Accueil d’Alain Dejammet au colloque « La société française au miroir de son cinéma » du 20 juin 2011
Je déplore vivement l’absence de Serge Moati, empêché, qui aurait dû animer ces débats avec tout le talent et toute la science qu’on lui connaît.
C’est donc à moi que revient la tâche de vous présenter nos invités, peu nombreux mais d’une qualité exceptionnelle. Je le ferai très brièvement car beaucoup d’entre vous les connaissent.
Jacques Warin introduira la discussion, situera les questions auxquelles il s’efforcera lui-même de répondre, posera la problématique de cet exercice. Membre du conseil scientifique de la Fondation Res Publica, ancien ambassadeur, il a été en poste un peu partout dans le monde, de Hong Kong à Mexico et jusqu’au Conseil de l’Europe. Partout, il a vu, il a enregistré des films, il est allé au cinéma. Mais il a une particularité : ressuscitant l’heureux temps où certains d’entre nous, alors étudiants, s’esbignaient des cours pour filer au cinéma, Jacques Warin fréquente assidument, presque chaque jour, les salles obscures. Il connaît admirablement le cinéma, il est passionné par le reflet de la société, puisqu’après tout, comme tout diplomate, il est amené à s’intéresser à la société politique, économique, bref au monde tel qu’il est. Ce qui le passionne, c’est de voir le reflet de cette vie dans le cinéma. Il a eu l’idée de ce colloque. C’est lui qui, déjà, avait organisé un colloque, plus austère, sur le financement du cinéma (1), avec, notamment, l’ancien ministre de la Culture, Jacques Toubon. C’est donc lui qui introduira le sujet.
Il sera suivi de Jean Tulard. Membre de l’Institut, il est le spécialiste, comme chacun sait, de Croquignolle, Filochard et Ribouldingue puisqu’il a écrit sur Forton (2), l’auteur de la bande dessinée. Mais ce n’est que l’une de ses spécialités : membre de l’Académie des cent, il juge les épreuves d’admission à cette académie de gastronomes. Recale-t-il ceux qui, à la manière corrézienne, boivent des bières Corona avec des têtes de veau vinaigrette ? C’est là un deuxième aspect de sa panoplie, de sa palette. Chacun le sait, il est l’Historien de toute la période napoléonienne. Je ne citerai pas les innombrables ouvrages, couronnés d’innombrables prix et qui lui ont valu son élection à l’Académie des sciences morales et politiques. Mais il est aussi un fou de cinéma, l’auteur d’un Dictionnaire du cinéma (3) et d’innombrables analyses et critiques. Avec l’âge, la passion l’emporte sur la raison. Et c’est plus récemment que, finissant par avouer qu’il était plus amoureux que critique, Jean Tulard a écrit un « Dictionnaire amoureux du cinéma ». Il apportera donc toute sa jeunesse à l’étude ou à la réplique, à la réponse ou à l’analyse des éléments qu’aura posés Jacques Warin.
Après ces deux interventions s’ouvrira un premier débat où les nombreuses personnes qui, dans la salle, aiment le cinéma pourront poser des questions, s’interroger, s’exprimer, se livrer au noble exercice de la critique.
Serge Sur prendra ensuite la parole. Professeur de droit, professeur de sciences politiques à l’université Panthéon-Assas, il est extraordinairement actif. Il a créé le Centre Thucydide (4), une cellule de réflexion sur la politologie, la science politique, il est le directeur de « Questions internationales » et le rédacteur en chef de l’ « Annuaire français de relations internationales ». C’est déjà une singulière charge de travail, un singulier parcours. Mais, comme Jean Tulard, cet homme exceptionnel adore le cinéma et voit les films avec passion. Sur ces films il a écrit un livre, Plaisirs du cinéma – Le monde et ses miroirs, avec une préface de Jean Tulard (France-Empire, 2010) qui traite exactement de notre sujet : le monde et le miroir du cinéma. Dans ce livre où tout est excellent, deux chapitres sont consacrés à l’œuvre de Pascal Bonitzer. Lecteur peu assidu – je bats ma coulpe – des Cahiers du cinéma (5), j’ai désespéré la semaine dernière un ami diplomate passionné (il a toute la collection des Cahiers du cinéma) en lui apprenant la tenue de ce colloque et votre présence : le malheureux devait quitter Paris.
Serge Sur souhaitait qu’un réalisateur participât à ce colloque. Pascal Bonitzer fut l’éminent critique de la grande période des Cahiers du cinéma. Scénariste d’innombrables films évoqués par Serge Sur, avec les meilleurs réalisateurs (André Téchiné, Jacques Rivette…), il est aussi acteur et réalisateur de films aux titres elliptiques (Petites coupures (6), Rien sur Robert (7) etc.). Beaucoup d’entre vous ont vu ces films de grande qualité. Après les professeurs, les diplomates, Pascal Bonitzer, en conclusion de ces interventions, apportera la vue tranchante du faber, de l’artisan.
La parole est à Jacques Warin pour introduire ce sujet.
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(1) Paradoxes du cinéma français, colloque de la Fondation Res publica, tenu le 29 septembre 2008, avec la participation de MM. Jacques Toubon, Alain Auclaire, Olivier Wotling, Olivier Amiel, Faruk Gunaltay.
(2) Les Pieds nickelés de Louis Forton, 1908-1934, Jean Tulard, éd Armand Colin, 2008.
(3) 1985; 1996-1997 – Dictionnaire du cinéma (tome I : Les Réalisateurs, 1982; tome II : Acteurs, producteurs, scénaristes, techniciens).
1990 – Guide des films (sous la direction).
2005 – Guide des films
2007 – Dictionnaire du cinéma. Tome 1 : Les réalisateurs
2007 – Dictionnaire du cinéma. Tome 2 : Les acteurs
2009 – Dictionnaire amoureux du cinéma
(4) Créé en 1999, le Centre Thucydide a vocation à s’intéresser à la dimension des relations internationales, incluant l’analyse des relations politiques, stratégiques et de sécurité.
(5) Revue de cinéma créée en avril 1951 par André Bazin, Jacques Doniol-Valcroze, Joseph-Marie Lo Duca et Léonide Keigel.
(6) Petites Coupures (France, 2003) R. Pascal Bonitzer qui en a également co-écrit le scénario avec Emmanuel Salinger.
(7) Rien sur Robert (France, 1999) R. et Sc. Pascal Bonitzer.
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