Débat, animé par M. Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica, au colloque « Que peut faire la France en Afrique subsaharienne ? » du 15 décembre 2014.

Jean-Pierre Chevènement

Merci, Monsieur l’ambassadeur, pour cet exposé extrêmement riche.

Vous avez dit qu’il revient à la France de sensibiliser les autres pays européens, qui ne le sont pas assez, à la force quasi cosmique de l’émergence de l’Afrique. Le titre : « Que peut la France en Afrique subsaharienne ? » est quelque peu prétentieux car nous sommes devant un phénomène qui nous dépasse largement. En même temps nous pouvons agir.

Nous pouvons agir en rendant les Européens sensibles au fait que ce continent qui va avoir deux milliards d’habitants dans moins de cinquante ans est une chance pour l’Europe si elle sait aborder ce défi convenablement. Nous devons aussi sensibiliser l’Europe aux difficultés que ce développement rencontre et va rencontrer.

Qu’en est-il de l’industrie et de la place que prend aujourd’hui l’Afrique dans la création de la valeur ajoutée ? C’est une question essentielle. Au regard du stock d’investissements français à l’étranger (1100 milliards d’euros), le premier pays africain est le Maroc, avec 8 milliards, et les autres sont loin derrière. C’est infinitésimal.

Le propre de la mondialisation, qui est potentiellement une bonne chose du point de vue de l’Afrique, est l’éclatement planétaire de la chaîne de valeur. Quelle place l’Afrique va-t-elle prendre dans ce domaine ?

Ma dernière réflexion a trait à la sécurité et aux problèmes que posent des affrontements souvent présentés à tort comme « religieux ». Visitant les troupes françaises en République centrafricaine, j’ai pu observer que l’arrivée de quelques bérets rouges ou verts, bien loin de calmer le jeu, peut provoquer chez les anti-balaka (soi-disant chrétiens, en réalité animistes ou vaguement pentecôtistes et très intolérants) un réflexe de revanche après les sévices subis de la part des gens de la Seleka, assimilés abusivement à l’islam. Outre ce facteur dit religieux, nous sommes face à toutes les formes d’intégrisme et de violence que nous ne savons pas traiter. Si Sangaris [1] a évité des massacres et des génocides sans doute plus grands que ceux qui se sont produits, cette opération n’a malheureusement pas évité une certaine forme de partition ethnique. Nous sommes largement impuissants à éviter une forme de partition ethnique.

Je conclurai sur le problème de l’État. Rares sont les pays africains qui ont véritablement un État. Bernard Cerquiglini nous a parlé de la qualité des ministres de l’enseignement supérieur. J’ai remarqué moi-même, me rendant quelquefois en Afrique, la grande qualité d’un certain nombre de ministres. Quelques rares pays ont su développer une administration, une armée. Sur plus de cinquante « États » africains à peine plus de quatre ou cinq méritent ce nom. Je revois cette conférence convoquée par le Président de la République au mois de décembre 2013 sur les problèmes de sécurité. Devant tous les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique, le Président de la République avait dit qu’il faudrait former 20 000 soldats par an pour tous les pays. C’est très ambitieux compte tenu des difficultés que cela présente. On le voit par exemple au Mali.

La construction d’États dignes de ce nom est certainement une des tâches les plus difficiles où nous pourrions aider ces pays à se prendre en main (peut-être pas en leur transférant l’ENA, sur ce point je suis très réservé !). Beaucoup de compétences pourraient être transférées : exercice de la justice, administration et gestion de prisons décentes, formation d’une police qui sache faire son travail sans utiliser des moyens coercitifs extrêmes… C’est très difficile, on le sait. Mais le problème de la création d’États me paraît tout à fait central. M. Courade a cité le Nigeria, l’Éthiopie et l’Afrique du sud, mais l’Afrique ne se résume pas à ces trois pôles. Il reste beaucoup d’États à construire. C’est un très grand défi.

Vous étiez aux premières loges, à Addis-Abeba où l’Union africaine a son siège, pour identifier les organisations régionales africaines insuffisamment développées à ce jour auxquelles il faudrait donner des moyens. La France, qui dispose de réseaux (diplomatie, présence à l’ONU etc.), sait faire beaucoup de choses que d’autres ne savent pas faire. C’est le seul aspect qui me paraît pouvoir être admis sans discussion sur cette question infiniment complexe.

Jacques Warin
Je voudrais aborder la question du délabrement de l’enseignement primaire, notamment, hélas, en Afrique francophone. On peut se féliciter, en voyant les projections démographiques, d’un doublement probable du nombre de francophones en 2050. Mais tout le système d’enseignement primaire s’est progressivement délabré, non seulement dans des pays en guerre civile (RDA, Mali, Côte d’Ivoire) mais aussi du fait du sous-investissement des États dans une grande partie de l’Afrique francophone. Je me réjouis que, comme nous l’a dit M. le Recteur Cerquiglini, les universités africaines soient en pleine expansion et que de plus en plus d’élites africaines soient formées, non seulement à la francophonie mais aussi aux sciences de demain. Mais cela peut-il tenir sans le gisement d’une Afrique francophone importante ? Au-delà de l’Afrique francophone, je pourrais poser la même question pour l’Afrique du sud où, d’après les articles que j’ai lus dans de nombreux journaux britanniques, notamment The Economist, le système d’enseignement s’est également extraordinairement amoindri depuis vingt ans, c’est-à-dire depuis l’indépendance de l’Afrique du sud.

Si on n’a plus d’argent pour payer les instituteurs, que peut faire la France en Afrique ? Elle peut sûrement envoyer des professeurs agrégés pour devenir maîtres de conférences dans les universités d’Abidjan et de Yaoundé mais elle ne peut plus envoyer d’instituteurs depuis qu’il n’y a plus de service militaire ni de volontaires de coopération en Afrique.

C’est inquiétant à la fois pour la francophonie et pour l’éducation en général. Que va devenir l’Afrique sans instituteurs ?

Bernard Cerquiglini
Il est en effet illusoire de croire que l’expansion démographique va entraîner le développement, de la langue française. Si l’école africaine n’existe plus, les enfants ne parleront pas français. J’ai peut-être laissé penser qu’il y aurait toujours suffisamment d’étudiants pour nourrir les universités, même s’ils sont 1 % ou 2 %. Certes, nous nous préoccupons de la partie supérieure de l’enseignement mais ce toit doit reposer sur des murs et des fondations et l’école africaine doit être solide. Dans les années qui viennent il faudra recruter et surtout former un million d’instituteurs en Afrique. En effet, il ne suffit pas qu’il y ait un maître face à des élèves, il faut que son enseignement soit de qualité. C’est un défi majeur ; merci de l’avoir rappelé.

Jean-Pierre Chevènement
On va demander à Mme Najat Vallaud-Belkacem quelles sont ses priorités… En effet le problème de la formation des enseignants est évidemment la clé de tout.

Georges Courade
J’ai vécu en zone anglophone – ou plutôt devrais-je dire « pidginophone » – du Cameroun. Il faut être clair. À l’école primaire, soit on enseigne le français, soit on enseigne les langues nationales, soit on utilise un sabir créole. Le pidgin-english est la langue véhiculaire hybride utilisée dans le commerce et qui est trop souvent employée à l’école primaire anglophone du Cameroun. Ce pays reste pourtant celui où l’on parle le mieux français parce qu’il y a eu un effort considérable d’éducation des élites. Mais à partir du moment où tous les enfants vont à l’école primaire, il faut choisir entre le maintien d’un niveau d’exigence élevé et l’introduction de l’alphabétisation fonctionnelle et d’outils permettant de donner une éducation de base sans que cela coûte une fortune. Le gros problème est en effet le coût.

Richard Labévière
Ma question, qui s’adresse à l’ambassadeur Gompertz, à Antoine Glaser ou à Jean-Pierre Chevènement lui-même, a trait à l’opération Barkhane [2]. Depuis juillet, l’Algérie mène une négociation assez suivie entre Bamako et les différentes factions touareg. Comment la diplomatie française évalue-t-elle ce processus ? Entre-t-il en convergence avec les efforts déployés par la France sur le plan militaire?

Stéphane Gompertz
La réponse est oui. Je ne suis plus aux affaires mais c’est l’impression que j’ai en parlant avec mes collègues. Nous n’avons jamais méconnu l’importance de l’Algérie pour contribuer à ramener la paix dans cette région. À nos yeux, le problème pourrait venir de rivalités entre médiateurs potentiels, comme ce fut le cas entre l’Algérie et le Burkina-Faso. Aujourd’hui, le Burkina-Faso, qui a de très bons négociateurs, a d’autres chats à fouetter. Nous appuyons naturellement les efforts que mène l’Algérie pour essayer d’amener à un accord entre Bamako et les mouvements touareg. C’est extrêmement compliqué parce que les Touareg sont divisés entre différentes tribus, différents mouvements. Certains font mine de se rapprocher de Bamako. Un mouvement a fait sécession récemment du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) pour prendre langue avec Bamako. Je n’exclus pas, d’ailleurs, que les autorités maliennes encouragent ce genre de chose, c’est de bonne guerre. Il y a au moins un acquis, c’est que plus personne, même parmi les Touareg, ne parle d’indépendance, ce qui n’était pas le cas auparavant. Quand j’étais à Vienne, à la fin d’une réunion très intéressante au Forum Kreisky (Kreisky Forum for International Dialogue) sur le Mali, un représentant du MNLA avait fini par admettre, certes à titre personnel, qu’il était citoyen malien. À partir du moment où les représentants de ces mouvements touareg ou arabes reconnaissent qu’ils font partie d’un État, il y a matière à discussion. Mais il y a aussi des « faucons » à Bamako qui disent : pas question d’accorder l’autonomie !… même s’il faut voir ce qu’il y a derrière les mots.

Ce sera très compliqué mais nous espérons que ces efforts aboutiront parce qu’ils sont la condition pour que la paix revienne mais aussi pour qu’on reconstruise. Tant que de nombreux jeunes seront sans emploi, ils céderont aux sirènes des trafiquants de hasch qui viennent du Maroc, des trafiquants de drogues dures qui peuvent venir du sud et éventuellement des mouvements terroristes. Si, en revanche, on peut commencer à reconstruire, à relancer l’élevage et l’agriculture, à installer des écoles… on pourra trouver une solution à long terme. Tant que ce n’est pas possible, ce ne sera que du replâtrage.

Jean-Pierre Chevènement
C’est l’idée de la nation politique, « communauté de citoyens par-delà les ethnies… ». Ce n’est pas évident pour le Mali. Mais ce que fait l’Algérie est très utile et nous ne pouvons que nous réjouir, en tant que Français, de voir que l’Algérie se charge d’organiser cette médiation.

Alain Dejammet
On peut espérer que l’établissement d’un État de droit, les universités etc. arriveront à donner aux gens l’idée de respecter le droit.

Certes la démocratie sous sa forme d’alternance au pouvoir est souhaitable mais on constate qu’un certain nombre de dirigeants appréhendent le départ des affaires et restent au pouvoir. Alors quid d’une autre formule qui laisse la possibilité d’un partage du pouvoir ? Kofi Annan avait favorisé une « grande coalition » au Kenya [3]. Y a-t-il une possibilité pour que les gens partagent le pouvoir plutôt que de s’entretuer pour accéder au pouvoir ?

Stéphane Gompertz
Comme d’habitude, Alain Dejammet soulève une question pertinente. Je crois qu’il faut être pragmatique. Il y a des cas où cela peut éviter une guerre civile, comme au Zimbabwe. On peut penser ce qu’on veut de Mugabe, mais lorsque, sous la pression de l’Union africaine et de la SADC (Southern African Development Community), il a nommé Tsvangirai premier ministre [4], cela a permis d’éviter ce qui aurait sans doute été un affrontement sanglant. Ce n’est pas du tout satisfaisant intellectuellement, surtout pour nous, mais c’est sûrement préférable à la guerre civile.

Alain Dejammet
L’important est de faciliter le départ du pouvoir, rassurer celui qui quitte ses fonctions, lui faire entendre qu’il gardera quelques ressources, quelques privilèges. On peut rêver d’un départ aimable, vers une université, avec toge et épitoge, une retraite heureuse et puis organiser le partage du pouvoir. C’est un concept assez différent de celui d’alternance. Mais il vaut peut-être mieux que les gens s’entendent tant bien que mal pour se partager les postes plutôt que de comploter indéfiniment, comme c’est encore malheureusement le cas dans pas mal de pays.

Bernard Cerquiglini
M. Mo Ibrahim, Soudanais ayant fait une fortune considérable dans le téléphone mobile a créé un prix récompensant tout dirigeant africain qui a accepté de quitter le pouvoir démocratiquement. Ce prix n’a pas été attribué depuis trois ans…

Stéphane Gompertz
Au risque de paraître hétérodoxe et iconoclaste, je soulèverai une question à laquelle je me garderai bien de répondre : quel rôle joue à cet égard la Cour pénale internationale ? La menace que constitue la CPI n’incite-t-elle pas des dirigeants à s’accrocher au pouvoir coûte que coûte ?

Pierre Papon
Mon expérience de l’Afrique est beaucoup plus limitée que celle des intervenants que nous avons entendus. Membre du conseil d’administration d’une université à Yaoundé en Centrafrique depuis quelques années, je confirme tout ce qui a été dit. Je constate sur place un formidable dynamisme de la jeunesse malgré des difficultés de vie considérables.

Vous avez souligné la nécessité de former en priorité des cadres moyens, des techniciens, des médecins. On risque en effet de voir en Afrique des diplômés réduits au chômage, comme c’est le cas en Europe et notamment en France. La France peut à travers ses entreprises – certaines le font – aider à la formation des techniciens dont ces entreprises ont besoin sur place. Par exemple, les pétroliers peuvent contribuer à former des techniciens pour le soudage (des professionnels dont on manque d’ailleurs en France). Cela peut être une contribution.

S’agissant de la recherche scientifique dans les sciences du vivant, la chimie, la biologie etc., l’Afrique reste très en deçà des capacités d’expertise dont elle a besoin. Je veux bien admettre qu’il faille faire référence à la tradition (quoiqu’elle ait aussi certains aspects négatifs : ce qu’on me dit sur la sorcellerie dans nombre de pays africains est quand même un handicap !), mais il faut bien disposer des techniciens biologistes capables de séquencer le génome du virus Ebola ou d’autres. Or le niveau de la recherche scientifique africaine, à l’exception de l’Afrique du sud, de l’Égypte et du Kenya, reste vraiment très en dessous de ce qu’il faudrait. La France (ou l’Europe) peut contribuer à son développement par des coopérations, l’envoi d’experts etc.

Je ferai une dernière observation inspirée par ce que je constate à l’université de Yaoundé : C’est très bien de distribuer des tablettes, d’avoir Internet… encore faut-il avoir de l’électricité ! Or dans certaines parties de Yaoundé, il n’y a pas l’électricité (sauf dans les parages du palais présidentiel où il n’y a jamais de panne). Faut-il encore avoir de l’eau aussi ! Or dans certains quartiers de Yaoundé, à certaines époques de l’année, il n’y a pas d’eau. Un certain nombre d’infrastructures, au Cameroun comme ailleurs, sont en déliquescence. 600 ou 700 millions d’Africains n’ont pas d’accès à l’électricité alors qu’ils ont les ressources pour le faire : le gaz, le pétrole, et dans toute la région des Grands lacs et du bassin du Congo des possibilités d’hydroélectricité.

Sans faire de l’afro-pessimisme, il faut être conscient des aspects négatifs qui font obstacle au développement, quels qu’ils soient. Les entreprises françaises ou européennes doivent pouvoir contribuer à élever, petit à petit, le niveau technique des pays africains.

Patrice Passy
Je dirige un cabinet conseil en intelligence économique et en management des organisations.

Je n’ai pas de question mais je voudrais corriger quelques propos parce que je ne souhaite pas que les participants ou les personnes présentes sortent avec ce genre d’idées.

Il y a eu une transition démocratique au Sénégal. M. Wade a voulu s’accrocher au pouvoir mais la rue a réussi, à travers une opposition organisée, à mettre un terme à cette opération et Macky Sall a été élu. Il me semble que lorsqu’on laisse le jeu démocratique s’exercer librement les Africains sont capables de réaliser un processus démocratique.

Au Burkina-Faso, M. Compaore a voulu s’accrocher et la rue a finalement réussi à l’empêcher d’aller jusqu’au bout de son projet. J’ai été surpris d’entendre dire au plus haut niveau que la France a aidé à exfiltrer Blaise Compaore. Je m’attendais plutôt à entendre : la France est aux côtés du peuple burkinabé.

Cet exemple permet de corriger un certain nombre de choses. Il y a eu dans les années 1990 un processus qu’on appelait les conférences nationales. Ces conférences nationales ont connu des fortunes diverses et ont parfois été interrompues car la mise en lumière de certaines pratiques ne plaisait pas à tout le monde. Les présidents qui ont été élus grâce à un processus qu’on peut critiquer mais que nous reconnaissons comme démocratique, ont eu maille à partir avec la France sur bien des points. On a l’impression que tout processus démocratique réel pose problème aux intérêts français.

Est-il possible d’avoir une démocratie réelle sans nuire aux intérêts français ? C’est dans ce sens qu’on devrait se poser des questions. Comme l’a dit le dernier intervenant il faut accepter d’entendre quelquefois une pensée contraire à ce qu’on a toujours eu l’habitude d’entendre.

En ce qui concerne l’enseignement, j’ai eu la chance et le bonheur de suivre l’école primaire en Afrique ; j’ai eu la chance et le bonheur d’aller au lycée en Afrique. Quand je suis arrivé en France, je n’ai vu aucune différence entre ce que j’ai appris là-bas et ce que j’ai trouvé ici, à l’université.

Les problèmes ont commencé dans les années 80 avec les « programmes d’ajustement structurel ». La Banque mondiale, qui a pour membres la France et les autres pays, a décidé que les investissements dans la santé, dans l’éducation, étaient des « investissements improductifs », que les infrastructures, l’ingénierie publique ne valaient pas la peine, mais qu’il fallait renforcer l’exploitation minière d’extraction qui, elle, permettait de développer une économie.

À partir de là, les pays africains qui, tous, découvraient le libéralisme, sont rentrés dans une espèce de déliquescence. Dans mon enfance je n’entendais pas parler de corruption. Nous ne connaissions pas de problèmes d’électricité. Quand j’ai dû être hospitalisé, mes parents ont présenté une prise en charge, ils n’ont rien déboursé, tout a été pris en charge par l’État. Je partais en colonie de vacances, c’était pris en charge par l’État. J’ai eu droit aux avantages sociaux par l’État. L’État providence existait.

Comme si cela ne suffisait pas, on a rajouté les plans d’ajustement structurel « renforcé » qui ont aggravé les difficultés des pays africains, brisant complètement une certaine évolution au point, le libéralisme aidant, de provoquer des malversations et toutes les incohérences gouvernementales ou structurelles qu’on déplore aujourd’hui.

Nous sommes aujourd’hui dans une phase transitoire : nous avons fini d’apprendre le libéralisme, nous découvrons la démocratie, nous essayons de nous approprier certaines réalités. En même temps, une certaine croissance permet de disposer de fonds pour amorcer des programmes structurels ou mettre en œuvre des projets structurants. Il n’est pas juste de parler de « délabrement ». Nous sommes dans un processus de réappropriation. Les instituteurs ont été recrutés dans la plupart des programmes de la plupart des États. La plupart des pays francophones ont mis en place des programmes, des formations professionnelles pour mettre à la disposition de l’industrie et de l’économie les cadres intermédiaires qui manquent tant. Plusieurs pays sont en train de construire une ou deux universités pour essayer de relever le niveau.

Tout n’est pas si noir ! Les problèmes sont en train d’être résorbés. J’aimerais que les participants sortent avec une note positive et non aussi « catastrophique » que ce que je viens d’entendre.

Je vous remercie.

Jean-Pierre Chevènement
Merci de ces corrections tout à fait judicieuses, en tout cas en ce qui concerne la première, sur le Sénégal.

Sur la seconde, la théorie, c’est que la France reconnaît les États, non les dirigeants. Le président Compaoré a voulu réformer la Constitution du Burkina pour pouvoir se représenter à la présidence de la République pour la cinquième fois. Il a voulu le faire par la voie parlementaire, c’est ce qui a motivé des manifestations. La France peut-elle dire qu’elle est aux côtés de tel ou tel peuple dès lors qu’il y a des manifestations ? Quoi de plus facile à organiser qu’un mouvement de foule ? Indépendamment des intérêts français qui, au Burkina, ne sont pas évidents, il y a une ligne difficile et tout gouvernement est tenu à une certaine prudence quant au soutien qu’il apporterait à un mouvement de masse. Si la France prenait sur elle de soutenir tel ou tel mouvement de foule, nous serions immédiatement accusés d’ingérence. Il faut bien qu’il y ait une règle et la règle c’est que la France soutient les gouvernements qui sont démocratiquement élus sur la base de leur Constitution. Quand on veut modifier la Constitution, effectivement il y a une période où nous ferions bien de nous taire.

John Olympio
Je viens du Togo. Je suis chef de mission de la Commission européenne en gouvernance économique et commerciale.

J’approuve l’ensemble des commentaires et des présentations qui ont été faites.

Je ferai néanmoins deux ou trois remarques et je poserai une question :

Y a-t-il dans la salle quelqu’un qui aimerait avoir un chef d’État comme ceux des pays africains globalement aujourd’hui ?

Quel pourrait être le rôle de la France ?

Il est important que la France, avec toute son histoire, soit du côté du peuple, plutôt que du côté des gouvernants qui, eux, peuvent changer, qu’elle soit du côté des valeurs que nous partageons.

On parlait de la dynamique de la jeunesse et des différents mouvements. Aujourd’hui, la vraie problématique africaine est l’emploi, notamment l’emploi des jeunes. En Europe on parle d’un développement basé sur les PME. Mais notre modèle actuel est celui des multinationales, un secteur qui emploie très peu. Nous pourrions être plus inventifs et créer, en relation plus forte et plus pérenne avec les PME françaises, des entreprises qui emploieraient davantage de personnes, contribuant ainsi à résoudre les crises économiques.

Dans nos pays, la pauvreté affecte aujourd’hui des secteurs aussi essentiels que la santé et l’éducation. M. Courade disait que c’est le secteur agricole qui emploie le plus de monde. On a parlé de croissance mais cette croissance n’est pas inclusive. La grande masse se trouve dans le secteur rural ou agricole. La France pourrait appuyer directement les politiques de réduction de la pauvreté sur les éléments de base. La mise en place d’une assurance maladie, par exemple, contribuerait grandement à soulager les masses africaines d’une charge qui les plonge dans la pauvreté.

Toutes les autres politiques relèvent de la cosmétique et ne sont utiles que dans les salons (moi-même j’ai participé à élaborer des modèles économiques) où on se congratule, heureux d’afficher quelques centaines de milliers d’emplois, ce qui est insignifiant au regard de la population globale (dans mon pays c’est 100 000 emplois formels sur une population de 6 à 7 millions). Cela veut dire que tout le reste n’est pas considéré alors qu’il faudrait pouvoir aller directement à l’essentiel. Nous pensons que la France a un rôle très important à jouer. Elle peut jouer de toute son influence et, sans faire le travail à notre place, accompagner le travail d’appropriation que nous réalisons.
Être du côté du peuple ne signifie pas soutenir l’opposition. C’est pourquoi je vous demandais si vous aimeriez avoir un président comme le mien. Tant qu’on accepte pour partenaires des dirigeants dont on connaît les insuffisances, on entretient une situation de crise avec le risque d’explosion que cela entraîne. M. Gompertz parlait de préparer l’avenir. En effet, si on n’anticipe pas, les explosions et les crises se produiront inéluctablement et nous n’aurons qu’à éteindre des feux que nous pouvions prévenir.

Dans la salle
Tout à l’heure, M. Glaser, vous avez souhaité une rupture de la Françafrique. Puis, Monsieur le Recteur, vous avez parlé d’une association d’universités basée sur une langue commune, le français. Ne pensez-vous pas que la rupture de la Françafrique devrait commencer par une rupture avec le français comme langue première pour les pays africains ?

Quel est le véritable intérêt de la francophonie, pour la France et pour l’Afrique ?

Bernard Cerquiglini
Je voudrais souligner que notre point de vue n’est pas celui du français langue unique et exclusive. Une des vertus de l’Agence Universitaire de la Francophonie, c’est qu’elle est fondée sur le plurilinguisme. Parmi les 804 universités adhérentes dans le monde, la moitié ne sont pas principalement francophones (universités chinoises, brésiliennes…). Nous pensons que le français est une langue de savoir parmi les quatre ou cinq grandes langues de science. Il est évident qu’un jeune Africain qui fait des études supérieures doit maîtriser plusieurs langues : le français, l’anglais, le swahili et le wolof, qui vont bientôt devenir des langues de savoir, voire le portugais, l’arabe et, bientôt, le mandarin. L’Afrique est plurilingue et notre francophonie africaine est inscrite dans le plurilinguisme. Si nous continuons à tenir une position à la Rivarol, nous disparaîtrons dans les poubelles de l’histoire. Je suis impressionné par la capacité des jeunes chercheurs africains, que je côtoie au quotidien, à passer d’une langue à l’autre. Nous avons joué victorieusement une double carte en Afrique depuis des années : le numérique (malgré les problèmes techniques qui ne sont pas insurmontables) et le plurilinguisme qui inclut les grandes langues africaines, lesquelles sont en train de s’équiper et seront des grandes langues de savoir après-demain.

Émile Tanawa (AUF)
Je prétends qu’il y a encore de la place pour la coopération. Aujourd’hui les jeunes de l’Afrique s’interrogent et sont pressés. Ils font des bilans et parfois tirent des conclusions un peu hâtives, par exemple en imaginant que l’abandon de telle langue favoriserait telle autre.

Il est nécessaire d’assainir les milieux d’affaires et les conditions dans lesquelles les affaires se déroulent pour que chaque partie soit gagnante.

Dans le contexte actuel aujourd’hui en Afrique, il me semble que la France continuera à perdre des parts de marché parce que les Chinois et autres sont encore plus féroces…

Jean-Pierre Chevènement
Ils sont surtout moins chers.

Émile Tanawa
Nous devons travailler ensemble pour assainir les conditions dans lesquelles les affaires se déroulent pour que les jeunes garçons et les jeunes filles qui frappent aux portes des universités, des structures de formation, puissent avoir de meilleures perspectives d’avenir. Concentrant nos efforts sur les conditions dans lesquelles les entreprises et les citoyens évoluent, nous tirerons très vite des conclusions en ce qui concerne les systèmes de gouvernance dans les pays.

Dans la salle
Un défi majeur n’a pas été évoqué. Je veux parler des questions du changement climatique. En effet, d’après tous les rapports du GIEC et de la Banque mondiale, d’après toutes les données qui sont diffusées, l’Afrique risque d’être dans les prochaines décennies et dans les siècles qui viennent le continent le plus touché par des événements climatiques extrêmes, avec des sécheresses, l’avancée du désert etc. De nombreuses données incitent à penser que les changements climatiques en Afrique auront des conséquences graves, y compris sur toutes les politiques de développement menées jusqu’à présent, notamment sur les questions de sécurité alimentaire.
De très gros défis sont posés. D’après vous, la France a-t-elle un rôle à jouer dans l’adaptation de l’Afrique en vue de ces risques, sachant que peu de décisions ont été prises lors de la récente COP (COnférence des Parties) de Lima ?

Georges Courade
Effectivement, si le niveau des mers augmente d’un mètre, Lagos (16 millions d’habitants) sera submergée. Le changement climatique peut entraîner une sécheresse plus grande dans certaines parties et une pluviosité plus importante du côté du Sahara. Le GIEC prévoit qu’un tiers du continent subsaharien sera impacté très directement par des sécheresses plus grandes. Mais un autre tiers va avoir plus d’eau. Dans le domaine de la recherche en agronomie, afin de garantir une alimentation suffisante, nous tentons, avec nos amis britanniques et néerlandais de faire du calage des cultures, de favoriser des plantes améliorées avec une saison végétative beaucoup plus courte et de réutiliser les plantes rustiques bien plus performantes dans des conditions extrêmes. Telles sont les pistes de recherche du CIRAD (Centre de coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement), de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), de l’ODI (Overseas Development Institute ) et de l’université agronomique de Wageningen [5] (où l’on voit que l’Europe existe dans ce secteur). Dans le domaine de la recherche en agronomie, il y a en Afrique aussi de très bons chercheurs.

De même en médecine : au Sénégal, des chercheurs ont travaillé sur le sida avec des résultats assez conséquents. Un énorme travail de recherche doit être fait par les équipes africaines car nous ne pouvons le faire à leur place.

Invité pour le cinquantième anniversaire des indépendances africaines à Bobigny en Seine-Saint-Denis, j’avais préconisé en 2010 la venue d’urbanistes africains pour repenser l’habitat et le vivre ensemble avec une vision Sud de la question et parce que la coopération fonctionne dans les deux sens. À l’époque où Jean-Pierre Chevènement était ministre de la Recherche, crois-je me souvenir, cinq anthropologues africains étaient venus étudier la sorcellerie dans nos villages. On n’a pas donné beaucoup d’écho à ce travail, mais les échanges de ce genre sont très importants pour que cette coopération apparaisse à égalité.

Arthur Riedacker
Ayant travaillé à la sous-direction recherche du ministère de la Coopération, je reviendrai sur quelques points. J’ai aussi fait partie des négociateurs sur le changement climatique depuis 1990 et je sais qu’on a commencé à s’intéresser à l’agriculture.

Même si, dans le sud des États-Unis, un gouverneur a appelé aux prières pour empêcher le changement climatique, je ne suis pas sûr que la sorcellerie soit très efficace.

M. Courade a parlé de 10 tonnes d’engrais par hectare et par an. En réalité, c’est moins de 10 kilos, souvent 4 à 5 kilos par hectare et par an, contre des centaines de kilos par hectare dans des pays comme le Bengladesh, l’Inde, la Chine, l’Égypte etc. Bien sûr, il faudrait que les États existent et qu’ils aient une politique agricole. Le seul État qui ait essayé de se débrouiller dans ce domaine est le Malawi, mais comme c’est un petit État on lui a fait les pires misères. La Chine et l’Inde poursuivent leur « révolution verte » mais nous ne faisons absolument rien dans ce domaine. Toutes les études internationales se complaisent à décrire ce que pourraient être les dégâts en Afrique. Jamais elles ne regardent ce qu’on pourrait faire de positif.

La sous-direction Recherche du ministère de la Coopération a été supprimée. Et quand on ne paye pas les chercheurs il ne se passe rien, il ne faut pas rêver. Nous ne sommes pas bons sur le plan de la recherche agronomique. Nous ne sommes pas bons sur le plan des politiques agricoles. Peut-être, dans cinq ou dix ans, le changement climatique nous amènera-t-il à faire quelque chose dans ces domaines. Pour l’instant ils ne sont pas pris en considération.

Patrice Passy
Les pays africains peuvent être répartis en deux groupes : les pays qui rentrent en phase de pré-industrialisation (le Congo Brazzaville, le Gabon etc.) et ceux qui sont déjà en pleine industrialisation (la Côte d’Ivoire, la Mozambique, l’Angola etc.). La France perd des parts de marché parce qu’elle a du mal à s’adapter aux besoins spécifiques de ces différents pays. Il y a une espèce d’inadéquation entre l’offre technologique française et les besoins africains tandis que l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Afrique du sud proposent une offre adaptée à ces besoins. La France perd des marchés en raison du retard à donner une réponse précise à ces besoins.

Les États et la plupart des entreprises africaines demandent une coopération. Cette coopération consisterait à créer des entreprises sur place. C’est en train d’être fait au Maroc mais le Maroc ne peut pas servir de hub, de tête de pont pour les pays africains. En effet, les rapports entre ces pays et le Maroc butent sur la culture et les autres points que vous imaginez (la religion etc.) et même la perception des Marocains.
Quel est le poids de la culture française dans les nouveaux rapports qu’il faudrait avoir avec ces pays ? Nous faisons partie des chambres de commerce, nous participons aux missions d’exploration ou aux missions multisectorielles et nous constatons que les rapports sont toujours teintés d’un certain paternalisme et quelquefois d’une certaine condescendance. Les Français ont du mal à s’adapter aux nouvelles exigences. Les pays africains sont saisis par l’excitation du préfixe « multi » (multi-partenaires, multi-offres de développement, multi-confessions…). Nous sommes à des taux de croissance moyenne de 4,5 % sur l’ensemble du continent depuis pratiquement dix ans, de manière endogène, sans matière première. C’est une donnée capitale. Donc les pays africains évoluent rapidement. Malheureusement la culture et les mentalités sont ce qu’il y a de plus long et de plus difficile à modifier. Un effort est nécessaire pour faire évoluer la culture française dans les rapports avec ces pays. Dans les cas de tentatives de coopération, lorsque nous participons aux négociations entre les entreprises nous constatons que le premier jour le groupe est homogène : les entreprises françaises vont à la rencontre des entreprises locales. À la première difficulté, après la découverte, le deuxième jour, chacun se renferme et se met à se plaindre. Le troisième jour, le groupe devient purement français et on repart sur un constat d’échec (sur le mode : « Ils sont incapables… »). Nous ne nous remettons pas en cause et en question par rapport à nos comportements.

L’Afrique change très vite, les exigences deviennent plus précises, les pratiques se professionnalisent, les États se consolident, mais la perception française de l’Afrique sur le plan culturel reste la même depuis le XIXème siècle. Il faut que cela change ou tout au moins que cela évolue.

Stéphane Gompertz
S’il est vrai que nous perdons des parts de marché, nous augmentons notre présence en chiffre absolu. C’est ce qui importe le plus. Il est parfaitement normal que la Chine, l’Inde, la Turquie, le Brésil s’octroient ou acquièrent de nouvelles parts de marché, en Afrique comme en Asie, en Amérique latine… d’autant plus qu’ils ont un avantage-coût énorme du fait des faibles charges salariales (même si, pour la Chine cet avantage est en train de diminuer parce que les salaires augmentent).
Notre avenir est évidemment dans un plus grand dynamisme commercial. Nous devons trouver les créneaux sur lesquels nous sommes les meilleurs et où nos concurrents ne pourront pas être compétitifs avec nous.

Si la France a obtenu le contrat du Gautrain, le train rapide en Afrique du sud [6], c’est parce que notre technologie est la meilleure et parce que nous avons donné les meilleures conditions de prix.

Comment se fait-il que la France ait obtenu un contrat pour une ferme d’éoliennes de 120 mégawatts[7] dans le nord de l’Éthiopie, la première installation d’éoliennes en Éthiopie ? Parce que, là aussi, la firme Vergnet était plus compétitive que ses concurrents chinois.

Nous gagnons des contrats. Il arrive aussi parfois que nous gagnions des contrats en joint venture avec les Chinois. Donc le pari n’est pas du tout perdu. Mais évidemment il faut que nos entreprises se battent en Afrique comme elles se battent ailleurs. Et c’est très sain.

Je crois que vous exagérez un peu quand vous parlez de la mentalité ou de l’attitude des entreprises françaises ou des Français en général. Cela a certainement été vrai il y a 20, 30 ou 50 ans. Ce n’est plus le cas. Comme vous, j’ai rencontré beaucoup de dirigeants d’entreprises françaises. Ils abordent l’Afrique comme ils abordent les autres marchés, conscients que c’est un terrain difficile, qu’ils vont devoir se battre, être les meilleurs et prendre en compte la demande du client. Il est possible qu’ici ou là vous ayez encore constaté tel ou tel comportement qui soit dépassé mais, d’après la petite expérience que j’en ai, cette attitude devient minoritaire.

Jean-Pierre Chevènement
Je remercie tous les intervenants. Nous avons traité tous les sujets, répondu à toutes les questions sauf une, celle qui concernait les chefs d’État. L’expérience montre qu’ils sont assez inégaux sur tous les continents. Je m’étais rendu à Washington à l’époque du président Reagan. Le vice- président Bush m’avait dit : « L’homme le plus puissant de la Maison blanche est le secrétaire qui fixe l’ordre du jour. En effet, le président Reagan traite toujours le premier point, le deuxième rarement, le troisième jamais, le quatrième encore moins… car il a oublié ». Et pourtant c’étaient les États-Unis d’Amérique !

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[1] Opération Sangaris : Le 5 décembre 2013, le Président de la République a annoncé sa décision de renforcer le dispositif militaire français en Centrafrique afin d’éviter une catastrophe humanitaire dans le pays. Cette décision a été précédée de l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2127 qui prévoit en particulier :
– Le soutien des Nations unies à la Force africaine, la MISCA dont l’effectif devrait atteindre les 4000 hommes.
– Le soutien par les forces françaises de cette force africaine, avec autorisation d’usage de la force au besoin.
[2] Opération conduite par les armées françaises, lancée le 1er août 2014, Barkhane repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso (« G5 Sahel ») qui ont décidé d’apporter une réponse régionale et coordonnée aux défis sécuritaires, ainsi qu’aux menaces que font peser sur eux les groupes armés terroristes (GAT). Les missions de la force Barkhane sont d’appuyer les forces armées des pays partenaires de la BSS dans leurs actions de lutte contre les groupes armés terroristes et de contribuer à empêcher la reconstitution de sanctuaires terroristes dans la région.
[3] Le Kenya avait failli sombrer dans la guerre civile après l’élection présidentielle du 27 décembre 2007, que le Mouvement démocratique orange (ODM) considérait comme truquée en faveur du président Mwai Kibaki. L’ex-secrétaire général de ONU, Kofi Annan, obtint que les deux parties renoncent à la ligne dure qu’elles avaient adoptée durant le processus afin de faciliter un accord. À l’issue des négociations, qu’il avait lui-même supervisées, Kofi Annan indiqua que les parties avaient renoncé à une réorganisation de l’élection présidentielle et s’étaient entendues pour former un nouveau gouvernement. « Ce que j’ai appelé une grande coalition dans ce pays n’est pas un phénomène inhabituel. Ceci est appliqué quand aucun parti n’a une majorité effective au Parlement pour faire appliquer ses décisions. La seule manière de sortir de l’impasse est de travailler ensemble« , déclara M. Annan.
[4] Après de longs mois de crise et des élections contestées sur fond d’épidémie de choléra, le 11 février 2009, Morgan Tsvangirai devient Premier ministre de son rival de toujours, l’octogénaire président Robert Mugabe. Le MDC, qui avait longtemps refusé de rejoindre un gouvernement où il se verrait assigner une place symbolique, a finalement plié devant la pression régionale.
[5] Wageningen Universiteit en Researchcentrum, université néerlandaise axée sur les sciences de la vie et les ressources naturelles.
[6] En avril 2014, un consortium mené par le groupe français Alstom a finalisé en Afrique du Sud « le plus gros contrat » de son histoire qui prévoit la fourniture de 600 trains de banlieue pour 51 milliards de rands (3,5 milliards d’euros). Alstom avait été choisi en décembre 2012 face à des concurrents tels que le canadien Bombardier, les chinois CNR et CSR, le suisse Stadler et l’espagnol CAF. Le groupe français doit construire une usine à Dunottar, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Johannesburg, où seront assemblés 580 trains, les 20 premiers devant être fabriqués au Brésil. Plus de 34.000 emplois directs et indirects devraient être créés en Afrique du Sud. Le premier train doit être livré fin 2015.
[7] La ferme d’Ashegoda est la plus puissante d’Afrique sub-saharienne, avec ses 120 Mégawatts et sa production de 400 Gigawatts/h par an, de quoi alimenter en électricité 3 millions d’Ethiopiens. C’est la société française Vergnet, spécialiste des missions en terrain difficile, qui a décroché le contrat pour 120 millions d’euros.

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Le cahier imprimé du colloque « Que peut faire la France en Afrique subsaharienne ? » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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