Quelle politique de contre-radicalisation en France ?

Intervention de M. Pierre Conesa, Membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, Maître de conférences à Sciences Po et à l’ENA, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, auteur du rapport « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » pour la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme (décembre 2014), au colloque « La France et la République face à la radicalisation », lundi 9 mars 2015.

Merci, Monsieur le président.

J’essaierai de résumer devant vous un travail que j’ai mené au cours de l’année 2014. Cette étude, intitulée « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? », est née au printemps 2014 d’une rencontre entre M. Valls et l’AFVT (Association française des victimes du terrorisme), au cours de laquelle on s’étonnait qu’un pays comme la France n’ait pas de politique de contre-radicalisation. C’est cette fondation privée qui s’est chargée de financer cette étude.

Plusieurs pays démocratiques, Grande-Bretagne, Hollande, Danemark etc., ont développé une politique de contre-radicalisation. J’entends par radicalisation la légitimation ou le passage à l’acte violent, non le fondamentalisme, non une pratique intégriste de la religion. Mais les excellents résultats de la police française ayant limité considérablement les risques d’attentats terroristes, la République se satisfaisait de cette absence de politique au-delà de la composante policière.

Mon rapport a été déposé mi-décembre, à l’approche des fêtes, dans l’indifférence générale. Vous connaissez la suite. Cette question est subitement devenue grave et urgente à la suite des attentats de janvier.

Ce petit retour en arrière est indispensable pour comprendre comment se formalise le débat sur la politique de contre-radicalisation.

J’entends par politique de contre-radicalisation la politique en amont. Ce n’est pas la politique pénale, ce n’est pas la politique de déradicalisation, c’est la politique générale qu’un État doit mener pour empêcher que certains de ses citoyens ne basculent dans une forme d’action violente.

La France est le pays qui a les communautés juive, arménienne et musulmane les plus importantes, ce qui lui interdit d’avoir une politique communautariste. Les leçons que prétendent nous donner certains pays anglo-saxons, en particulier par les États-Unis qui ont 1 % de musulmans (dont 50 % de convertis), sont sans objet pour une République comme la France où il est impossible de construire un système à l’anglaise.

La radicalisation par la légitimation ou le passage à l’acte violent est un phénomène qui touche aujourd’hui une grande partie des activités humaines dans les sociétés développées. On observe un radicalisme d’extrême gauche, avec les Black Blocs, par exemple, un radicalisme d’extrême droite, notamment dans les pays scandinaves, et un radicalisme religieux. C’est celui sur lequel je vais m’attarder un peu plus. Il touche toutes les grandes religions. Le néo-évangélisme américain qui entourait Georges Bush est fondamentalement un radicalisme violent, mais, disposant des moyens de l’État, il apparaît comme légal. C’est en effet un comportement, une posture dans le rapport à l’autre, qui utilise les moyens étatiques de la violence. De la même façon il y a un radicalisme juif que l’on observe surtout dans les colonies.

Évidemment, le radicalisme musulman nous intéresse plus particulièrement. J’ai cherché à discerner les caractéristiques essentielles de cette forme de radicalisme.

D’abord, la matrice idéologique, que je considère comme responsable de cette radicalisation, est à mon sens le salafisme, une pratique du culte qui trouve ses origines dans le wahhabisme saoudien et s’est développée en grande partie à l’initiative de Riyad, qui distribue beaucoup d’argent, implémente de nombreuses mosquées, en particulier dans l’Afrique subsaharienne, et envoie un peu partout des imams aux discours et aux pratiques extrêmement radicaux, allant jusqu’à un racisme assez étonnant et un antisémitisme déclaré.

Ce salafisme a trois caractéristiques.

D’abord ce n’est pas une pratique religieuse mais une pratique politico-religieuse. Les salafistes, se considérant en effet comme les imitateurs des grands compagnons du Prophète, estiment être les meilleurs musulmans donc les seuls légitimes à parler au nom de la communauté. Ils s’auto-mandatent pour parler au nom de la communauté et leur pratique de contestation de la loi républicaine vise continument un clivage entre la composante musulmane française et le reste de la société française. Une forme de revendication se déplace indéfiniment, depuis le voile jusqu’à la burqa en passant par les cuillers utilisées pour servir la nourriture halal aux enfants dans les cantines. Il serait erroné de considérer que c’est une pratique religieuse parce que les radicalismes fonctionnent généralement en miroir. Comment expliquer qu’on identifie la montée du Front national comme un problème politique alors qu’on ne s’interroge pas sur la montée du salafisme en tant que problème politique ? En le classifiant comme pratique religieuse, on considère que la République n’a pas à se prononcer sur le sujet. Or il s’agit bien d’une pratique politico-religieuse.

La deuxième caractéristique de cette mouvance est la pratique sectaire, déjà étudiée ailleurs. On y retrouve tous les éléments qui caractérisent les sectes de l’Apocalypse, notamment l’annonce de la fin du monde prochaine (thématique qu’on retrouve chez les témoins de Jéhovah, les mormons etc.). Mais cette thématique de l’Apocalypse y a trouvé une nouvelle dynamique avec la guerre en Syrie, censée donner raison à une des prophéties de Mahomet selon laquelle le retour de la bataille finale du bien contre le mal, la bataille de l’Armageddon, se passerait sur le territoire de la Syrie, dans la terre de Cham. Comme ailleurs, on donne une explication totale du monde, qui prend le fidèle en main dans toutes ses pratiques quotidiennes et lui donne le sentiment qu’il accède à l’élite des « élus » qui ont compris le sens véritable du monde, le tout appuyé sur une théorie du complot où chacun des éléments vient parfaitement s’imbriquer dans les autres. Cette idéologie totalitaire est une idéologie de la rupture, y compris, dans certains cas, avec les parents qui n’ont pas compris le sens véritable du message de l’islam ni la pratique la plus à même d’éviter le Jugement dernier.

La troisième caractéristique de cette mouvance radicale est son extraordinaire résonnance aux questions internationales. C’est ce qui la distingue d’autres radicalisations. Ni les témoins de Jéhovah ni Moon ne s’intéressent à ce qui se passe à l’autre bout de la planète mais la mouvance radicale musulmane est fondamentalement ancrée dans une géopolitique internationale. Toute la thématique de la mobilisation, en particulier chez les convertis, porte sur l’injustice du monde et sur la politique extérieure des Occidentaux dont les musulmans sont les principales victimes. Un glissement s’est opéré de l’idéologie tiers-mondiste des années 1980 vers la défense des populations les plus opprimées, c’est-à-dire les musulmans. Nous sommes donc face à un phénomène qui s’inscrit dans les réalités sociales que nous vivons aujourd’hui. Avec le phénomène particulier des convertis, c’est à mon avis ce qui fait la caractéristique sociologique de cette forme de radicalisation.

J’ai été frappé quand j’ai fait cette étude par l’extraordinaire mobilisation des élites de culture musulmane, de sensibilité musulmane, de pratique musulmane, contre la radicalisation.

Cette mobilisation n’est pas le fait des structures, ce n’est pas le CFCM qui en a pris la direction, mais elle résulte des initiatives locales, des présidents d’associations, des imams, des intellectuels, qui tous s’interrogent sur la thématique : comment expliquer la radicalisation ? Comment la combattre ? Cela s’appuie sur un argumentaire parfaitement construit : nous sommes le réseau d’alerte avancée, c’est nous qui connaissons le milieu, les lieux de radicalisation, c’est nous qui côtoyons les familles qui s’inquiètent parce qu’un de leurs enfants est en train de se radicaliser… C’est un aspect extrêmement important pour la détection et la compréhension sociologique du phénomène. D’autre part, le discours théologique de contre-radicalisation ne peut émaner que des théologiens musulmans. Le ministère de l’Intérieur n’est pas habilité à faire un discours théologique sur le sujet !

Cette mobilisation pose un problème tant politique que social : comment la prendre en compte ? Comment l’associer ? La réaction française, la mobilisation et la réorganisation administrative, a commencé avant les attentats, avec le phénomène des départs en Syrie. En juin 2014, cette femme qui a perdu deux de ses enfants en Syrie et a créé l’association « Syrien ne bouge agissons » [1], avait déclaré lors d’une conférence de presse n’avoir trouvé aucun interlocuteur institutionnel. Le commissariat, le Palais de justice, la préfecture s’étaient tout à tour déclarés incompétents face à ses demandes. Le Ministre de l’intérieur avait alors répondu par une organisation assise sur les préfectures avec un « numéro vert » permettant de signaler les cas et de déclencher les moyens fournis par l’État : psychologues, travailleurs sociaux, théologiens etc.

Le système français diffère des autres systèmes démocratiques où les programmes de contre-radicalisation sont nés à la suite d’un traumatisme (attentats de Londres, assassinat de Théo Van Gogh, caricatures au Danemark…) et ont d’abord consisté en une prise de parole politique. Dans ces pays, l’organisation s’est appuyée sur les mairies, et pas sur les préfectures. En effet le maire est celui qui connaît le mieux le tissu social sur lequel il a à travailler. D’autre part la préfecture est teintée par l’ombre du ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire par une composante policière qui fait que des parents qui s’inquiètent pour un enfant peuvent avoir une réticence à le signaler. Enfin c’est l’État qui est fournisseur de moyens, selon la nature du cas détecté. L’organisation française est donc restée relativement régalienne et beaucoup moins décentralisée qu’elle ne l’était ailleurs. Et cette communauté fortement mobilisée se retrouve face à un bureau des cultes à la mainmise du ministère de l’Intérieur. Je pense que le bureau des cultes devrait être déplacé, de préférence à Matignon, pour être séparé de la composante répressive qui, certes, a fait l’efficacité du système.

L’autre aspect qui me paraît important est la parole politique. La mobilisation que j’ai constatée est le fait de gens intégrés dans la société française. Nous ne sommes plus à l’époque de l’islam des caves et des garages. Aujourd’hui, en France, on inaugure un ou deux lieux de culte musulman par semaine. L’intégration des classes moyennes de culture musulmane dans la société française s’est faite par la discrétion. À tous les niveaux socio-professionnels, la présence des Français de confession musulmane s’est banalisée. Une personne que j’interrogeais sur l’origine de sa famille m’a répondu : « Je suis née à Pantin. », me renvoyant ma question : pourquoi le regard autorise-t-il à demander à quelqu’un s’il est d’origine maghrébine ou de culture musulmane ? Ce changement de regard est extrêmement important. Ce mode d’intégration silencieuse de gens qui ne demandaient pas la différence mais l’indifférence rend la communication difficile. Et tous les séminaires de réflexion dont j’ai parlé ont eu du mal à accéder au débat social. Les récents attentats ont permis à beaucoup de ces gens d’accéder aux médias et de participer de manière beaucoup plus évidente à la discussion d’ensemble. J’insiste sur la parole politique parce que cette communauté ne considère pas qu’elle est représentée par le CFCM. Il y a des musulmans qui se disent laïques. L’expression « musulman laïque » (comme l’expression « chrétien laïque »), qui peut paraître antinomique, désigne une réalité. Notre regard sur cette « communauté » est fondamental. Loin de l’image que donnent, d’un côté le CFCM avec ses querelles internes entre les Algériens, les Marocains, les Tunisiens etc., de l’autre les salafistes-djihadistes, il faut regarder les Français de culture ou de confession musulmane comme une composante de la société comprenant des intellectuels, des chercheurs, des cadres etc., bref des citoyens français qui, témoignant d’une intégration réussie, contribuent à effacer tout sentiment de stigmatisation. Désigner le salafisme comme la pratique de l’islam la plus antirépublicaine dans ses fondements est une manière de distinguer cette pratique des autres (malékisme, soufisme etc.) pour la raison que c’est celle qui conteste continuellement les pratiques républicaines. Bien sûr, il serait plus légitime qu’un tel discours théologique émane de la communauté elle-même, de ses théologiens, plutôt que du ministère de l’Intérieur.

La politique extérieure française contribue largement à la mobilisation.

L’hubris guerrière qui a envahi les Occidentaux depuis le 11 septembre 2001 a fait que nous sommes restés en Afghanistan plus longtemps que les Soviétiques et, avec le même effort de défense, en étant dans la guerre au Pakistan. Tout cela pour aboutir au résultat que l’on sait… qu’on ne peut qualifier de grande réussite.

En Libye, la situation est tellement grave que même BHL n’y va plus.

L’intervention au Mali était indispensable mais encore y fallait-il une conditionnalité politique qui n’a pas été mise en œuvre dès le début. Si les Touaregs sont en situation insurrectionnelle depuis vingt ans, c’est parce qu’ils n’ont jamais touché les aides internationales qui leur avaient été accordées en raison de la sécheresse dans la région sahélienne. Dans certains pays d’Afrique, si on ne commence pas par poser le postulat de l’anti-corruption avant de commencer l’action militaire, on est sûr du résultat final. Nous constatons d’ailleurs que nous sommes passés d’une opération au Mali à une opération sur le Sahel.

Je laisse de côté la lutte contre l’État islamique. Combattre l’État islamique parce qu’il décapite, coupe les mains des voleurs, opprime les femmes, interdit les autres religions, pour défendre l’Arabie saoudite qui coupe les mains des voleurs, décapite, opprime les femmes et interdit les autres religions suscite l’incompréhension devant une telle schizophrénie diplomatique. S’il y avait des conditionnalités politiques à poser, il faudrait les mettre en œuvre.

J’ai regardé la composition de la force d’intervention aérienne en Irak. La France a trois fois plus d’avions que l’Arabie saoudite et les moyens du Danemark et de la Hollande cumulés égalent à peu près la force aérienne saoudienne qui intervient aujourd’hui en Irak… Cela révèle aux yeux de tous qu’on est à nouveau dans une logique de la croisade.

Cette hubris guerrière est à mon avis un des principaux facteurs de mobilisation de la radicalisation salafiste-djihadiste et tant qu’on ne procède pas à ce réexamen on n’y arrivera pas.

Les interventions militaires diverses coûtent à peu près deux milliards d’euros par an, en espérant que la situation en Ukraine ne se dégrade pas.

Ce volet international me paraît être le sujet le moins traité aujourd’hui. En effet, il n’y a pas de volonté de poser la question de cette mobilisation par sa légitimité. Un site salafiste fait observer que quelqu’un qui quitte sa famille et ses proches pour aller défendre des victimes est considéré comme un héros mais, si on apprend qu’il est musulman, il est classé comme djihadiste. Autre argument : 2 000 morts à Gaza ne suscitent pas de réaction, quatre Occidentaux égorgés… on envoie l’armée. Ce sentiment de double standard est un des éléments importants de la mobilisation.

Parmi les réformes d’ensemble qui me paraissent absolument indispensables aujourd’hui figure celle du droit d’asile, conçu dans les années 50 pour accueillir des « défenseurs de la liberté ». En effet, beaucoup de pays européens avaient refusé l’entrée des Juifs persécutés par Hitler. Ensuite vint le problème de tous ceux qui cherchaient à fuir les régimes communistes. C’est pourquoi toute la jurisprudence avait été conçue sur la thématique des « combattants de la liberté ». Mais peut-on considérer que les gens qui étaient protégés dans le « Londonistan » de la belle époque anglaise étaient des combattants de la liberté ? J’ai quelques doutes sur le sujet. J’observe d’ailleurs que, bizarrement, les Anglais ont changé tout à coup de posture après que des attentats ont frappé Londres : il faut croire que la lecture des « combattants de la liberté » n’est pas aussi claire qu’on aurait pu le penser. Ces gens, quand ils sont eux-mêmes poursuivis dans leur propre pays, ne relèvent pas de la conception libérale du droit d’asile. J’insiste beaucoup sur ce sujet parce que les réseaux terroristes ne peuvent fonctionner que s’il y a entre les différents éléments du réseau des frontières qui paralysent l’action policière et judiciaire. Il faut donc une homogénéité du droit d’asile.

Je terminerai par une conclusion optimiste mais qui contribue à poser le débat.

Après le 11-septembre, aux États-Unis, je m’étais intéressé à ce que j’ai appelé « le marché de l’angoisse ». Quand une société est traumatisée par un événement brutal, comme l’avaient été les attentats du 11-septembre, la façon dont elle réagit est extrêmement importante pour comprendre quelle va être la suite. Après le 11-septembre, les thématiques de toutes les publications portaient sur la menace islamiste d’Al-Qaïda, Ben Laden, la pieuvre islamiste… tout le recyclage du vocabulaire de la guerre froide. En un an, 156 bouquins étaient sortis aux États-Unis sur ces thèmes (Ben Laden, Al-Qaïda etc.), soit dix par mois. Il n’y en avait eu que 65 à l’échelle de la francophonie.

Aujourd’hui, la demande de livres sur l’islam montre que la société française n’est pas dans une posture de crispation mais dans une démarche de compréhension, ce que je trouve d’excellent augure pour la suite. Cela dit, dans toutes les librairies, le rayon « islam » voisine avec le rayon « terrorisme » mais les deux rayons sont désormais séparés.

Je vous remercie.

Jean-Pierre Chevènement
Merci, M. Conesa.

Avant de donner la parole à Mme Ouisa Kies, je voudrais, si vous le permettez, prendre la défense du ministère de l’Intérieur qui, me semble-t-il, n’a pas été très justement traité. Le ministère de l’Intérieur est la matrice dont procèdent tous les autres ministères, à l’exception de la Justice, de l’Armée, de la Marine. Il garde des attributions très importantes, non seulement l’administration des cultes mais également la tutelle des collectivités locales, l’administration de l’État, les préfets. C’est le ministère politique qui porte les textes devant le Parlement, à l’Assemblée, au Sénat. Donc, le ministère de l’Intérieur reste un ministère puissant auquel il vaut mieux avoir affaire quand on a des problèmes délicats à traiter plutôt que de passer par un ministère qui, sur son intitulé (social, culture…), est crédité de toutes les bonnes intentions, mais qui n’aura pas le bras aussi long. L’idée qu’il ne faut pas avoir affaire au ministère de l’Intérieur parce que c’est le ministère de la police part d’une mauvaise conception de la police. La police républicaine est là pour faire respecter la règle de droit et on peut, s’il y a lieu, lui faire passer des messages que d’autres ministères ne pourraient pas porter efficacement.

Bref, j’ai pris la défense la plus modeste possible qu’on pouvait demander d’exercer au bénéfice du prévenu…

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[1] Syrien ne bouge agissons

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Le cahier imprimé du colloque « La France et la République face à la radicalisation » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation

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