Trois élections présidentielles : démocratie «moderne» et refondation républicaine de la gauche

Intervention prononcée lors du colloque du 10 septembre 2007, La démocratie peut-elle survivre au système politico-médiatico-sondagier ?

Merci Mesdames, Messieurs, de votre présence à ce vingt-quatrième colloque de la Fondation Res Publica, pour cette séance de rentrée consacrée à un objet pas très bien identifié : le « système médiatico-sondagier ».

De l’intérieur même de ce système une question surgit, fréquemment posée : la démocratie peut-elle y survivre ?

Je remercie nos invités d’avoir accepté de participer à notre réflexion.
Je vais ouvrir ce colloque avant de donner la parole à Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne qui traitera des médias.
Stéphane Rozès, maître de conférences à Sciences-po et directeur de CSA, puis Patrick Champagne, sociologue à l’INRA et au Centre de sociologie européenne nous parleront des sondages.
Nous entendrons ensuite Gérard Le Gall, conseiller politique en matière de sondages et de communication à la direction du Parti socialiste, Eric Zemmour, journaliste et écrivain puis, peut-être, quelques intervenants dans la salle où je salue la présence de Gisèle Halimi, Claude Faux, Régis Debray, Pierre Maillard, Alain Dejammet et beaucoup d’autres personnalités éminentes qui ne m’en voudront pas de ne pas les citer toutes.

Tout d’abord, je voudrais dire quelques mots d’un phénomène que nous avons senti venir depuis longtemps :

I – L’« américanisation » de la vie politique à travers médias et sondages

Le fonctionnement de la démocratie a été profondément bouleversé par le rôle croissant des médias et, depuis quarante ans, des sondages.

Ce système médiatico-sondagier a-t-il sonné le glas de la démocratie classique, où le citoyen éclairé par la raison, ou si l’on préfère guidé par son bon sens, décide, après un débat républicain argumenté, de ce qui lui paraît bon pour l’intérêt général ?

Le rôle de la télévision paraît écrasant : l’Ecole permet-elle encore l’exercice de l’esprit critique ? Peut-on soutenir que la réintroduction de l’éducation civique, opérée en 1985, pèse de quelque poids dans l’élaboration de la volonté générale ? Que reste-t-il du rôle de médiation des intellectuels ! Reste-t-il d’ailleurs des intellectuels ? Et quelle est la place, dans la formation de l’esprit public, de la presse écrite dont le tirage diminue sans cesse ? La télévision semble jouer dans l’information le rôle des divisions blindées en 1940.

Selon une théorie néo-marxiste, la télé se ferait le relais de l’idéologie dominante. Une autre thèse, cependant, met l’accent sur l’éclatement de la scène publique, la montée des petites chaînes de radio et de télévision, et surtout celle d’Internet.

Loin que les médias expriment l’idéologie dominante, ce serait une logique propre aux médias qui tendrait à s’imposer à tous les acteurs à commencer par les médias eux-mêmes : bulles médiatiques, l’une chassant l’autre, sans qu’une cohérence d’ensemble puisse se discerner dans ce chaos incessant d’images et d’effets choc. Quelle thèse est la bonne ? La seconde, à mon sens, n’empêche pas forcément la première. Le lien entre les grands groupes financiers et les chaînes de télévision le montre à sa façon.

*

Du point de vue de la démocratie classique, le système médiatico-sondagier semble avoir relégué le débat argumenté au musée des archaïsmes. Les débats ont d’ailleurs disparu des écrans, en France, à l’exception du traditionnel débat de second tour, à l’occasion des élections présidentielles.

Ce débat a-t-il jamais fait la décision ? Lequel des candidats a dominé l’autre ? telle est la rituelle question du lendemain. Les avis se partagent généralement entre les camps, même si on ne peut exclure que, dans son for intérieur, le téléspectateur moyen qui hésite encore entre les candidats puisse se forger son opinion, à la seule lumière de son « bon sens ».

Au-delà de la « peopolisation », l’idéologie globale des médias reste cependant largement, selon moi, l’idéologie dominante, celle, selon Marx, des classes dominantes, tant pèse lourd le poids des grilles de lecture préétablies, sur les questions de sécurité ou de politique extérieure, par exemple. Les médias donnent à voir le monde en noir et blanc.

Il y a l’image, certes, qui ne fait pas appel qu’à l’intellect du téléspectateur. Il y a aussi le choix des images, et il y a, enfin, le commentaire, ce que j’appelle la « grille de lecture ». Bien sûr, il y a aussi des images qui révoltent, celles des frappes militaires dites « chirurgicales » quand elles manquent leur but par exemple, mais il y a aussi, dans les guerres, ce qu’on ne montre pas : ainsi les bombardements par B52. La télévision fait plus appel à l’affect qu’à l’intelligence.

Faut-il donc céder à un pessimisme définitif ? Ne peut-on soutenir qu’à la longue, l’esprit public s’habitue, relativise, développe une lecture critique des médias ? Il est quand même difficile de nier que tous les acteurs politiques ont dû s’adapter à la télévision, soigner leur « look », simplifier leurs discours, et finissent par privilégier les « effets de communication » sur le fond de leur argumentation. D’où le dérisoire de certains affrontements télévisuels. Quand on sait à quels excès et à quelles liaisons incestueuses ce système peut conduire – on l’a vu avec Silvio Berlusconi en Italie, et dans une moindre mesure avec l’alliance de Tony Blair et de Rupert Murdoch en Grande-Bretagne – on ne peut s’empêcher d’y voir la confirmation de la première thèse : sur le long terme, les grands médias de masse exercent un effet de conditionnement de l’opinion. Du système, tel qu’il fonctionne, le républicain ne peut ainsi que retirer un sentiment de profonde frustration. Et pourtant M. Berlusconi a été battu aux élections italiennes ! Quant à M. Blair, son image a été si profondément atteinte par l’invasion de l’Irak qu’il a dû consentir à se retirer.

La démocratie survivrait donc tant bien que mal au système médiatique. Mais celui-ci fausse le jeu de la démocratie, jusqu’à la vider de son sens. Selon Marcel Gauchet, la logique du « quatrième pouvoir » conduirait en fait à « l’impouvoir ». « La démocratie de contrôle » qui est censée corriger les excès de la « démocratie représentative », aboutirait à délégitimer tout pouvoir. Comme il l’écrit : « Les médias ne sont pas une alternative aux pouvoirs qu’ils mettent sur la sellette ». « La culture de la déploration et de la dénonciation autour de laquelle les médias s’organisent, contribue à rendre le monde illisible et désespérant … Le message subliminal et ultime est qu’on ne peut rien. La logique de l’antipouvoir sécrète une dépolitisation profonde … ».

Marcel Gauchet parle de « maladie infantile » de la « démocratie de contrôle ». Il s’en remet, pour y remédier, au « courage » des hommes politiques et des journalistes. C’est plus facile à dire qu’à faire. Cette vision quelque peu irénique fait l’impasse sur les mesures structurelles qui permettraient de soustraire les médias au pouvoir de l’Argent (Service public – taxation de la publicité, etc.) et de réfléchir à une déontologie de l’information et des sondages.

*

La toute puissance de l’image se trouve en effet redoublée par le rôle nouveau des sondages dans le paysage. Ceux-ci présentent comme évidents et naturels des « faits d’opinion » dont Patrick Lehingue dans « Subunda » (1) a montré le caractère souvent improbable. Les sondages, selon une définition plaisante de Georges Gallup, sont « la mesure de l’opinion publique » et celle-ci se définit comme « ce que mesure les sondages ». Définition circulaire. Patrick Lehingue a recensé toutes les faiblesses de ces « mesures » : tailles des échantillons et calcul aléatoire des marges d’erreur, sondés qui ne veulent pas l’être, assimilation des non-réponses aux « sans opinion », rôle emblématique des sondages politiques au regard du poids considérable des commanditaires privés, etc. Dans le commentaire enfin, on raisonne trop souvent en pourcentages au lieu de raisonner en voix … Il est difficile de mesurer l’effet des sondages sur une élection.

Les sondeurs parlent d’effets multiplicateurs (« bandwagon » : ralliement au vainqueur supposé), ou d’effets correcteurs (« underdog » : soutien au « chien battu »). Ces descriptions ne sont pas des explications. Elles permettent de dire tout et son contraire.

On a pu soutenir qu’au fond, les sondages n’influaient guère sur le vote que les électeurs, au fond d’eux-mêmes et avant la campagne, se proposaient d’émettre (sociologie des « effets limités », impulsée aux Etats-Unis, dès 1940, par Paul Lazarfeld).

*

En fait, les sondages exercent surtout leur effet sur les sondeurs, les journalistes et les acteurs politiques. De ce point de vue, les sondages jouent un rôle incontestable. Le moindre fléchissement peut entraîner un effet de désaffection.

On l’a vu lors de la dernière campagne présidentielle, quand le « trou d’air » dans la campagne de Ségolène Royal, dans la deuxième quinzaine de janvier 2007, a failli entraîner la sélection de François Bayrou dans les sondages pour le deuxième tour. Les sondages peuvent donc jouer un rôle d’accélérateur, compte tenu de l’opportunisme des médias. S’agissant de la désignation des candidats l’expérience montre que si les politiques savent « tenir bon », selon l’expression de François Mitterrand, la partie pour eux reste jouable dès lors que le parti qui désigne les candidats reste une force politique structurée et ne glisse pas elle-même vers un total opportunisme. Mais de ce point de vue là aussi, il me semble qu’on a trop privilégié les comportements opportunistes à propos de la désignation de Ségolène Royal et pas assez les facteurs politiques (division du parti socialiste). J’y reviendrai ultérieurement. Ségolène Royal, en tout cas, a su, une fois désignée, enrayer le phénomène de désaffection qui la frappait, il est vrai relayé par l’aile droite du parti socialiste qui, dans les derniers jours de la campagne, a clairement joué en faveur de François Bayrou. L’effet « bandwagon » ne décrit que les phénomènes « opportunistes », mais il est vrai que l’opportunisme en politique est un phénomène assez répandu.

Patrick Lehingue repère quelques-uns de ces « points tournants » où le capital (politique et médiatique) va au capital, comme si nous étions sur un marché boursier, à l’occasion d’une offre publique d’achat : Ainsi Valéry Giscard d’Estaing qui, en 1974, bénéficia du ralliement des grands notables gaullistes, à commencer par Jacques Chirac, marginalisant Jacques Chaban-Delmas. Ainsi, en sens inverse, Edouard Balladur, dans l’état major duquel l’inversion des sondages à son détriment exerça, à partir de février-mars, un effet démobilisateur, qu’après coup Nicolas Sarkozy a jugé excessif et ayant pu fausser l’élection.

Patrick Lehingue rappelle que les sondages ont découragé le PCF de présenter un candidat en 1965, conduit les Verts, en 2002, à changer de cheval en cours de campagne (Mamère se substituant à Lipietz). La boulimie des sondages commandés par les états-majors politiques (dix fois plus, en vingt-cinq ans) suffit à montrer leur extrême sensibilité à la chose. Les sondages deviennent à leur manière des « prophéties autoréalisatrices ». Ou du moins passent pour telles.

La même boulimie se manifeste chez les journaux qui cherchent à augmenter leur tirage. Les sondeurs, enfin, font dans les médias leur propre promotion. L’effet de notoriété explique ainsi la multiplication des sondages. Les sondages ont ainsi complètement modifié les règles du jeu politique : les leaders n’existent qu’à travers des images publiques élaborées par des spécialistes du marketing. Les sondages mesurent ensuite la notoriété, les chances d’avenir, etc. La relation entre journalisme et sondages est ainsi décrite par Patrick Lehingue comme un « processus récursif » où la définition de « sujets d’actualité » détermine le contenu des sondages affectant ainsi le processus politique qui devient à son tour un « sujet d’actualité ».

L’élection tend de plus en plus à ressembler à une « course de chevaux » où les enjeux politiques tendent à êtres occultés. Les sondages effectués longtemps avant l’élection plongent le pays dans un état de campagne électorale permanente. Le rite de l’élection se trouve banalisé. Les sondages changent ainsi la nature de l’élection. Ils formatent le débat et délimitent les sujets. Ils substitueraient à la concurrence des programmes le choix d’un candidat par rapport à un autre : c’est le triomphe d’une vision « schumpetérienne » de la politique : la course de chevaux. Byzance où à la fin, entre les « bleus » et les « jaunes », le choix de la politique et ceux de l’Hippodrome avaient fini par se superposer. On peut aussi parler d’« américanisation » de la vie politique que la gauche gestionnaire portait en son sein dès la fin des années soixante-dix.

Peut-on espérer cantonner le rôle des sondages, leur imposer une déontologie ? (taille des échantillons, publication simultanée des résultats redressés et des bruts, etc.). C’est aussi l’objet de notre débat.

II – Analyse comparée des trois dernières élections présidentielles

Pour l’éclairer et mettre en lumière les marges de démocratie subsistantes, il me semble utile d’esquisser une analyse comparée des trois dernières campagnes présidentielles : 1995 – 2002 – 2007, et particulièrement de la dernière.

• La première (1995) a tourné autour du thème de la « fracture sociale », choisi par Jacques Chirac ;
• la seconde (2002) a été marquée par le thème de la sécurité que, là encore, Jacques Chirac avait choisi, dès son intervention du 14 juillet 2001, comme axe principal de son argumentation ;
• la troisième (2007) a vu émerger plusieurs thèmes : celui de la « valeur travail » et surtout le thème de l’identité nationale dans ses rapports avec l’immigration, ces thèmes choisis par Nicolas Sarkozy ont surclassé le thème de « l’ordre juste » mis en avant par Ségolène Royal.

On avait coutume de dire qu’à chaque élection, depuis 1981, les Français avaient pris l’habitude de « rejeter les sortants ». Cette vue est trop générale :

• en 1995, les Français ont choisi une alternance au sein de la droite, en renvoyant, en effet, le Premier ministre en exercice, Edouard Balladur, mais sans ramener la gauche au pouvoir ;
• en 2002, le rejet de Lionel Jospin a été plus fort que celui de Jacques Chirac qui a constamment surclassé son concurrent socialiste dans les sondages de premier tour (cf. tableau) ;
• en 2007 encore une fois, les Français ont choisi une alternance au sein de la droite, Nicolas Sarkozy ayant su se présenter assez tôt comme le « candidat de la rupture ». Le ralliement, in extremis, de Jacques Chirac n’a pu être interprété autrement que comme une reconnaissance de sa défaite, dès lors que des primaires au sein de l’UMP n’ont même pas pu avoir lieu.

Ces trois élections présidentielles ont vu la défaite du candidat du PS. On peut naturellement imputer ces défaites au rôle devenu prépondérant de la télévision et des sondages dans la manipulation de l’opinion publique. Par exemple à la polarisation des médias en 1995 sur le duel Chirac/Balladur ou sur le thème de la sécurité en 2002. Inversement, Ségolène Royal a bénéficié d’un « effet de présélection » au moment de la désignation du candidat socialiste en novembre 2006 mais d’un fort ressac à partir de la mi-janvier 2007.

Ce serait à mon sens une vue trop courte des choses d’en rester à cette analyse : les médias ne suffisent pas à faire l’élection. Quant aux sondages, ils orientent le débat autour de la compétition des deux candidats qui sont censés pouvoir gagner : en 1995, Balladur, le sortant, et Chirac, son seul compétiteur crédible. En fait, en 1995, la gauche est encore sous le choc de sa défaite écrasante de 1993. Le système médiatico-sondagier opère une sélection subtile : il favorise les candidats « institutionnels », accorde une prime aux deux grands partis (RPR-UMP et PS), sait, le cas échéant, faire monter, au moins provisoirement, pour soutenir l’attention, une « troisième homme », censé pouvoir bouleverser un scénario trop convenu (Jean-Pierre Chevènement en 2002, François Bayrou en 2007).

En réalité, les tendances lourdes échappent au système médiatico-sondagier. Celui-ci (2) repère assez bien « la pente » que va suivre chaque candidat mais évalue très approximativement le niveau auquel il va se situer : ainsi en 1995 la pente descendante d’Edouard Balladur ; en 2002 celle de Lionel Jospin, mais aussi celle, partant de plus haut, il est vrai, de Jacques Chirac. Il repère mais surestime la puissance ascensionnelle de Jacques Chirac en 1995. Il sous-estime au contraire la montée de Le Pen en 2002. En 2007, de janvier à avril, il donne constamment Nicolas Sarkozy avant Ségolène Royal. Celle-ci résistera victorieusement à l’opération Bayrou mais échouera à refaire son retard sur Sarkozy. Notons cependant le poids de l’enracinement et notamment celui du soutien apporté par un grand parti, type UMP ou PS, à son candidat : il y a peu d’exemples qu’en dehors de ce maillage fin à travers municipalités, collectivités, réseaux d’élus et de militants, un candidat parvienne à être sélectionné. A ma connaissance un seul : Giscard d’Estaing en 1974, nouvelle défaite du gaullisme après 1969, comme la désignation de Nicolas Sarkozy sera celle, plus feutrée, du chiraquisme trente-trois ans plus tard.

*

Les défaites successives du parti socialiste viennent, à mon sens, du fait qu’il n’avait pas de projet clair, ni en 1995, ni en 2002, ni en 2007. Historiquement – et son échec de 1993 en témoignait – il avait épuisé ses cartouches depuis qu’il avait tourné le dos à son projet initial (d’abord l’emploi !) pour épouser le courant libéral et se poser en défenseur de la « monnaie forte ». Faute d’opérer une « conversion républicaine » qui n’était pas mûre dans l’opinion en 1983-1984 (même s’il y eut à l’époque quelques « avant-gardistes »), le parti socialiste s’est progressivement coupé des couches populaires. Sa politique de redistribution sociale en faveur des plus démunis pouvait, un temps, donner le change, mais l’exposait, à terme, au reproche de favoriser « l’assistanat » : RMI, CSG, 35 heures, CMU, APA n’auront pas suffi à éviter les défaites de 1993 et 2002.

Le PS ne pouvait espérer revenir aux affaires qu’en s’appuyant sur une réaction de rejet assez forte. C’est ce que fait François Mitterrand avec habileté, en 1988, en développant le programme de la « France unie ». Il sut mettre avec lui la gauche mais aussi – et là était son sens politique particulier – une fraction de la droite assez avisée pour préférer une gestion social-libérale à celle, heurtée et décrite comme aventureuse de Jacques Chirac. Lionel Jospin put tirer parti du rejet du plan Juppé et du mouvement social de novembre-décembre 1995, mais la « gauche plurielle » était un montage « tactique » qui ne remédiait pas à la carence de projet. En 2007, le projet commun du PS n’existe pas, et la candidate doit improviser le sien. Les trois défaites de 1995-2002-2007 illustrent ainsi une faiblesse stratégique persistante.

L’élection se joue sur des paramètres politiques beaucoup plus profonds que la manipulation politique. Ce qui compte, c’est l’adéquation des acteurs politiques à une situation historique donnée. François Mitterrand aura été le seul candidat du PS, en cinquante ans de cinquième République, à trouver cette adéquation, ô combien subtile en 1981 et 1988 ! Le parti socialiste n’a pas, aujourd’hui, trouvé de réponse adéquate au défi central de la mondialisation. On peut dire que la droite non plus, mais la droite excelle à faire oublier assez vite les promesses qu’il lui arrive de faire. Depuis deux décennies, le parti socialiste attend sa victoire d’un « effet essuie-glace » qui, à vrai dire, ne s’est produit qu’en 1997. D’où sa propension à focaliser sa propagande sur l’adversaire du moment : tout sauf Chirac, en 2002 – tout sauf Sarkozy, en 2007. La question qui se pose au PS est aujourd’hui de reconstituer sa substance militante et de savoir s’il peut être plus qu’un parti de gestion. Peut-il proposer un projet original et crédible à la fois pour la France ?

Si on part de l’idée que le défi principal de la période historique est de savoir comment il est possible de relever le défi d’une « mondialisation libérale » qui prend la France en tenailles, on peut avancer l’idée que le candidat de gauche ne peut l’emporter que s’il donne le sentiment de pouvoir y répondre mieux que le candidat de droite. Il y avait là pour le parti socialiste une véritable difficulté en 2007 au lendemain du rejet de la Constitution européenne par le peuple français. Il eût sans doute fallu aller plus loin dans la définition d’une perspective alternative et pousser plus avant le curseur pour déséquilibrer Nicolas Sarkozy. Mais Laurent Fabius s’est enfermé dans le PS et Ségolène Royal, compte tenu de sa trajectoire personnelle, ne pouvait guère aller plus loin qu’elle ne l’a fait.

III – La campagne de 2007 et les contradictions non tranchées du PS

Revenons sur la dernière campagne présidentielle pour la comprendre, en dehors des effets médiatiques ou sondagiers, même si ceux-ci existent à l’évidence.

Je ne m’attarderai pas sur le phénomène Sarkozy et sur le rejet de Jacques Chirac par l’Establishment français, surtout depuis l’affaire irakienne, où on avait vu le Président de la République française braver ouvertement l’Hyperpuissance. Sans doute l’inéligibilité d’Alain Juppé, privant Jacques Chirac d’un successeur désigné et l’incapacité de trouver dans son camp une autre relève crédible, ont-elles contribué au surgissement de Nicolas Sarkozy dont la volonté, la pugnacité, le talent ont évidemment joué un rôle déterminant. Il est sans doute trop tôt pour porter des jugements définitifs mais le parallèle mérite sans doute d’être fait avec les conditions dans lesquelles De Gaulle a été remercié en 1969, avec le concours de la droite atlantiste. Nicolas Sarkozy a incontestablement bénéficié de la méfiance qu’a suscitée chez nos élites financières et médiatiques la politique étrangère du tandem Chirac-Villepin.

Quant à Ségolène Royal, elle n’est pas venue par hasard. Elle n’est pas, comme on l’a prétendu, la simple créature des sondages. Le succès de sa candidature exprimait la profonde contradiction où était le parti socialiste et que le référendum sur le projet de Constitution européenne du 29 mai 2005 avait fait éclater aux yeux de tous : d’un côté 60 % du parti pour le oui ; de l’autre 60 % de ses électeurs pour le non.

Mais cette division plongeait ses racines dans un passé bien antérieur, dans le tête-à-queue social-libéral du parti socialiste : en mars 1983 l’ouverture de la « parenthèse libérale » selon l’expression du Premier secrétaire de l’époque, jamais refermée depuis lors. C’est dans ce parti gravement divisé contre lui-même que le 29 mai 2005 s’est épanouie la candidature à la candidature de Ségolène Royal. Il apparût vite aux adhérents que les deux autres candidats, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, malgré la synthèse artificielle du Congrès du Mans et malgré un projet socialiste patchwork, également voté à l’unanimité, trouveraient contre eux l’aile adverse du parti. Même s’il avait mis beaucoup d’eau dans son vin, Laurent Fabius ne fédérait pas au sein du PS les partisans du « non » et ne désarmait pas le ressentiment des partisans du « oui ». Et pas davantage Dominique Strauss-Kahn l’hostilité des partisans du « non » à l’égard de la dérive européiste et libérale.

C’est sur cette base qu’a prospéré la candidature de Ségolène Royal. Elle fut désignée à plus de 60 % des adhérents contre 20 % environ à ses deux compétiteurs. Elle était l’« homo novus » dans la perspective de cet affrontement programmé et déjà rebattu, tant les arguments échangés avaient été depuis longtemps ressassés.

Ségolène par sa féminité et son caractère faisait la différence. Elle eut l’astuce de l’invention de quelques formules ramassées qui, tel « l’ordre juste » donnait le sentiment du dépassement de la contradiction entre bienpensants de gauche, adeptes de la seule prévention, et partisans d’une politique de sécurité républicaine qui ne ferait pas l’impasse sur la répression. De même affirma-t-elle l’intention de dépasser le clivage du « oui » et du « non » au référendum européen du 29 mai 2005. Elle demanda à Porto, début décembre 2006, devant le Congrès du PSE, la modification des statuts de la Banque Centrale européenne. Elle ne développa pas assez cette orientation alternative. Son grand mérite fut enfin de réintégrer la nation dans la pensée socialiste d’où elle avait été évacuée depuis 1983, sinon plus anciennement encore (bien que la pédagogie de la « nation républicaine » reste encore largement à faire).

Ce ne sont donc pas les sondages qui ont désigné Ségolène Royal. Les sondages ont mis en valeur sa différence d’avec ses concurrents ; elle était une femme d’abord et ne se laissait identifier avec aucun autre. Bien sûr les sondages ont exercé un effet multiplicateur. Ils ont creusé l’écart mais ils n’ont pas créé, au départ, les conditions politiques qui ont permis l’envol de Ségolène.

*

Chacun sait que les sondages se sont renversés en sa défaveur à la mi-janvier 2007, tandis que Sarkozy, par la plume « républicaine » d’Henri Guaino, prenait à contre-pied les procès instruits par la gauche. Celle-ci croyait avoir un boulevard en taxant Sarkozy d’ultralibéralisme, d’atlantisme, de communautarisme, stigmatisation dont la paternité revenait en fait à Jacques Chirac. Eric Besson avait développé cette argumentation dans un opuscule distribué au début de l’année au comité de campagne socialiste, taxant Sarkozy de « néo-conservateur américain à passeport français ». Les excès de l’esprit partisan furent ensuite dénoncés par l’intéressé lui-même, tétanisant ainsi son camp. Prenant ses adversaires à contre-pied, Sarkozy exalta la politique industrielle, flétrit « l’euro cher », réclama une « préférence communautaire ». Il reconnut comme une faute (avec quatre ans de retard il est vrai) l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et prit ses distances avec eux sur le climat et sur la Turquie. Laissant son entourage traiter les sensibilités des « communautés », il occupa, sur le conseil d’Henri Guaino, le créneau de la République.

En face on ne sut pas enfoncer le clou et dénoncer ses contradictions. Au contraire, Nicolas Sarkozy, enferma la gauche dans les siennes : sur la sécurité, la nation, le social. Il campait habilement trois épouvantails : la « racaille » des cités, l’immigration subie, censée menacer l’identité nationale, et enfin, au nom de la « valeur travail », la dérive de la société française vers « l’assistanat », dérive imputée aux socialistes.

Sur ces trois thèmes, la gauche se fit piéger : sur la sécurité elle ne vit pas le coup venir. Ségolène ne prononça pas les discours qui lui avaient été préparés sur l’insécurité et sur l’immigration. Sur un prétexte futile (l’exiguïté de la salle retenue) l’expression de Ségolène sur la sécurité fut annulée, huit jours avant qu’éclatent les incidents de la gare du Nord. Il était alors trop tard pour réagir. Nicolas Sarkozy, démagogiquement, renvoya Ségolène « du côté des délinquants ».

Il en fut de même sur la question des sans-papiers. Le parti socialiste, après l’affaire du « grand-père chinois » interpellé devant l’école où il venait chercher son petit-fils et de la mise en garde à vue d’un instituteur du 19ème arrondissement de Paris qui avait tenté de s’interposer, se mit à la remorque du « Réseau Education sans frontières » dont le mot d’ordre était la régularisation générale de tous les sans-papiers. Comme je faisais observer au comité de campagne du mardi que telle n’était pas la position du parti socialiste, ni surtout de Ségolène Royal, partisans du « cas par cas » et encore « sur critères », des responsables socialistes de Paris, appelant à manifester me répondirent que cette association (le « Réseau Education sans frontières ») « respectait les positions du PS ». Celui-ci, en pleine confusion et victime de ses contradictions et de ses atermoiements, se vit rejeté du côté du sans-papiérisme associatif. La candidate ne put montrer que l’identité nationale était menacée par le capitalisme financier plus que par l’immigration incontrôlée car elle devait tenir compte de la sensibilité sociale-libérale qui fuyait chez François Bayrou à l’appel des « Gracques », hauts-fonctionnaires libéraux qui devaient leur carrière à la gauche, qu’on retrouvait de plus en plus reconvertis dans le monde des affaires et dont la plupart, après diverses palinodies, allaient se retrouver chez François Bayrou d’abord et souvent, à la fin, chez Nicolas Sarkozy. Eux aussi alimentaient la faiblesse d’une gauche parvenue au bout de sa dérive libérale.

L’affaire des sans-papiers permit à Nicolas Sarkozy de marquer le point à partir d’une idée tronquée de la nation (l’immigration incontrôlée menaçant seule l’identité nationale). Davantage même sa proposition de créer un « Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale », si elle suscita un hourvari dans la gauche bien pensante, contribua à vider le Front National d’une partie de son électorat, en mettant le doigt là où cela faisait mal : le refus communautariste de se plier aux valeurs admises depuis longtemps en France (l’égalité homme-femme) et de respecter les règles de la vie commune (à commencer par les institutions et les biens d’autrui) et même d’une simple civilité.

Sur la troisième question (le « social » et les salaires), Sarkozy, sut flétrir « l’assistanat » et pointer une dérive déjà ancienne (c’est à partir de 1982 que Jacques Delors a bloqué les salaires et développé le rôle compensatoire des prestations sociales, déconnectant ainsi les revenus du travail salarié). Couronnant sa politique d’allocations, le PS inventa enfin, ultime trouvaille déjà présente en 2002, « l’allocation d’autonomie pour les jeunes ». Ségolène pouvait répondre « donnant-donnant », « gagnant-gagnant », « droits et devoirs », elle était débordée par la stigmatisation des « tire au flanc », de la paresse subventionnée et du sort injuste fait à « ceux qui se lèvent tôt pour gagner peu ». Elle était piégée par les contradictions qui demeuraient au sein du PS et que celui-ci n’avait pas su ou pu lever avant l’épreuve.

C’est ainsi que Sarkozy maintint une assise quasi majoritaire sur le salariat. Durant la campagne législative, un salarié de General Electric à Belfort, qui prétendait avoir toujours voté pour moi, me fit observer que ses voisins, avec l’indemnisation-chômage, le bricolage, le travail au noir, voire le travail en Suisse, gagnaient autant que lui. Je lui objectai que les restructurations industrielles et les plans sociaux traduisaient une autre logique, celle de la prépondérance du capital financier. « C’est bien possible, me dit-il. Mais je ne vois pas ces capitalistes tous les jours. Ce ne sont pas mes voisins ».

Toutes ces contradictions du parti socialiste préexistaient à la candidature de Ségolène Royal. Le parti socialiste n’avait mis ses idées au clair ni sur la nation, à travers l’Europe et la mondialisation, ni sur une approche républicaine des questions de sécurité, ni sur la revalorisation du travail et le nécessaire relèvement des taux d’activité en France (pourtant mentionné dans l’accord MRC-PS. Les propositions de Ségolène Royal (revenu de solidarité active – centres de rééducation « militaires » pour les délinquants multirécidivistes – affirmation de la nation républicaine contre ses contempteurs) étaient judicieuses mais elles venaient trop tard, laissant le PS sans voix parce qu’il était en fait sans projet véritable sur ces questions difficiles.

Ce n’est pas seulement parce que le PS ne la soutint que mollement que Ségolène Royal courut à l’échec : c’est parce que le parti socialiste, sur les questions décisives, n’avait pas tranché clairement. Il n’avait pas fait sa « mue » républicaine. Le PS, en 2007 comme en 2002, cultivait les fausses synthèses. Il répugnait à trancher entre des conceptions opposées (sur la nation d’abord mais aussi sur la sécurité, le travail, etc.). En 2007 comme en 2002, il a perdu parce qu’il n’avait pas bâti un projet à la hauteur des défis des temps présents. Ségolène Royal ne pouvait combler en quelques mois un retard qui s’enracinait dans la difficulté réelle de concilier la sensibilité de la gauche dite « morale » et les aspirations des couches populaires. Il était plus commode pour le PS d’attendre le succès du simple effet de « l’essuie-glace » : du rejet de Chirac en 2002 et du « tout sauf Sarko » en 2007.

IV – Le PS doit résoudre son problème avec la nation

Le parti socialiste a un problème avec la nation qui remonte loin dans l’histoire. Seul Jean Jaurès avait compris avant 1914 que le parti socialiste devait s’identifier à la France. Ni Léon Blum, ni Guy Mollet, ni Lionel Jospin ne l’ont vraiment compris. Tous mettaient en priorité « la gauche » ou « le parti ». Même François Mitterrand qui avait toutes les qualités pour opérer cette conversion républicaine du parti socialiste a préféré en 1983 la voie, plus facile, d’une conversion libérale aux couleurs de l’Europe. « La France est notre patrie, et l’Europe notre avenir » pouvait être lu : « La France est notre passé. L’Europe sera notre patrie ».

On peut se demander si le mouvement socialiste n’est pas frappé d’une faiblesse congénitale dans le rapport qu’il entretient avec la nation. A la différence des partis de droite qui ont à la fois recyclé et dévoyé l’idée nationale à la fin du XIXe siècle, et à la différence aussi des radicaux, qui ont su maintenir leur ancrage dans la Révolution française (la figure de Clemenceau est emblématique à cet égard), les socialistes se sont définis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle sur le terreau de l’internationalisme souvent confondu – sauf Jaurès – avec la simple opposition au chauvinisme et au nationalisme de la plupart des partis de droite de l’époque.

Il serait évidemment absurde de faire aux socialistes le procès de manque de patriotisme. Ce serait de surcroît tout à fait injuste Il s’agit plutôt d’un retard conceptuel, d’un « anti-nationisme », d’une sous-estimation, en fait assez impressionnante, du fait national dans leur théorie et dans leur pratique. De sorte que les socialistes se sont trouvés régulièrement en porte-à-faux : en 1914 devant la guerre et l’invasion allemande ; dans les années 1930 face à la montée du fascisme où il faudra attendre 1938 pour voir Blum appeler à un « front français contre le nazisme ». De tout temps, par rapport aux problèmes de la colonisation et de la décolonisation et aujourd’hui du « nouvel ordre mondial », par sous-estimation du fait national chez les peuples du Sud. Enfin, aujourd’hui, les socialistes répugnent à analyser la globalisation dans ses aspects politiques (le dollar comme monnaie mondiale ne se soutient que par la permanente fuite en avant de l’Hyperpuissance) et n’y opposent que des réponses toutes faites : ainsi « l’Europe » comme si celle-ci pouvait être une solution par elle-même au déséquilibre du monde, en dehors d’un travail préalable de conviction quant à la nécessité de faire surgir une « Europe européenne ».

La conversion libérale de 1983 renvoie ainsi à une incapacité plus profonde à définir un projet national dans lequel le pays tout entier pourrait se reconnaître. Les munitions employées il y a vingt ans par François Mitterrand (correction « sociale » de l’économie libéralisée, « tout préventif » en matière de sécurité, antiracisme, et surtout européisme militant et « ringardisation » de la nation) sont aujourd’hui épuisées. On ne peut pas gagner une guerre avec les armes de la précédente.

Le parti socialiste a trop longtemps tardé à effectuer les autocritiques nécessaires. Celles-ci, il est vrai, sont difficiles parce qu’elles obligeraient le parti socialiste à comprendre la vertu des synthèses que j’appelle jauréssiennes et qui sont en fait « républicaines », et surtout à les faire réellement siennes.

Conclusion

Au total donc, selon moi, c’est le politique en dernier ressort qui a été déterminant dans les trois élections présidentielles. Sondages et médias pèsent lourd. La tâche des politiques est infiniment difficile. Ils doivent se mouvoir dans un milieu qui n’est pas naturellement le leur, quand ils veulent dépasser l’instant et inscrire leur action dans un projet à long terme.

Rien n’est plus nécessaire pour remonter la pente du système que de repenser le service public de l’audiovisuel. Et rien ne serait plus salubre que l’adoption de règles déontologiques en matière de sondages.

Mais l’erreur serait, à mon sens, de sous-estimer l’intelligence des citoyens. Même si le conditionnement médiatico-sondagier est puissant, l’appel à l’intelligence de l’intérêt général n’est pas vain. Une minorité de citoyens conscients peut faire la différence. Quand le candidat de la gauche n’apporte pas cette dimension de projet, et ce fut le cas en 1995, 2002 et 2007, il y a quelques centaines de milliers voire quelques petits millions de citoyens qui préfèrent rallier l’autre camp ou se réfugier dans l’abstention ou le vote protestataire.

Nous sommes à la Fondation Res Publica, d’intérêt public, et ne nous adressons pas particulièrement à la gauche.

La gauche doit toujours apporter quelque chose de plus. Elle doit revenir à l’esprit républicain qui est celui des Lumières. Elle ne peut pas tout attendre de la faiblesse de l’adversaire et d’une propagande sommaire voire à l’occasion démagogique vis-à-vis des couches sociales qui sont, mécaniquement, censées la soutenir (ouvriers et employés qui ont déserté le camp de la gauche en 2002 et ne l’ont rejoint qu’à moitié en 2007). Il est temps que la gauche prenne la mesure de ses retards et de ses carences pour faire une analyse solide des réalités du monde globalisé et proposer aux citoyens un projet qui fasse réellement appel à leur intelligence et à leur civisme.

Excusez-moi d’avoir été un peu long. Je voulais d’emblée donner quelques pistes, permettre aux intervenants de développer leurs thèses, de réagir, me contredire, y compris vivement.
Je vais d’abord donner la parole à un représentant des médias, média d’ailleurs très particulier qui n’est pas représentatif de l’ensemble des médias puisque Nicolas Domenach est, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.

———-
1)Editions du Croquant
2)Voir tableau en pièce jointe ci-dessous au format PDF

S'inscire à notre lettre d'informations

Recevez nos invitations aux colloques et nos publications.

Veuillez saisir une adresse email valide.
Veuillez vérifier le champ obligatoire.
Quelque chose a mal tourné. Veuillez vérifier vos entrées et réessayez.