Géopolitique. L’Allemagne : de l’hégémonie en Europe à la puissance mondiale ?
Intervention de Claude Martin, Ambassadeur de France à Berlin de 1999 à 2007, auteur de « La diplomatie n’est pas un dîner de gala » (Éditions de l’Aube, 2018), au colloque « Ordolibéralisme, mercantilisme allemand et fractures européennes » du 19 novembre 2018.
Ambassadeur en Allemagne pendant neuf ans, je continue à m’intéresser beaucoup à ce pays auquel je consacrerai le deuxième volume de mes mémoires.
Je suis naturellement enclin à approuver beaucoup des choses qui ont été dites autour de cette table, sous différents angles, par différents orateurs et témoins, aussi bien sur l’analyse profonde et ancienne que sur les évolutions récentes et les pronostics pour les mois qui viennent.
« Tu ne connais rien à l’Allemagne. Tu es un spécialiste des questions asiatiques », m’a-t-on dit quand je suis parti pour l’Allemagne après avoir passé quinze ans en Chine. J’avais toutefois travaillé plus de vingt ans sur les questions européennes au Quai d’Orsay et le fait que j’ai passé ensuite neuf ans en Allemagne m’a sans doute permis d’être accepté dans le club des spécialistes de l’Allemagne.
J’insisterai sur deux ou trois choses fondamentales.
La première, c’est que l’Allemagne est notre voisin, cela depuis très longtemps. Nous nous en sommes aperçus dans des moments difficiles. Nous en avons souffert. Aujourd’hui on a l’impression qu’on a oublié ce fait très simple : A mon retour de Berlin, je souhaitais continuer à suivre l’actualité allemande au quotidien et ce furent des heures de négociation au téléphone avec divers opérateurs simplement pour recevoir, chez moi, à Paris, l’ARD (Arbeitsgemeinschaft der öffentlich-rechtlichen Rundfunkanstalten der Bundesrepublik Deutschland) et ZDF (Zweites Deutsches Fernsehen). Nous recevons toutes les chaînes des équipes de football, les chaînes chinoises, portugaises, italiennes brésiliennes, russes… mais il est très difficile d’écouter tous les soirs les nouvelles d’Allemagne !
Ce premier paradoxe en éclaire et en laisse deviner beaucoup d’autres. Beaucoup des élites françaises parlaient allemand, elles ne le parlent plus. Beaucoup des élites françaises lisaient des journaux allemands, en particulier la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) et, pour les intellectuels, la Süddeutsche Zeitung, c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. L’Allemagne est donc un pays qui n’existe pas ou, en tout cas, qui est là mais qui ennuie.
« Tu vas t’ennuyer ! », ai-je aussi entendu quand je suis parti comme ambassadeur en Allemagne. Je n’étais pas du tout prêt à m’ennuyer car, dans les relations franco-allemandes, quelque chose était en train de se passer. La République de Bonn, notre aimable partenaire depuis très longtemps, vivait ses derniers mois et on s’apprêtait à transférer la capitale à Berlin. En même temps, on s’attendait à ce que les prochaines élections soient gagnées non par le « sympathique » Helmut Kohl mais par quelqu’un dont on ne savait pas grand-chose, sinon qu’il ne voyait pas d’un bon œil la relation trop étroite avec la France. Tout cela s’annonçait assez mal. Gerhard Schröder, qui était du Nord, de Hanovre, avait décidé que, dès son arrivée au pouvoir, il se lancerait dans une relation particulière avec Tony Blair pour initier une nouvelle politique européenne orientée vers « la social-démocratie de droite », « le Mitte » (le centre) pour les Allemands. « Les rapports avec l’Allemagne vont être difficiles, apprêtez-vous, Monsieur l’ambassadeur, à avoir des combats à mener pour rappeler que la France est importante et que nous avons des intérêts. », telle était la tonalité de toutes les visites que j’avais faites au moment de partir.
Neuf ans plus tard, en quittant l’Allemagne, le 24 septembre 2007, j’ai écrit quelque part – et je l’écrirai de nouveau dans le livre que je suis en train de préparer – que Gerhard Schröder a été le meilleur chancelier que nous puissions espérer.
J’ai connu la fin de Kohl, puis Gerhard Schröder, puis Angela Merkel. Les mandats de Gerhard Schröder furent certainement pour nous la période la plus satisfaisante, pour la qualité du dialogue comme pour la défense de nos intérêts. Bien sûr, l’Allemagne est l’Allemagne. Nous savons que nous sommes différents. Nous n’avons ni la même histoire ni les mêmes façons de vivre. Des chercheurs ont passé des années à étudier « les malentendus franco-allemands » [1]. En son temps, Victor Hugo, emmenant Juliette Drouet dans un petit hôtel de Heidelberg, s’était aperçu que les Allemands ne se couchaient pas comme nous : leurs lits avaient deux édredons au lieu d’un drap. Tout est à l’avenant. Il faut accepter que nous sommes différents.
Et nous nous sommes engagés dans l’Europe avec des visions différentes.
La France pensait entrer dans une Europe dont elle serait le moteur, où elle retrouverait sa puissance et son influence mondiale, avec l’aide d’une Allemagne occupant une position secondaire.
Les Allemands avaient une vision assez largement différente. Il s’agissait, après le trauma dont Jean-Pierre Chevènement a rappelé la profondeur, de reconquérir une respectabilité, d’être des gens bien, Die Anständigen, répétait Gerhard Schröder. Cela en se réconciliant avec la France puis en construisant avec elle l’ensemble européen, en entrant dans l’Alliance Atlantique, en faisant partie des grandes nations démocratiques et civilisées.
Au-delà de cela, il y avait toutes les différences dont M. Beffa a très bien rappelé la profondeur : les différences industrielles, les différences de conception des relations entre l’économie et la politique, entre les industriels et les financiers, les industriels et l’État… J’ai grand plaisir à retrouver ici Jean-Louis Beffa qui fut l’un des grands patrons qui ont vraiment porté le dialogue franco-allemand, notamment lors des Rencontres franco-allemandes d’Évian [2] fondées en 1992 par Antoine Riboud et son partenaire Edzard Reuter (Daimler-Benz). Je me souviens de scènes assez cocasses. À Évian, pendant la journée, les grands patrons français et allemands dialoguaient car ils se connaissaient très bien. Et après le dîner chacun allait de son côté. Quand le président Sarkozy débarquait, tous les patrons français couraient derrière lui pour obtenir l’intervention de l’État dans l’action des entreprises. Quant aux Allemands, qui n’ont jamais eu l’idée d’aller parler à leur ministre ou à leur chancelier, quand il se déplaçait, ils allaient simplement boire du vin blanc au bar sans qu’un Français vînt les rejoindre, sauf… Jean-Louis Beffa. C’est ce qu’il faut faire. Le dialogue franco-allemand ne consiste pas à se réunir des deux côtés d’une table et d’aller ensuite chacun de son côté. En matière de défense, la brigade franco-allemande (BFA) n’a jamais fonctionné parce qu’à l’heure du repas les Allemands se dirigeaient vers le mess allemand et les Français vers le mess français. À bord des Jeep, les militaires allemands attachaient leur ceinture avant même de tourner la clé de contact tandis que les militaires français ne bouclaient surtout pas leur ceinture parce que depuis la guerre d’Algérie ils devaient pouvoir sauter du véhicule dès qu’ils arrivaient dans une zone de conflit. Tout est différent. Et à partir du moment où on ne veut pas tout simplement se connaître, se parler, dialoguer, on érige ces différences en motifs de conflits.
Helmut Kohl était un Rhénan formidable qui pleurait en évoquant les malheurs que nous avions subis ensemble et surtout tout le mal que l’Allemagne avait fait à la France. C’est pourtant le même Helmut Kohl qui a posé toutes les bases de ce qui ensuite nous a été désagréable. Avec son ministre des Finances, Theo Waigel, il a posé les bases de l’ordre monétaire européen dont nous souffrons aujourd’hui. Il a écarté l’écu d’une pichenette, décidant de ce que devait être la monnaie européenne. En échange il a accordé au président Mitterrand deux ou trois satisfactions, notamment Arte, une « télé-culture » appréciée des Français mais que les Allemands ne regardent pratiquement pas… et un certain nombre d’autres sujets de satisfaction secondaires.
Ce n’est pas Helmut Kohl qui a fait la réunification mais, constatant la vitesse à laquelle celle-ci se réalisait, il a fait en sorte que l’unité allemande soit reconstituée d’une façon immédiatement solide et sensible.
Surtout, c’est Helmut Kohl qui a fait l’élargissement. J’ai travaillé pendant quatre ans à Paris, en tant que directeur général des Affaires européennes du Quai d’Orsay, sur ce processus que nous voulions ralentir. Il n’était pas question bien sûr d’empêcher les pays de l’Est de nous rejoindre. Mais tout le monde était conscient que leur entrée changerait complètement le projet européen. L’idée d’introduire des critères venait d’Alain Juppé auprès de qui je travaillais. François Mitterrand était favorable à l’idée de créer deux ensembles qui se seraient rejoints dans un grand ensemble supérieur (fédération ? confédération ?). Helmut Kohl a balayé tout cela. La France était selon lui en train de nier la réalité d’une Europe beaucoup plus proche de l’Allemagne que de la France. J’avais passé quelques mois en Allemagne en immersion clandestine avant de prendre mon poste d’ambassadeur afin de maîtriser parfaitement la langue. Partout j’avais entendu les mêmes réflexions, de la part des politiques comme des chauffeurs de taxis : C’en est fini de cette relation un peu étouffante avec la France, nous retrouvons la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, nous allons renouer des relations avec la Russie. Nous avons beaucoup à faire avec ces pays à l’égard desquels l’histoire nous donne des devoirs. Nous allons aider les Polonais à se familiariser avec une partie de leur territoire qu’ils ne connaissent pas car il est en fait allemand, m’avait dit Helmut Kohl lors de notre entretien d’adieu avant l’arrivée de Gehrard Schröder. C’est dire que les yeux étaient complètement tournés vers l’Est. C’est pourquoi je peux dire que nous avons été quelque peu aveuglés par l’image que nous nous faisions d’Helmut Kohl.
Gehrard Schröder, au début, a paru vouloir prendre ses distances vis-à-vis de la France, se rapprocher des Anglais et, d’une façon générale, être présent dans le monde. Il montrait selon moi une volonté de normalisation. Helmut Kohl était le dernier à porter les péchés de l’Allemagne, à s’excuser chaque fois qu’il s’inclinait devant une tombe. Gehrard Schröder voulait rompre avec ces postures en cassant le « couple franco-allemand », si couple il y avait, et en se débarrassant de tous ces mécanismes par lesquels la France continuait à garder un œil sur l’Allemagne. Surtout il voulait refaire de l’Allemagne un pays « normal » au sein de l’OTAN comme dans le monde. Cela s’est mal passé, ses déclarations ont été immédiatement l’objet de scandale. Il a lui-même réagi de façon assez vive en disant qu’il était lassé d’être harcelé par « les avocats juifs new-yorkais ». Après le 11 septembre 2001, il a compris qu’il ne pouvait plus tirer à boulets rouges sur les États-Unis, qu’il ne pouvait plus mener cette guerre de normalisation, qu’il fallait redevenir le bon élève s’inclinant devant la douleur américaine. Il a engagé la Bundeswehr en Afghanistan et ensuite à la marge de l’Irak. En même temps, il a découvert que l’Europe – en particulier le franco-allemand – était bien utile. Et le couple Chirac-Schröder s’est mis à fonctionner alors que cela avait très mal démarré avec le catastrophique traité de Nice, comme M. Beffa l’a justement rappelé. Dans la deuxième période Schröder des politiques industrielles communes ont été mises en place ou renforcées (Areva, EADS etc.), la France et l’Allemagne ont cherché des terrains de coopération, contre l’Europe, contre la Commission. On pense à la guerre commune franco-allemande contre une directive européenne sur la chimie. Dans le domaine de l’union économique et monétaire, Gehrard Schröder et Jacques Chirac ont commencé à critiquer la règle des 3 %. Au grand dam de Hans Eichel, son ministre des Finances, Gehrard Schröder a cédé un peu sur les déficits allemands, arguant que les grandes puissances ne pouvaient être soumises aux mêmes règles budgétaires qu’un pays comme l’Estonie qui n’a pas une université mondialement connue, qui n’a pas d’armée et compte sur l’Europe pour la défendre contre la Russie. Les déficits des grands pays européens servent donc les intérêts des petits États de l’Union européenne. Pendant quelques mois l’Allemagne a montré une vraie compréhension de la façon dont il fallait lire les règles européennes par rapport à des intérêts qui n’étaient que trop bridés.
Gehrard Schröder est parti. Mme Merkel est arrivée avec une optique totalement différente. Comme Thomas Wieder le rappelait, elle est d’abord un chef de parti. Chancelière, elle a des responsabilités internationales mais toute son action est d’abord concentrée sur le souci de garder le pouvoir, de tenir sa faction politique. Ce n’est qu’après s’être assurée de la solidité de la coalition qu’elle se consacre à asseoir la puissance de l’Allemagne en Europe et dans le monde. Héritière de Helmut Kohl, elle est revenue aux positions d’une CDU bonne élève de l’OTAN et de l’Europe, renonçant aux écarts de Gehrard Schröder en direction de « l’axe du mal » (Paris-Berlin-Moscou). D’autant que les règles budgétaires de l’Europe fixées par Helmut Kohl conviennent parfaitement à l’Allemagne. Règles appliquées continûment pendant les trois mandats de Mme Merkel.
Et voilà que les choses s’effondrent. Voilà que soudain Donald Trump n’aime plus l’Allemagne, alors que Barack Obama l’avait caressée dans le sens du poil. Voilà que l’automobile allemande, cœur du cœur de l’industrie allemande, est frappée directement. Et voilà que l’Allemagne, bon petit soldat de l’Alliance Atlantique et de l’Union européenne, où elle partage avec tout le Nord de l’Europe le culte de l’orthodoxie budgétaire, se retrouve un peu seule. Juste avant le voyage de Mme Merkel à Washington, M. Macron y avait effectué une visite amicale, triomphale, évoquant La Fayette, plantant un arbre de l’amitié, s’exprimant devant le Congrès et en faisant dire par ses communicants que la France c’est quand même autre chose que l’Allemagne qui porte encore sur elle tous les péchés du monde, le dernier péché étant celui de l’automobile. Mme Merkel, qui ne peut plus s’appuyer sur le multilatéralisme ni compter sur la solidarité à l’intérieur de l’Europe, prend conscience, par exemple à l’occasion de l’embargo iranien, que même l’euro ne nous protège pas. Elle l’a dit elle-même dans le discours d’Aix-la-Chapelle et l’a redit à Meseberg en juin. Il fallait y penser plus tôt, lui diront ceux qui souffrent de l’euro, ce carcan allemand sur l’économie européenne. La discipline qu’exige l’euro à l’intérieur ne donne pas à l’Europe l’indépendance monétaire pour faire face aux États-Unis qui nous imposent la règle du dollar. Mme Merkel retombe dans une situation pleine de brouillard. Comme ses prédécesseurs, M. Macron s’adresse à elle avec beaucoup d’élan européen mais exprime son point de vue d’une façon incompréhensible pour les Allemands. Lors du discours de La Sorbonne, les Allemands se sont dit qu’il s’adressait aux intellectuels français (et comptaient peut-être sur Daniel Cohn-Bendit pour leur donner accès au sens de ce discours). Mais le discours prononcé par Emmanuel Macron à la Pnyx (Athènes, le jeudi 7 septembre 2017 [3]), avec des mots que les Allemands n’emploient jamais, était incompréhensible ! Helmut Kohl avait justifié la fondation de la chaîne Arte, accordée à la demande de François Mitterrand, en disant : ça fait plaisir aux intellectuels français qui se réveillent la nuit pour regarder Arte. Personnellement, quand je me réveille la nuit, j’ouvre mon réfrigérateur, je bois la moitié d’une bouteille de lait et je vais me recoucher. Mme Merkel, très grande scientifique, est beaucoup plus sophistiquée que ne l’était Helmut Kohl mais l’incompréhension subsiste face à la formulation très compliquée des idées françaises. Les Allemands attendent qu’on les éclaire sur des sujets précis : Le budget européen signifie-t-il que nous allons payer les dettes des autres ? Le Fonds monétaire constitue-t-il un mécanisme de sécurité ? Mais il est très difficile de dire en français des choses simples que les Allemands peuvent comprendre. Quand un chancelier parle à l’Assemblée nationale la plupart des députés mettent leurs écouteurs, faute de connaître la langue. Il en est de même aujourd’hui quand un président français parle au Bundestag où autrefois l’on comptait de nombreux francophones. Mais au-delà de la langue elle-même il faut être capable de dire clairement des choses simples.
Les Chinois sont devenus arrogants, m’a-t-on dit quand je suis rentré de Chine, on a du mal à discuter avec eux. Les Allemands sont devenus arrogants… ai-je entendu quand je suis revenu de Berlin. Ce sentiment est selon moi le reflet d’un complexe d’infériorité français. La France a tendance à attribuer ses difficultés au partenaire ou à l’adversaire. Regardons-nous. Soyons fiers de ce que nous faisons de bien. Essayons de nous corriger quand c’est nécessaire. Dans un certain nombre de combats franco-allemands nous avons tout simplement rendu les armes, comme Vercingétorix devant César. Nous avons adopté la vision monétaire de l’Allemagne dans l’union économique et monétaire. Lorsque nous avons voulu faire progresser le marché intérieur européen, les Allemands ont répondu que c’était l’affaire des Länder. En revanche je me souviens d’une anecdote célèbre : alors que nous voulions uniformiser les casques et les vestes des pompiers au niveau européen, Helmut Kohl nous avait expliqué qu’on tuait l’Allemagne, que jamais on ne modifierait la tenue des pompiers allemands ! La subsidiarité peut donc aller très haut en fonction du fédéralisme allemand. Mais les Allemands n’ont aucun problème à discuter de l’usage de la force nucléaire … dont ils ne disposent pas ! Et depuis quelques temps on commence à reparler d’un siège franco-allemand au Conseil de sécurité ! Si nous voulons partager ce que nous avons, les Allemands sont prêts à en discuter mais ils sont au regret de nous dire qu’ils ont des points durs sur lesquels ils ne peuvent pas négocier car il en va de l’identité allemande.
Il faut donc être conscients de la façon dont nous sommes construits les uns et les autres, des choses essentielles et de celles qui le sont moins. Hubert Védrine a coutume de dire : Avec les Allemands il y a 30 % de sujets sur lesquels nous sommes d’accord, 30 % sur lesquels nous serons toujours en désaccord et 30 % sur lesquels on peut travailler. Je serais plus optimiste sur la proportion, je pense qu’on peut faire plus, mais il faut être conscients qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire. Rien n’est pis que d’essayer de faire du bricolage, de l’artifice et de la cosmétique sur les sujets sur lesquels nous ne pouvons pas travailler ensemble.
La priorité est d’identifier les zones dans lesquelles nous pouvons travailler.
Il faut ensuite travailler à rapprocher les peuples. Encore une fois nous sommes voisins, les touristes allemands sont très nombreux en France. Malheureusement, d’après les statistiques, ils ne font que traverser la France en allant vers la Costa Brava ou la Toscane. Il faut donc qu’il y ait plus de contacts humains, une meilleure connaissance de la langue, il est absolument fondamental que deux peuples aussi proches, qui ont tant d’intérêts à combiner ou à protéger, parlent un peu plus la langue de l’autre.
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[1] Au jardin des malentendus – le commerce franco-allemand des idées, Jacques Leenhardt et Robert Picht (éd. Acte sud, juin 1992).
[2] L’objectif de ces rencontres, qui rassemblent chaque année en septembre environ 40 participants à l’Evian Royal Resort, est de prolonger au niveau des entreprises la coopération franco-allemande et d’établir des relations personnelles entre leurs dirigeants. Les ambassadeurs d’Allemagne en France et de France en Allemagne y prennent également part. Des thèmes d’intérêt commun aux entreprises des deux pays sont discutés pendant un jour et demi. Les défis de la construction européenne sont également abordés, en particulier l’euro, la gouvernance et l’élargissement de l’Europe ainsi que les relations franco-allemandes.
[3] Ce discours du président de la République est disponible sur le site de l’Elysée.
Le cahier imprimé du colloque « Ordolibéralisme, mercantilisme allemand et fractures européennes » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.
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