Introduction

Introduction par Marie-Françoise Bechtel, présidente de la Fondation Res Publica, lors du séminaire « La dette » du jeudi 20 janvier 2022.

Monsieur le Président fondateur,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Nous sommes très heureux de vous recevoir dans cette occasion relativement rare pour la Fondation Res Publica qui est celle d’un séminaire. Si les colloques, qui accueillent un public plus large, avec plus d’intervenants, taillent un angle assez large et assez varié sur un certain nombre de sujets, les séminaires sont là pour approfondir une question spécifique qui nous semble présenter un intérêt particulier. Il nous a semblé que la question de la dette relevait de cette démarche. Le choix des sujets est également guidé par la possibilité d’avoir des intervenants d’une qualité rare, voire exceptionnelle. C’est le cas ce soir encore.

Je vous les présente avant d’introduire le sujet d’autant plus brièvement que mon ignorance dans ce domaine est inversement proportionnelle à l’intérêt que je lui porte.

Lors de conversations avec Frédéric Farah, éminent universitaire, professeur d’économie à Paris 1, auteur de Fake state. L’impuissance organisée de l’État en France[1], celui-ci avait mentionné qu’il s’intéressait beaucoup à la manière dont la question de la dette s’est posée dans le temps. Vous verrez qu’il n’hésite pas à faire une plongée assez longue et assez profonde dans l’histoire du XXème siècle pour nous en parler.

Thomas Lambert, normalien, ancien élève de l’ENA, ancien chef de bureau à la direction générale du Trésor et banquier en sovereign advisory, interpellant peut-être Frédéric Farah, nous donnera sa vision de la dette du point de vue du praticien.

L’universitaire et le praticien donc. La confrontation de ces deux points de vue est d’ailleurs tout l’intérêt de cette rencontre.

Pourquoi la dette ?

Il n’a échappé à personne que le thème de la dette, extrêmement présent dans le débat public depuis vingt ou trente ans, est de plus en plus aigu, de plus en plus récurrent depuis que sont venus à la surface les critères de Maastricht formalisés et coulés dans le béton par le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), depuis que nous nous sommes dotés d’un certain nombre d’outils (tel le Haut conseil des finances publiques, créé par une loi organique du 17 décembre 2012 au moment où on a ratifié le TSCG) qui, joints à la vulgate de la presse économique, ont fait de ce sujet un thème récurrent.

Il faut y ajouter la pression de la vision allemande sur l’économie européenne qui, ce n’est un secret pour personne, est aujourd’hui plutôt dominante en Europe. On a entendu répéter à satiété qu’en allemand, le même signifiant « Schuld » désigne à la fois la dette, le devoir et la culpabilité, ce que l’on ne retrouve pas dans la langue française.

La doxa dominante, celle de la presse économique et des débats publics, ressasse aussi que la dette publique est chose monstrueuse car un État, tel un bon père de famille, ne doit pas dépenser plus qu’il n’a, évitant de léguer un fardeau aux jeunes générations et de mettre en péril son pays.

À l’inverse on entend un discours tout aussi sommaire consistant à dire que la dette est sans importance, l’État étant too big to fail. Elle dispose d’ailleurs d’un très solide matelas d’épargne privée et emprunte pour l’instant à taux négatif.

Frappés par le caractère sommaire de ces deux manières de présenter les choses, de ces deux argumentations, nous avons été séduits par la proposition de Frédéric Farah de creuser véritablement la manière dont, historiquement, se pose le problème de la dette.

Avant de lui donner la parole, je voudrais dire que Frédéric Farah a subi ces derniers jours un deuil douloureux et que je lui suis particulièrement reconnaissante d’être là ce soir.

—–

[1] Frédéric Farah, Fake State : l’impuissance organisée de l’État en France, Paris, Éd. H&O, 2020.

Le cahier imprimé du séminaire « La dette » est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation.

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