février 2021. Le Club DEMETER est l’écosystème associatif du secteur agricole et agroalimentaire dont les réflexions prospectives sont tournées vers les enjeux mondiaux, les dynamiques d’innovation et les expériences intersectorielles.
[2] « Consommation et pratiques alimentaires de demain : quelle incidence sur notre agriculture ? », note du Haut-Commissariat au Plan, publiée le 21 octobre 2021.
[3] Le Partenariat économique régional global (RCEP) est un projet d’accord de libre-échange (ALE) entre les dix États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) et ses six partenaires de l’ALE (Australie, Chine, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande et République de Corée).

Le cahier imprimé du colloque « La souveraineté alimentaire, un enjeu pour demain » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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