Intervention prononcée lors du colloque du 14 février 2005 Islam de France : où en est-on ?
Mon propos dans cette intervention sera de voir dans quelle mesure et de quelle façon les pouvoirs publics dans le cadre de la législation actuelle et notamment du principe de laïcité pourraient, d’une manière ou d’une autre, participer, apporter leurs contributions pratiques (financières, techniques, universitaires…) à la formation intellectuelle (théologique, pédagogique, juridique, linguistique…) des cadres religieux musulmans officiant en France.
Je profite de l’occasion pour rappeler que cette question est dores et déjà inscrite sur l’agenda de plusieurs de nos partenaires européens (Pays Bas, Autriche, Espagne, Allemagne, Belgique…), sans parler de l’existence à l’échelon européen d’un quasi paradigme de l’enseignement théologique dans l’université (Facultés étatiques dans les pays nordiques et les Iles britanniques, Universités privées équiparées par rapport aux publiques dans l’Europe du sud, Instituts propres).
Le recours au vocable de cadres religieux musulmans permet d’avoir une vision globale de l’enjeu qui nous préoccupe ce soir et qui n’est pas réductible à la seule problématique de la formation des imams et autres ministres du culte musulman, n’oublions pas en effet la question des aumôniers pénitenciers, hospitaliers et bientôt militaires, et le rôle effectif joué par les femmes dans le cadre de la cadre de la transmission des valeurs religieuses à l’échelon des communautés de base.
Quelques constats en guise de préalable
• La focalisation sur la problématique de la formation des imams en France, s’explique autant par des circonstances internes (politique volontariste d’organisation du culte musulman, concurrence entre les fédérations musulmanes rivales…) qu’internationales (essor du salafisme, menace terroriste…).
• Ce sujet donne régulièrement lieu à des déclarations volontaristes de la part des pouvoirs publics et des responsables communautaires, mais qui tardent à déboucher sur des réalisations concrètes durables, souvent par manque de préparation, défaut d’expertise ou blocages internes (cacophonie administrative, défiance des organisations musulmanes, calendrier politique…). Le manque de coordination entre ministères concernés s’avère en ce domaine aussi déterminant que l’hétérogénéité du paysage islamique et les querelles de précellence entre des opérateurs musulmans ambitieux mais pas toujours socialement efficaces.
• Enfin, on ne peut s’empêcher non plus d’évoquer l’incidence négative que peut avoir sur ce dossier une vision quelque peu étriquée, figée de l’idée de laïcité qui parfois rime avec désengagement ou déresponsabilisation de l’Etat. Il doit pouvoir y avoir un juste milieu entre le tout laisser faire libéral et l’ingérence systématique de la puissance publique en matière d’organisation des cultes.
Circonstances internes et conjoncture internationale
La préoccupation majeure des pouvoirs publics
Il faut commencer par relever qu’à l’échelon national, l’attention particulière portée à la question du devenir du culte musulman du point de vue de ses cadres reflète en premier lieu, le souci des pouvoirs publics.
Ceux-ci sont en effet pressés de doter l’islam d’une représentation centrale du culte unifiée, et à partir de là, d’œuvrer à l’affirmation d’un islam disposant d’un personnel d’encadrement clairement identifié, jouissant d’une formation adaptée à ses missions et à la diffusion d’un islam compatible avec les valeurs de la société environnante.
Certains hommes politiques ont même évoqué l’idée d’un clergé constitutionnel musulman qui puisse faire contrepoids à un clergé réfractaire, sous entendu fondamentaliste.
« L’islam de France est encore à bâtir déclare notamment Jean Pierre Chevènement. Le problème de la formation des imams reste entier .Avec le temps, j’en suis venu à la conclusion que la création d’un institut de formation à Strasbourg était probablement la meilleure solution pour permettre une formation de haut niveau répondant aux critères républicains et par conséquent payés par l’État. On croira au paradoxe: il faudrait donc utiliser des dispositions héritées du Concordat pour faire naître en France un islam respectueux des valeurs et des règles de la République? Je retourne ce raisonnement: croit on, que la séparation de l‘Église et de l‘État de 1905 ait pu s’imposer sans qu‘au préalable aient dû être franchies plusieurs étapes de l‘Église gallicane de nos rois aux lois laïques en passant par le clergé constitutionnel et le Concordat napoléonien ? ». (1)
L’interrogation sur la formation des cadres religieux musulmans renvoie dans un deuxième temps seulement à une attente réelle -bien que plus récente- des collectivités musulmanes elles-mêmes en matière d’imams et d’autres cadres religieux qualifiés. Il s’agit avant tout pour elles, de pouvoir disposer de professionnels du culte qui soient en phase avec les milieux dans lesquels ils sont supposés intervenir notamment vis à vis des jeunes et par rapport à la société dans laquelle ils évoluent.
Ces interrogations sont en fait concomitantes de la prise de conscience de ce que non seulement l’islam est profondément sédentarisé en France, mais qu’il s’impose aujourd’hui comme une réalité nationale.
La variable sécuritaire omniprésente
Cette prise de conscience trouve également dans la conjoncture internationale une résonance forte et une légitimation supplémentaire. Il est un fait que cette interrogation a brusquement refait surface dans le débat public au lendemain du 11 septembre 2001.
Au cours des diverses tentatives de reconstitution des itinéraires de certains jeunes musulmans impliqués à des degrés divers dans des réseaux actifs ou de simple soutien à des groupements islamiques radicaux, il a pu être établi d’une part le rôle central joué par certaines madrassa littéralistes du Pakistan et, au-delà, l’influence réelle de la rhétorique wahhabite diffusée par certains prédicateurs ou via internet.
Se profilait aussi à l’horizon la figure emblématique de l’imam radical qui par des prêches enflammés appelait de jeunes musulmans à s’engager dans la voie jihâd guerrier.
Une enquête réalisée par l’Institut des Hautes Etudes et de la Sécurité Intérieure (IHESI) et l’INALCO au profit du ministère de l’Intérieur datée de Mai 2002 (2) à laquelle participaient des arabisants et des islamologues (musulmans de surcroît !) établissait pourtant, a contrario, que la tonalité générale des prônes dans les mosquées de France, était non seulement dépourvue d’unité, mais surtout peu perméable aux thématiques radicales (3). Dans l’ensemble il apparaissait que la majorité des prônes étudiés était plutôt axée sur des questions rituelles et dogmatiques classiques laissant cours à un islam plutôt piétiste, ritualiste, souvent fruste.
Ce constat ne semble pas devoir être démenti aujourd’hui, pour peu que l’on ne cède pas aux sirènes de ceux qui de façon caricaturale voient des islamistes partout ou, à défaut d’en trouver, traquent clandestinement les musulmans qui ne seraient pas d’authentiques laïques émancipés de toute référence à la loi religieuse.
En dépit de ces précisions le débat public autour de la formation d’un personnel religieux en France est en permanence sous-tendu par ce souci de se prémunir contre toute tentative d’instrumentalisation politique radicale de l’islam.
Il revêt ce faisant immanquablement une dimension éminemment sécuritaire. L’expulsion de plusieurs imams (l’algérien Abdelkader Bouziane de Vénissieux, le turc Midhat Guler dans le XIe arrondissement de Paris, l’assignation à résidence de l’irakien Yashar Ali à Mende …) et la fermeture de salles de prières (Clamart, Chatenais-Malabry) en avril 2004, ont il est vrai grandement pesé sur la volonté des pouvoirs publics, et du ministre Dominique de Villepin, de relancer la discussion sur la formation des imams avec ou sans l’aval du CFCM (4).
Les réflexions pionnières des universitaires
Il ne faudrait pas oublier qu’en amont, la focalisation sur cette question en France doit aussi beaucoup aux interventions régulières d’universitaires de renom, comme Mohammed Arkoun, Bruno Etienne ou encore Ali Merad sans oublier feu Etienne Trocmé.
Ces derniers depuis plus de dix ans, n’ont eu de cesse d’insister sur la nécessité de doter la France d’un institut ou d’un cycle national d’enseignement centralisé sur l’islam et la théologie musulmane. Ils proposèrent même pour cadre privilégié d’implantation, Strasbourg.
Cette question finira progressivement par s’imposer durant la dernière décennie comme une des interrogations majeures à l’échelon français comme à celui de l’Europe et donner lieu à quelques initiatives privées, communautaires.
Depuis lors, à chaque avancée du processus d’institutionnalisation de l’islam, les divers gouvernements ne manquent pas de réaffirmer que la formation de cadres religieux musulmans constitue un impératif qui conditionne le futur de l’intégration des populations musulmanes dans l’hexagone, avec à l’appui, force déclarations ministérielles volontaristes.
Des rapports officiels ont même été réalisés et ont tenté de défricher utilement le terrain dans ce sens.
Le dernier en date est celui de Daniel Rivet demandé par Luc Ferry et qui suggère les champs disciplinaires dans lesquels l’université française pourrait apporter sa contribution et œuvrer à une formation optimale des cadres religieux musulmans.
Valorisation du rôle et de la fonction de l’imam en France
L’un des paradoxes de l’encadrement religieux musulman en France (et dans le reste de l’Europe) est le rôle prééminent qui est souvent conféré à la charge et à la personne de l’imam, qui est sans commune mesure avec la situation prévalant dans le monde musulman contemporain.
En effet, à la différence de ce qu’on peut observer généralement dans le monde musulman (principalement au Maghreb) où l’imam remplit plutôt un rôle secondaire, strictement limité aux aspects techniques, pratiques relatifs à l’accomplissement du culte (l’imam khatib chargé de la prédication du Vendredi, et les imams des cinq prières chargés de la direction des prières quotidiennes ), en France on observe une tendance visant au contraire à lui conférer un rôle prééminent au sein de la collectivité religieuse musulmane. N’oublions pas non plus que dans l’espace musulman la capacité d’autonomie de l’imam notamment en matière de prédication est rigoureusement encadrée, contrôlée par le ministère ou la direction des Affaires religieuses.
La valorisation sociale de la fonction symbolique de l’imam en France, renvoie au fait qu’en dehors du monde musulman son champ d’intervention est effectivement plus large que la sphère stricte du culte quotidien et hebdomadaire. Il tend à cumuler plusieurs fonctions aux plans religieux, social et civil pour ne pas dire civique. C’est ainsi qu’il prend souvent en charge l’éducation des plus jeunes, s’occupe de l’accompagnement spirituel des fidèles hors des lieux de cultes et se transforme à l’occasion en médiateur interculturel et social dans certains quartiers (5).
On a ainsi pu observer à l’occasion de certaines tensions dans des banlieues survenues à la suite de bavures policières que l’imam se faisait alternativement le relais de la colère des familles, dont l’un des enfants venait d’être abattu au terme d’une échauffourée avec les forces de l’ordre, tout en s’imposant comme un modérateur social lançant des appels au calme.
Autre exemple, lors des obsèques du jeune Khaled Kelkal, recherché pour avoir participé à des attentats et abattu par les forces de l’ordre le 29 septembre 1995, la cérémonie religieuse fut officiellement présidée par le Mufti de Lyon en personne Abdelhamid Chirane accompagné de son homologue de Vénissieux Kamal Mansour. Leur présence visait autant à apporter un surcroît de réconfort aux proches du disparu, que rappeler à ces jeunes que des imams actifs sur le terrain (notamment Kamal Mansour aumônier des prisons !) étaient à leur disposition comme recours afin d’éviter toute dérive du type de celle dans laquelle avait pu sombrer Khaled Kelkal.
Nombre d’interrogations demeurent cependant quant aux motivations réelles de cette valorisation de la personne de l’imam qui peut parfois sembler très artificielle lorsqu’on constate que la plupart des mosquées et des grandes fédérations musulmanes de France ne sont pas présidées par des responsables en charge directe du cultuel, mais bien par des « laïcs ». Il s’agit de présidents d’associations qui n’ont pas suivi une formation classique spécialisée en sciences islamiques !
De fait, la plupart des imams sont dépendants des présidents d’associations, a fortiori s’ils en sont salariés.
Cela est très clair en tout cas dans les milieux musulmans turcs. Ces derniers salarient tous leur personnel religieux, alors que dans les autres milieux musulmans notamment parmi les Maghrébins, rares sont les imams salariés (6). Ils ne sont cependant pas pour autant plus autonomes du moins dans les réseaux consulaires. L’imam étant peu ou prou placé sous l’autorité du président de l’association gestionnaire de la salle de prière.
J’ajoute à cela, à titre d’illustration, que le groupe de travail qui avait été constitué dans le cadre de la Consultation sur l’islam (l’Istischara) sous le vocable « Ministres du culte » ne comprenait tout au plus qu’un membre permanent qui assurait de façon régulière la fonction d’imam, à Mantes-la-Jolie (il a depuis quitté ce groupe). Les autres membres étaient soit des membres de professions libérales (avocat, médecin), des responsables associatifs, soit des universitaires !
Sans doute faut-il voir dans cette valorisation de la figure de l’imam l’expression d’une adaptation progressive à un environnement culturel marqué par le christianisme dont la figure religieuse historiquement dominante fut longtemps celle du clerc, du prêtre. Preuve une fois de plus que l’islam est capable de s’adapter aux usages et pratiques en vigueur dans la société environnante.
Retour sur quelques initiatives communautaires de formation de cadres religieux
Ce n’est en fait que depuis une dizaine d’années que la question des cadres religieux de l’islam en France préoccupe vraiment les responsables communautaires musulmans !
Jusque là, il faut bien reconnaître que les responsables des grandes fédérations musulmanes de France semblaient plus préoccupés d’obtenir des pouvoirs publics quelques signes tangibles de représentativité (consultation régulière par les pouvoirs publics, visite de centres islamiques par des ministres, obtention d’habilitation de sacrificateurs pour l’abattage rituel…), que de former des cadres religieux.
Chacun semblait s’accommoder (avec l’aval tacite des autorités) de l’existence de filières traditionnelles d’importation de cadres religieux en provenance des pays d’origine, comme de la présence d’imams âgés bénévoles, ayant une formation religieuse minimale, sans oublier les imams dits autoproclamés, qui pour une bonne partie d’entre eux sont des autodidactes de l’imamat ayant acquis leur compétence de façon plus ou moins artisanale sur le terrain.
Parallèlement aux diverses tentatives plus ou moins éphémères de structuration durable du culte musulman en France (CORIF, Charte du culte musulman), une partie des organisations musulmanes, au cours de la décennie 90, ont pourtant entrepris de se préoccuper de cet aspect essentiel de l’organisation pratique du culte (7).
De janvier 1992 à juillet 1993, trois instituts privés vont voir le jour avec pour vocation affichée d’œuvrer à la formation d’imams et de cadres musulmans religieux et associatifs.
Il s’agit, par ordre chronologique, de :
• L’Académie européenne des études islamiques, qui par la suite prendra le nom d’Institut européen des sciences humaines (IESH), localisé à Saint-Léger-de-Fougeret, en plein cœur du Morvan. Cet institut en tant qu’association, a vu le jour en 1990 et n’a pu officiellement ouvrir ses portes qu’en janvier 1992. Il est organiquement rattaché à l’UOIF.
• Vient ensuite l’Institut de théologie de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris (IMMP), inauguré en octobre 1994, doté d’une section de formation des imams. Inauguré avec pompe en présence des ministres de l’Intérieur du moment, Charles Pasqua, et de la Culture, Jacques Toubon, cet institut était censé répondre à la fois aux besoins de cadres religieux et à la nécessité de « fournir les meilleurs cadres adaptés à la situation et à la vie des musulmans de France » (8).
• Enfin, l’Université islamique de France (UIF) qui a ouvert ses portes en octobre 1993 à Mantes la jolie avant de se transformer en Institut d’études islamiques de Paris (IEIP), avec pour localisation provisoire pendant plusieurs années les locaux du bureau parisien de la Ligue Islamique Mondiale (LIM) dans le quinzième arrondissement.
De ces trois instituts, deux seulement subsistent aujourd’hui et reçoivent un nombre variable d’étudiants et d’étudiantes musulmans, titulaires ou non du baccalauréat et de diplômes équivalents. Ils dispensent également par correspondance des cours à destination le plus souvent d’inscrits résidant en France voire à l’étranger, comme c’est souvent le cas avec l’Institut de la Nièvre.
Chacun de ces instituts a une vocation, plus théorique que pratique, à former des imams susceptibles d’encadrer religieusement les Musulmans en France. Pour l’heure, force est de constater qu’ils ont rencontré des succès contrastés dans la concrétisation de cet objectif en terme d’aménagement de filières de formation, d’enseignement dispensé, de fréquentation et de débouchés professionnels au plan communautaire.
L’Institut supérieur de théologie de la Mosquée de Paris
L’ensemble de la formation baptisée chaire de théologie, s’échelonnait de quatre à sept ans et était destinée « à orienter les vocations religieuses vers la fonction d’imamat et de personnel musulman » sur la base d’une pédagogie calquée sur celles qui dans le monde musulman, forment traditionnellement les religieux et les spécialistes du droit musulman, quoique réadaptée, précisa le recteur Dalil Boubakeur au « mode de vie français » (9).
L’essentiel des enseignements, était placé en droit sous la double tutelle, morale et religieuse, du Grand Mufti et du Vice-Recteur de la mosquée de Paris, fonctionnaire appointé par l’État algérien. Dans les faits, c’était le recteur qui en assurait le contrôle.
Les cours étaient dispensés au sein de l’institut dans 600 m² de locaux spécialement aménagés. Cet enseignement comprenait hebdomadairement (pour la première année) l’apprentissage du Coran (7 h 30), l’exégèse et les sciences dites coraniques (3 heures), les sciences du hadith (1 h 30), la dogmatique (1 h 30), les sources et fondements de la jurisprudence islamique usul al fiqh (1 h 30), langue et littérature arabe (6 heures), la jurisprudence islamique (6 heures) et enfin l’histoire islamique (1 h 30) (10).
En dépit d’un projet supposé traduire en acte la double vocation de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris, d’être à la fois un lieu d’enseignement et de rayonnement islamique et un pôle de rassemblement des musulmans de France, cet institut n’a jamais dépassé une dizaine de personnes officiellement, cinq officieusement, qui sont d’ailleurs entrés en conflit avec la direction de la mosquée (11).
Depuis le lancement de la consultation des musulmans de France, la Mosquée de Paris a de nouveau entrepris à partir du 1er octobre 2002 de remettre sur pieds un cursus de formation des imams. Il s’agirait cette fois d’une formation échelonnée sur deux ans destinée à former à la fois des imams et des aumôniers femmes sur la base d’un enseignement et de programmes « inspirés des programmes appliqués dans des Universités des sciences islamiques telles Al Azhar, l’Emir Abdelqader, Qarawiyne » (12), et dispensés par des enseignants théologiens issus de l’Institut de Constantine et diplômés de l’université française.
A noter que ce module de formation ne comprend à peu près aucun enseignement relatif à la société française (tout au plus parle-t-on de culture générale !), il n’est pas plus question d’islamologie appliquée !
S’agissant de l’étude du fiqh il n’est prévu d’enseigner que la seule école malékite. Ce brusque réveil ne doit pas faire illusion, il participe en fait du parcours de cette institution visant à apparaître aux yeux des pouvoirs publics comme garante d’un islam réputé moderne et républicain donc susceptible de représenter l’islam de France.
L’Institut européen des sciences humaines et l’Institut d’études islamiques de Paris
Les deux autres instituts s’inscrivaient eux dans une double logique à la fois d’arabisation et de ré-islamisation.
De plus, ils fonctionnaient plus comme des établissements dispensant des cycles d’enseignement religieux plutôt que des instituts de formation d’imams et de cadres religieux musulmans, dans lesquels la prise en compte de la société environnante demeurait toujours partielle. Elle se limitait le plus souvent à la connaissance du seul pluralisme religieux hexagonal.
A la lecture des programmes d’enseignement et à la suite d’entretiens réalisés sur place auprès de responsables, d’enseignants et d’étudiants, il apparaît que les études proposées s’inscrivaient dans des projets sinon divergents en tout cas plus ou moins finalisés idéologiquement et théologiquement.
C’est ainsi que l’institut de la Nièvre insiste tout particulièrement sur la dimension réglementaire au sens de la jurisprudence islamique (fiqh). Sont étudiés dans le détail (filière longue) les différents aspects et champs de production de la jurisprudence islamique, qu’il s’agisse de la jurisprudence relative aux obligations cultuelles (fiqh al ibadat), aux relations sociales (fiqh al mua’malat), au droit de la famille ou statut personnel (ahwal al shakhsiya) ou même certains aspects plus politiques (khilafat, siyasa sharî’a…).
Dans la mesure du possible, les enseignants s’efforcent de présenter le point de vue des différentes écoles de jurisprudence avec une attention plus particulière toutefois pour les écoles malékite (dominante chez les musulmans originaires du Maghreb) et hanafite (dominante chez les musulmans originaires de Turquie et du Pakistan). Cela fait même l’objet d’une discipline propre dite droit ou jurisprudence comparée (fiqh al muqârun), enseignée à partir de la quatrième année et ciblée sur les questions d’assurance (ta’min) en tant que principe général et l’organisation (nidham).
S’ajoute à ces enseignements, pour la filière courte, celle des futurs imams, tout ce qui concerne l’art de la fatwa.
D’une manière générale la formation affiche en toute clarté une orientation théologique explicite, celle du réformisme orthodoxe, de la lignée de Rashid Ridha, Al Mawdoudi et Hassan Al Banna (etc…).
D’ailleurs, dès la troisième année, un cours lui est entièrement consacré (harakat al islah). Il intègre la pensée du jurisconsulte hanbalite Ibn Taymiyya (13) jusqu’aux émules de Hassan Al Banna en passant par Mohamed Abduh, et son disciple Rashid Ridha et divers réformistes célèbres du Maghreb comme Ibn Badis et Allal Fassi. Dans cette lignée réformiste de l’islam proposée par l’institut, certains noms sont volontairement exclus comme Ali Abd Al Râziq ou Tahar Haddad qui, par l’audace de leurs prises de position via leurs écrits, le premier critiquant la doctrine classique du califat, le second prônant l’émancipation de la femme incarnent l’aile radicale et progressiste du réformisme. A l’opposé, on trouvera Rashid Ridha qui intellectuellement annonce les tenants de l’islam plus politique comme Hassan Al Banna ou le pakistanais Mawdoudi, doctrinaire emblématique de l’islamisme.
Il en va de même en ce qui concerne le soufisme qui ne fait pas l’objet d’une étude spécifique mais qui est partiellement évoqué dans le cadre d’une matière intitulée « purification spirituelle » (tazqiya) au travers de textes d’auteurs mystiques reconnus comme « théologiquement corrects » (acceptables pour l’islam orthodoxe !) comme Ibn Al Qayim A Jawziya (14) ou Ghazâli (15), et à propos desquels règne un consensus. Un autre mystique aussi éminent que Muhyil-ad-dîn Ibn ‘Arabi (17) est écarté car perçu par les responsables de l’institut comme « un auteur compliqué et contesté » (18).
L’institut de Paris dès sa création veillait lui, à ne privilégier aucune école de pensée par rapport à une autre. Il tentait aussi de maintenir un équilibre entre les dimensions normatives et juridiques et les aspects proprement spirituels tous deux présents dans l’islam.
Le fondateur de cet institut avait d’ailleurs à ce propos déclaré « l’État islamique ou l’application de la sharî’a, même de façon intra-communautaire, ne sont pas à l’ordre du jour dans un pays comme la France » (18), alors qu’à Château Chinon on mettait plus nettement l’accent sur une application raisonnée et partielle de la sharî’a.
Après une période de flottement qui laissait craindre la disparition programmée de l’Institut des études islamiques de Paris, celui-ci continue de fonctionner et dispense désormais essentiellement un enseignement en langue française axé à la fois sur la connaissance générale de l’islam (étude des sciences islamiques, de la spiritualité et de la civilisation musulmane) et la connaissance de l’environnement national et européen (19).
Son directeur est actuellement Hichem El Arafa. C’est un diplômé en sciences islamiques de l’Université de Riyad.
L’institut de la Nièvre s’est lui doté en Seine Saint Denis d’une annexe dirigée par un diplômé de la Zeytuna et de la Sorbonne, Abdallah Jaballah, ancien responsable de la formation de l’institut de la Nièvre.
D’autres modestes initiatives
D’autres composantes musulmanes ont également entrepris de se préoccuper de cette question, ainsi le Diyanet a le projet, d’établir dans l’est de la France, sur le modèle de l’institut de la Nièvre, un séminaire destiné à la formation de ses propres cadres religieux. Habituellement s’agissant des imams des réseaux consulaires turcs, ceux ci, sont d’abord formés via les écoles imams hatips puis, au niveau du supérieur, via les illahyat (facultés de théologie) des universités publiques d’Istanbul et Ankara.
On peut également évoquer les cours du soir dispensés dans le cadre de l’institut d’Aubervilliers que dirige Dhaou Meskine. Ces cours ont également vocation à doter les musulmans d’une formation de base en théologie et surtout en fiqh susceptible de leur permettre par la suite de prendre en charge la direction religieuse d’une communauté. La mosquée de Paris a dores et déjà noué des contacts avec cet institut pour bénéficier de son expérience.
On peut enfin citer l’ouverture en 1995 à Saint Ouen d’une antenne française de l’International institute of the islamic thought (IIIT).
Cet institut dont le siège est depuis 1981 au Etats-Unis, est à la fois un centre de ressources qui diffuse une abondante littérature d’inspiration néo-réformiste sur les défis qui attendent l’islam contemporain et un réseau international de chercheurs, de diplômés et d’universitaires musulmans engagés dans les débats sur le renouveau de la pensée musulmane et les questions pratiques relatives à la réforme de son appareil normatif (20).
En France l’institut organise régulièrement des journées d’études, des colloques auxquels participent des universitaires renommés de toute sensibilité comme les représentants des diverses fédérations musulmanes nationales. L’institut s’est aussi impliqué dans le dossier de la formation des imams en mettant en avant sa notoriété internationale et son indépendance organique vis-à-vis des grandes institutions musulmanes françaises.
En province, à un autre niveau, des diplômés d’universités françaises engagés dans les communautés musulmanes ont aussi mis sur pieds des formations continues avec pour objectif d’apporter cette fois aux fidèles un complément de savoir sur l’islam dans ses volets juridiques, théologiques, spirituels et sociologiques. Tel est par exemple le cas à Marseille de l’Institut méditerranéen d’études musulmanes (IMEM).
Bilan contrasté de ces expériences
Au terme de cette analyse, plusieurs remarques s’imposent, qui signalent respectivement les apports et les limites de ces filières censées former des cadres religieux musulmans.
L’essentiel des réserves qu’il convient d’émettre à l’encontre des instituts évoqués sont de quatre ordres :
• La répartition des étudiants dans les diverses formations laisse apparaître assez nettement un décalage entre des intentions affichées de former des cadres musulmans pouvant prendre en charge les attentes des communautés de base, principalement sous l’angle religieux et des étudiants qui, pour l’essentiel, cherchent plus à s’informer sur l’islam ou, dans le meilleur des cas, à approfondir leurs connaissances de leur religion sans nécessairement vouloir s’investir durablement dans l’encadrement des communautés. Seule une minorité est disposée à franchir le pas et à mettre au profit de leurs coreligionnaires les connaissances théoriques et pratiques acquises dans ces instituts et jouer pleinement le rôle de personnel religieux d’encadrement.
Le peu d’engouement perceptible pour s’engager dans un processus de formation de cadres religieux, et sa mise en oeuvre effective, ne sauraient uniquement se réduire à une simple inadéquation entre une demande de cadres religieux réelle et une offre inadaptée.
• Les quelques étudiants sortis de ces instituts n’ont pour le moment aucune assurance de trouver de nos jours un emploi rémunéré satisfaisant correspondant à leurs compétences et à leurs attentes.
Cela revient à poser la question du statut social et économique des futurs cadres religieux musulmans français. Cela nous conduit à évoquer le problème récurrent de l’autonomie financière pleine et entière du culte musulman. Il faut permettre aux musulmans de France de disposer de fonds propres pour financer en partie les frais de fonctionnement liés à l’exercice public de ce culte dont la rémunération du personnel cultuel musulman fait partie.
• Restent les questions relatives à l’état actuel des enseignements dispensés.
Ceux-ci ne font pas une place suffisante aux apports de l’islamologie contemporaine, à l’exégèse historico-critique des sources, ni aux disciplines « non islamiques » dites profanes (sociologie, histoire, initiation au droit français…) ou à des données relatives à la société environnante (mutations économiques et sociales, famille, histoire de l’immigration …).
La plupart de ces instituts avec des nuances entre eux, ont tendance à survaloriser dans leur présentation de l’islam la dimension normative du fiqh au détriment de la dimension théologique, spirituelle et philosophique. Il ne s’agit pas de nier dans l’enseignement islamique la part majeure représentée par la jurisprudence mais de procéder à un rééquilibrage au profit d’autres dimensions non négligeables. Daniel Rivet, dans son rapport de mai 2003 préconisait notamment pour éviter de reproduire « une culture du bréviaire », souvent de mise dans les instituts classiques de formation du Maghreb, de réaffirmer la science théologique (‘ilm al kalâm), la philosophie (al falsafa) et le soufisme (‘ilm al tasawwuf).
De la même manière, un meilleur équilibre reste encore à trouver entre l’étude et la maîtrise de la langue arabe comme langue islamique majeure (celle du Coran !) et le recours effectif au français comme langue d’enseignement et langue de communication des musulmans de France.
Faute d’alternative, qu’il s’agisse d’un cadre public d’exercice d’un enseignement universitaire combinant études théologiques musulmanes et analyses islamologiques ou d’une structure privée équivalente à l’institut catholique et bénéficiant de subventions publiques, l’institut européen des sciences humaines comme l’institut d’études islamiques de Paris et les autres formations privées ont au moins le mérite d’exister.
Ils comblent un vide institutionnel qui ne peut à long terme que fragiliser un peu plus la situation actuelle des musulmans de France.
Pour leurs besoins religieux, ceux ci sont contraints soit d’être tributaires de filières dépendantes d’États musulmans où l’arbitraire politique va de pair avec un enseignement islamique statique (21), soit d’être la proie de prédicateurs qui se figent souvent dans une attitude de censeurs inflexibles, manifestant leur totale méconnaissance à la fois du vécu quotidien des fidèles qu’ils sont supposés encadrer comme de la grande capacité d’adaptation de la religion musulmane à toutes les circonstances et les époques.
La formation des imams, effet d’annonce ou volonté politique ?
Force est de constater la persistance d’un constant décalage entre les déclarations régulières des responsables publics en faveur de la mise sur pied d’une formation nationale avec participation financière de l’État et l’absence frappante d’une ébauche de début de réponse institutionnelle claire.
En ce domaine l’effet d’annonce semble primer sur le souci d’efficacité.
La priorité est de marquer les esprits et d’occuper l’espace médiatique à défaut de vraiment se donner les moyens de relever le défi de la formation des cadres religieux musulmans.
En ce domaine l’invocation lyrique d’une laïcité d’abstention sert souvent hélas de faux prétexte utile pour dissimuler un refus d’agir.
De louables déclarations restées sans suite
On se doit de rappeler que le gouvernement socialiste de Lionel Jospin s’était efforcé dans un premier temps de valoriser une approche laïque de l’islam avec l’espoir d’œuvrer à l’émergence d’une élite musulmane éclairée en défendant l’idée d’un institut national d’études sur l’islam.
Dans le cadre de la Consultation, sous la houlette du ministère de l’Intérieur fut mis en place un groupe mixte de travail (Administration/organisations musulmanes) ayant pour titre distinctif « Ministres du culte ». Ce groupe devait émettre diverses recommandations en matière de formation qui allaient de la formation complémentaire des imams déjà en poste, à la généralisation de partenariats avec des universités islamiques, en passant par la création d’un institut de théologie musulmane, ou d’un institut d’enseignement supérieur du type des instituts catholiques.
L’alternance politique intervenue en 2002 allait permettre de relancer ce dossier. Du moins certains l’espéraient !
Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, dans un mensuel musulman (22) en octobre 2002 avait notamment évoqué la piste de la création d’un Institut du type de l’Institut catholique recevant des subventions publiques et qui pourrait assurer une partie de la formation intellectuelle, théologique; le volet pratique, technique et pastoral devant être assuré dans le cadre d’un séminaire.
Ses conseillers techniques, sans doute moins enthousiastes, devaient finalement déclarer à plusieurs reprises qu’il ne serait pas très opportun que la puissance publique y participe financièrement car cela risquait de créer un appel d’air dans lequel s’engouffreraient d’autres cultes.
Il convient de noter que cette prudence excessive faisait alors écho aux réserves d’une partie de la hiérarchie catholique. Certains évêques de premier rang étaient en effet très réticents par rapport à un projet qui, à leurs yeux, ne manquerait pas d’apparaître comme une valorisation excessive de l’islam au détriment du catholicisme.
A l’opposé, côté protestant, les présidents successifs de la Fédération protestante, Jacques Stewart, Jacques Tartier puis Jean Arnold de Clermont n’ont eu de cesse de soutenir ce projet.
Le rapport Rivet et ses suites
C’est dans ce contexte que le ministre Luc Ferry prit l’initiative de demander à l’universitaire Daniel Rivet directeur de l’IIISMM de suggérer des pistes de réflexion (23) afin de voir de quelle manière l’université française pourrait mettre à disposition ses compétences, son savoir, pour aider à la formation des cadres religieux musulmans.
Une commission interministérielle comprenant des conseillers techniques des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale et du Premier ministère fut constituée et devait évaluer les modalités pratiques d’un éventuel engagement de l’État.
Les discussions achoppèrent d’une part sur le montage juridique d’une telle initiative (un institut privé recevant des subventions publiques ou une structure publique ?) d’autre part, celui de déterminer l’autorité religieuse musulmane référante qui devrait apporter sa caution morale, théologique au projet (CFCM ?).
Le CFCM étant en proie à des difficultés chroniques de fonctionnement liées aux tensions permanentes entre les diverses composantes nationales et idéologiques de l’islam, et en l’absence, en son sein, d’un organe à vocation théologique, il fut décidé en mars 2003 par certains responsables du CFCM, avec l’aval tacite du ministère de l’Intérieur de mettre sur pied un comité d’experts.
Ce premier groupe composé d’historiens, de juristes, d’islamologues, de chercheurs, de membres du CFCM et de musulmans de terrain avait pour mission de dresser dans un premier temps un état des lieux des formations islamiques dispensées dans l’hexagone.
Il devait ensuite réfléchir à la question de la formation à dispenser aux imams déjà en poste, à la forme juridique que pourrait prendre un Institut d’études islamiques et rédiger les grandes lignes de son programme d’enseignement combinant les « sciences islamiques » classiques (usul ad dîn, usul al fiqh, ‘ilm al kalâm…) et des enseignements modernes (linguistique comparée, exégèse critique, histoire de la laïcité et des institutions publiques, sociologie des religions, droit civil …).
Une fois le CFCM stabilisé il lui aurait appartenu in fine de finaliser le projet. La divulgation dans la presse de l’existence de ce comité devait provoquer une mini crise entre le ministère de l’Intérieur accusé de contourner le CFCM et cette instance. C’est finalement la commission « Imams » du CFCM sous l’impulsion d’Abdallah Boussouf (AEIF) qui devait reprendre à son compte l’idée d’une expertise sur la formation des cadres religieux.
Le comité d’experts devait lui même se subdiviser en trois groupes de travail consacrés respectivement à préciser les savoirs islamiques requis pour pouvoir exercer la charge d’imam, réfléchir aux modalités techniques de création d’un Institut national d’études islamiques et enfin suggérer des orientations de formation pour les imams déjà actifs en France.
Les marges d’intervention de l’État
Avant d’en venir au volet technique et pratique des marges réelles d’intervention de la puissance publique, commençons par identifier les besoins, hiérarchisons les problèmes.
S’agissant de la question des imams en France deux types de problèmes majeurs se posent:
• le sort des imams étrangers qui sont actuellement en poste et officient sur le territoire hexagonal (inadéquation entre leur formation sommaire et leur mission en France);
• la perspective, à plus ou moins long terme du développement d’un personnel cultuel musulman formé sur place (élaboration d’une formation alternative aux formations classiques).
Aux problèmes de formation, de l’acquisition de compétences professionnelles s’ajoutent également les questions du statut économique et social de l’imam, de sa rémunération, fluctuante selon les communautés et des problèmes de titres de séjour pour ceux de nationalité étrangère (24). Sans oublier la question récurrente de la reconnaissance sociale de l’imamat.
Il faut donc réfléchir au problème à la fois en termes de formation continue, de mise à niveau pour ceux qui sont déjà investis auprès des associations locales mais également penser au développement de solutions nationales alternatives aux filières classiques d’importation de cadres religieux vis à vis desquelles, les musulmans de France comme les pouvoirs publics sont de plus en plus réticents.
Gérer les imams en poste et encadrer les flux en provenance des pays musulmans
La question de la formation des cadres religieux musulmans se pose schématiquement à un double niveau, en terme de gestion prévisionnelle des flux (importation de cadres formés à l’extérieur !) mais aussi de gestion d’un existant, c’est-à-dire des imams qui déjà en France, encadrent la vie religieuse des communautés pratiquantes et sont plus ou moins outillés pour mener à bien cette charge.
Il convient en amont de préciser qu’il n’y a pas un profil type d’imam officiant en France mais une pluralité de situations (jeunes imams diplômés du supérieur en France ou de l’étranger, imams fonctionnaires étrangers, imams ouvriers dotés d’une formation basique, imams retraités…), et que de surcroît le champ de l’autorité religieuse dans l’islam n’échappe pas à une logique de pluralisation, de concurrence entre des opérateurs islamiques rivaux (imams, conférenciers itinérants, jurisconsultes…).
Mise en place de formations complémentaires à destination des imams étrangers en activité
C’est là une idée simple qui consisterait à créer, au plan pratique, un cursus de perfectionnement destiné aux imams étrangers en poste en France en vue de les familiariser avec les usages et les particularités juridiques, culturelles, linguistiques, politiques de la société environnante.
Des associations musulmanes locales ont dores et déjà fait inscrire leurs imams salariés, diplômés d’universités islamiques à l’université française afin qu’ils suivent une formation qualifiante et décrochent un diplôme national. Des coordinations d’associations musulmanes ont aussi entrepris de proposer à leurs imams des séances ponctuelles faisant intervenir des experts, des spécialistes afin de les initier à tel ou tel aspect de la vie dans les sociétés européennes.
Des instituts régionaux se sont également créés et s’efforcent de diffuser un enseignement sous forme de conférences et de cours du soir qui pourraient assumer une telle responsabilité.
• Plus efficacement, une première option serait alors d’inciter les imams en capacité de suivre ce type de formation continue (niveau bac, maîtrise du français) à s’inscrire comme auditeur libre à l’université afin d’y suivre quelques modules spécialisés sur des domaines précis comme le droit civil, le droit social, ou l’histoire de la laïcité. La généralisation des Masters, surtout leur volet professionnel, devrait permettre de favoriser ce type de connections entre le monde universitaire et celui des cadres religieux musulmans. C’est l’une des pistes actuellement étudiées par le ministère.
• Une seconde option serait de concevoir une formation large hors université, sous la houlette par exemple du FASILD, qui aurait la responsabilité de mettre en place des cycles de formations pratiques destinés aux imams étrangers en prenant appui sur le réseau des nombreuses associations locales d’insertion des personnes issues de l’immigration. Dans ces cycles interviendraient des professionnels, des travailleurs sociaux, des praticiens en matière de droit de la personne, de droit de la laïcité, de droit des associations (etc.…).
• Sauf à imaginer d’interdire l’arrivée et le séjour d’imams étrangers dans l’hexagone, ce qui serait totalement illégal et vécu comme une atteinte notable à la fois à la liberté de religion, d’enseignement et surtout à la liberté de circulation des personnes (à l’heure de la mondialisation des échanges et des idées !), une autre option reviendrait en amont, à mieux préparer l’arrivée des ces imams formés à l’étranger.
Cette idée consisterait à passer des accords, des conventions, des partenariats avec les facultés islamiques et les centres historiques de diffusion de la pensée islamique que sont les universités d’Al Azhar (Egypte), de la Zeytouna (Tunisie), de l’université Emir Abd El Kader de Constantine et de la Qarawyine (Maroc) ou les départements de théologie des universités d’Ankara et d’Istanbul (illahyat) qui d’ores et déjà forment des cadres religieux à destination de l’immigration musulmane en Europe.
Il pourrait par exemple s’agir d’encadrer des stages de formation des futurs imams au terme desquels les candidats à l’émigration pourraient dans le cadre d’un séjour limité suivre durant une période déterminée une série d’enseignements en vue de les familiariser avec la société dans laquelle ils seront amenés à séjourner durablement.
Il va de soi que cette option ne vise qu’à accompagner l’arrivée et le séjour d’imams étrangers en France pour une durée plus ou moins longue et ne saurait satisfaire durablement la demande d’un personnel cultuel formé sur place.
Solutions nationales alternatives aux logiques d’importation
Pour concevoir une alternative à la logique d’importation d’imams, plusieurs options peuvent être avancées et méritent d’être examinées dans le détail sans a priori.
Développer un cursus universitaire de théologie musulmane
Une première solution consiste à développer au sein de l’Université strasbourgeoise un cursus de théologie musulmane couplé avec un institut privé de formation des imams. C’est là l’une des pistes notamment suggérée par le rapport de feu le professeur Etienne Trocmé (25) et qui remonte à 1996.
Dès septembre 1988, cet universitaire protestant avait en fait entrepris, en partenariat avec Mohamed Arkoun, de démarcher l’Élysée et les principaux ministères intéressés à savoir ceux de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, afin de défendre l’idée de la nécessité d’une formation en théologie musulmane dans l’université française.
Aux dires des principaux intéressés ce projet fut une première fois victime de l’affaire du foulard islamique en automne 1989. A l’époque il fut durablement écarté car jugé inopportun compte tenu de l’effervescence autour du voile.
Mohamed Arkoun revint par la suite à la charge en suggérant en 1992 la création d’un Institut des hautes études islamiques, en vain. Cette fois c’est l’affaire Georges Abbache, leader palestinien d’extrême gauche hospitalisé en urgence à Paris qui devait empêcher que ce projet soit débattu.
Il devait finalement être relancé en 1995 à la demande express de la présidence de l’Université des sciences humaines de Strasbourg qui confia la responsabilité à Etienne Trocmé de formuler des propositions précises.
Dans un rapport public, ce dernier proposait notamment la création progressive au sein de l’Université strasbourgeoise d’un cursus en théologie musulmane.
Il suggérait d’obtenir dans un premier temps du ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur, pour l’université concernée, l’habilitation à délivrer un Deug de théologie musulmane, puis par la suite, une licence et une maîtrise, à l’instar de ce qui existe déjà pour les théologies catholique et protestante.
L’Université des sciences humaines est la seule université française habilitée à délivrer des diplômes d’État en théologie catholique et protestante.
Dans une seconde étape, ce cursus de théologie musulmane au gré de l’évolution des effectifs estudiantins aurait pu être dispensé dans le cadre d’un institut spécifique au sein de l’université et régi par l’article 33 de la loi sur l’enseignement supérieur de 1875 au même titre que les deux facultés de théologie catholique et protestante de Strasbourg.
Techniquement, une telle opération nécessitait un simple arrêté ministériel (26) portant création d’une option de théologie musulmane et la création d’au moins trois postes d’enseignants affectés à ce cursus d’enseignement théologique, en plus des autres enseignants déjà en poste dans l’Université et qui pouvaient, en fonction de leur compétence respective, intervenir également dans cette formation.
Ce projet, en dépit du soutien de nombreux universitaires connut un nouveau revers de la part de plusieurs conseils de faculté de l’Université.
Ces derniers prirent tour à tour prétexte du fait que l’islam n’était pas familiarisé avec la laïcité ou que le rapport présenté n’abordait pas dans le détail le volet technique de la faisabilité, pour le rejeter.
Le projet qui devait connaître en 1999 diverses réécritures, fut à nouveau réexaminé et discuté sans plus de résultat.
S’il avait vu le jour, auraient pu être surmontées toutes les fausses querelles sur l’impossibilité de vivre et penser l’islam en Occident.
Via cet espace universitaire public sans équivalent ailleurs en Europe, auraient pu être posés les jalons intellectuels et théologiques d’un islam de France et au-delà européen.
Il appartenait par contre aux communautés musulmanes locales de réfléchir en parallèle, à la mise sur pied d’un institut privé de formation pastorale des imams et des autres cadres religieux dans lequel serait assurée de manière complémentaire la partie technique, proprement pastorale de leur cursus.
Là où la formation diplômante de l’université s’adressait à toute personne désireuse de parfaire sa connaissance culturelle et théologique de l’islam sans aucune restriction d’appartenance confessionnelle, la formation professionnelle d’aptitude à l’encadrement religieux concernerait logiquement les seuls Musulmans, hommes et femmes, qui, après ou parallèlement à une formation universitaire en théologie, envisagent de s’engager plus activement dans la prise en charge des attentes religieuses de leurs communautés respectives.
L’intérêt d’un tel projet était de garantir à la puissance publique l’intégralité du contrôle de la dite filière par la maîtrise financière et le monopole de la collation des grades d’une part.
D’autre part dans un cadre universitaire, la liberté académique des enseignants aurait été totalement préservée ; peu de risque par conséquent de devoir se plier à un quelconque catéchisme officiel.
J’ajoute qu’il s’agissait de bénéficier également de l’expérience acquise des deux autres facultés de théologie déjà existantes qui n’ont pas la réputation d’être des bastions du conservatisme le plus étriqué tant du côté catholique que du côté protestant.
Ce projet devait rencontrer localement à la fois l’opposition d’une partie du corps universitaire hostile à l’existence de tout enseignement théologique, et de certains enseignants des facultés de théologie résolument hostiles à toute valorisation, y compris sur un mode scientifique, de l’islam.
D’autres esprits plus chagrins n’hésitèrent pas évoquer une initiative hasardeuse qui risquait de déboucher sur des troubles à l’ordre public, prétexte douteux pour mieux entériner l’idée contestable d’un théologiquement correct, de théologies légitimes dignes d’être enseignées (théologies catholique et protestante), et à l’opposé d’autres (la musulmane) réputées suspectes.
Au niveau national, les réticences vinrent de plusieurs ministères à la fois.
Outre le refus viscéral d’accepter le principe même de la légitimité d’un enseignement théologique subventionné, la principale réserve émise consistait dans la crainte de devoir localement envisager la reconnaissance publique élargie du culte musulman, c’est à dire à terme le financement public du culte musulman comme c’est le cas pour les cultes catholique, protestants et israélite dans les trois départements de l’Est (Haut Rhin, Bas Rhin, Moselle).
Il convient sur ce point d’être précis, le statut des deux facultés de théologie est juridiquement disjoint de celui des cultes reconnus, qui de surcroît sont régis par des dispositions distinctes (Concordat, Articles organiques pour les cultes catholique et protestant, textes sur le culte israélite plus tardifs).
Autre preuve parlante, le culte israélite bien que jouissant localement d’une pleine reconnaissance en droit public ne dispose pas pour autant d’un institut de théologie intégré dans l’université publique ! En 1867, le ministre de l’instruction publique avait pourtant proposé d’intégrer le séminaire israélite de Paris (ancienne école rabbinique de Metz) dans l’université ; ce projet fut à l’époque refusé, le Consistoire ne souhaitait pas que les cours soient publics (27).
Enfin, quelques voix se sont réfugiées derrière l’argument de la laïcité et de la neutralité de l’université pour déclarer qu’il n’y avait lieu de dispenser dans l’université que des savoirs, et non de « prêcher les consciences ».
Les mêmes aujourd’hui fustigent l’influence déplorable de prédicateurs et de courants théologiques exclusivistes venus d’ailleurs sur les Musulmans de France.
S’il parait acquis qu’il n’entre pas dans les attributions ni ne relève de la compétence de la puissance publique de former directement des cadres religieux comme de subventionner des établissements à caractère exclusivement cultuel, rien n’empêche en droit comme en fait que des subventions soient allouées à des enseignements universitaires théologiques au titre de la liberté de l’enseignement supérieur.
Développer un enseignement privé supérieur musulman.
L’autre option ambitieuse serait précisément de favoriser la création d’un enseignement supérieur musulman au sein duquel une filière serait axée sur la formation des cadres religieux.
Il pourrait dans un premier temps s’agir de favoriser les initiatives communautaires visant à doter les collectivités musulmanes de l’hexagone de structures d’enseignement équivalentes aux facultés dites libres (le plus souvent catholiques !) au titre de la loi du 12 juillet 1875 (loi Laboulaye sur la liberté de l’enseignement supérieur ).
Celles ci jouissent de soutiens publics volontaires sous forme de subventions du ministère de l’enseignement supérieur, à l’instar par exemple des Cathos de Paris, Lille, Lyon et Angers et de l’Institut protestant de théologie de Paris qui dispose également d’une antenne à Montpellier. Les subventions sont octroyées à ces institutions dans la mesure où, aux côtés des disciplines religieuses sont dispensés également des enseignements dans les disciplines conventionnelles (lettres, histoire, droit, sciences…).
Il pourrait s’agir de créer au sein d’un institut supérieur islamique (privé) un cursus spécifique à orientation théologique qui pourrait servir de support à la formation intellectuelle de futurs cadres religieux. La mise en place d’un tel dispositif demeure relativement simple : la procédure de création est le régime de la déclaration avec présentation des noms, qualités et domicile des administrateurs au rectorat donnant lieu à la délivrance d’un récépissé. L’établissement fonctionne alors en toute liberté, bien que la loi prévoie la possibilité d’inspections d’agents du ministère.
On pourrait envisager que le Conseil français du culte musulman (CFCM) en assure la tutelle. Compte tenu des difficultés qui se sont s’accumulées en son sein et surtout des ambitions concurrentes en présence, cette solution semble pour le moins aléatoire même s’il apparaîtrait assez logique que ce soit l’organe représentant le culte qui prenne une telle initiative.
Ce serait en tout cas l’occasion pour lui de s’affirmer sur le terrain théologique, domaine par rapport auquel il est actuellement totalement en retrait, certaines composantes musulmanes refusant de sortir de leur vision étriquée de l’orthodoxie.
On pourrait aussi envisager d’octroyer des financements publics partiels aux instituts islamiques existants. Cette solution présente l’avantage de partir de l’existant, mais a pour principal inconvénient de soutenir des initiatives qui ne remplissent pas toutes les garanties en matière de diffusion d’un enseignement pluraliste sur l’islam.
Cette question a fait dans le passé l’objet de désaccords entre des politiques volontaristes pour lesquelles la participation financière de l’État serait un moyen de limiter l’apport de capitaux en provenance du monde musulman, et des conseillers techniques plus frileux ou prudents à l’excès, réticents à toute subvention publique en faveur de l’islam.
Une fois de plus nous nous retrouvons là face à un paradoxe qui consiste à ne vouloir d’un côté pour l’islam de France à la fois aucun argent en provenance de l’étranger et d’un autre aucune participation financière de l’État, alors même que cela est juridiquement parfaitement possible !
Ne compter que sur un financement interne, privé, est totalement illusoire en l’état actuel.
L’hypothèse intéressante de la création d’une fondation pour l’islam de France ne pourrait d’ailleurs servir qu’à réguler, qu’à rationaliser l’apport de capitaux étrangers et non à tarir durablement cette source de financement.
L’option développement d’un enseignement supérieur privé présente toutefois deux défauts majeurs.
Les diplômes décernés par cet institut ne seraient pas reconnus, il s’agit de simples titres privés sans valeur juridique en droit étatique.
Autre inconvénient majeur : privilégier une solution totalement privée reviendrait à créer une situation dans laquelle prévaudraient des liens distendus avec l’Université publique.
En guise de conclusion
Ce serait faire preuve d’audace que de se prononcer de façon définitive sur l’une au l’autre de ces options.
En ce domaine l’expérience montre que la volonté la plus claire, les intentions les plus louables, butent parfois sur la réalité de conflits d’intérêts, des stratégies et des ambitions divergentes selon les opérateurs publics ou privés.
Je me bornerai à évoquer quelques difficultés récurrentes en la matière.
Là où les pouvoirs publics rêvent implicitement d’un clergé musulman moderne, respectueux de la séparation entre religion et État et de l’égalité entre hommes et femmes, d’un clergé réfractaire aux thèses radicales, les mosquées et les fédérations orthodoxes sont davantage préoccupées par la rectitude doctrinale de l’enseignement dispensé aux futurs imams et peuvent être tentées de se tenir en retrait d’un dispositif qui ne prendrait pas suffisamment en compte leurs attentes.
D’autres enfin, plus soucieux de reconnaissance officielle et d’un désir de contrôle social que de cohérence théologique, dès lors que le projet sera avalisé par les pouvoirs publics, n’y verront que des avantages et ne manqueront pas de faire acte de candidature pour sa prise en charge a fortiori si les autres composantes musulmanes rivales le récusent.
S’ajoute à cela le fait que les intentions du ministère de l’Intérieur ne peuvent passer outre les impératifs de ceux de l’Éducation nationale.
Quand à la faisabilité d’un tel projet, les universités et les grands instituts parisiens peuvent être tentés de relever le défi au détriment de logiques régionales qui bien qu’éloignées du centre politique, ne sont pas moins au contact d’une réalité religieuse musulmane dense et d’une perspective géographique élargie comme c’est le cas en région marseillaise, ou d’un environnement institutionnel porteur comme Strasbourg, avec en plus l’ouverture sur la dimension européenne.
Toutes les initiatives ne pourront faire l’impasse sur des formations décentralisées; la consultation a accouché d’une double représentation à la fois nationale avec le CFCM et régionale avec les 25 CRCM ; il serait regrettable de ne pas prendre en compte le volet local d’insertion de l’islam.
Toutes les légitimes dénonciations des périls inhérents au développement d’une certaine standardisation de l’islam en Occident sont vaines si en même temps tous les moyens ne sont pas mis en œuvre pour que les Musulmans puissent bénéficier de l’apport d’un savoir diversifié et renouvelé sur l’islam.
On ne peut à la fois regretter que des Musulmans se fourvoient dans les méandres du radicalisme, qu’ils soient tributaires pour leur encadrement religieux de filières externalisées, et ne pas les aider en même temps à se passer progressivement de ces supports en mettant en place des solutions alternatives opérationnelles.
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1)Jean Pierre Chevènement, Défis républicains, Paris, Fayard, 2004, p 396.
2)ERISM / INALCO (rapport d’étude pour l’IHESI), Typologie des khutba du Vendredi : étude sur les imams, Mai 2002, 126 p ; Xavier Ternisien, « Les imams de France prêchent un islam moralisateur et non belliqueux », Le Monde du 8 février 2002, p. 8.
3)Jérôme Dupuis, Marion Festraëts, Ali Laïdi, « Ce qui se dit dans les mosquées », L’Express du 13 décémbre2001, p. 101-110.
4)Xavier Ternisien, « Le projet du ministre de l’intérieur pour former les imams », le Monde du 12 mai 2004, p. 2.
5)Dounia Bouzar, L’islam des banlieues. Les prédicateurs musulmans : nouveaux travailleurs sociaux ?, Paris, Syros, 2001, 182 p.
6)Voir l’étude du FASILD, Franck Frégosi (éd.) Les conditions d’exercice du culte musulman en France : analyse comparée à partir d’implantations locales de lieux de culte et de carrés musulmans, SDRE, 2004, 204 p.
7)Franck Frégosi (éd.), La formation des cadres religieux musulmans en France. Approches socio-juridiques, Paris, L’Harmattan, 1998, 237 p.
8)Allocution de Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, à l’occasion de l’inauguration de l’institut de théologie, le 4 octobre 1993.
9)Dalil.Boubakeur, “Institut de formation des imams de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris”, note de presse, 29 septembre 1993.
10)Pour plus de détail, voir la plaquette de présentation de la chaire de théologie de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris, Première année 1993-1994, 71 p.
11)Requête des élèves-imams de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris, publiée dans Islam, (6), 1er octobre 1996, p. 9.
12)Institut de formation des imams, rubrique Organisation, site web officiel de la Mosquée de Paris : http://www.mosquee-de-paris.com/Fimams/Organisation1.html
13)Ibn Taymiyya (1263-1328), juriste et théologien syrien de l’école rigoriste hanbalite tenant d’un retour strict à la lettre de la shari’a et l’abandon de toutes les formes “d’innovation blâmables” (bidâ’a). Célèbre et redoutable critique du soufisme.
14)Ibn Qayim Al Jawziya (1292-1350), disciple d’Ibn Taymiya, tenant d’un soufisme modéré au sein de l’école hanbalite plutôt littéraliste.
15)Abu Hamid Al Ghazâli (1058-1111) a largement contribué à raccorder le soufisme à l’islam littéral et normatif des docteurs de la loi. Il incarne un soufisme parfaitement orthodoxe.
16)Muhyil-ad-dîn Ibn ‘Arabi ( ?-1240) considéré comme le “Grand Maître” de la mystique musulmane, systématisa la doctrine de “l’unicité de l’existence” (wahdat al wujûd) selon laquelle rien de ce qui existe n’échappe à Dieu. Ses détracteurs décélèrent dans son enseignement une promotion du panthéisme.
17)Entretien avec le responsable des études de l’institut.
18)Didier Ali bourg, “L’Université islamique de France. Un instrument d’intégration pour la seconde génération musulmane”, dans Migrations Sociétés, (6), mai-août 1994, p. 75.
19)« L’institut d’études islamiques de Paris. Entretien avec Hichem El Arafa », dans La Médina du 10 Octobre 2001, p.38-39.
20)Taha Jabir Al Alwani, Towards a fiqh for minorities. Some Basic Reflections, London, IIIT, occasional papers (10), 2003, 44 p.
21)H’mida Ennaïfer, « Universités islamiques maghrébines : le modernisme en question », dans Franck Frégosi (éd.), La formation op cit, p. 171-187.
22)La Médina, (16) oct, 2002.
23)Daniel Rivet, Note sur les grandes orientations d’un appui scientifique à la formation des imams, Mai 2003, 16 p.
24)Le chiffre de 200 imams en activités mais sans titre valide de séjour circule souvent notamment parmi les organisations musulmanes.
25)Rapport à Monsieur le Professeur Albert Hamm au sujet du Développement des sciences des religions à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg dans le cadre du prochain contrat d’établissement, novembre 1996.
26)Francis Messner, « L’enseignement de la théologie à l’université publique : l’exemple de la création d’une faculté de théologie musulmane à Strasbourg », dans Franck Frégosi (éd.), « La formation … op cit, p. 141-167.
27)Francis Messner, Pierre Henri Prélot, Jean Marie Woehrling (éds), Traité de droit français des religions, Paris, Litec, Groupe Lexis/Nexis, Juris Classeur, 2003, p. 1213-1226.
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