Introduction de Jean-Pierre Chevènement au séminaire « L’esprit du redressement productif », 26 novembre 2012.
L’affaire Mittal est en soi un scandale. En effet, cette sidérurgie avait été nationalisée, de fait par Raymond Barre, juridiquement par le gouvernement de gauche auquel j’ai appartenu (1981). C’était difficile à une époque où on n’anticipait pas la reprise qui s’est produite ensuite. Privatisé en 1995, Usinor-Sacilor, est devenu Usinor en 1997 avant la fusion avec Arbed (groupe luxembourgeois) et Aceralia (groupe espagnol) qui, en 2001, aux conditions imposées par la Commission européenne, donnera naissance au groupe Arcelor. Je rappelle que les dernières participations que l’État possédait au capital d’Usinor avaient été liquidées dans les années 99-2000, ce qui nous privait de la petite minorité qui nous permettait d’avoir voix au chapitre. Et quand l’OPA de Mittal aboutit en 2006 à la fusion des deux groupes (Arcelor-Mittal), l’État était réduit au rôle de spectateur impuissant.
La situation est très difficile.
Je vois que, dans un éditorial (1), à mes yeux scandaleux, Le Monde prend objectivement le parti de Mittal. En effet, quand un rapport de forces se construit, on sait de quel côté on pèse quand on écrit des choses à ce point déséquilibrées. Mais on ne peut guère compter sur nos élites pour manifester le moindre patriotisme industriel.
La question de l’industrie est plus vaste. Je vais vous donner tout de suite la parole pour que vous nous exposiez la manière dont vous voyez les problèmes de l’Industrie et du redressement productif dont vous avez la charge.
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(1) Le Monde daté du 27 novembre 2012
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