La Turquie, de l’émergence aux premiers revers économiques: causes et conséquences politiques

Intervention de Deniz Akagül, économiste, maître de conférences à l’Université Lille 1, direction de l’ouvrage « Configurations économiques dans l’espace post-ottoman », (CNRS Editions, 2014) et co-auteur de « La Turquie, d’une révolution à l’autre » (Pluriel, 2013), au colloque « Où va la Turquie? » du 29 mai 2017.

Mesdames,
Messieurs,
Je vous propose de vous livrer une analyse de l’économie turque depuis la crise de 2001, une période récente qui peut être divisée en deux sous-périodes : d’abord celle de l’émergence, puis celle des premiers revers économiques.

L’histoire de l’émergence aux premiers revers économiques:

Lorsqu’il est question de l’économie turque, on cite souvent ses atouts. Il s’agit en effet d’une économie qui dispose de nombreuses atouts, comme l’absence de rentes naturelles qui découragent l’effort productif, la vitalité démographique qui stimule la demande domestique comme moteur de croissance, l’autosuffisance agricole, ainsi qu’un capitalisme local composé de grands groupes industriels et de petites et moyennes entreprises qui ont réussi à insérer le pays dans la division internationale du travail etc. En même temps, on s’aperçoit que ces atouts ne suffisent pas à assurer un avenir radieux et que leur mise à profit dépend étroitement de la volonté politique, ainsi que des opportunités offertes par le contexte international.

Pour bien comprendre la configuration actuelle, un bref retour en arrière s’avère nécessaire. Jusqu’à la crise de 2001, les politiques économiques étaient enfermées dans le cercle vicieux du populisme qui consistait à créer des gagnants immédiats, sans désigner les perdants futurs qui allaient subir les effets négatifs, soit de l’inflation dans le cas de la monétisation du déficit public, soit d’une augmentation future des impôts pour le remboursement de la dette publique. Bien que l’économie turque soit parvenue, au grand étonnement des spécialistes, à réaliser un rythme de croissance annuel relativement élevé, de l’ordre de 4%, le miracle s’est épuisé au début des années 2000 pour déboucher sur une crise profonde en 2001. Il ne restait plus que l’inflation, des déficits publics abyssaux et un système bancaire au bord d’une crise systémique.

C’est dans ce contexte de crise profonde que les réformes structurelles réduisant substantiellement les marges de manœuvre du populisme seront adoptées, en 2001, par un gouvernement de coalition pressé par les principaux bailleurs de fonds. La consolidation de l’indépendance de la Banque centrale, le changement de statut des banques publiques qui les a mises à l’abri des interventions politiques à caractère populiste, de même que l’abandon de la politique agricole fondée sur les achats de soutien au profit d’une politique des revenus, sont les principales réformes qui constituent un tournant.

Ces évolutions ont également provoqué des séismes sur le plan politique, avec la disparition des membres de la coalition en place et l’arrivée au pouvoir en 2002 de l’AKP (Parti de la justice et du développement), créé à peine un an avant. Depuis, l’évolution de l’économie turque est caractérisée par deux phases diamétralement opposées ; une première phase que l’on pourrait qualifier de réussite et une deuxième phase pendant laquelle les acquis de la phase précédente sont remis en question. Bien que le point de rupture qui coïncide avec la crise des subprimes de 2008 sème la confusion, il convient de ne pas perdre de vue les dynamiques propres à l’économie turque.

Alors que les performances de l’économie turque étaient brillantes durant la période allant de 2002 à 2008, celles-ci sont à la traîne depuis. Le taux de croissance annuelle moyenne demeure en deçà du taux de croissance potentielle ; en ce sens l’économie turque est en récession depuis 2012. Alors que de 2002 à 2008 la multiplication par trois du PIB par habitant exprimé en dollars courants faisait la fierté du gouvernement en place, celui-ci est à la traîne, avec même un certain recul ces dernières années. Alors que l’économie turque avait accédé au rang de pays « émergent », elle vient d’être rétrogradée au rang de pays « spéculatif » par les agences de notation.

Comment en est-on arrivé là ? La réponse appelle la prise en compte des facteurs politiques qui renvoient au régime de croissance de l’économie turque.

Le régime de croissance de l’économie turque comme facteur de l’émergence et de revers économiques:

Pour comprendre l’impact des facteurs politiques, il convient de saisir au préalable le régime de croissance turque. En observant les données, on s’aperçoit que ce régime, fondé sur l’expansion de la demande domestique, est fortement dépendant des apports de capitaux extérieurs. Sur les soixante-sept années qui séparent 1950 et 2016, l’économie turque a enregistré un déficit extérieur courant, à l’exception de sept années ! L’attractivité de la Turquie pour les investisseurs étrangers s’avère de ce point de vue cruciale pour la poursuite de sa croissance économique. Jusqu’au milieu des années 1970, dans le contexte du compromis de Bretton-Woods de l’après-guerre qui limitait la mobilité des capitaux privés, cette attractivité dépendait des considérations d’ordre géopolitique. Pour les bailleurs de fonds, il s’agissait d’appuyer économiquement un pays allié considéré comme l’une des pièces maîtresses de la défense occidentale dans le contexte de la Guerre froide. Les sources de financement étaient publiques, donc d’État à État. Avec la libéralisation financière des années 1980, les sources de financement sont devenues privées, mettant en avant les considérations d’ordre économique, c’est-à-dire le rendement du capital investi du point de vue économique qui définit la contrainte extérieure de l’économie turque.

Sur ce registre, on constate pour la période en question (2002-2016) un relâchement sans précédent de la contrainte extérieure. Alors que sur la période 1984-2001 les entrées nettes de capitaux s’élevaient en moyenne à 1,6 milliard de dollars par an, sur la période 2002-2016 celles-ci s’établissaient à un peu moins de 40 milliards de dollars. En proportion du PIB turc, les observations confirment ce constat effectué en termes nominaux ; alors que sur la période 1984-2001 le déficit courant correspondait à 0,6 % du PIB de la Turquie, sur la période 2002-2016 celui-ci s’élevait à 4,8 % du PIB turc.

Comment expliquer ce relâchement de la contrainte extérieure ? Pour les uns, les bonnes politiques économiques menées par les gouvernements de l’AKP auraient réussi à accroître l’attractivité de l’économie turque auprès des investisseurs étrangers. Tandis que pour d’autres, ces afflux sans précédent sont dus aux largesses des banques centrales des pays développés, notamment aux injections massives de liquidités de la Fed et de la BCE à la suite de la crise des subprimes.

L’observation des données témoigne du fait que les deux arguments ont leur part de vérité, mais pour des périodes différentes. Si l’hypothèse de l’attractivité de l’économie turque est vérifiée pour la période allant de 2002 à 2008, celle de l’abondance des liquidités apparaît plus convaincante pour la période qui a suivi 2009.

En observant la part de la Turquie dans les flux de capitaux mondiaux, on constate que celle-ci augmente jusqu’en 2008, puis accuse une baisse par la suite. En ce sens, la crise des subprimes de 2008, bien qu’elle ait plongé l’économie turque en dépression en 2009, a constitué une aubaine pour celle-ci, avec des taux d’intérêt historiquement bas depuis la crise de 1929. Cette évolution est particulièrement visible à travers la part de la Turquie dans le stock mondial de la dette privée non garantie. En somme, l’abondance de liquidités mondiale a permis de masquer la dégradation de l’attractivité de l’économie turque depuis 2009, mais cette période touche à sa fin vers la fin de 2016, comme en témoigne la dépréciation rapide de la livre turque qui met à nu la fragilité du régime de croissance turque. La dépendance vis-à-vis des apports de capitaux extérieurs prend une autre ampleur lorsque le besoin de nouveaux crédits destinés à rembourser la dette arrivée à échéance est pris en compte. En 2015, ce besoin de financement correspondait à 25% du PIB turc (dont 21 points pour le renouvellement de la dette arrivée à échéance et 4 points pour le financement du déficit courant).

Finalement, on s’aperçoit que le maintien de l’attractivité de l’économie turque s’avère primordiale pour le maintien du rythme de croissance. Que s’est-il passé ? La chronique de l’attractivité de l’économie turque depuis la crise de 2001, offre des éclaircissements intéressants qui attirent l’attention sur les causes de nature politique.

Causes et conséquences politiques de cette évolution, de l’émergence aux premiers revers économiques:

Ces causes politiques peuvent être classées en trois catégories :
– les politiques macroéconomiques suivies et le rythme des réformes structurelles,
– l’évolution du projet d’intégration à l’Union Européenne,
– les changements intervenus dans les orientations de la diplomatie turque.

Tout d’abord, il convient de souligner qu’à l’origine de la réussite économique de la première période réside incontestablement le refus d’un retour aux politiques budgétaires et monétaires populistes qui caractérisaient les années 1980 et 1990. Le déficit public qui était à l’origine des crises récurrentes a été réduit et la dette publique, qui avait atteint 87% du PIB en 2001, a été ramenée à moins de 40%. L’inflation fut ramenée sous la barre des 10% dès 2004 pour la première fois depuis trois décennies. La réduction de la charge de la dette qui s’en est suivie a créé une formidable marge budgétaire pour l’accroissement des dépenses sociales, ce qui a sans doute contribué à la popularité du gouvernement AKP. En revanche, sur le registre des réformes structurelles, si la période 2002-2008 est marquée par un activisme en vue d’obtenir l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Union européenne, la période suivante est caractérisée par une pause, suivie d’un certain recul, comme en témoignent par exemple les pressions exercées par le gouvernement sur la Banque centrale, en faveur d’une baisse du taux d’intérêt, semant des doutes sur la dépendance de celle-ci. Plus récemment, les expropriations d’hommes d’affaires soupçonnés d’être proches du mouvement galéniste, dans le cadre de l’état d’urgence décrété après le coup d’État manqué de juillet 2016, ne manquent pas de susciter des inquiétudes chez les investisseurs étrangers.

Ensuite, quant à l’évolution du projet d’intégration à l’Union européenne, les dynamiques de départ se trouvent enrayées. Cette évolution sera développée par Didier Billion. En résumé, il est possible d’affirmer que l’année 2008 constitue un tournant. L’engouement suscité par l’ouverture des négociations d’adhésion s’est très vite transformé en attentisme, avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en France et, en Allemagne, d’Angela Merkel qui suggérait « un partenariat privilégié » à la place d’une adhésion à part entière.

Enfin, sur le plan de la politique étrangère, l’évolution est marquée par un changement de doctrine, aux alentours de 2008-2009, qui a eu des conséquences économiques. L’année 2008 est en effet marquée par le départ d’Abdullah Gül du ministère des Affaires étrangères à la suite de son accession à la présidence de la république et par l’arrivée, d’Ahmet Davutoğlu aux commandes de la diplomatie turque en 2009, après une période transitoire avec Ali Babacan. Comme il s’agit d’un sujet qui sera développé par Jana Jabbour, je vais me limiter aux aspects économiques.

La politique étrangère initiale s’inscrivait en continuité avec la doctrine d’une diplomatie de bon voisinage au service des intérêts mercantiles initiée de longue date. Notamment dans les rapports avec les voisins du Moyen-Orient, comme le suggérait au début des années 1990, Edward Luttwak, spécialiste du Center of Study of International Strategy de Washington. Celui-ci conseillait une « stratégie d’indifférence calculée » pour la Turquie qui « devrait aborder le Moyen-Orient non pas avec des armes, mais avec des caisses enregistreuses. La politique étrangère n’apporte pas d’argent, mais elle en enlève. C’est pourquoi la politique extérieure de la Turquie devrait être passive du point de vue politique et active du point de vue économique. La politique extérieure devrait être non pas au service d’elle-même, mais au service de l’économie. » [1]

Si la politique étrangère turque fut conforme à ce principe dès 1980 jusqu’en 2008-2009, la nouvelle doctrine inspirée de la thèse de « profondeur stratégique » d’Ahmet Davutoğlu, était imprégnée de visées géopolitiques qui reléguait au second plan les intérêts économiques [2]. L’une des différences fondamentales dans cette rupture apparaît dans les nuances qui résident dans la volonté de réduire la dépendance économique de la Turquie vis-à-vis de l’Union européenne :

Alors que la stratégie mise en place par Turgut Özal dans les années 1980 envisageait le développement des relations économiques avec les pays voisins dans une perspective mercantile comme un complément, afin d’amortir les pertes d’un fin de non-recevoir de l’Union européenne, celle prônée par la nouvelle équipe, plus ambitieuse, envisageait ces relations comme un substitut au projet d’intégration européenne, en vue de reconstituer un espace économique dans l’aire ottomane. En janvier 2012, Ali Babacan qui a été ministre des Affaires étrangères en transition entre Abdullah Gül et Ahmet Davutoğlu, puis vice-Premier ministre à l’époque, déclarait « Il n’y a rien de plus naturel pour nous que de développer nos relations qui viennent de l’histoire. Nous croyons profondément que cette géographie constitue une aire économique unifiée. Nous avons une vision dans laquelle les individus, les biens et les capitaux pourront circuler librement, où les frontières n’auraient plus de sens. Nous avons une vision, comme dans le cas de l’UE, d’une région où quelqu’un qui partirait d’Albanie aurait la liberté de circuler aisément jusqu’à Koweït, à Bahreïn ou au Maroc. Naturellement, la Turquie sera le leader de cette région. Avec cela nous voulons constituer une géographie privilégiant la démocratie, la paix, la sécurité et la prospérité. » [3]

Or, vouloir développer les échanges économiques avec les pays voisins est une chose, vouloir substituer ces échanges à ceux que la Turquie entretient avec l’Union européenne en est une autre. Les paramètres économiques, comme la taille de ces économies ainsi que les différences des structures productives, indiquent d’emblée le manque de réalisme du projet envisagé.

Le PIB des économies prises en compte dans le cercle des pays voisins et avoisinants de la stratégie envisagée, correspondait à l’époque à 8% du PIB mondial, contre 25% pour l’Union européenne !

Encore plus important, les structures productives existantes constituaient un obstacle insurmontable, dans la mesure où les partenaires commerciaux supposés privilégiés, compte tenu de leur degré de développement économique, étaient incapables de fournir les biens technologiques que la Turquie avait besoin d’importer.

Bien que les débuts de la mise en place de la doctrine de « profondeur stratégique » aient été marqués par l’objectif de bon voisinage en pratique, la dimension idéologique visant à reconstituer l’influence de la Turquie dans l’espace ottoman a rapidement pris le dessus, même si l’expression « néo-ottoman » est soigneusement évitée dans les discours. La Turquie fut alors entraînée dans les conflits du Moyen-Orient dont les conséquences furent d’une part le recul de l’attractivité de l’économie turque et d’autre part des coûts économiques non négligeables provoqués par des crises. Alors que la Turquie, qui avait gardé sa neutralité dans le conflit armé entre l’Iran et l’Irak, avait profité des opportunités commerciales dans les années 1980, elle subit actuellement des pertes économiques au service d’une politique étrangère « proactive » prônée par Ahmet Davutoğlu, même si cette politique semble avoir été abandonnée récemment au profit des prises de positions tactiques dont la doctrine demeure intangible, tant les orientations au jour le jour sont variables. Il convient de rappeler au passage que la part du Moyen-Orient dans le commerce extérieur turc avait dépassé celle de l’Union européenne durant le conflit armé entre l’Iran et l’Irak dans les années 1980 où la Turquie avait maintenu sa neutralité.

Ces changements d’orientations tactiques du gouvernement turc engendrent non seulement la dégradation de l’image d’un pays engouffré dans les conflits armés aux yeux des investisseurs étrangers, mais aussi des coûts économiques réels. La guerre civile en Syrie encouragée par la diplomatie turque en vue d’établir un nouveau régime proche des attentes du pouvoir actuel turc, en détrônant Bachar el-Assad, pourtant considéré comme un partenaire de choix dans un premier temps, s’est soldée par 2,7 millions de réfugiés syriens en Turquie. Les dépenses effectuées pour leur maintien correspondaient à 1,1 % du PIB turc, dont 5 % seulement prises en charge par la communauté internationale, selon l’évaluation de l’OCDE à partir des déclarations des autorités turques. Dans le même ordre d’idées, la crise avec la Russie à la suite de l’incident de l’avion de chasse russe abattu par l’aviation turque à la frontière Syrienne en novembre 2015, s’est soldée par la baisse des recettes touristiques [4] et des exportations turques vers la Russie. La baisse des recettes touristiques, imputable d’une part aux attentats perpétrés sur le sol turc en liaison avec le conflit syrien et d’autre part à la chute du nombre des touristes russes, s’élève à environ 1,3% du PIB turc [5]. Il s’agit d’autant de ressources perdues pour le développement de l’économie turque, sans compter les pertes de débouchés dans la région à la suite de la guerre, ainsi que les coûts engendrés par l’effort de guerre avec l’engagement des forces armées turques en Syrie.

On s’aperçoit que si la Turquie abordait le Moyen-Orient avec des « caisses enregistreuses » comme le suggérait Edward Luttwak, elle semble s’engager désormais dans la voie des orientations idéologiques qui « enlève de l’argent ». Dans cette configuration, comme en témoigne l’évolution de la part de la Turquie dans les flux de capitaux internationaux, l’attractivité de l’économie turque aux yeux des investisseurs étrangers se trouve sérieusement entamée.

En conclusion, jusqu’au tournant de 2008-2009 l’économie turque offrait une belle histoire aux investisseurs étrangers, une économie stable grâce aux politiques économiques privilégiant la stabilité macroéconomique, pays ayant entamé les négociations d’adhésion à l’Union européenne et une diplomatie de puissance régionale tranquille. L’engouement des investisseurs étrangers, en particulier européens, a été à la hauteur des attentes suscitées par la perspective européenne de la Turquie. Mais à partir de 2009, à l’exception des politiques macroéconomiques, les dynamiques de l’intégration à l’Union européenne, ainsi que celles de la diplomatie turque se sont inversées. Il s’agit désormais d’un pays, certes qui continue à mener des politiques veillant à la stabilité macroéconomique, mais qui s’éloigne à grands pas de la perspective européenne et qui s’empêtre dans le chaos moyen-oriental, même si l’abondance des liquidités à l’échelle mondiale qui a suivi la crise des subprimes a permis de masquer pendant un certain temps cette fragilité dans le financement du déficit extérieur. Il ne faut donc pas s’étonner que son attractivité se trouve écornée, c’est le moins que l’on puisse dire, alors que tout promettait au départ un avenir radieux.

Jean-Pierre Chevènement
Merci, M. Akagül.
Vous nous avez très bien montré comment la réorientation de la Turquie vers, principalement, le Moyen-Orient était un calcul erroné, au moins sur le plan économique, dans la mesure où le poids spécifique des économies du Moyen-Orient est très inférieur au poids que conservent les économies européennes.
Vous sembliez indiquer que cette réorientation date de 2008 et non de 2011. Or c’est en 2011 que la Turquie va soutenir les révolutions arabes, s’impliquer dans l’affaire syrienne. Que se passe-t-il entre 2008 et 2011 ?

Deniz Akagül
J’ai parlé du changement d’orientation dans l’esprit de Davutoğlu qui parlait déjà, quand il est arrivé au pouvoir, de développer ces relations. Mais, en raison de moyens limités, les Turcs n’ont pas pu réorienter grand-chose. Ces intentions sont donc restées au niveau du discours.

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[1] Cf. entretien accordé au quotidien Cumhuriyet, 12/02/1991.
[2] Cf. Davutoğlu Ahmet, Stratejik derinlik (Profondeur stratégique), Istanbul,Küre yayınları, 2001.
[3] Cf. quotidien turc Hürriyet du 27 janvier 2012, notre traduction.
[4] Le nombre de touristes russes se rendant en Turquie est passé de 4,5 millions en 2014 à 850 000 en 2016. Dans le même temps le nombre total de touristes passait de 36 à 25 millions.
[5] Entre 2014 et 2016 les recettes touristiques passaient de 29,5 milliards de $ à 18,7 milliards ; soit une perte de 10,8 milliards.

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