Introduction

Introduction de Mme Marie-Françoise Bechtel, Vice-Présidente de la Fondation Res Publica, députée de l’Aisne, au colloque « Le Royaume-Uni et l’Europe » du lundi 8 décembre 2014.

Merci, Monsieur le président.
Mesdames et Messieurs les intervenants,
Monsieur l’ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Je salue la présence de Monsieur l’ambassadeur Patrick Hénault, président de l’Association France – Grande-Bretagne, qui nous fait l’honneur d’être parmi nous.

La question européenne est pour la Fondation Res Publica un objet de réflexion privilégié, abordé à de multiples reprises, qu’il s’agisse d’analyser les problèmes et perspectives de la monnaie unique ou les questions posées par l’organisation d’une Union porteuse de grandes difficultés dans son fonctionnement – nous le voyons bien aujourd’hui – et, peut-on penser aussi, dans sa conception même. Au cours de cette réflexion, nous ne pouvions pas ne pas rencontrer la question de la place dans cet ensemble d’un des plus grands pays de notre continent, un des plus grands pays du monde aussi, d’autant que ce pays se pose lui-même la question de son appartenance provisoire ou définitive à l’Union Européenne.

On peut penser que le Royaume-Uni se pose cette question avec une certaine constance depuis son adhésion à la CEE en 1973. Osant un raccourci historique – dont on me pardonnera l’inévitable arbitraire – je dirai qu’un malentendu durable par rapport au continent européen semble s’être installé dans votre pays, Monsieur l’ambassadeur.

Ce malentendu a une triple portée qui pourrait fournir les trois axes de notre interrogation.

D’abord un malentendu historique, si l’on veut bien se souvenir que les trois plus grandes puissances européennes (quatre si l’on remonte au XVIème siècle) ont été à tour de rôle en concurrence pour exercer un leadership sur le continent européen. La création d’une union partiellement intégrée n’a pas aboli la concurrence des puissances qui a tellement marqué notre histoire diplomatique. C’est peut-être ce qu’exprime à sa manière le Royaume-Uni, d’autant que ses liens transatlantiques compliquent encore cette question.

Le deuxième visage de ce malentendu est le malentendu institutionnel, dans la mesure où une grande organisation de construction et à tendance fédéralistes vient heurter la vision de la souveraineté du plus vieil État-nation de notre continent. Nous-mêmes, en France, interrogeons avec une certaine persistance la manière dont la souveraineté de notre pays peut être « ingérée » par l’ensemble fédéraliste européen.

Enfin, on ne saurait bien entendu évacuer la question économique. L’Union Européenne a proposé une vision reposant sur un modèle économique qui, de l’autre côté de la Manche, pouvait ne pas paraître en phase avec la vision britannique, largement marquée par le libéralisme. Quant à l’intégration à une monnaie unique, la Grande-Bretagne a eu le bon sens d’en voir les limites et les atteintes qu’elle portait à sa souveraineté elle-même.

Ce sont ces trois questions que nous pourrions chercher à élucider ce soir dans l’esprit de la problématique définie par Jean-Pierre Chevènement.

Nous commencerons par un état des lieux de la question européenne telle qu’elle se pose dans toutes les dimensions que nous demanderons à Mme Pauline Schnapper, professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle et auteur de l’ouvrage très éclairant « Le Royaume-Uni doit-il sortir de l’Union européenne ? » (La Documentation française : 2014).

Nous nous tournerons ensuite vers M. Charles Grant, directeur du Center for European Reform (CER), qui nous livrera son diagnostic sur la manière dont la politique intérieure britannique porte ce qu’il est convenu d’appeler « l’euroscepticisme » et sur l’évolution prévisible de cette question.

Enfin, M. Vivien Pertusot, responsable du bureau de l’Institut français des relations internationales (Ifri) à Bruxelles, pourra nous éclairer sur la question essentielle du rapport du Royaume-Uni à la mondialisation, à la fois comme acteur de la mondialisation et par la vision que ce pays en a, avec les conséquences de ce rôle et de cette vision sur la politique britannique vis-à-vis d’une Europe elle-même tout entière plongée dans la mondialisation.

Enfin, last but not least, Monsieur l’ambassadeur, vous nous éclairerez sur la vision de l’Europe qu’a votre pays aujourd’hui, sur le rôle qu’il entend y jouer, sur sa conception de certains intérêts communs – ou supposés communs – tels que la défense ou la diplomatie. Vous avez accepté pour finir de dialoguer avec Jean-Pierre Chevènement sur une question cruciale : Que serait l’Union Européenne si le Royaume-Uni venait à en sortir et quelles seraient les répercussions – vous nous pardonnerez de vous poser la question – sur notre pays si une telle sortie devait se produire ?

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